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Ecosia : Le Moteur De Recherch

17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 16:57
Au nom du Seigneur - La religion au crible de l' évolution .

De Scott Atran .              Edition : Odile Jacob


Comment expliquer le poids culturel de la religion à travers l'histoire ? Pourquoi les idées surnaturelles sont-elles aussi répandues dans toutes les cultures ? Que nous apprennent la biologie, la psychologie, l'anthropologie et les sciences cognitives sur les différences et les similitudes entre les groupes religieux ? Et comment se fait-il que les explications religieuses des phénomènes naturels influent plus sur notre imaginaire collectif que les connaissances scientifiques ? Du point de vue de l'évolution, la religion ne devrait pas exister : elle est coûteuse en sacrifices matériels et en dépenses émotionnelles ; elle impose des efforts pour adhérer à des croyances qui défient le bon sens.
Alors, pourquoi la religion ? Scott Aluni passe en revue toutes les explications - sociologiques, psychologiques, neurologiques, métaphysiques - et montre leurs insuffisances. Et si le sacrifice de soi qu'impose toute religion serait avant tout à stabiliser l'ordre moral dans le groupe ? Ce faisant, n'incite-t-elle pas à la compétition avec d'autres groupes ? Et, dès lors, n'est-elle pas toujours source de guerre ? Appuyée par les recherches les plus originales et les plus actuelles, une puissante réévaluation du fait religieux au coeur même de l'humain.




  Dieu De National Pagoda ,Hué ( Vietnam )
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15 mars 2009 7 15 /03 /mars /2009 10:49

 

Je vous invite à regarder ce film..
qui évoque notre capacité à créer des univers nouménaux...


http://vimeo.com/3365942

Trois Carrés


 

__._,_.___
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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 13:52
Grâce aux fantastiques progrès de l’imagerie fonctionnelle il devient à présent possible de cartographier de plus en plus précisément les aires cérébrales qui sous-tendent les fonctions cognitives. On peut également comprendre le cheminement et le mode de traitement de l’information dans le cerveau, en visualisant l’ordre d’activation des régions cérébrales dans le traitement d’une information et en montrant les faisceaux de connexions qui permettent la transmission de l’activation entre les différentes régions cérébrales.

Enfin, on commence à élucider le « code neural », c’est-à-dire à comprendre comment l’information codée dans le cerveau. Ce codage, comme le code génétique pour l’ADN, doit reposer sur une organisation très structurée dans l’espace des assemblées de neurones. Cette organisation est en même temps d’une prodigieuse souplesse pour permettre l’adaptation à l’environnement et l’apprentissage, au cours du développement et ce tout au long de la vie.

On le voit, nous sommes loin de la conception du cerveau de Selon Ramon y Cajal, père fondateur des neurosciences modernes et Prix Nobel de médecine en 1906, pour qui le cerveau adulte était un organe immuable, constitué de neurones voués à une mort inéluctable car incapables de se diviser pour se multiplier. Puis, dans les années 1980, c’est la révolution ! On découvre que le cerveau adulte a la capacité de réorganiser son réseau de neurones pour tracer un chemin privilégié de circulation de l’information. Cette plasticité, que l’on croyait réservée aux jeunes cerveaux immatures, opère dans les synapses.

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Envoyé par yves dans Tendances Mondiales le 3/13/2009 07:42:00 A
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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 12:49
[http://www.tregouet.org/article.php3?id_article=571]
Mieux comprendre notre cerveau constitue l’un des défis majeurs du XXIème siècle. Les enjeux médicaux et sociaux sont en effet considérables, surtout dans le contexte démographique de nos sociétés vieillissantes : outre les bénéfices que l’on peut en attendre dans le domaine de la santé et des neurosciences (progrès en neurochirurgie, neurologie et psychiatrie...), la compréhension du cerveau permet de mieux connaître la façon dont les individus interagissent entre eux ou avec leur environnement.

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Envoyé par yves dans Tendances Mondiales le 3/13/2009 07:41:00 A


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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 09:32

Je ne connais pas d’autre grâce que celle d’être né. Un esprit impartial la trouve complète.

Lautréamont




Comte de Lautreamont





Dieu comme patient , par Langhof
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12 mars 2009 4 12 /03 /mars /2009 19:03

Le cerveau humain a la foi

 

Des chercheurs déclarent, dans le journal américain Proceedings of the National Academy of Sciences du 9 mars, avoir localisé la zone du cerveau qui contrôle la foi religieuse. Selon leurs travaux relatés dans The Independent, la croyance en un pouvoir supérieur, céleste, est un atout de l'évolution qui aide les hommes à survivre.

La croyance en un dieu serait profondément ancrée dans le cerveau humain, qui serait programmé pour l'expérience de la religiosité. Pour le professeur Jordan Grafman, du National Institute of Neurological Disorders and Stroke à Bethesda, près de Washington, "la foi et le comportement religieux sont des traits de la vie humaine qu'on retrouve dans toutes les cultures et qui sont sans équivalent dans le règne animal". "Nos résultats démontrent que les constituants spécifiques de la croyance religieuse concernent des circuits du cerveau connus."

Sur le même sujet

Les faits Le cerveau humain a la foi

"L'AIRE DE LA FOI"

Les scientifiques qui cherchaient "l'aire de la foi", supposée contrôler la croyance religieuse, pensent qu'il n'y pas une mais plusieurs zones du cerveau qui forment les fondations biologiques de la foi. Le cerveau aurait évolué en devenant plus sensible à toute forme de croyance qui améliore les chances de survie. Ce qui pourrait expliquer pourquoi la croyance en un dieu et au surnaturel est si répandue à travers le monde.

La communauté scientifique, les philosophes et les théologiens sont divisés sur l'origine de la foi. Pour certains elle est d'origine biologique, pour d'autres culturelle. Des théoriciens de l'évolution prétendent que la sélection naturelle darwinienne a pu mettre l'accent sur les individus qui sont croyants et dont les chances de survie seraient supérieures à ceux qui ne croient pas. D'autres ont suggéré que la foi était juste la manifestation du phénonomène biologique intrinsèque qui fait du cerveau humain un organe si brillant et adaptable.

