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Ecosia : Le Moteur De Recherch

3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 23:32
CULTURES -Article paru
le 4 novembre 2006

LES LETTRES FRANÇAISES

La philosophe à venir : Avital Ronell

La parution simultanée de trois livres d’Avital Ronell, traduite en volume pour la première fois en France, est un événement. L’événement, c’est ce qui arrive. « Ce qui arrive », c’est une des définitions que Jacques Derrida donnait de la déconstruction. L’événement dont je parle avait pourtant, une fois n’est pas coutume, été annoncé. Par Derrida lui-même, sur une carte postale datée du 23 juin 1979. Il y est question d’un colloque sur Peter Szondi, où il fut beaucoup question de Paul Celan. C’est la fin de la journée. Je cite : « À la sortie, présentations diverses. "Avec vous, on ne peut plus se présenter", me dit une jeune Américaine (je crois). Elle me fait comprendre qu’elle avait lu (avant moi, donc, elle arrivait des États-Unis) Moi, la psychanalyse où je laisse jouer, en anglais, le vocabulaire si difficile à traduire de la présentation, des présentations, des "introductions", etc. Comme j’insistais pour savoir son nom, elle m’a dit "Métaphysique" et s’est refusée à ajouter un seul mot. J’ai trouvé ce petit jeu assez fort et j’ai senti à travers l’insignifiante frivolité de l’échange qu’elle était allée assez loin (on m’a dit ensuite qu’elle était "germaniste"), la Carte postale, J. Derrida.

Derrida annonçait la venue d’Avital Ronell et, vingt-sept ans plus tard, différance oblige, Avital arrive comme pour rapporter les fruits des voyages transatlantiques du philosophe. On connaissait la métaphysique allemande. Voici Métaphysique qui, elle, est germaniste. Le frivole échange d’adjectifs instaure une distinction capitale. C’est une question de distance (à soi). Il s’agit d’aller assez loin. Plus loin, en tout cas, que Martin Heidegger lorsque, revenant sur l’épisode de son engagement nazi, il le qualifie de « grosse bêtise ». Ou lorsque, interrogé par des journalistes du Spiegel sur ce même engagement, il le fait remonter à un coup de téléphone reçu dans son bureau.

Avital Ronell a décidé de prendre ces affirmations au sérieux pour montrer qu’elles n’ont rien d’anodines. Répondant, en tant que recteur de l’université de Fribourg, à l’appel du Bureau universitaire des Sections d’Assaut (SA), Heidegger a reçu le nazisme par ce qu’on pourrait appeler oto-insémination. Le père d’Hamlet, déjà, s’était fait empoisonner par l’oreille, orifice préféré des nazis qui par la radio ont fasciné, Wagner aidant, l’énorme oreille nationale. « Le téléphone participe des mythes de l’unité organique (où il est permis de discerner un abri ou une défense contre la castration). Un État jette autour de lui un filet de connexions, au sein duquel la fleur vénéneuse de l’unité peut croître sous le soleil de la surveillance sans répit. » Les fils du téléphone ne sont pas sans lien avec les « barbelés qui circonscrivent l’espace de la dévastation : les ordres d’exécution transitaient par le téléphone ».

Heidegger tombe donc dans un piège, mais il se l’était lui-même tendu (oto-suggestion ?), en sous-estimant, alors qu’il est celui qui l’a mise en évidence, la fracture sans retour que la technique induit dans le sujet humain. Il diagnostique l’emprise de la technique tout en postulant, dans un élan de naïveté ou de nostalgie, la possibilité d’une relation plus originelle à l’Être. Or « aucune distance fondamentale ne s’établit entre les mondes de la technique, de la nature, de l’humain ou de l’existence - aucune pureté, aucune extériorité absolue de l’un quelconque d’entre eux à l’égard des autres ».

Penseur de la technique piégé par la technique, penseur de l’appel (der Ruf) qui cite la voiture, l’avion, la radio mais pas le téléphone, qui oublie que son fameux Dasein est aussi un être-appelé, comme le rappelle Derrida dans Ulysse gramophone, c’est-à-dire un être-au-téléphone (« avant l’acte, ou la parole, le téléphone. Au commencement était le téléphone »), que répondre au téléphone c’est déjà dire oui (allô, oui, j’écoute), et qu’il faut alors non seulement y répondre mais aussi en répondre, puisque réponse et responsabilité ne sont pas dissociables.

Le Telephone Book d’Avital Ronell, publié aux États-Unis en 1989, a été écrit avant que « l’affaire Heidegger » ne devienne un sujet de conversation courant. Par ailleurs, le problème porte au-delà de la simple accusation ou disculpation de Heidegger : nous avons tous les jours la preuve que nous ne sommes pas, aujourd’hui, à l’abri du fascisme. Il s’agit donc « d’ouvrir la question politique au-delà d’un nom propre qui détournerait la pensée vers la contingence d’une subjectivité. Je suis moins intéressée par le fantasme que nourrissait M. Heidegger de devenir le Führer du Führer que je ne me vois poussée à reconnaître dans la pensée de Heidegger le signe inéluctable de la déposition de la démocratie. Heidegger et démocratie ont échoué l’un face à l’autre. Motif de cet échec : la technologie ».

