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Ecosia : Le Moteur De Recherch

29 octobre 2007 1 29 /10 /octobre /2007 01:34
Jacob Von Uexküll (1864-1944) est un biologiste.
L'erreur humaine est errance fondamentale, recherche des positions et lieux où se mettre pour regarder et comprendre le monde. La connaissance a une histoire, qui est celle des erreurs qu'elle commet et des erreurs qu'elle répare ou surmonte. L'insatisfaction humaine, conscience de sa finitude est aussi la garantie de la recherche infinie.

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29 octobre 2007 1 29 /10 /octobre /2007 01:22
Jacob von Uexküll, - Mondes animaux et monde humain. Chaque animal, en particulier, est en contact avec son environnement
par l’intermédiaire de ses sens, et chaque espèce développe une interprétation propre du monde – ce que von Uexküll appelle
Umwelt.. Longtemps considérée comme une curiosité, un peu marginale, l’oeuvre de von Uexküll a pourtant passionné quelques rares
philosophes, comme le Français Maurice Merleau-Ponty 2, et de plus rares biologistes encore, comme le Néerlandais Frederik
Buytendijk. Un regain d’intérêt pour son travail émerge pourtant depuis quelques années, en particulier en Europe du Nord. L’Estonien
Kalevi Kull a fondé, il y a peu, un Centre von Uexküll à l’Université de Tartu et il organise avec les Danois Jesper Hoffmeyer et Claus
Emmeche des colloques réguliers autour de ce qu’ils appèlent la biosémiotique – en développant une approche du vivant qui va jusqu’à
assimiler ce qui est vivant et ce qui est capable d’interpréter du sens

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28 octobre 2007 7 28 /10 /octobre /2007 19:36



L’écologie de Jacob von Uexküll

     Suivant notre point de vue de l'écologie en tant que mode d’existence, il s’agit pour nous de parcourir une sélection d’auteurs dont les écrits sont de natures à éclairer, chacun selon leurs tonalités propres, l’écologie en tant que rapport singulier au monde. Ce en quoi celle-ci peut venir compléter nos rapports actuels et participer ainsi à actualiser nos différents modes d’existence. A ce titre, nous devons à Jacob von Uexküll d'avoir mis en avant l’interdépendance entre le sujet animal et son milieu et la manière dont celui-ci agit en fonction de son mode d’intériorisation de certains des éléments qui composent son environnement.

 

Naturaliste et biologiste allemand, Jakob von Uexküll fonde et dirige à Hambourg l'Institut Institut d'étude du milieu et de l'environnement (für Umweltforschung) à partir de 1925. Parti de l'étude des invertébrés, il s'intéresse au comportement animal en général. A l’image d'un romancier, von Uexküll traque et ne cesse de s’émerveiller devant la diversité des « mondes » où évoluent les êtres. La valeur des observations et descriptions qu’Uexküll a pu faire des mondes animaux, le désigne comme l’un des grands précurseurs de l'éthologie contemporaine.

“Tout organisme est une mélodie qui se chante elle-même”

      Au moment de s’immiscer succintement dans la pensée l’auteur, soulignons qu’Uexküll est avant tout un grand vitaliste qui n’aura de cesse de s’opposer à la vision mécaniste des naturalistes de son temps, vision qui tendait à réduire les animaux à de simples récepteurs et transmetteurs de forces mécaniques. Pour lui, bien plus que des objets, les animaux sont des sujets capables d’agir sur leur environnement, notamment en “connotant” l’image qu’ils ont d’un objet des usages qu’ils en font.

Mais n’anticipons pas et commençons par le commencement. Tout ce qu’un sujet perçoit devient son monde de la perception, tout ce qu’il fait, son monde de l'action. La réunion de ces deux « bulles » forme alors une totalité close : le monde vécu de l’animal. Ce dernier regroupe l’ensemble des caractéristiques de l’environnement accessibles au sujet et sélectionnés par lui. De l’environnement au monde vécu, le sujet compose donc ses rapports avec certains des objets de son entourage : ceux qu’il peut sélectionner et caractériser par des signes de la perception et de l’action.

Si nous désirons maintenant pénétrer plus en avant la pensée d’Uexküll, il nous faut en savoir plus sur les différents processus de construction d’un monde vécu.

Premièrement, qu’est-ce qui compose un monde ? On pourrait dire : un ensemble d’objets reliés entre eux sous un certain rapport, dans un certain espace. Dès lors pour le sujet, comment capter, s’approprier et y insérer des objets du dehors ? De même, comment cartographier, limiter, découper l’espace et le temps ?

Deuxièmement, quel est le rôle de l’apprentissage et de l’expérience dans la dynamique du monde vécu ?

Composer son monde en captant des objets spécifiques

      Construire son milieu, pour l’animal, c’est d’abord isoler des caractères perceptifs parmi une nature « fourmillante ». Autrement dit, séparer et trier entre ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Or nous avons vu précédemment que tout ce qu’un sujet perçoit du dehors devient son monde de la perception, tout ce qu’il fait, son monde de l'action. Il nous faudrait donc préciser à présent les conditions d’appartenances de tel ou tel objet aux mondes perceptif et actif.