Le Monde.fr

 

L’abstract en question :

Abstract

We propose an integrative cognitive neuroscience framework for understanding the cognitive and neural foundations of religious belief. Our analysis reveals 3 principle psychological dimensions of religious belief (God's perceived level of involvement, God's perceived emotion, and doctrinal/experiential religious knowledge), which functional MRI localizes within networks processing Theory of Mind regarding intent and emotion, abstract semantics, and imagery. Our results are unique in demonstrating that specific components of religious belief are mediated by well-known brain networks, and support contemporary psychological theories that ground religious belief within evolutionary adaptive cognitive functions.



NAKHTHORHEB EN PRIERE [  MUSEE DU LOUVRE ]
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12 mars 2009 4 12 /03 /mars /2009 16:30
Un grand moment d'anthologie, le monde des monty-Python est aussi fou que le notre , mais il est beaucoup plus drole !

Amicalement,
Dominique
 
Monty Python, Sacré Graal !
 20:45 
 
  Monty Python, Sacré Graal !  
 
Comédie
Date de diffusion : jeudi 12 mars
Horaire : 20:45 - Durée : 1h25
Acteur : Graham Chapman, John Cleese, Terry Gilliam
Réalisateur : Terry Gilliam
 
Histoire : Sous l'ordonnance de Dieu, le roi Arthur et les chevaliers de la Table ronde partent à la conquête du Saint-Graal. Ils ne sont pas au bout de leurs peines.
Résumé : Répondant à l'appel de Dieu, le roi Arthur se lance à la conquête du Saint-Graal, le calice dans lequel aurait été recueilli le sang du Christ. Hélas, le bon roi et les preux chevaliers de la Table ronde - Lancelot, Galahad, Robin et Bedevere - s'égarent dans l'absurde. Ils subissent, en tout premier lieu, les attaques de Français qui se battent avec des animaux domestiques lancés du haut des créneaux. Le Chevalier noir, qui ne cesse de vouloir les provoquer en duel, est découpé en rondelles. Des paysans syndiqués compliquent singulièrement la quête. Un lapin blanc égorge trois chevaliers. Cent vierges assoiffées d'hommes les pourchassent...
Critique : Un formidable mélange de «non-sense» et d'humour noir, férocement drôle.
 
Son : STEREO - Sous-titrage : OUI - Direct : NON
Mal-Entendant : NON - Ratio : 16:9 - En clair : OUI


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11 mars 2009 3 11 /03 /mars /2009 12:07
Heidegger, par Pierre Dulau

Couvphilov4_2

Heidegger, Pierre Dulau

Premier auteur à débuter notre cycle de présentation : Heidegger. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le philosophe allemand ne jouit pas d'une réputation à la hauteur de son œuvre. A qui la faute ? Avant tout à des textes d'une rare complexité qui en ont découragé plus d'un !

Pourtant il y a chez Heidegger tant de choses à découvrir et de sources de réflexion pour notre époque qu'il serait dommage, presque impossible, de se passer de son enseignement !

C'est pour vous permettre à chacun d'accéder à toute la profondeur de la pensée de Heidegger que Pierre Dulau s'est acharné à l'expliquer, à le commenter pas à pas, en tentant de faire de chaque élément de sa philosophie un point compréhensible. Une vraie gageure face à un tel philosophe ! Un travail qui méritait bien d'être présenté en pôle-position dans notre blog.

A noter que vous découvrez également dans ce post la page de couverture de l'ouvrage...

Le livre

Heidegger (1889-1976) disait vouloir tracer des chemins et non constituer des œuvres. Faire progresser la pensée dans des territoires encore non frayés et non pas donner un tour systématique à un ensemble de thèses concernant la nature du monde et de la réalité. Ce territoire encore non frayé, c’est le domaine de l’être, une énigme qui, pour être à la racine de la philosophie, n’en a pas moins été, comme telle, occultée par l’ensemble des philosophes. Heidegger veut donc nous sensibiliser à un questionnement insolite et inquiétant, une manière d’envisager la relation au réel qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire de la pensée, ni religieuse, ni philosophique. Au soir de la civilisation occidentale, Heidegger nous invite à retrouver l’expérience initiale qui, originellement, a suscité le besoin de questionner sur la vérité, sur l’essence des choses, en un mot sur l’absolu.

Le texte que nous vous proposerons se donne pour tâche d’accompagner pas à pas le lecteur dans cette itinérance en lui donnant les clefs conceptuelles lui permettant d’apprécier ce qui fait la radicalité inouïe de la parole de Heidegger. 

L'auteur

Pierre Dulau est docteur de l’Université Paris IV Sorbonne et agrégé de philosophie.
Il est l’auteur d’une thèse consacrée à Heidegger et d’ouvrages d’introduction à la philosophie (un commentaire des Pensées de Marc Aurèle et un commentaire du Protreptique d’Aristote dans la collection folioplus philosophie chez Gallimard).
Il enseigne actuellement au Lycée Blaise Pascal de Forbach, en classes préparatoires au Lycée Jean XXIII de Metz, et à l’Université Paul Verlaine de Metz.

Infos presse :

En attendant le dossier de presse de l'ouvrage, n'hésitez pas à nous contacter pour avoir plus d'informations sur cette publication.

Infos commerciales :

Format : 14,5x21 cm
220 pages
Parution : octobre 2008

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Voici les sites qui parlent de Heidegger, par Pierre Dulau:

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10 mars 2009 2 10 /03 /mars /2009 09:11

The Vanishing Face of Gaïa. A Final Warning
Par James Lovelock
Allen Lane, Février 2009
Préface de Martin Rees

Présentation et commentaires par Jean-Paul Baquiast
09/03/2009

 

http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2009/94/lovelock.jpgJames Lovelock est l’auteur de plus de 200 articles scientifiques et le père de l’hypothèse Gaïa. devenue après de nombreuses vérifications expérimentales la théorie Gaïa.
Il a consacré trois livres à ce sujet, le dernier, présenté ici actualisant la théorie au vu des derniers travaux scientifiques.