Le travail d’Avital Ronell vise à mettre au jour des structures psychosociales de dépendance qui sont toujours déjà là, en latence, et dont elle donne de nombreux exemples dans son remarquable livre d’entretiens avec Anne Dufourmantelle, American philo. La naïveté de Heidegger, largement partagée, consiste à voir la technique uniquement comme un « autre », une force négative hostile appelée à nous dominer, une intrusion de l’État dans nos vies. Ce qui est rarement interrogé, c’est l’envie de se soumettre à la technique. On stigmatise la prolifération des dispositifs de surveillance mais on parle peu du désir d’être envahi, pénétré par ces technologies, tels des personnages de téléréalité jouissant d’être surveillés jusque dans leur intimité. Qu’il s’agisse de télévision, de surveillance étatique ou de drogue, il n’y a pas de site originaire, l’appel de l’addiction préexiste en chacun de nous. Car ce qui empoisonne est aussi ce qui nourrit : certes la télévision banalise la violence, mais elle l’absorbe aussi en la symbolisant. En deçà de l’effet des drogues, qui dépend du dosage, il y a une sorte d’immanence de l’addiction dont il faut prendre acte.

Donc Heidegger a été stupide, il a fait une grosse bêtise. C’est lui qui le dit. Façon de laisser son passé loin derrière lui. Façon, surtout, d’en dissocier sa pensée. Mais ce que montre Avital Ronell dans Stupidity, c’est que la bêtise n’est pas l’autre de la pensée. Non seulement elle est pensable, mais elle est ce qui rend la pensée possible. Heidegger n’est pas le seul à avoir voulu exclure la bêtise loin du domaine de l’esprit. Avital Ronell prend ici le relais du Deleuze de Différence et répétition qui relevait, dans la tradition philosophique, une « réduction de la bêtise, de la méchanceté, de la folie à la seule figure de l’erreur » et laissait ouverte « une question proprement transcendantale : comment la bêtise (et non l’erreur) est-elle possible ? ». Assimiler la bêtise à l’erreur implique sa corrigibilité, par les lumières, la raison, etc. Mais si on peut réparer l’ignorance, l’erreur, l’errance, il n’en va pas de même de la bêtise. La bêtise est une béance, elle est le magma négatif, le chaos primitif où s’originent l’être, l’intelligence, la possibilité de l’oeuvre. Elle est cet infini qui nous fait éprouver notre condition d’être fini.

Contrairement au philosophe, « le poète s’y connaît en bêtise ; il connaît cet affaiblissement, cet amoindrissement essentiel qui constitue la condition préalable de tout énoncé ». Dans un tourbillon de références aussi réjouissant qu’ébouriffant, Avital Ronell traque les figures de la bêtise, la stupidité, la sottise, l’idiotie, l’imbécillité, la niaiserie, le crétinisme, la puérilité, le ridicule en littérature, en convoquant Wordsworth, Schiller, Flaubert, Henry James, Rilke, Dostoïevski, Kafka, Schelling, Sartre, Pynchon, Hölderlin, Hart Crane, Conrad, Rousseau et bien d’autres. La littérature, hantée par le problème de la bêtise, lance un appel à la philosophie. Une philosophe, hantée par la littérature, enjoint la philosophie d’y répondre, avec la modestie qui s’impose.

La modestie, bien sûr, ne dispense pas de travailler. Chacun des livres d’Avital Ronell témoigne d’une recherche colossale et d’une lecture minutieuse des textes, dont elle examine aussi les conditions de production, y compris physiques. « J’enquête sur le terrain où la psyché rencontre le soma, sur les surfaces où le corps d’emprunt imprime sa souffrance, laissant dans son sillage un texte que personne ne peut s’approprier. » Le philosophe n’est pas un pur esprit. Avital Ronell prend en compte ses somatisations, ses crises de nerfs, ses perturbations menstruelles. C’est une femme qui écrit. Elle refuse le refus du corps, constitutif de la tradition philosophique occidentale essentiellement masculine. Elle nous rappelle que Nietzsche n’a pas écrit Übermann mais Übermensch, qui est donc moins un surhomme, traduction catastrophique, qu’un transhumain. D’ailleurs, lorsque Nietzsche parle des philosophes à venir, il ne précise pas leur genre. L’avenir de la philosophie pourrait bien être une femme. Suivez mon regard.

Derrida a abordé ce thème dans éperons. Les styles de Nietzsche, et sur ce terrain comme sur d’autres les écrits d’Avital Ronell lui doivent beaucoup. Elle a été son élève et son amie et enseignait avec lui un séminaire annuel, chaque automne, à New York University. Elle lui consacre un essai émouvant, Dire adieu au maître, dans American philo. C’est sans doute pourquoi on lit partout ces jours-ci, dans une presse française élogieuse, que le travail d’Avital Ronell relève de la fameuse French Theory, dont elle a été une des introductrices outre-Atlantique. Bien sûr, et elle le revendique. Mais il faut prendre garde à ne pas l’y réduire, en masquant la spécificité de ses écrits. Avital Ronell est une philosophe qui commente Nietzsche, Aristote, Kant, Hegel, Rousseau, etc. Elle est aussi germaniste, on l’a dit, et ses lectures de Goethe, de Benjamin, de Rilke, de Schelling, de Kafka sont d’une finesse inouïe. C’est plus généralement une littéraire, qui a écrit aussi bien sur Proust, Flaubert ou Dostoïevski que sur Marguerite Duras, Kathy Acker (qui fut son amie) ou Dennis Cooper. Elle a aussi été la première, au début des années quatre-vingt, à prendre le sida pour objet d’étude philosophique, et ses analyses de la rhétorique guerrière de la première guerre du Golfe, ses troupes et ses tropes, sont édifiantes. Sans oublier la culture pop, qu’elle prend immanquablement au sérieux, dans ses objets de réflexion comme dans son langage, qui fait cohabiter l’argot des rues avec la langue de la théorie, en des jeux de mots et autres ruptures syntaxiques qui créent des rapprochements inattendus. Avital Ronell brouille les pistes et transgresse les frontières à l’intérieur desquelles l’université se barricade contre la vulgarité du monde.