La nature d’une relation entre un sujet vivant et ce qui va devenir un objet de son monde vécu démarre nécessairement par un processus d’appropriation et de capture. Pour Uexküll, celui-ci s’initialise par la mise en rapport [1] entre un signal perceptif émanant d’un organe perceptif du sujet et une excitation provenant d’un objet de son environnement. La finalité de cette mise en relation étant d’affecter l’objet de caractères perceptifs.

Le sujet possède donc une capacité à être affecté de signes du dehors. Capacité qui rend possible l’effectuation d’une chaîne d’action plus ou moins complexe à partir d’un signal perceptif déclencheur et d'une excitation venant remplir ce pouvoir d'être affecté (la toile remue, un bout de peau se dénude…).

Dans son célèbre exemple de la tique, Uexküll insiste sur le fait que de toute l’infinité des effets possibles dégagés par son objet (le mammifère à sang chaud), seulement trois deviennent [2] des excitations et donc des caractères perceptifs qui détermineront la production de trois caractères actifs : « rien que quelques signes comme des étoiles dans une nuit noire immense ».

Les conditions d’appartenance à l’action d’un objet découlent donc du pouvoir de l’animal de l’affecter de caractères perceptifs et actifs, en rapport structuraux entre eux. C’est le concept du cercle fonctionnel. Comme nous l’avons vu, un cercle fonctionnel s’initialise donc par la rencontre entre un signal déployé par l’organe perceptif du sujet et une excitation portée par un objet. La chaîne ainsi mise en marche fonctionne alors de sorte qu’un caractère perceptif est éteint par un caractère actif, déclenchant ainsi le passage à un nouveau caractère perceptif et ainsi de suite.…

     Un sujet est donc un ensemble d’organe perceptif (l’ensemble des récepteurs notés OP dans le schéma) et d’organes actifs (l’ensemble des effecteurs notés OA). L’objet est quant à lui un porteur de caractères perceptifs (PCP) et actifs (PCA). Dès lors, tout agencement sujet/objet constitue un ensemble ordonné de rapports, en tant que l’animal distingue dans son milieu autant d’objet qu’il peut accomplir d’action, et inversement.

Pour revenir à la tique, trois caractères perceptifs et trois actifs composent donc la totalité de son milieu vécu. Mais la « pauvreté » de ce monde n’est à considérer qu’au regard de la grande sécurité de l’action que cela suppose. De manière générale, Uexküll proposera la règle suivante : un milieu vécu optimal (ce que le sujet peut) dans un environnement pessimal (l’infinité indiscernable de la nature).

Gilles Deleuze [3] : « C’est pourquoi Uexküll s’est principalement intéressé à des animaux simples qui ne sont pas dans notre monde, ni dans un autre, mais avec un monde associé qu'ils ont su tailler, découper, recoudre : l'araignée et sa toile, le pou et le crâne, la tique et un coin de peau de mammifère. ».

Ce milieu vécu, ou associé comme dit Deleuze, est tissé par l’animal en tant que «le réseau de relations qui portent son existence ». A un animal simple correspond un milieu simple, à un animal complexe, un milieu complexe et richement articulé. Dès lors l’une des premières questions à se poser serait : de quel degré de liberté dispose l’animal dans l’affectation des caractères ? Nous retrouvons ici l’opposition classique entre but ou objectif individuel et obéissance à un plan d’organisation naturel général.

Uexküll tranche la question en s’appuyant sur l’expérience de Fabre et son concept de cercle fonctionnel chez les insectes et les oiseaux. L’expérience consiste simplement à initialiser un cercle fonctionnel par la présence d’un caractère perceptif déclencheur dont on a éliminé l’objet dont il émane normalement. Il devient alors impossible à l’animal de produire le caractère actif indispensable à l’effacement du premier caractère perceptif et permettre ainsi l’initialisation du cercle fonctionnel suivant. Cette impossibilité d’agir condamne donc l’animal à demeurer prisonnier d’un même caractère perceptif, ne le renvoyant qu’à une seule et unique possibilité d’agir. C’est donc bien le plan naturel qui fixe directement les caractères perceptifs accessibles au sujet. Ce plan n’est ni une substance, ni une force, mais l’ensemble des conditions régulatrices de la nature desquelles personne n’échappe. Mais ce qui est vrai pour les insectes, Uexkull n'entend pas l'étendre aussi vite à l'ensemble du règne animal : « peut-être que certaines actions des mammifères supérieurs se révèleront-elle plus tard comme des actions dirigées vers un but, tout en étant elle-même subordonnées au plan général de la nature. »

 

 

 

Le découpage de l’espace et du temps et la construction du territoire

     Pour le sujet, l’espace et le temps ne sont pas d’une utilité immédiate. Ils ne prennent d’importance qu’au moment de découper et cartographier l’environnement afin d’identifier et différencier, dans une nature fourmillante, les nombreux caractères perceptifs (forme [4], mouvement, forme sans mouvement, mouvement sans forme) « qui se confondraient sans la charpente spatio-temporelle du milieu. ».