James Lovelock est aussi un écologiste de terrain (c’est-à-dire ennemi des constructions idéologiques). En tant que scientifique, il a contribué en proposant un instrument adéquat, à mesurer la destruction de l’ozone par les CFC.

Pour en savoir plus
James Lovelock international web site http://www.ecolo.org/lovelock/


Nous pensons pouvoir affirmer que « The Vanishing Face of Gaïa » est la plus importante contribution parue à ce jour dans un domaine jusqu’ici en proie aux polémiques et aux conflits d’intérêt. Le livre offre une nouvelle compréhension scientifique et philosophique de la Terre et de son avenir. Cet avenir sera aussi celui de tout ce que notre planète porte avec elle, espèce humaine comprise. L’auteur, James Lovelock, aura sûrement beaucoup d’émules et de prolongements, comme il le mérite. Il aura aussi des contradicteurs, représentant principalement ceux qui ne veulent rien entendre et continuer comme avant, « business as usual ». Mais le livre et l’œuvre dont il est le couronnement devraient rester dans l’histoire de l’intelligence, si celle-ci dispose encore, elle aussi, d’un certain avenir, comme la première ébauche d’un modèle global permettant de comprendre la considérable complexité des changements imposés à l’évolution biologique et physique de la Terre par l’apparition de ce que nous appelons ailleurs les systèmes anthropotechniques.

Rappelons que pour nous, ce terme désigne les systèmes sociaux évolutionnaires associant symbiotiquement des humains encore déterminés génétiquement pour se comporter, selon l’expression de Lovelock, en prédateurs tribaux et des technologies qui augmentent hélas plus rapidement les capacités destructrices que les capacités cognitives de ces mêmes humains. « The Vanishing Face of Gaïa », indiquons le en passant pour n’y plus revenir, offre à cette approche de l’évolution les bases méthodologiques indispensables à la compréhension de l’origine et du futur des systèmes anthropotechniques. Ceci devrait être d’autant plus intéressant que James Lovelock, qui n’a pas pu tout dire en 170 pages, n’a pas développé ce point particulier.

Mais revenons à Gaïa. Ce qui est d’abord admirable dans cet ouvrage véritablement révolutionnaire est qu’il vient d’être écrit par un homme presque centenaire, dont la vie s’est en partie usée à faire admettre une hypothèse, celle de Gaïa, incomprise à ses débuts, voire dépeinte avec malveillance comme quasi mystique, prétendument empreinte de l’inspiration des années 1970 dite New Age. Si James Lovelock ne rappelait pas de temps à autres son âge, nul ne pourrait le deviner, tant le livre est jeune, combatif dans son esprit, parfaitement lisible et, bien entendu, richement documenté.

Mais au-delà de cet aspect anecdotique, il convient évidemment de s’arrêter sur l’hypothèse dite Gaïa, faisant l’objet du livre. En effet, cette hypothèse, depuis quelques années seulement, deux ans au plus, se révèle être une théorie scientifique au caractère fondateur, que vérifient un nombre croissant de mesures expérimentales indiscutables. Elle est évidemment encore discutée par les tenants de tous les intérêts qu’elle bouscule, mais crise climatique aidant, elle fera pensons nous irrésistiblement son chemin. Ce triomphe de l’esprit scientifique arrive tard pour Lovelock, mais pas trop tard cependant pour qu’il ne puisse personnellement en recueillir la reconnaissance et l’admiration des esprits éclairés. Que le lecteur considère cet article comme un premier hommage et marque de reconnaissance de notre revue.

Malheureusement, le triomphe scientifique de Lovelock arrive trop tard pour l’humanité, en ce sens que celle-ci, à supposer qu’elle puisse se décider à changer les comportements qui depuis au moins deux siècles ont détruit les équilibres naturels précédents, ne pourra plus désormais empêcher la survenue des conséquences catastrophiques de ces destructions, le point de non retour (ou tipping point) semblant désormais non seulement atteint mais dépassé. Ce n’est pas le seul Lovelock qui l’affirme, mais un nombre croissant de grands scientifiques, cités dans le livre. Pour notre part, nous n’avons pas trouvé de failles dans les arguments produits, mais seulement des points qui n’ont pas été abordés et que nous évoquerons rapidement un peu plus loin. Si la prise en compte de la théorie Gaïa avait eu lieu 30 ans plus tôt, peut-être ne serions-nous pas aujourd’hui confrontés à ce point de non-retour. Mais rien n’est certain car la volonté de continuer comme avant se serait peut-être, alors comme aujourd’hui, imposée aux décideurs de toutes sortes.

Que pouvons-nous pour notre part faire pour aider la thèse de Lovelock à mieux se diffuser, non seulement dans la communauté scientifique mais dans la société – ceci d’autant plus que le livre n’étant pas encore traduit en français, il faudra quelques temps afin qu’il ne pénètre les esprits de nos compatriotes, trop souvent embourbés sur les questions d’écosystèmes dans des préjugés non-scientifiques et inutilement polémiques?

Nous pensons que trois choses s’imposent en urgence : d’abord résumer la théorie de Lovelock, que nous continuerons comme lui à désigner du nom de Gaïa pour éviter une longue périphrase – présenter les prévisions les plus probables ensuite - évoquer enfin les solutions susceptibles de ralentir les changements profonds que prédit la théorie dans les prochaines décennies, ainsi que les considérations géostratégiques relatives à la mise en œuvre effective de ces solutions.