Avital Ronell est une philosophe écrivain aux prises avec son temps. Philosopher avec son temps, c’est d’abord reconnaître la faillite des transcendances rassurantes productrices de certitudes (la Vérité, Dieu, le sujet autonome et rationnel) sans pour autant abandonner l’horizon d’une éthique, une exigence de responsabilité. Avital Ronell n’annonce pas là la fin de la politique, mais la nécessité de son renouvellement, car « il serait peut-être temps de nous libérer de cette drogue de la pensée, aussi tentante et puissante fût-elle, qui autorise à poser une équivalence entre éducation et bienséance, humanisme et justice ». Elle appelle une politique de l’hospitalité qui repose sur une forme radicale de passivité, qui ménage une place à l’autre, qui laisse l’autre venir.

Avital Ronell : Telephone Book,

trad. Daniel Loayza, Éditions Bayard

Stupidity, trad. Céline Surprenant et Christophe Jaquet,

Éditions Stock

American philo, entretiens avec Anne Dufourmantelle,

Éditions Stock

 

Note : Avital Ronell sera au Centre Pompidou

le 15 novembre pour commenter La Corde d’Alfred Hitchcock (18 h 30, petite salle, niveau -1) et à la librairie

Michèle Ignazi, le 17 novembre pour signer ses livres

(19 heures, 17, rue de Jouy, Paris 4e)

Omar Berrada

 

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3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 06:57
Le fix caché d’Emma
Critique

Stupéfiants. Avital Ronell couple addiction et fictions.

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ROBERT MAGGIORI

Avital Ronell Addict. Fixions et narcotextes Traduit de l’anglais (américain) et préfacé par Daniel Loayza. Bayard, 246 pp., 22,50 euros.

«Ce qui suit, donc, est essentiellement un travail sur Madame Bovary, et rien de plus.» On n’aurait qu’une pâle idée de ce que contient Addict si on prenait à la lettre ce que, malicieusement, indique son auteur. D’ailleurs, Avital Ronell ne le dit qu’en cours de route (page 70), comme si elle voulait reconduire en des paysages connus et ramener à soi (ou à elle), un lecteur dépaysé et halluciné qui, croyant entrer dans un cercle de fictions romanesques et de textes philosophiques, se trouve pris dans une sarabande de «fixions et narcotextes».

La théoricienne américaine ne raconte pas d’histoires, évidemment. Emma Bovary est bien au centre d’Addict : «Pour trouver accès à la question de l’"être-sous-drogue", il nous a fallu suivre la voie de la littérature. Nous avons choisi une œuvre qui traite exemplairement de l’objet persécutoire d’une addiction. […] Peu d’autres œuvres de fiction ont divulgué des preuves de la pharmacodépendance à laquelle la littérature a toujours été secrètement associée - en qualité de sédatif, de traitement, d’issue de secours ou de substance euphorisante, en qualité d’empoisonnement mimétique.» Du roman de Flaubert, on a pu dire qu’il était «littérairement un poison». Aussi trouve-t-on excitant que Ronell le «soumette à interrogatoire sur la question narcotique», pratique, comme l’écrit Daniel Loayza, une «relecture radicale, tenant de l’autopsie, du bovarysme d’Emma», analyse même quelques symptômes de Flaubert («Madame Bovary, c’est moi») ou fournisse une interprétation originale de la passion littéraire comme besoin addictif.

«Héroïne». Mais qu’on n’espère pas un «travail de critique littéraire au sens traditionnel». Quelques pages plus loin, Ronell invite à répondre à des questions telles que : «Qu’est-ce que le Gestell par rapport à l’état de manque addictionnel du Dasein ?», et à la suivre dans une analyse d’Etre et Temps de Heidegger, dont elle dit qu’il a «certes réfléchi sur l’addiction» mais «non pas sur la spécificité de la technologie de la drogue», alors même que «le Dasein addicté» a tout à voir avec l’«aveugle dépendance de l’homme» à l’égard de la technique, «en cet âge de déclosion métaphysique qui est le nôtre».