 

L’espace vécu du sujet est un espace composite fait de coordonnées et de lieux. L’espace dit « actif » est l’espace des coordonnées et du mouvement. Il est construit par le sujet à partir des différents « pas d’orientation » disponibles : droite/gauche, haut/bas, avant/arrière. Les espaces tactile et visuel sont les espaces du « signe local », du repérage des « lieux ». Un lieu se définit comme le plus petit contenant spatial, visuel ou tactile, où le sujet ne différencie rien. L’espace tactile est limité par l'envergure des organes, le visuel  par l’horizon, ce qui influe sur le mode de concurrence entre la perception de ces deux espaces.

Dès lors c’est l’ensemble des lieux indentifiables par le sujet qui constitue le système cartographique de l’animal, tous reliés entre eux par les « pas d’orientation ». Ce « système d’information géographique » permet à certains animaux de se doter d’un territoire, création purement subjective, « que la seule connaissance de l’entourage ne suffirait nullement à déceler ». Pourtant l’ensemble de l’environnement n’est qu’une suite continue de territoires, résultat de guerres de frontière incessantes où aucun vide ne demeure.

Quels animaux possèdent un territoire, quels animaux n’en possèdent pas ? Quelles sont les actions que l’on fait sur son territoire et jamais en dehors ? Quels signes accompagnent le fait d’être présent sur son territoire ? Comment on y entre, comment on en sort ? C'est à partir de telles questions que Deleuze et Guattari proposeront une approche philosophique du territoire à travers le concept « déterritorialisation ». 

Par ailleurs, Uexküll présente le temps comme une succession de moment. Des lors, le temps perceptif du sujet correspond au nombre de moments vécus dans un certain laps de temps, un « moment » étant le plus petit contenant de temps indivisible pour un sujet. La notion de temps qui passe est donc entièrement subjective.

 

 

 

Expérience et apprentissage

      On pourrait se demander chez Uexküll ce qui prime entre la rencontre et l’expérience du nouveau d’un côté, la simple reconnaissance des éléments du plan naturel, de l’autre. A s’en tenir au schéma du cercle fonctionnel, on pourrait dire qu’on ne découvre pas d’objet nouveau, mais bien plus de nouvelles perceptions et « utilités » au sein d’un même objet. On affecte le « même » de nouveaux caractères perceptifs, et donc actifs, en tant que l’image active construite par les OA du sujet complète et ajoute de nouvelles caractéristiques à l’image perceptive construite par les OP du sujet. C’est ce qu’Uexküll nommera la « connotation d’activité ». A savoir que c’est l’action du sujet projetée dans le milieu qui actualise et donne à image perceptive sa signification.

Uexküll : « Pour toutes les actions que nous accomplissons à l’aide d’objets de notre milieu, nous avons élaboré une image active que nous mêlons si intimement à l’image perceptive livrées par nos organes sensoriels, que ces objets en reçoivent un nouveau caractère qui nous renseigne sur leur signification. Nous nommerons ce caractère connotation d’activité. »

On a donc une boucle dans la mesure où l’image perceptive livrée par les organes des sens peut être complétée ou transformée par une image active, dépendant de l’action qui se déclenche en fonction de la première : « il faut nous souvenir sans cesse que ce sont les actions des animaux projetées dans leur milieu qui confèrent leur signification aux images perceptives grâce à la connotation d’activité. »

Dans le plan naturel, il y a donc une possibilité d’apprentissage par l’expérience de l’action: « nous reconnaissons dans tous les objets dont nous avons appris à nous servir l’action que nous accomplissons à leur aide, avec la même sureté que leur forme et leur couleur. » 

L’animal distingue dans son milieu autant d’objet qu’il peut accomplir d’action, et inversement. Tout se passe alors comme si le plan naturel permettait l’initialisation passive (distribution des caractères perceptifs et affects passifs) de comportements qui viendront être complétés et enrichis par l’action (création subjective d’affects actifs).

La dynamique des mondes animaux fait donc que ces derniers s’accroissent tout le long de la vie individuelle des animaux capables de réunir des expériences, de sorte que : « toute nouvelle expérience active entraine de nouvelles attitudes (actions) vis-à-vis de nouvelles impressions (perceptions). De nouvelles connotations d’activité servent alors à créer de nouvelles images actives ». Comme chaque cellule vivante de l’organisme est un mécanicien qui perçoit et agit, elles s’organisent dans des organes correspondant aux affects dont on est capable. On est donc ici dans des systèmes de coopération et d’organisation, plus que de sélection.

La rencontre du nouveau démarre donc avec la reconnaissance du connu. Par suite c’est l’expérience de l’action qui accroît le connu distinguable, permettant ainsi la mise en place d’organisations nouvelles etc…Ainsi, avec le nombre des actions possibles croît également le nombre des objets qui peuplent le milieu de l'animal.

 

Vision transverse : de l’éthique à l’éthologie

       Si l’on peut lire, et même remarquer que l’auteur cite lui-même la philosophie kantienne dans ses ouvrages, dans la mesure où « chaque espèce vit dans un environnement unique, qui est ce qui lui apparaît  déterminé par son organisation propre » [5], la lecture de l’ouvrage nous amène à faire l’expérience d’un climat « sensitivement » spinoziste.