Il conviendrait également de discuter de l’avenir des humains si comme le pressent Lovelock, émerge de la crise en cours une nouvelle espèce biotechnique mieux adaptée biologiquement au monde futur que l’humanité actuelle et surtout capable de mettre sa future intelligence et ses outils au service non seulement de sa propre survie mais de celle de la Terre, aussi longtemps du moins – 500 à 600 millions d’années - que celle-ci ne sera pas réduite en cendres par le soleil amorçant son déclin. Ces perspectives paraîssent encore relever de la spéculation romanesque, mais elles se préparent peut-être déjà dans le monde rapidement évolutif de l’Intelligence artificielle et de la robotique autonome. Comme cependant elles ne sont pas véritablement abordées dans le livre de James Lovelock, nous en reporterons la présentation à de prochains articles, en espérant rester fidèles à l’orientation philosophique et scientifique proposée par James Lovelock. 1)

I. La théorie Gaïa

James Lovelock explique avec beaucoup de modestie comment et pourquoi ses premières hypothèses, qu’il avait regroupées sous le nom de Gaïa, avaient provoqué le scepticisme du monde scientifique, voici plus de trente ans. Le nom de Gaïa, déesse mère, lui avait été suggéré par un certain Bill Golding, pour désigner ce qu’il avait évoqué dans ses premiers articles par le terme moins spectaculaire de « Earth System Hypothesis » traduisible par « Hypothèse selon laquelle la Terre se comporte globalement comme un système intégré évolutionnaire ». Baptiser ces hypothèses d’un nom de déesse, censée représenter la Terre nourricière, leur avait valu une indéniable notoriété mais beaucoup d’incompréhension. Nous y reviendrons.

Il a fallu attendre une déclaration dite d’Amsterdam en 2001, signée par un millier de scientifiques appartenant à l’Union Géophysique Européenne pour que le concept de Gaïa soit développé de la façon suivante : « Le système de la Terre se comporte comme un système intégré (unique) auto-régulé comportant des constituants (components) physiques, chimiques, biologiques et humains ». Cette définition n’avait pas suffit à satisfaire Lovelock. Il explique en détail dans ses divers ouvrages concernant Gaïa que le terme d’auto-régulé n’a pas de sens s’il n’est pas précisé par la finalité que tend à maintenir cette auto-régulation. L’auteur convient que le terme de finalité est dangereux car il tend à faire supposer un finalisme d’ordre théologique. Pour lui, il désigne seulement le résultat global émergent qui résulte d’un certain état d’équilibre lui-même produit de l’autorégulation et qui s’impose comme contrainte d’ensemble aux variations des facteurs, tant du moins que ces variations se font dans des limites compatibles avec l’équilibre de l’ensemble. La finalité que propose Lovelock à propos du système Gaïa est ce qu’il nomme l’habitabilité. Mais habitabilité pour qui ?

Le système Gaïa s’est développé à partir de l’action combinée et interagissante de trois catégories de changements : - changements physiques (géologiques, océaniques, atmosphériques), - changements biologiques (apparition des premières cellules vivantes, bactéries et algues (2) puis des végétaux et animaux supérieurs), - changements anthropologiques (ou mieux, selon notre vocabulaire, anthropotechniques enfin. L’habitabilité, que nous qualifierions plutôt de résultat émergent final que de finalité, résulte du fait que ces différents constituants, évoluant selon leurs propres rythmes mais aussi influençant le développement des autres, ont fait apparaître un monde terrestre que peuvent non seulement habiter les organismes vivants mais qui est régulé par les niches que produisent en s’y développant les différentes espèces d’organismes. Le système a pu se développer d’une façon régulée pendant près de 4 milliards d’années, y compris en fournissant des havres habitables par les premiers humains – ceci jusqu’au moment où la prolifération de ceux-ci et de leurs moyens de destruction massive (le feu, les outils, les technologies modernes) ont empêché les autres constituants de continuer à jouer leur rôle d’auto-régulation.

L’auto-régulation du système est robuste. L’habitabilité de la Terre par les organismes biologiques a résisté pendant 3 milliards d’années à de multiples accidents géologiques, astrophysiques ou provoqués par les organismes vivants eux-mêmes. Des extinctions plus ou moins massives se sont multipliées. Les hominiens eux-mêmes ont du à certaines périodes ne pas compter plus de 2 à 3 milliers d’individus. Cependant l’habitabilité pourrait disparaître à la suite de perturbations trop fortes ou trop rapides ne permettant pas l’adaptation croisée des divers facteurs. Ce pourrait être la chute d’un méga-astéroïde, une guerre nucléaire générale ou un réchauffement encore plus brutal que celui observé actuellement. Mais en fait, avant que les éléments les plus fragiles, anthropologiques et biologiques, ne soient éliminés au profit d’un équilibre matériel stable mortel pour la vie, tel celui présenté par la Lune ou Mars, le système pourra se rééquilibrer à des niveaux plus sélectifs, ne permettant la survie et le développement que d’espèces s’étant adaptées à de nouvelles conditions, notamment de température et d’humidité, résultant de la généralisation de causes perturbatrices profondes mais non globalement destructrices. En ce sens, on pourra parler d’une auto-régulation conduisant à des modes différents de fonctionnement, que les humains, s’ils ont survécu sous une forme ou une autre, qualifieront de dégradés, mais que les méduses ou les bactéries notamment thermophiles apprécieront.

L’erreur généralement induite par le concept de Gaïa, y compris jadis dans l’esprit de l’auteur du présent article, est qu’il pouvait laisser penser à un système capable de survivre à n’importe quelles agressions, en puisant en lui-même des forces réparatrices. En ce cas, et concernant les pollutions et autres nuisances que l’humanité impose à la Terre, il aurait été inutile de s’inquiéter. Gaïa y pourvoirait. Les premiers écologistes pouvaient donc se méfier de ce concept, quasiment théologique, car il aurait été démobilisateur au regard de leurs efforts pour limiter la destruction des éco-systèmes. James Lovelock lui-même, à l’origine de sa thèse, n’avait pas assez mis en garde sur la rapidité de certains actions déstabilisatrices et le caractère chaotique, c’est-à-dire en fait imprévisible et pouvant être catastrophique, de certaines évolutions. Autrement dit, il s’était pensons-nous illusionné sur les propriétés auto-réparatrices et stabilisatrices du système Gaïa. Mais à sa décharge, seules les observations croisées très récentes de la Terre considérée comme un milieu global ont fait apparaître que certains phénomènes, jusque là jugés comme se produisant à un rythme relativement lent, pouvaient brutalement engendrer des changements brutaux et destructeurs.