Dès lors, on craint de céder à l’emprise hypnotique de théorisations ardues. Et on se prend à regretter qu’un ouvrage sur les drogues et l’addiction n’en fasse pas une «simple» étude. Mais il est trop tard (nous avons passé le chapitre «Hits» et entrons dans «Vers une narcoanalyse»). On a déjà réalisé que ce serait vain. D’abord, parce que l’existence d’un corps et d’un esprit virginaux, purs de toute addiction, est un mythe ou une mystification, dans la mesure où tout peut devenir objet de bonne ou mauvaise dépendance, une personne, le café, les études, la lecture des journaux, le téléphone, Internet, la pornographie, le sport, les jeux vidéo, la collection de timbres, les Simpson, son psy, les jeux vidéo and so on… Ensuite parce que «les drogues résistent à l’arrestation conceptuelle». Si on tient à en définir l’«essence» (ou la substance), on constate que toute approche se révèle incomplète, qu’elle soit psychologique, sociologique, chimique, médicale, historique, morale, etc. De «l’ethnocide des Indiens d’Amérique par le recours à l’alcool», il faudrait aller jusqu’à une histoire de la guerre moderne et des techniques guerrières : «La méthédrine, ou méthylamphétamine, synthétisée en Allemagne, a joué un rôle déterminant dans le Blitzkrieg hitlérien ; "héroïne" vient de Heroisch, et Göring ne se déplaçait jamais sans sa dose ; le docteur Hubertus Strughold, père de la médecine spatiale, dirigea à Dachau des expériences sur la mescaline.»

On aura compris qu’Addict est un drôle de livre, une sorte d’«attracteur étrange», dirait Baudrillard. Il l’est jusque dans son corps, au sens typographique : polices différentes, jeux de gras et d’italiques, soulignements, pages avec juste une phrase ou une citation, remarques en marge. Il l’est par l’hétérogénéité (apparente) des chapitres, la discontinuité des styles et des niveaux de langue, l’alternance de fulgurances et d’analyses circonstanciées, d’accélérations, de ralentis et de temps suspendus, de rapprochements inopinés de textes, de références ou de personnages (dans la dernière partie, «Cold Turkey ou l’esthétique transcendantale de la chose à manger», dialoguent Derrida, Jünger, «inhalant une dose des textes de Michaux sur la mescaline», Heidegger, Duras, «M. Faust», Freud, Irma et Emma…) - autant de disruptions dont Ronell voudrait qu’elles pussent traduire les états temporels différenciés qu’induit la drogue, selon sa nature ou sa dose, la variance des moments hallucinatoires, psychédéliques, narcotiques…

«Dark lady». Née à Prague, formée à l’Institut de Sciences herméneutiques de Berlin, à Princeton University et à Paris, où elle travaille avec Jacques Derrida et Hélène Cixous, Avital Ronell est professeur d’allemand et de littérature comparée à New York University et détient la chaire «Jacques Derrida» de Philosophie et Médias à l’European Graduate School de Saas Fee (Suisse). Elle a «grandi dans des quartiers pauvres, des banlieues vides, sans culture», vécu de performances artistiques, et connu bien des rejets - en raison de son originalité, de ses engagements, son féminisme, voire sa façon de s’habiller, «un peu outrée, théâtrale» - avant d’occuper une belle place sur la scène philosophique américaine (puis mondiale), en «dark lady de la déconstruction», représentante de la French Theory et lectrice raffinée des grands poètes, écrivains et philosophes allemands. Elle ne fait certes pas de la philosophie de manière politiquement correcte, et prend même à rebrousse-poil l’académisme en choisissant comme objets d’étude le sida, la virologie, les plantes transgéniques, la guerre du Golfe, les tests, l’idiotie (Stupidity, Stock 2006), la police, le téléphone (Telephone Book, Bayard 2006), la radio, l’opéra, le café, et, à présent, les addictions. Elle propose, à ne point douter, un mode très moderne, brillant, pertinent, déconcertant, de lire notre hypermodernité.

Les drogues, dit-elle, «sont les noms de l’exposition de notre modernité à l’incomplétion de la jouissance». Aussi l’«être-sous-drogue» apparaît-il comme point focal où se croisent liberté et servitude, conscience et mauvaise conscience, réel et fantasme, fictions et fixions, textes et narcotextes. «L’horizon de la drogue» serait-il alors «le même que celui de la littérature» ? Peut-être même de la pensée tout court. Songeant aux tâches d’une «philosophie à venir», Nietzsche écrit : «Qui contera un jour toute l’histoire des narcotiques ? Elle est presque l’histoire de la "culture", de notre soi-disant haute culture.» C’est de ce "presque" qu’Avital Ronell a voulu faire la mise au point, de «cette place où le narcotique articule un frisson entre histoire et ontologie».

D’Avital Ronell paraîtra également le 22 avril Test Drive, la passion de l’épreuve (Stock).

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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 16:50
Un « gène » transforme une fourmi guerrière en une fourmi fourragère
Le monde des fourmis est d’une richesse telle qu’il se prête à l’écriture de romans à succès sous réserve que l’on ait le talent de Bernard Werber. Pour les scientifiques, la fourmi reste un sujet d’étonnement permanent, autant qu’un modèle idéal pour étudier la communication entre individus d’une espèce et la collaboration des différents congénères oeuvrant au service de la colonie. Récemment, une découverte génétique a permis de découvrir un mécanisme moléculaire impliqué dans le comportement de ces insectes à l’organisation parfaitement disciplinée.

