DIPLOMATIE •  Cherche ambassadeur bien sous tous rapports

La France a essayé de proposer un écrivain divorcé et un diplomate homosexuel, mais le Vatican n’a rien voulu savoir. C’est pourquoi l’ambassade de France auprès du Saint-Siège reste vacante depuis un an.

Voici près d’un an que la “fille aînée de l’Eglise” n’a plus d’ambassadeur pour la représenter auprès du Saint-Siège. Une vacance d’une durée sans précédent dans l’histoire récente des relations entre le Vatican et Paris, et qui a encore été prolongée par le rejet de la part du Saint-Siège de la dernière proposition française. Par deux fois le choix du Quai d’Orsay pour la Villa Bonaparte, qui abrite l’ambassade de France au Vatican, a été repoussé. La première fois, la proposition française a été bloquée dès ses prémices lorsqu’on a fait observer au président Nicolas Sarkozy que l’écrivain Denis Tillinac était, certes, un catholique fervent, mais qu’il était aussi divorcé et remarié, une situation qui aurait immanquablement suscité le refus du Vatican. Entre-temps l’idée, elle aussi de Nicolas Sarkozy, d’envoyer l’écrivain Max Gallo avait été elle aussi écartée.
La deuxième proposition sérieuse s’est transformée en authentique conflit, bien qu’ayant pour théâtre la discrétion feutrée des antichambres vaticanes : le candidat a été formellement proposé dans le respect de toutes les règles, avec communication officielle au secrétariat d’Etat du Vatican, mais la réponse a été un non sec. Pour la bonne raison que le très haut fonctionnaire du Quai d’Orsay pressenti pour de si hautes fonctions n’est autre qu’un homosexuel déclaré. Ce refus a naturellement refroidi l’empressement du ministère des Affaires étrangères français, qui, depuis, prend son temps pour effectuer cette nomination. D’autant plus que le haut fonctionnaire rejeté par Sa Sainteté – par ailleurs catholique pratiquant – s’était personnellement porté candidat et qu’il a été profondément blessé. La visite du pape à Paris n’a pas non plus permis d’accélérer la nomination. Le poste est, en effet, vacant depuis la mort de Bernard Kessedjian, le précédent ambassadeur, survenue la veille de la visite du président Sarkozy au Vatican, le 19 décembre dernier. En raison de la vacance actuelle, c’est au secrétaire de l’ambassade, Pierre Cochard, qu’a été confiée la tâche d’accompagner le souverain pontife en France. L’Elysée est donc toujours à la recherche du bon candidat. En lice, Stéphane Chmelewsky, un diplomate qui a organisé le voyage du pape, et Marc ­Odendall, homme d’affaires et administrateur d’institutions humanitaires, bien en cour au ­Vatican.

Bruno Bartoloni
Corriere della Sera