Dans les premiers chapitres du livre, James Lovelock fait état en ce sens de mesures toutes récentes montrant comment par exemple la fonte des glaciers terrestres et des glaces de mer arctiques peut créer une fausse impression de sécurité, au sein du grand public et même chez beaucoup de scientifiques. Cette disparition rapide des glaces cache en effet le phénomène global destructeur du réchauffement, car la chaleur ainsi utilisée à la fonte de la glace ne modifie pas sensiblement dans l’immédiat les températures globales. On peut donc se croire tranquille, d’autant plus que des variations aléatoires entre saisons froides et saisons chaudes peuvent laisser penser que le réchauffement global est un mythe. Mais dans quelques années, lorsque toutes les glaces seront transformées en eau, le poids de l’augmentation continue de température se fera sentir dans toute sa force, entraînant des phénomènes induits et divers emballements destructeurs : remontée des océans, dégazage des chlarates de méthane, désertifications ici, inondations là et destruction d’un grand nombre de biotopes vitaux pour les humains.

La théorie Gaïa, comme toute bonne théorie scientifique, prévoit un grand nombre de phénomènes que les observations du passé, du présent et du futur pourraient démentir ou vérifier. Or un nombre de plus en plus grand d’observations vérifient aujourd’hui les prévisions de la théorie. Si, pour les raisons que nous allons évoquer, les observations étaient multipliées à l’avenir, tout laisse craindre que les prévisions les plus inquiétantes pour notre avenir sur la planète le seraient aussi.

Critique de la science appliquée à la Terre

Avant de présenter rapidement ces prévisions, il convient de s’interroger sur les défaillances des scientifiques dans l’analyse d’un phénomène dont on découvre maintenant, mais trop tard, l’ampleur. Pourquoi, se demandera le lecteur, les sciences en général et celles de la Terre en particulier se sont-elles montrées si aveugles, jusqu’à ces derniers temps ? Pourquoi les scientifiques n’ont-ils pas écouté Lovelock et ses rares disciples ? Pourquoi aujourd’hui le supposé très compétent IPCC (International Panel on Climate Change) présente-t-il des projections linéaires relativement optimistes que démentent, selon Lovelock, tous ceux qui se livrent à la tâche ingrate des observations de terrain, aux pôles et dans les océans notamment ?

L’auteur propose, outre l’explication évidente selon laquelle de telles prévisions heurtent trop d’intérêt pour être encouragées et diffusées, des raisons qui nous conduisent à nous interroger à nouveau sur la fiabilité de la science quand il s’agit de comprendre le monde. Les critiques de la science actuelle, lorsqu’elle porte sur la climatologie et à ce que l’auteur appelle la géophysiologie 3) sont multiples. Les unes remontent aux fondement même de la cognition : notre cerveau n’a pas été construit par l’évolution pour enregistrer des changements lents, portant sur des objets de vastes dimensions et peu observables, comme l’atmosphère et les océans. D’autres mettent en cause la croyance un peu religieuse en la vertu des grands modèles théoriques faisant appel à beaucoup de mathématiques et d’informatique – relativement faciles à établir mais plus difficiles à modifier – alors que, comme rappelé ci-dessus, les observations de terrain sont coûteuses et demandent beaucoup d’énergie physique.

Mais James Lovelock évoque aussi ce qui est un thème récurrent des critiques qui, notamment dans notre revue, sont portées contre la science actuelle. Il s’agit de l’enfermement disciplinaire. Une théorie comme Gaïa suppose que les théories portant sur l’évolution de la Terre résultent d’une coopération active entre disciplines dont les thèmes principaux demeurent encore très éloignés : il s’agit des sciences physiques de la Terre auxquelles on peut ajouter la météorologie et l’océanologie, des sciences de la vie appliquées à l’histoire et à la description du milieu terrestre et finalement des sciences des systèmes anthropotechniques ? Non seulement les domaines restent encore étrangers les uns aux autres, mais les paradigmes, les méthodes, les concepts concernant l’évolution des systèmes et la façon de la modéliser sont également différents. Bien entendu enfin, les méthodes observationnelles et les instruments sont rarement communs.

L’auteur montre très bien les incompréhensions et donc les erreurs de pronostic résultant notamment des divergences entre deux écoles de pensée radicalement différentes, la géophysique et la biologie. Pour la géophysique, l’évolution du climat terrestre, entre autres phénomènes préoccupant, relève de causes matérielles telles que des éruptions avec dégazage d’aérosols, impacts d’astéroïdes, dérives continentales ou modifications des interactions entre la Terre et le solaire. Pour la biologie, elle relève au contraire de la production par les organismes vivants de différents sous-produits de leur activité, oxygène et CO2 notamment, sans mentionner d’autres déchets ayant des conséquences importantes non seulement sur le climat mais sur d’autres grands équilibres vitaux . Pendant longtemps, les causes géophysiques furent les seules prises en compte pour évoquer les modifications du climat et les conséquences associées. Ce fut bien plus tard que les biologistes, non sans difficultés, purent faire valoir leurs arguments, montrant notamment comment la production d’oxygène puis de CO2 par les organismes vivants insérés dans les premiers sols avait contribué à modifier les climats 4)

Mais ce fut plus récemment encore que les tenants de chacune de ces deux disciplines ont enfin admis que les facteurs évoqués par l’une et l’autre pouvaient entrer en jeu simultanément, en provoquant des effets croisés difficiles à analyser et plus encore à prévoir. La théorie Gaïa a convaincu beaucoup d’entre eux que c’était le système global Terre, c’est-à-dire l’association de la vie et de son environnement, qui jouait le rôle de régulateur, notamment concernant l’adaptabilité dans certaines marges des espèces vivantes 5).