 

Bien que déterminé morphologiquement, le destin d’une fourmi n’est pas figé car en certaines occasions, le comportement peut changer. C’est notamment le cas lorsque dans une situation particulière, il est nécessaire de renforcer le nombre des fourragères. Par exemple quand un vers se présente comme une proie qu’il faut dépecer rapidement. Dans ce cas, un « basculement éthologique » se produit et les guerrières oublient leur vocation militaire pour venir donner un coup de main aux fourragères. Ce phénomène fait bien entendu intervenir des moyens de communications très sophistiqués (phéromones ou autres) qui ont été développés par ces insectes dit sociaux qu’on a cru un moment commandé par la reine alors qu’il s’agit plutôt d’une intelligence collective. Le mot n’est pas trop fort.

Là où cette affaire devient passionnante pour les scientifiques férus de génétique, c’est lorsque ce basculement de comportement est corrélé à l’activation d’un gène, celui de la PKG en l’occurrence, dont l’expression est mesurées au sein même des neurones cérébraux des fourmis. Un effet de seuil a été observé. Passé un certain niveau d’expression de la PKG, le comportement se modifie. Lorsque la PKG est en faible quantité, les guerrières sont disposées à combattre et les fourragères semblent indifférentes à la quête de nutriments. Inversement, un niveau élevé de PKG fera que les fourragères s’activent avec la participation des guerrières devenues l’espace d’un moment des ouvrières au service des besoins en nourriture de la collectivité. Transposons cette configuration à une société humaine, celle de l’Inde védique. Cela reviendrait à imaginer une situation ou la moisson est plus grande que prévue et où des guerriers viendraient prêter main forte aux paysans pour aller dans les champs.

Reste une question portant sur la causalité. Est-ce le niveau de PKG qui switche les comportements ou bien la PKG qui est en quelque sorte un élément de communication (commutation) nécessaire à l’activation des comportements dont on soupçonne qu’ils sont encodés dans le cerveau de ces bestioles si « intelligentes ». Pour tenter de répondre à cette question, les scientifiques ont fait ingérer aux fourmis une substance susceptible de stimuler la production de PKG. L’effet attendu s’est produit, les fourragères sont devenues calmes alors que les guerrières ont montré des attitudes belliqueuses face à des prédateurs. Cette expérience ne montre pas que la PKG est la cause première d’une modification du comportement mais certainement un signal interne dont le rôle est de modifier l’intention de la fourmi et de la faire coopérer lorsqu’elle est guerrière et qu’une modification du milieu requiert un surplus d’activité dans la quête de nourriture.

Cette découverte présente un intérêt scientifique et épistémologique indéniable, pour peu qu’on élargisse le cadre d’interprétation. D’abord, il se confirme que des mécanismes de transmission d’information semblent universels, comme s’ils avaient été conservés parce qu’ils confèrent un avantage adaptatif diront les darwiniens. Il faut rappeler en effet que la PKG fonctionne chez la paramécie, les insectes mais aussi l’homme. C’est une protéine dite transductrice, capable de transmettre un signal depuis la membrane vers l’intérieur de la cellule, avec comme messager le GMPc, molécule qui active cette PKG, protéine kinase dont la fonction est de modifier, par ajout d’un groupement phosphoryl, des protéines cibles qui seront alors stimulées ou inhibées. Cela ressemble à une sorte de connections simultanées permettant de positionner des circuits moléculaires en position on ou off. Des circuits dont le résultat détermine un comportement spécifique. Autant dire que nous effleurons la question de « l’intelligence animale » au sens d’une intelligence technique. Mais gardons-nous de tout enthousiasme démesuré, cette histoire de PKG n’est qu’une histoire de commutateur. Le secret de ce qui est commuté, avec toute sa complexité, nous échappe. Nous commençons juste à comprendre que la vie ressemble de près à un système technologique du genre central téléphonique ou ordinateurs en réseaux. Il est en effet étonnant qu’une simple molécule, la PKG, puisse modifier par son expression le comportement d’une fourmi. Il est plus encore plus étonnant de concevoir comment cela fonctionne dans le cerveau de la fourmi. Perception, transmission, opération, intention modifiée. C’est fascinant, cette intelligence individuelle (de l’insecte social) insérée dans le collectif, par la mémorisation des expériences réussies et conservées pendant l’évolution. 



 Les fourmis développent des comportements très complexes et sont différenciées au sein d’une colonie. La reine pond les œufs alors que des castes d’ouvrières et de guerrières assurent différentes tâches tout en disposant d’une morphologie et parfois d’une taille bien définie. L’équipe de Marla Sokolowski a étudié le comportement de deux castes de fourmis appartenant à l’espèce Pheidole pallidula (PNAS, mars 2009) D’une part les fourragères et d’autre part les guerrières. Les premières sont destinées à aller chercher les nutriments dans l’environnement alors que les secondes assurent la défense de la colonie, grâce à une hypertrophie des mandibules disposées sur une tête de grosse taille. C’est la nourriture ingérée lors de la croissance qui détermine le destin de la fourmi et qui en fera un soldat ou une fourragère.
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1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 17:38
Hélas ! Cent fois hélas , ce monsieur Chassard est apparemment trés peu fréquentable ...
En effet ,il est mentionné dans cet article au titre trés significatif ..

Etat des lieux de l'extrême droite francophone
RésistanceS 28-03-2008 HOME COMBAT INFO Pour mieux comprendre Etat des lieux de l'extrême droite francophone Ces derniers mois, les représentants incarnés de l'extrême droite belge ...