Ce que n’hésite pas à souligner Gilles Deleuze dans son ouvrage « Spinoza, philosophie pratique », se référant également à un autre écrit d’Uexküll de 1940 : « Théorie de la signification ». Ce texte, annexé au « Mondes animaux et mondes humains », est l’occasion pour l’auteur d’exposer sa théorie de la composition naturelle, théorie entendue dans le cadre de sa conception des diverses « connotations » que revêtent les objets (obstacle, nourriture, etc.) pour les différents sujets. Or cette théorie de la composition naturelle, en s’appuyant sur une analogie musicale point contrepoint, offre de curieuses raisonnantes avec les concepts d’affect chez Spinoza. Tout du moins tels que sentis par Deleuze en tant que sentiment vécu par le sujet de la variation continue de sa puissance d’agir.

Gilles Deleuze : « un lointain successeur de Spinoza dira : voyez la tique, admirez cette bête, elle se définit par trois affects, c'est tout ce dont elle est capable en fonction des rapports dont elle est composée, un monde tripolaire et c'est tout! La lumière l'affecte, et elle se hisse jusqu'à la pointe d'une branche. L'odeur d'un mammifère l'affecte, et elle se laisse tomber sur lui. Les poils la gênent, et elle cherche une place dépourvue de poils pour s'enfoncer sous la peau et boire le sang chaud. Aveugle et sourde, la tique n'a que trois affects dans la forêt immense, et le reste du temps peut dormir des années en attendant la rencontre. […] »

Art de la composition de rapports, agencement de relations extérieures au sujet en mode point contrepoint, mondes animaux et cartographie des affects, puissance et limite plutôt que forme et contour, etc. etc…Les points de rencontre et de résonnance semblent nombreux.

L’un d’entre eux concerne l’absence d’intériorité autonome du sujet.  Pour l’auteur, l’intérieur n’est qu’un extérieur sélectionné, l’extérieur, un intérieur projeté. Autrement dit, les relations sont extérieures au sujet qui les ordonne, elles sont dans le milieu, le temps et l’espace vécus.  Autre point prégnant, la récusation sans cesse réaffirmée de toute forme d’anthropomorphisme: «notre premier soin doit donc être de dégager l’examen des milieux de toute forme erronée de finalité. […]  Trop souvent nous nous imaginons que les relations qu'un sujet d'un autre milieu entretient avec les choses de son milieu prennent place dans le même espace et dans le même temps que ceux qui nous relient aux choses de notre monde humain. Cette illusion repose sur la croyance en un monde unique dans lequel s'emboîteraient tous les êtres vivants. »

A ne pas s’attarder sur l’exposé de sa théorie de la composition naturelle, on pourrait penser qu’Uexküll s’oppose ici au principe spinoziste « une seule substance pour tous les attributs ». Rappelons que pour Spinoza, seulement deux attributs de la substance sont accessibles à l’être humain : le corps et la pensée. En ce sens esprit et corps sont dit « avec » en tant que double perspective sur une seule et même substance, ni au-dessus ni au-dedans l’un l’autre.

Mais le monde unique tel que dénoncé par Uexküll ne serait que l’ensemble des existants (objets), et non la substance ou la Nature au sens spinoziste (« Deus sive Natura. »). Dès lors, nous ne sommes plus dans des problèmes de l’ordre «des univers parallèles et contradictoires ». Bien plus, pour reprendre une terminologie deleuzienne, nous nous situons dans la problématique des modes d’existence singuliers et finis et de leur définition/insertion quantitative et qualitative dans la totalité de la Nature. D’après Uexküll, « le rôle que joue la nature en tant qu'objet dans les différents milieux est contradictoire » et donc, « si l'on voulait rassembler ses caractères objectifs, on serait devant un chaos ». Mais « tous ces milieux sont portés et conservés par la totalité qui transcende chaque milieu particulier : la nature ». On notera qu’Uexküll reprend ici le terme de nature par opposition au terme de monde (portion sélectionnée de la nature) qu’il utilisait précédemment.

L’idée d’une quelconque transcendance n’a pas de sens pour Spinoza pour qui la Nature est cause immanente de toute chose dans la mesure où, existante et agissante dans un même mouvement, elle interdit toute forme de création extérieure à elle-même. Ici encore il faut lire Uexküll avec attention quand il écrit : « chaque cellule vivante est un mécanicien qui perçoit et agit », c'est-à-dire quelle possède ses propres caractères actifs et perceptifs, son impulsion ou tonalité propre. L’animal est alors le fruit de la « collaboration de l’ensemble de ses mécaniciens. » Or chez Spinoza, chaque individu, âme et corps, possède une infinité de parties qui lui appartiennent sous un certain rapport plus ou moins composé. Aussi chaque individu est lui-même composé d'individus d'ordre inférieur et entre dans la composition d'individus d'ordre supérieur, de sorte que : « tous les individus sont dans la Nature comme  sur un plan de consistance dont ils forment la figure entière, variable à chaque moment. » [6]

L’ensemble de ces résonnances permettra à Deleuze d’écrire que : « l’éthique est une éthologie, […] ce que peut un corps, on ne le sait pas à l’avance et au bout du compte, on a toujours les organes et les fonctions correspondant aux affects dont on est capable. ». En conséquence, on ne défini plus par ce qu’on est - l’essence : l’homme en tant qu’animal marchant debout ou animal pensant - mais on défini parce qu’on peut - la puissance : les limites de son monde, le nombre d’objet qu’on est capable d’y mettre dans la mesure où un animal distingue dans son milieu autant d’objet qu’il peut accomplir d’action et inversement.