En dehors des questions génétiques, une des causes de la difficulté à rapprocher les modèles d’évolution respectifs, spécifiques de la géophysique et de la biologie, tient à la nécessité de passer de modèles mathématiques prévoyant des évolutions linéaires relativement déterministes (hors la météorologie et l’océanologie), à des modèles qui, comme l’imprévisibilité des interactions entre 3 corps signalée pour la première fois par Poincaré, imposent le recours systématique à la théorie du chaos déterministe. Or de tels modèles chaotiques, comme on le sait, ne permettent de prévisions à peu près fiables que pour les grands nombres et les très longues durées. Ils ne peuvent exclure la survenue à tout moment de phénomènes paroxystiques pouvant être destructeurs, sur le court comme le long terme. C’est le cas des vagues dites scélérates en océanologie.

Concernant enfin l’évolution des systèmes anthopotechniques, que ce soit sous l’angle anthropologique proprement dit ou sous l’angle géopolitique, nous avons dit qu’elle n’est guère évoquée par James Lovelock. Il se borne à critiquer, non sans de bons arguments, les tenants du « business as usual » et la plupart des mouvements écologistes, fondant sur des arguments non scientifiques de véritables croyances religieuses devant être acceptées sans discussion ni murmure. Cette absence d’approfondissement des facteurs anthropotechniques constitue l’une des lacunes de l’ouvrage, à laquelle nous pourrions porter remède le cas échéant. Mais elle n’entache en rien d’invalidité le reste de ses constatations.


II. Les prévisions

Nous pouvons passer très vite sur les prévisions concernant l’avenir proche des sociétés humaines proposées par James Lovelock. Nous en avons déjà fait une présentation rapide dans l’éditorial référencé en note. Un nombre de plus en plus grand de scientifiques, dont beaucoup malheureusement semblent encore réticents à s’exprimer craignant des retombées négatives pour leur carrière, disent qu’il est désormais trop tard pour compter sur la réduction de la production des gaz à effets de serre afin d’éviter une hausse de 4° C des températures moyennes d’ici 2050-2090. La réduction des émissions, pour être efficace, devrait être, tous facteurs confondus, de 75% par an vers 2015. Or, malgré les mesures à grand peine entreprises aujourd’hui, la courbe des émissions restera croissante d’environ 5% par an. Malheureusement, une hausse apparemment bénigne de 4° centigrade des températures moyennes détruira les civilisations tels que nous les connaissons.

Une carte des prévisions d’occupation de la Terre par les hommes à échéance de quelques décennies est effectivement effrayante. De nombreuses zones littorales, les plus peuplées et les plus riches, seront submergées par la montée des eaux. Les pays pauvres seront les premières victimes, par exemple les côtes du Bangladesh et de l’Inde. Mais les pays émergents ou riches seront aussi frappés. Shanghai, New York, Londres, une partie du delta du Rhin et de l’Escaut seront recouverts par la mer. A l’inverse, toute la ceinture intertropicale de la Terre sera soumise à la désertification, les glaces alimentant les grands fleuves permettant encore aujourd’hui l’irrigation ayant disparu. Le désert, selon les continents, remontera assez haut vers les pôles, entre le 45 et le 55 parallèle dans l’hémisphère nord. En Europe, seules les pays du grand Nord et les îles océaniques (dont la Grande Bretagne) conserveront un climat quelque peu tempéré. Les vraies bénéficiaires, si l’on peut dire, du changement seront les terres arctiques et polaires, notamment la Sibérie, le Nord Canada ainsi que, à l’autre extrémité du monde, la Nouvelle Zélande, l’Australie côtière et le continent antarctique.

Ces changements produiront très rapidement un accroissement ingérable sans conflits ni guerres des réfugiés climatiques : au moins plusieurs milliards d’hommes provenant de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique centrale. Ceux-ci, irrésistiblement, se dirigeront vers ce que les nouveaux climatologues appellent des oasis ou radeaux de sauvetage permettant la survie de quelques centaines de millions d’humains mais aussi d’un minimum d’éco-systèmes naturels indispensables à la protection de ce qui restera du système Gaïa.

Il faut bien comprendre en effet que si le système global de la Terre pouvait se rééquilibrer autour d’une température moyenne accrue de 4° centigrade, avec les conséquences décrites ci-dessus, il ne s’agirait que d’un équilibre précaire supposant le fonctionnement à plein régime des processus biologiques producteur de photosynthèse. Autrement dit, il faudrait encourager le développement d’une végétation suffisamment complexe pour peupler les terres nouvellement découvertes. Or les hommes seront en compétition avec ces végétations afin de continuer à exploiter ce qui restera d’eau et de terrains cultivables. S’ils faisaient l’erreur de céder à leur ubris, ce qui demeurerait d’habitabilité, même réduite, disparaîtrait rapidement, au détriment en premier lieu des organismes complexes tels que les nôtres. Un nouvel équilibre pourrait sans doute s’installer, les humains ayant enfin disparu, mais cet équilibre se situera à un niveau encore plus dégradé. La Terre redeviendrait ce qu’elle était un peu avant l’ère dite du pré-Cambrien.

Nous avons dit que James Lovelock ne s’étend pas sur les conséquences politiques et humaines de tels mouvements de population. Il se borne à envisager comment les Iles Britanniques, sa patrie, pourraient accommoder 100 millions d’immigrés. Mais il est évident que cette question dépasse ses compétences de scientifique. Sans doute considère-t-il que la disparition plus ou moins rapide de milliards d’hommes serait bénéfique pour l’écosystème Gaïa et par conséquent pour les survivants. Ceux-ci, pour lui, ne seront pas nécessairement des habitants des pays riches, en l’espèce pour ce qui le concerne immédiatement des citoyens britanniques. Ce seront ceux qui, tels les réfugiés actuels de la misère qui affrontent l’océan sur des barcasses, prendront le risque de mourir pour survivre. Nous reviendrons plus loin sur cette question difficile.