Avec toutes mes plus sincères excuses à tout les lecteurs et lectrices de mon blog ,

amicalement,

Dominique Giraudet

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1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 08:49

Editions des oeuvres philosophiques de Pierre Chassard

Pierre Chassard : Morales négatives

Qu'es-ce qu'une morale négative ? Toute morale qui dévalorise la vie, le corps, la volonté d'affirmation de soi, c'est-à-dire toute morale d'affaiblissement, de renoncement, de servilité envers l'Autre, toute morale qui, depuis Socrate, poursuit la disparition de l'individuel dans l'universel, dans un Etre ou un non-Etre immense surmonde supra-sensible, Dieu-au-delà, Humanité ou toute fiction d'égale vacuité. Sont mises en question les morales négatives des stoïciens, de Plotin, des chrétiens, de Pascal, Spinoza, Malebranche, Rousseau, Kant, Fichte, Schelling, Hegel, Schopenliauer, Comte et Bergson. 59 pages. 30 FF ou 200 FB.

Pierre Chassard : Lévinas, altérité et domination

Le discours philosophique de Lévinas contient une mise en question radicale des certitudes et des conduites occidentales. Elle est produite depuis un lieu particulier : celui de la pensée judaïque. Son double langage institue deux poles axiologiques opposés : l'un accusateur et culpabilisant à notre égard, qui survalorise l'étranger et dénigre l'Occident; l'autre, justificateur et confortant, à l'adresse de son peuple, qni veut en maintenir la singularité et en assurer la suprématie. L'auteur en présente les aspects les plus forts, s'efforçant d'en comprendre la raison et le sens. 110 p. 60 FF ou 350 FB.

 Pierre Chassard : Critique du théologisme

La pensée théologique est une pensée infantile malgré l'apparente complexité de ses productions. Elle est incapable de comprendre ce qu'elle perçoit autrement que d'une manière mono-allo-centrique; d'accepter pleinement la pluralité originaire et constitutive d'un monde probablement ouvert, probablement infini, et ses innombrables centres d'action; incapable de se guérir de sa phobie des différences et des ruptures. 152 pages. 75 FF ou 450 FB.

 Pierre Chassard : Au-delà des universalismes, éléments de génopolitique

Les idéologues intolérants de l'Universel, pour parvenir à leurs fins, poursuivent l'abolition des différences humaines, individuelles et collectives, n'envisageant qu'un monde uniformisé et plat, soumis à l'autorité d'un seul maître au pouvoir absolu Dieu, Loi, Raison, Humanité, Economie. La pensée génopolitique, qui refuse ce genre d'uniformité universelle et de monocratie planétaire, respecte au contraire les diversités naturelles et reconnaît â chacun, individuellement et collectivement, le droit d'être soi-même sur son propre territoire. Au droit des personnes, elle associe le droit des peuples â défendre leur spécificité, fondement d'un humanisme authentique. 86 p. 45 FF ou 300 FB.

 Pierre Chassard : Du marxisme, théorique et pratique

L'erreur fondamentale, idéologique et pratique, du marxisme, qui est essentiellement une idéologie de dictature et de violence et une pratique de terreur et d'extermination, est de ne pas considérer les êtres humains réels, de chair et de sang, comme des individus autonomes, agissant naturellement pour eux- mêmes avant de se sacrifier pour les autres. Tout système économique et politique à structures bureaucratiques autoritaires est donc d'emblée voué à 1'échec, malgré les massacres. 150 p. 75 FF ou 450 FB.

 Pierre Chassard : Heidegger, l'Etre pensé

Le discours heideggerien sur l'Etre séparé des étants, c'est-à~re des choses, êtres vivants compris, ne serait-il encore qu'un discours théologique? L'analyse critique permet de répondre sans détours qu'il se situe dans la ligne de la pensée platorico-chrétienne. Il s'efforce de neutraliser la pensée explosive de Nietzsche, dont la puissance subversive bouscule la théologie et la métaphysique. L'Etre heideggerien, est le substitut philosophique d'un Dieu à la dérive. Ce n'est nullement une pensée nouvelle, mais la tentative de restauration d'une vieille fiction et d'anciennes servitudes. 196 p. 100 FF ou 600 FB.

Pierre Chassard : Immigration et hospitalité

L'immigration que nous connaissons aujourd'hui implique-t-elle l'obligation d'hospitalité ? C'est la question la plus pressante qui soit en cette époque d'une immigration de toutes origines, légale ou illégale, officielle et sauvage. L'hospitalité est~lle de mise en toutes circonstances et en faveur de n'importe quel étranger ? Est-elle au contraire à limiter en fonction de certains critères ou est-elle à rejeter totalement ? 86 p. 40 FF ou 240 FB.

Pierre Chassard : Nietzsche, finalisme et histoire

La philosophie nietzschéenne démystifie et montre que l'univers n'est soumis à aucune toute-puissance qui lui imposerait une fin et que les hommes, c'est-à-dire certains d'entre eux, font eux- mêmes l'histoire dans des conditions données. Elle fait apparaître celle-ci en son caractère essentiel comme le résultat d'une lutte entre systèmes de valeurs exprimant des types humains différents, des besoins et des intérêts de puissance spécifiques. Elle tente le dépassement d'un nihilisme sans préconiser d'évasion mentale vers des au~delà imaginaires, mais en suggérant d'aceepter un monde qui n'a pas de raison. Elle essaie de donner à l'histoire européenne une orientation positive substituant à la morale à rendre esclave une morale à rendre libre. La vision qu'il nous offre est celle de la vie montante de son temps, d'aujourd'hui et de demain. 3 17p. 150 FF ou 900 FB.