Conclusion

     Voici donc évoqué, très rapidement, quelques uns des fondements de la composition des mondes animaux chez Uexküll. En quoi cela peut-il nous donner à penser en tant qu’être humain « moderne »? De manière contingente, et sans doute parce qu’aujourd’hui plus qu’hier nous sommes charmés par la tentation anthropocentriste, envahis par des notions confuses, le travail d’Uexküll a le grand mérite de clarifier certaines positions. L’environnement, c’est l’infinité des objets entourant un sujet, le milieu, l’ensemble réduit des objets qui lui sont accessibles. Ainsi, ce que l’homme appelle maladroitement environnement n’est en fait rien d’autre que son propre milieu vécu. C’est à dire une infime portion de la nature, sélectionnée et reliée sous la forme d’un réseau écologique individuel qui détermine ce que chaque sujet est capable en perception et en action. Chaque sujet, qu’il soit porté à l’existence sous la forme homme, tique ou mouton, compose donc un monde singulier et immanent, en tant qu’il est compris dans le cadre général des conditions régulatrice du plan naturel.

Gille Deleuze : « les corps ne se définissent pas par leur genre ou leur espèce, par leurs organes et leurs fonctions, mais par ce qu'ils peuvent, par les affects dont ils sont capables, en passion comme en action. Vous n'avez pas défini un animal tant que vous n'avez pas fait la liste de ses affects. En ce sens, il y a plus de différences entre un cheval de course et un cheval de labour qu'entre un cheval de labour et un bœuf. »

Les observations d’Uexküll remettent ainsi profondément en question les notions de forme et de contour, d’espèce et de classification générique. Elles font appelle à des systèmes de coopération entre différents niveaux d’individualité et place la sélection au niveau des rapports extérieurs dont ceux-ci deviennent capables. Ici rien n’est indifférent à rien, la nature est une continuité à géométrie variable, vaste ensemble habité de l’infinité des subjectivités possibles à un moment donné.

***

 

 


[1] Les signaux perceptifs deviennent des caractères perceptifs.
[2] Capables d’être rencontrer par les signaux perceptifs
[3] D’après Spinoza, philosophie pratique, éditions de minuit.
[4] Forme et mouvement n’apparaissent que dans les mondes perceptifs supérieurs.
[5] D’après encyclopédia universalis, article de Françoise Armengaud. Autrement dit, il n’existe ni temps, ni espace indépendamment de la présence d’un sujet.
[6] Gilles Deleuze, Spinoza, philosophie pratique.

 


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27 octobre 2007 6 27 /10 /octobre /2007 16:25
La Nausée, de Jean-Paul Sartre

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fiche de lecture
publié le 10/07/2007

Comité de lecture

section Résumé


La Nausée a été publié en France en 1938. A cette époque, la France est affectée par la dépression des Années 30, avec un très fort sous-emploi et de graves scandales politiques. De façon générale, la France ne s’est pas réellement remise de la Première Guerre mondiale dont le coût économique et social fut très élevé, et qui a profondément atteint la base sociale de la République. En 1920 naît le parti communiste français en réponse à l’instabilité politique que connaît le pays. Parallèlement se développe le mouvement littéraire et artistique du surréalisme; « mouvement de libération de l’esprit et de tout ce qui lui ressemble », il réunit, à partir des années 20, écrivains et artistes autour de la personnalité d’André Breton qui recherche « tout ce qui peut ruiner les idées de famille, de patrie et de religion » et prône « une révolte absolue ». Enfin, la phénoménologie de Husserl, reprise par Heidegger, a profondément marqué le début du siècle et est à la base de la philosophie sartrienne. La phénoménologie entend « revenir aux choses elles-mêmes » et « décrire les phénomènes tels qu’ils paraissent au lieu de les expliquer »; l’étude de l’acte de conscience lui-même montre que le sujet ne fait pas partie du monde, mais est ce qui fait qu’un monde paraît. En 1935, dans sa conférence sur « la crise de l’humanité européenne et la philosophie », Husserl déclare que seuls la philosophie et le dépassement du naturalisme permettront d’échapper à « la détresse spirituelle de l’Europe » et à la « chute dans la barbarie » qui la menace.
Le contexte mouvementé de l’Europe des Années 30 et le développement de mouvements protestataires sont des éléments favorables au développement de l’existentialisme, selon lequel « l’existence est absurde, sans raison, sans cause, et sans nécessité ».
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26 octobre 2007 5 26 /10 /octobre /2007 15:57
Institut d'Etudes Economiques et Sociales pour la Décroissance Soutenable
http://www.decroissance.org

Casseurs de pub
http://www.casseursdepub.org

I - L'ANALYSE DE PAUL ARIES SUR LES CONCLUSIONS DU GRENELLE DE L'ENVIRONNEMENT :
Le « Munich de l'écologie »
http://contre-grenelle.org/munich-ecologie.htm
 