III. Solutions possibles

Nul ne voit clairement, en l’état actuel des technologies comment les émissions, et autres causes de réchauffement associées, pourraient être réduites, ni dans la décennie ni plus tard. On se trouve en face, comme nous l’avons souligné par ailleurs, de mécanismes anthropotechniques échappant à tout contrôle par ce que l’on croit encore nommer la volonté humaine. Chacun défend son petit intérêt et la maison, selon le mot plus que jamais valable de Jacques Chirac, continuera à brûler. Néanmoins, des réactions doivent dès maintenant être envisagées. Pour les scientifiques, qui s’évertuent à nous alerter, James Hansen, Paul Crutzen, Peter Cox, et bien évidemment James Lovelock, il est n’est que temps de préparer deux types de solutions aussi hasardeuses les unes que les autres.

La géoingénierie

Les premières consisteront à envisager sérieusement les méga-projets dits de géoingénierie visant à diminuer l’ensoleillement de la Terre et accélérer les processus d’absorption des gaz à effet de serre. Ces projets étaient considérés jusqu’ici comme des tentatives émanant de divers lobbies politico-industriels pour ne pas réduire la consommation de pétrole ou pour faire financer des programmes technologiques plus faciles à vendre dorénavant que les grands programmes d’armement des décennies précédentes. Les approches envisagées (et parfois testées à petite échelle), n’apparaissaient pas convaincantes. Elles étaient grosses de risques mal étudiés susceptibles d’être pires que le mal. Mais pour les plus sérieux des experts, si l’humanité se trouvait confrontée à une destruction proche, elle devrait sans doute envisager de tels programmes. Avec beaucoup d’argent et une grande prudence scientifique, les nouvelles technologies pourraient sans doute apporter des solutions au moins temporaires.

Celles-ci, on le sait, sont de plusieurs types. James Lovelock les étudie en détail mais nous ne nous n’y attarderons pas ici : abriter la Terre des rayonnements solaires par des nuages artificiels (sans créer cependant l’effet inverse dit de serre), ensemencer les océans pour les rendre plus biologiquement productifs, séquestrer le carbone industriel mais surtout enfouir le carbone produit par la végétation, modifier les espèces pour les rendre plus tolérantes à l’absence d’eau… On enregistrerait certainement des retombées négatives, mais celles-ci ne seraient pas pires que ce qui se passera si rien n’est fait. Cependant ces investissements ne pourront pas éviter de préparer dès aujourd’hui l’adaptation à un monde profondément différent.

L’adaptation prévisionnelle

D’autres types de solutions devront effectivement être conduites, y compris en parallèle des premières car la géoingénierie ne serait certainement pas efficace à 100%. Il s’agira d’organiser dès maintenant la survie des humains sur une Terre dont les régions habitables et productives actuelles seront détruites par le réchauffement. Les problèmes à résoudre seront immenses. Nous les avons déjà évoqués. Il faudra d’abord abandonner les zones les plus peuplées et les plus fertiles, qui auront été soit inondées soit désertifiées. On les évacuera au profit de zones encore inhospitalières aujourd’hui, mais qui deviendraient vivables, aux pôles et dans les régions de toundra qui s’étendent au nord des continents américain et eurasiatique. Dire que ces régions seraient vivables est excessif. Elles permettront tout juste la survie. Les milliards ( ?) d’humains concernés seront obligés de s’entasser dans des mégapoles verticales destinées à libérer le maximum de terres cultivables et d’aires industrielles consacrées à la production d’énergies renouvelables. L’alimentation sera principalement végétale ou artificielle. La vie sauvage sous ses formes actuelles disparaîtra totalement, sur terre et dans les mers. Ne survivront que les parasites et bactéries.

Concernant l’énergie, James Lovelock, ancien militant écologiste, s’est récemment reconverti. Ceci lui a fait beaucoup d’ennemis chez les idéologues mais suscite l’admiration de ceux qui mesurent comment une véritable approche scientifique peut simplifier les problèmes. Pour lui, et nous l’approuvons à 100%, l’énergie dans le monde de demain ne pourra qu’être électrique. Continuer l’exploitation des combustibles fossiles ne sera acceptable que dans le cas des populations les plus déshéritées, et à court terme. Or il faudra énormément d’électricité pour survivre, même si les consommations de luxe sont sévèrement réglementées. L’électricité ne pourra donc qu’être nucléaire.

L’énergie solaire représentera cependant un appoint non négligeable, à condition de ne pas occuper trop d’espace. Les autres sources dite renouvelables (qui ne sont renouvelables pour lui que de nom) seront soit marginales soit sans issue. Lovelock s’en prend en particulier à l’énergie éolienne, dans laquelle il voit un nouveau piège dans lequel certains industriels relayés par les idéologues voudraient enfermer les sociétés. En ce qui concerne l’atome, il balaie en quelques phrases les arguments des anti-nucléaires : l’uranium ne manquera jamais, les déchets pourront être stockés puis transformés, le risque technologique est infiniment moindre que celui des autres sources. Il salue en particulier la France pour sa clairvoyance et l’exemple qu’elle donne au monde, en ayant su installer avec une compétence industrielle et scientifique sans égale la plus forte densité au monde par habitant de centrales atomiques. Ce compliment fait plaisir aux « nucléocrates » que nous sommes, nucléocrates par conviction car ni Areva, ni EDF ni Siemens ni RosAtom n’assurent nos fins de mois.

Mais malgré ces mesures, à supposer qu’elles puissent être décidées et appliquées dans l’ambiance de guerre que provoquera la crise climatique, l’avenir sera en fait si sombre, les plaisirs et joies attachés à la vie d’aujourd’hui se seront tellement raréfiés que l’humanité traversera certainement des crises morales profondes, avec augmentation des suicides et refus de la reproduction. Si à cela s’ajoutent les guerres et affrontements, ainsi que des pandémies inévitables, la population pourrait tomber en deux ou trois générations, comme le pronostique James Lovelock, à un petit milliard d’humains. Mais cela serait suffisant pour assurer la survie de l’espèce.