 Pierre Chassard : Heidegger, Au-delà des choses/Jenseits der Dinge

La philosophie de Heidegger n'est ni une philosophie du sang ni une philosophie du sol. Elle n'est que la variante ultime de l'onto-théo-centrisme. Son Etre, c'est le Dieu de la métaphysique poétisante qui doit remplacer l'ancien à sa mort. Le discours heideggerien est un discours théologique qui tente de recentrer tous les esprits sur l'au-delà des choses. Bilingue français-allemand. Editions Thomas. 102 p. 60 FF ou 350 FB.

 Pierre Chassard : Les diversités naturelles

 Le monde dans lequel nous vivons n'est pas un Tout harmonieux, tel un cosmos sans désordre ni ruptures, ni une Unitotalité fonctionnelle, ni une Unité fondamentale parce que ses constituants seraient d'une seule essence. Aucun principe universel ne se découvre dominant la pluralité, mais à chaque niveau du réel d'innombrables forces inégales et libres rivalisent entre elles et établissent des hiérarchies provisoires. Aucun centre unique comme référentiel absolu, mais une pluralité pratiquement infinie de centres de puissance autocentrés, tendant à la plus grande indépendance et créant de l'ordre autour d'eux. Editions Thomas. 166 p. 100 FF ou 600 FB.

 

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31 mars 2009 2 31 /03 /mars /2009 18:35

En 1954, en partant d'un questionnement philosophique radical ("Qu'est-ce que la réalité?"), le médecin psychanalyse et neurophysiologiste américain John C. Lilly invente un instrument utilisable par tous et donnant accès facilement au "mondus imaginalis" et à ses prolongements, en permettant l'isolation sensorielle immédiate. Le compartiment d'isolation sensorielle (CIS) (dit aussi "vaisseau" ou "caisson" d'isolation sensorielle) est l'aboutissement d'une longue recherche entreprise par le docteur Lilly pour découvrir les correspondances entre le fonctionnement du système nerveux - particulièrement le cerveau - et le fonctionnement du "mental", de la conscience.

Le CIS n'est pas un appareil au sens usuel du terme : il n'est pas une machine qui agit de manière directe sur l'utilisateur. Il est un objet passif qui filtre les stimulations sensorielles habituelles et crée simplement les conditions à partir desquelles chaque individu - s'il l'accepte - vit une expérience physique et psychique qui lui est propre. L'isolation sensorielle est la voie d'accès à des états où mènent la sophrologie, la psychanalyse et le yoga. La particularité de l'isolation est de n'exiger aucun exercice mental ou physique, aucune référence théorique, ni aucune personne intervenant pendant l'immersion dans le CIS.

Le CIS permet d'entrer dans des états de détente très appréciables. Dans notre existence, nous sommes soumis à un flot ininterrompu de stimuli en provenance de la réalité extérieure, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. L'usage du CIS permet d'éliminer momentanément ces stimuli extérieurs. La détente procurée diminue ainsi l'activité physiologique de notre cerveau, puisque celui-ci a moins d'informations à traiter. Il s'ensuit alors un changement d'état de notre conscience, où cette dernière est en quelque sorte libérée et peut voguer à travers les immensités de notre monde intérieur. Sans intermédiaire humain, la conscience en isolation sensorielle peut partir à la découverte de son âme.

Pendant la séance dans le CIS, on devient à la fois l'auteur de la pièce, le metteur en scène, l'acteur, le décor, le script, le public, etc. On est son propre thérapeute, son propre guide et ceci suivant notre rythme personnel, puisque l'on ne va que jusqu'où l'on est disposé à aller. On avance à la mesure de nos disponibilités.

 

Chantal Cullati

 

 

Ce texte est inspiré de l'ouvrage du Dr. Paul Gérôme, Le Vaisseau d'isolation sensorielle. Une révolution dans la recherche sur le cerveau. Paris, Sand, 1984, que nous recommandons à tous ceux désirant approfondir leurs connaissances du CIS. On y trouvera également de nombreuses références bibliographiques de l'œuvre du Dr. John C. Lilly.



Galaxies
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31 mars 2009 2 31 /03 /mars /2009 14:58

31 mars 2009

Nietzsche, un continent perdu

 

de Bernard Edelman

 

  • Relié: 366 pages
  • Editeur : Presses Universitaires de France - PUF (1 mai 2000)
  • Collection : Perspectives critiques
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 213050406X

 

               Nietzsche ne cesse de recommencer, de reprendre, d'enrichir les généalogies du bien, du mal, du moi, de la conscience ... peut-il y avoir un "début" lorsque tout recommence, une "origine" lorsqu'on récuse une pensée de l'Etre, un point de départ quand on postule le devenir ?

On pourrait envisager une multiplicité d'origines, chez Nietzsche tout se tient, telle est la difficulté essentielle : comment tout dire en commençant quelque part ?