II - LE PIC DU PETROLE MONDIAL A ETE FRANCHI EN 2006
C'est la conclusion des chercheurs allemands de l'Energy Watch Group qui vient de publier ce lundi 22 octobre un rapport dans lequel il prévoit une division par deux de la l'extraction mondiale entre 2006 et 2030, de 80 à 40 millions de barils par jour.
http://www.energywatchgroup.org/Oil-report.32+M5d637b1e38d.0.html
Vous pouvez suivre le déroulement de la crise pétrolière mondiale sur le site d'Emmanuel Broto.
http://www.terredebrut.org/

III - VIDEO : CHRISTOPHE BARBIER, DIRECTEUR DE LA REDACTION DE L'EXPRESS, PROUVE QUE CONTRAIREMENT A LA CROISSANCE, LA BETISE PEUT ETRE SANS LIMITES
http://www.youtube.com/watch?v=FG_lp09dyFY

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25 octobre 2007 4 25 /10 /octobre /2007 18:21
Prendre la mesure du « besoin de croire » dans l’identité humaine

Sophie de Mijolla-Mellor

Freud a longuement questionné la croyance religieuse. Il a même espéré que la vision scientifique du monde qu’il lui opposait serait susceptible de rendre inutile « l’illusion de la religion ». Mais, analysant les pulsions qui l’accompagnent, il a aussi laissé un bagage théorique fondamental que les angoisses identitaires et les dérives fondamentalistes actuelles appellent à réexaminer. Dans son dernier ouvrage Le Besoin de croire – Métapsychologie du fait religieux (Dunod, 2004), Sophie de Mijolla-Mellor, psychanalyste, membre du IVe Groupe, et professeur en psychopathologie et psychanalyse à l’université Paris VII-Denis Diderot, se propose non seulement d’interroger l’approche théorique du fait religieux, mais, au-delà, « le besoin de croire » dans ses différents développements. Un livre passionnant où les notions de pensée, d’art, de relation à l’autre, d’amour, mais aussi d’idéologie, de théorie, de dogme ou de doute sont éclairées à l’aune des liens que Freud lui-même entretenait avec ses propres disciples.

 
Quels étaient les arguments de Freud vis-à-vis du besoin de croire en général, et de la croyance religieuse en particulier ?
Pour Freud, la croyance religieuse relève de l’illusion. Freud entend par là une représentation qui n’est pas nécessairement erronée, mais qui renonce à être confirmée par la réalité, c’est-à-dire qui se situe, pour le croyant, au-delà de cette confirmation. Aussi, la critique de Freud ne consiste-t-elle pas à démontrer l’inanité de la religion mais à en déceler les motivations inconscientes. Car la force de l’illusion – qui lui permet de se passer de la confirmation par la réalité – lui vient du désir irrépressible qu’elle réalise en fantasme. Pour Freud, ce désir qui forme la représentation de Dieu renvoie fondamentalement à la déréliction de l’homme, elle-même liée à sa prématuration biologique qui rend l’homme longuement dépendant des soins maternels. Du coup, tout en dénonçant la religion comme une illusion, Freud n’a cessé, entre les lignes, de souligner la présence impérieuse du besoin de croire qu’il identifie au besoin d’être protégé par le Père, du moins dans les religions monothéistes.
 
Pourquoi vous est-il apparu nécessaire de réinterroger ce point précis de la recherche freudienne qui, à première vue, n'apparaît pas comme essentielle dans son œuvre ?
Ce point est beaucoup plus important pour Freud qu’on aurait tendance à le penser. En tant qu’individu, Freud se dit athée, mais il a toujours revendiqué sa judéité. En tant que théoricien, depuis Totem et Tabou en 1911 jusqu’à L’Homme Moïse en 1938, il a toujours eu présent à l’esprit le sujet de la religion. Des textes majeurs comme Malaise dans la civilisation ou L’Avenir d’une illusion en témoignent. Ce thème traverse en fait sa réflexion sur la culture et les phénomènes collectifs. C’est cependant essentiellement en raison de la conjoncture actuelle que je me suis intéressée à ces textes. Interroger la métapsychologie du fait religieux m’a semblé une bonne manière d’en comprendre l’importance et d’essayer de l’inclure, voire de l’ouvrir. Ma démarche va donc à l’inverse des crispations identitaires et des dérives fondamentalistes que le fait religieux provoque lorsqu’il est « mis à l’écart ». Je pense pour ma part qu’une certaine conception étroite de la laïcité a fait son temps. Cette conception n’a pu se maintenir que grâce à la canalisation du besoin de croyance vers les idéologies politiques qui se sont écroulées au cours des dernières décennies. Il faut donc restaurer au sein de la civilisation une dimension du spirituel qui ne se limite pas au religieux, mais qui assure une identité humaine et culturelle à un monde menacé par l’indifférence mercantile dans tous les domaines.
 