Les spécialistes de la gestion des grands systèmes collectifs mettent de toutes façons en garde. Les solutions esquissées ici, évacuation et réimplantation, gestion nécessairement autoritaires des ressources subsistantes, contrôle des affrontements entre les mieux dotés et les autres, conflits ethniques et religieux, nécessiteront des appareils d’administration publique et de gouvernement mondial dont les organisations nationales et internationales contemporaines se montrent incapables. Rien ne prouve que les grands systèmes anthropotechniques de demain en soient capables.

De toutes façons, les scientifiques, climatologues ou ingénieurs qui envisagent ces solutions ne sont pas encore très nombreux. Apparemment, beaucoup préfèrent faire ce qui a jusqu’ici toujours été fait : se fier à la survenue d’événements ou de découvertes qui modifieraient le diagnostic. Ainsi peut-on continuer à mener le train actuel, même si la survenue de crises de plus en plus violentes, comme nous allons en vivre prochainement, dément la pertinence d’un tel optimisme.

Nous pensons pour notre part qu’il est devenu désormais indispensable d’adopter les versions les plus pessimistes des projections. Certes, les grands dégâts prévus par les prévisionnistes n’affecteront que les enfants ou les petits enfants des adultes d’aujourd’hui. Pourquoi s’en inquiéter déjà ? Par ailleurs, nombre de personnes plus âgées dont certaines détiennent les leviers de commande, se rassureront, si l’on peut dire, en se disant qu’elles ne verront pas tout cela. Mais ce serait, pour les uns comme pour les autres, se comporter avec un aveuglement et un égoïsme bien contraire à l’esprit scientifique. Il nous semble qu’il faut au contraire dès maintenant se préparer au pire, non seulement en élaborant des modèles théoriques réalistes, mais aussi en réduisant fortement des trains et modes de vie qui, quoiqu’il arrive, sont déjà condamnés. Les esprits les plus jeunes et les plus aventureux y trouveront peut-être des stimulants que n’offrent plus les sociétés de consommation.


 

Notes
1) Nous avons déjà publié sur l’ensemble de ces questions un premier éditorial daté du 3 mars 2009, repris en partie ici « La fin certaine des civilisations telles que nous les connaissons ? http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2009/95/edito.htm . Des lecteurs nous ont demandé à quel titre nous pouvions parler de « fin certaine ». C’est toute la question. Pour nous, elle apparaît certaine, au sens de très hautement probable. Les certitudes absolues n’existent pas en science.
2) A une toute autre échelle, le fonctionnement co- et auto- régulé des différents constituants d’une ruche contribuent à son habitabilité non seulement par les abeilles mais par tous les micro-organismes qui y vivent. Pour le regard du biologiste évolutionnaire, cette habitabilité peut être présentée comme la finalité de la ruche. Ou, comme indiqué ci-dessus, d’état émergent final (temporaire et fragile) intéressant non seulement la ruche, mais l’espèce « abeille » et plus généralement l’éco-système local où elle se développe, lequel inclus les apiculteurs et les agriculteurs, comme nul n’en ignore. Cet état se maintient jusqu’à ce qu’un pesticide que la ruche ne peut pas éliminer soit déversé dans son environnement.
3) La géophysiologie correspond pour les sciences de la Terre à ce que notre regretté ami Gilbert Chauvet avait inauguré sous le nom de physiologie intégrative du vivant en matière de biologie.
4) Hypothèse de l’endosymbiont (ce terme désigne n’importe quel organisme vivant dans les cellules du corps – en l’espèce des roches colonisées par des protobactéries) présentée par Lynn Margulis. Celle-ci se rapprocha très vite de James Lovelock dans la promotion de l’hypothèse Gaïa.
5) Lovelock s’en prend à juste titre à la rigidité des néo-darwiniens, bien illustrée selon lui par l’objection de Dawkins selon laquelle les espèces vivantes s’adaptent aux changements du milieu et ne peuvent les provoquer afin d’en faire des facteurs d’évolution globale. Dawkins avait donc ridiculisé l’hypothèse Gaïa à son apparition. Les gènes « égoïstes » se battent pour survivre dans un milieu donné. Si les phénotypes modifient ce milieu, cette aptitude à modifier ne peut se transmettre par la voie héréditaire. Mais le néo-darwinisme a été obligé d’admettre récemment le concept de sélection de groupe, selon lequel les groupes d’animaux (ou phénotypes) constituent des super-organismes capables d’évoluer par mutation/sélection comme des individus, de construire des niches et d’en faire de nouveaux milieux au sein desquels se poursuit, ou ne se poursuit pas, l’évolution des génotypes.
* Sur la sélection de groupe, on pourra relire notre article de 2007
http://www.automatesintelligents.com/echanges/2007/nov/groupselection.html
* On lira également un articlé récent de Bob Holmes dans le NewScientist du 7 mars 2009, p. 36, The Selfless gene, qui nuance la théorie du gène égoïste de Richard Dawkins. Le concept de sélection de groupe parait aujourd’hui difficilement applicable à de vastes écosystèmes comportant de nombreuses espèces et moins encore à l’ensemble des espèces constituant le biotope de Gaïa.
http://www.newscientist.com/article/mg20126981.800-the-selfless-gene-rethinking-dawkinss-doctrine.html.
6) Cette hypothèse ne fut vérifiée qu’en 2008, par l’analyse de prélèvement de carottes glaciaires montrant l’autorégulation de la quantité de CO2 et des températures pendant des centaines de milliers d’années (Zeebe-Caldera). Sans attendre, Lovelock avait établi en 1981 un modèle informatique dit du Daisyworld illustrant cette hypothèse de l’autorégulation par l’action conjuguée des facteurs géophysiques et des facteurs biologiques (voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Daisyworld )

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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 12:08



Interview intéressant de l' éditeur .



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