En tant que psychanalyste, établir une théorie, comme la théorie analytique par exemple, relève-t-il aussi du besoin de croire ?
Non, établir une théorie, quel qu’en soit le domaine, relève du processus de la connaissance qui conduit au savoir. Mon livre Le Besoin de croire se présente d’ailleurs comme la suite du précédent, Le Besoin de savoir (Dunod, 2002), qui propose quelques hypothèses sur la genèse de ce besoin dans l’enfance. Le théoricien, le chercheur, ont à affronter la réalité vis-à-vis de leur objet, contrairement à celui qui croit. Dans le domaine de la psychanalyse, c’est l’épreuve de la clinique qui tient cette place et la théorisation psychanalytique relève toujours du « théorico-clinique ». Mais la passion du chercheur – qui lui est nécessaire pour soutenir son effort et dépasser les doutes voire les échecs – relève bien du « croire » en la possibilité d’atteindre, même si ce n’est que ponctuellement, l’expression adéquate des phénomènes de la réalité, donc une certaine vérité.
 
Le doute est-il consubstantiel au besoin de croire ?
Le doute est consubstantiel au croire comme au savoir. Dans un précédent livre, « Le Plaisir de pensée » (PUF, 1992), j’ai donné une place capitale à ce que j’appelle « l’effondrement des certitudes » dans l’enfance. J’entends ici la perte de la transparence et la perte de l’évidence telles que l’enfant les ressent lorsqu’il s’aperçoit par exemple qu’il peut mentir sans que les autres le sachent ou bien qu’il peut intensément haïr et aimer une même personne au même moment. L’évidence perdue devient un paradis à retrouver qui va animer une quête infinie. Elle peut prendre la voie du croire comme celle du savoir. Dans les deux cas, c’est à une nostalgie de la certitude originelle que l’on a affaire. Mais si le doute fait partie de la démarche naturelle et nécessaire du chercheur, en revanche, pour le croyant, il sera ressenti comme une « crise de la foi », c’est-à-dire une souffrance et un abandon par le dieu qui protège mais aussi met à l’épreuve. D’où le risque, si le doute n’est pas intégré dans une dynamique interne, de chercher à le colmater avec des « prothèses de certitude » diverses. À l’inverse, un croyant qui admet la valeur heuristique du doute me semble accéder à une forme de spiritualité ouverte, partageable et donc non conflictuelle.
 
Passé le moment de l'extase de la découverte – qu’elle soit profane ou divine – le besoin d'adhérer à des idées, de croire en une théorie relève-t-il du « processus intellectuel » ou de « l'enthousiasme » ?
Ayant défendu la notion d’un « plaisir de pensée » comme manière de concevoir le processus sublimatoire dans le domaine intellectuel, et en n’y voyant pas une défense contre le pulsionnel mais une expression de celui-ci, je ne vous suivrai pas dans cette opposition. Pour moi, le processus intellectuel n’est pas à confondre avec la ratiocination et l’intellectualisation défensive abstraite qui n’en est que la caricature et l’échec. Le processus intellectuel est à l’inverse joyeux et enthousiaste. Toute une tradition philosophique –de Socrate à Nietzsche en passant par Spinoza – est là pour nous le rappeler ! Mais « croire » en une théorie implique, pour que cela ne devienne pas dogmatique, de la réinterroger, de la mettre en doute, de jouer avec ses contenus, en sachant qu’ils ne sont que des expressions substituables vis-à-vis d’un objet qui n’est jamais saisi qu’en partie, et comme entr’aperçu...
 
Lorsque la théorie se fige en dogme, le besoin de croire conserve-t-il toujours cette nature à la fois intellectuelle et affective ?
À ce moment-là, l’aspect intellectuel cède le pas à l’affectivité sous la forme de l’angoisse qui est cachée et contre-investie dans le figement. Le dogme peut être un instrument d’aliénation dans les mains de ceux qui détiennent le pouvoir et d’ailleurs, cyniquement, sans qu’ils adhèrent nécessairement à ses contenus. Mais, pour être efficace, il faut bien que le dogme rencontre la détresse du besoin de croire chez les individus. Dans le domaine théorique, lorsque manque la confiance en sa propre capacité de penser, et donc de critiquer pour arriver à un résultat fiable, le dogmatisme s’offre aussi comme un refuge. Il implique la confiance aveugle dans le savoir d’un autre et donne ainsi le résultat tout fait au lieu d’avoir à refaire le chemin de la démarche réflexive. En effet, le dogme offre en matière de croyance comme de théorie une identité de pensée et donc une identité tout court – ce qui est aussi précieux que pernicieux – à celui qui le professe. Le dogmatique renforce son groupe d’appartenance et celui-ci le renforce en retour dans un processus en boucle dont le verrouillage est bien difficile à casser.
 
Pourquoi avez-vous notamment choisi comme matériel d'étude les correspondances de Freud avec ses premiers disciples comme Fliess, Jung et Ferenczi ?
En faisant ce choix, j’ai voulu montrer plusieurs aspects, dont le principal est ce que Freud appelle « notre dieu, le Logos », c’est-à-dire le fait que, pour ces pionniers de la psychanalyse, les dimensions intellectuelle et spirituelle ont pu se confondre. Mais, dans ces correspondances, j’ai moi-même été très sensible à ce qui se dévoile d’une nécessité pour le théoricien d’être cru, au moins par une personne, et non critiqué. Ce proche est celui qui va pouvoir soutenir le chercheur précisément au moment où celui-ci serait critique, voire destructeur, vis-à-vis de ses propres hypothèses. L’enthousiasme n’est jamais très éloigné du risque dépressif et c’est pourquoi celui que j’ai appelé l’« interlocuteur interne », l’ami auquel le chercheur s’adresse dans la solitude de son travail où le découragement peut parfois le gagner, est tellement précieux. Parallèlement, l’ennemi, celui dont il faut défaire les arguments, démolir les certitudes, est tout aussi nécessaire. Les relations entre Freud, Fliess et Jung nous montrent comment l’un peut se métamorphoser en l’autre au fil du temps. Amour et haine, vie et mort, ici comme ailleurs, se conjuguent simultanément et successivement.
 
A qui destinez-vous votre ouvrage ?
Ce livre vise un large public, car ce n’est pas une exégèse savante du texte freudien, mais une tentative pour réfléchir en compagnie de Freud sur cette question, actuelle entre toutes, de la croyance religieuse. On ne peut qu’être douloureusement sensible aux risques de ses dérives fondamentalistes et sectaires. Aussi faut-il prendre la mesure du besoin de croire, de son irréductibilité et donc de la nécessité non de le refouler, mais de lui donner une aire d’exercice dans la présence non conflictuelle des diverses formes de la croyance. C’est la notion de spiritualité qui est au centre de mon livre. Elle peut s’exprimer par la religion ou par d’autres moyens comme l’exercice de la pensée, l’art ou même la relation à l’autre, l’amour.
 
© DUNOD EDITEUR, 25 Mars 2004
 
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25 octobre 2007 4 25 /10 /octobre /2007 13:49

L'éthique psychanalytique en question (p.64)

"... Ce que la psychanalyse montre avec certitude, c'est qu'on revient toujours vers les signifiants qui ont été formateurs, qu'ils soient familiaux ou culturels. Il n'existe pas d'homme nouveau créé ex nihilo, et l'idée d'un Homo psychanalyticus, né d'une psychanalyse réussie, est contradictoire avec ce que nous enseigne notre expérience. Nous sommes les produits des expériences, notamment psychanalytiques, qui nous permettent d'avoir accès à cette histoire ; et nous ne pouvons nous désolidariser du frayage qui a rendu possible un tel accès. Là se situe la dette symbolique. Ce qui exclut tout autant qu'on fétichise les paroles, les écrits envers qui nous sommes redevables : car c'est à nous-mêmes qu'il appartient de les reprendre à notre compte afin qu'ils prennent la force et la dimension propres à ce qui fait acte."

J. Clavreul "Le désir et la loi"

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25 octobre 2007 4 25 /10 /octobre /2007 11:22

C

Cross cap : Bonnet ridicule, qu'un vieillard décadent que l'on appelle pape (contraction de papa et de pépé), exhibe à l'occasion de rituels étranges et dans lesquels il s'évertue à faire croire que ses hallucinations sont en fait les révélations d'un dieu dont il serait l'unique représentant.

Culpabilité : senti-ment mensonger qui consiste à nous faire croire qu’on a commis une faute alors que rien ne s’est passé qu’une simple idée.

Cure : Recherche d’une vérité que l’on ne sait pas que l’on sait pertinenment que l'on sait!

 

Revenir à l'alphabet

 

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24 octobre 2007 3 24 /10 /octobre /2007 23:58

« Questions d’éthique » s’interroge sur la question avec Bernadette Bensaude-Vincent

http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/ethique/fiche.php?diffusion_id=55407

Les points de vue y sont exprimés avec clarté, et les 5 dernière minutes illustrent parfaitement une partie des résistances qui se feront jour quand tout cela deviendra tangible.

 

 

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24 octobre 2007 3 24 /10 /octobre /2007 11:19
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Un chef religieux entend évangéliser la capitale et fait ériger une croix de dix-sept mètres de hauteur en plein cœur de la ville. Un candidat à la présidence de la république affiche ses croyances religieuses et propose le financement public de la construction des lieux de culte. Une astrologue défend les preuves irréfutables de sa discipline devant la plus prestigieuse université du pays et obtient son doctorat.  Les services publics à la carte vous proposent en ligne astrologie, voyance, numérologie, … nous sommes au vingt-et-unième siècle, et ce pays, c’est la France, la France des Lumières … Ce n’est pas un cas isolé, les enfants de l’Amérique de Thomas Jefferson, eux aussi fils et filles des Lumières, peuvent grandir sans jamais entendre parler de l’évolution des espèces, de Darwin ou de l’âge de la terre alors que leurs chefs politiques s’affichent dans leurs églises respectives … Il n’est guère de coin de la planète, où un fondamentalisme religieux, qu’il soit catholique, protestant, juif, musulman, … n’essaie pas de dicter sa loi ..

et pourtant nous sommes nombreux à ne plus croire au père Noël, aux dieux multiples ou unique, aux miracles, et aux superstitions en tout genre … nous sommes les brights

un bright est un individu qui porte un regard naturaliste* sur le monde
la compréhension qu’un bright a de l’univers est libre de tout élément surnaturel ou mystique
les brights fondent leur éthique et leur comportement sur une compréhension naturaliste* de l’univers

 

      il est temps pour les brights de sortir de l’ombre     

 

 

* naturaliste [adjectif] : considérant que la réalité est gouvernée par des lois naturelles (par opposition à surnaturelles).

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