La question n'est pas de savoir où commence Nietzsche mais plutôt quel est le lieu d'où partent toutes les généalogies ? quel est le lieu où aboutissent toutes les généalogies ?

Nietzsche commence en physicien poursuit en biologiste et achève en anthropologue

Pour Nietzsche tout est "biologique", mais cette biologie est immédiatement politique puisqu'elle s'organise en signes, en institutions en système moral et religieux

Bref ou bien l'homme chrétien et ses succédanés, la démocratie, la solidarité, le grégarisme, le libéralisme ou bien l'homme biologique, et une nouvelle organisation de la société. On a haî Nietzsche d'avoir osé pensé ainsi, d'avoir anticipé l'eugénisme, critiqué l'hypocrisie des valeurs démocratiques. On lui a reproché sa cohértence et d'avoir déduit toutes les conséquences sociales, politiques, morales de l'homme biologique. Nous en bons démocrates ne pensons pas ainsi nous oeuvrons en faveur des droits de l'homme en faveur de l'égalité, mais seulement sous l'alibi d'une science au service de l'égalité et de l'humanité, nous introduisons l'inégalité, sous le couvert d'une bioéthique chargée de metre des limites à la biologie, nous lui ouvrons tout l'espace. Nous autres bons démocrates sommes formalistes, ce qui nous donne bonne conscience !

 

Bernard EDELMAN est docteur en droit et avocat. Il a publié dans la collection "Doctrine juridique" : La personne en danger en juin 99

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30 mars 2009 1 30 /03 /mars /2009 18:48





 
Les États-Unis se préparent pour des troubles civils


Le 30 mars 2009


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29 mars 2009 7 29 /03 /mars /2009 23:51
La raison des choses : Essai sur la philosophie de Wang Fuzhi (1619-1692)

 

de Jacques Gernet

 

 

  • Broché: 436 pages
  • Editeur : Editions Gallimard (10 mars 2005)
  • Collection : Bibliothèque de philosophie
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2070771121

Présentation de l'éditeur
Wang Fuzhi est l'un des plus éminents philosophes chinois. L'ouvrage s'efforce d'en restituer la pensée à l'usage des lecteurs occidentaux. Wang Fuzhi récuse le langage, créateur de divisions artificielles, impuissantes à rendre compte de l'extrême complexité du monde ; il refuse d'isoler l'abstrait du concret, admet l'idée de mécanismes communs à des phénomènes sans rapport aucun les uns avec les autres ; ordre et hasard ne sont pas pour lui contradictoires, car tout ordre inclut d'infinies variations de détail. Il n'est pas à la recherche du permanent et du stable par-delà le changeant, mais affirme au contraire la transformation incessante et la relativité de toutes choses. Il n'y a pas de matière brute, mais deux énergies dont la sensibilité suffit au fonctionnement de l'univers. Produit de leurs assemblages et dissociations inéluctables, le monde ne cesse de se renouveler. Pas d'absolu au sens où nous l'entendons, pas d'Etre en soi. C'est dire à quel point cette pensée s'éloigne de ce que notre tradition reconnaît comme " philosophie ". Mais n'est-ce pas l'occasion d'élargir notre idée de la " philosophie " ? L'homme ne pouvant supprimer des désirs qui sont communs à tout ce qui vit, la morale, selon Wang Fuzhi, ne peut être fondée que sur une réciprocité sans laquelle aucune société ne pourrait subsister. Notre moi n'est d'ailleurs que le produit infime et fugitif de l'activité incessante de l'énergie universelle. Parce qu'elles développent des sentiments intéressés et la croyance au surnaturel, les religions de salut sont immorales. Athée, Wang Fuzhi serait-il en fin de compte plus religieux que les croyants ? Loin de représenter une pensée chinoise atemporelle, il ne saurait être isolé de son époque. Dans sa haine des Mandchous, il entend préserver la civilisation chinoise de leur corruption. Mais la particularité de ses engagements ne rend que plus expressive sa vision de la tradition dont il se veut le défenseur. Ainsi est-ce une introduction exceptionnellement claire et maîtrisée à un univers intellectuel éloigné du nôtre que nous offre Jacques Gernet. 

Biographie de l'auteur
Jacques Gernet est l'auteur de Chine et christianisme et L'intelligence de la Chine, dans la " Bibliothèque des histoires " (1982 et 1994).

 

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29 mars 2009 7 29 /03 /mars /2009 18:29
Richard Dawkins : Procès du Singe, suite....
Le mouvement créationniste a toujours recherché et ce depuis sa création à la fin de la Guerre de Sécession, à peser dans le débat politique aux USA et à contrôler tous les rouages de l’éducation. Entre 1921 et 1937, pas moins de 37 projets de lois ont tenté de faire interdire la théorie Darwinienne de l’évolution dans les écoles. Le Procès du Singe, ou un jeune enseignant comparu devant les tribunaux pour avoir enfreins la loi et enseigné Darwin et non la Genèse à ses élèves date de 1925. 84 ans plus tard, l’histoire risque de recommencer sous une forme similaire.

Richard Dawkins, biologiste, théoricien de l’évolution et grand vulgarisateur des sciences de son état ne semble pas plaire à tout le monde, surtout au royaume du puritanisme américain. Son penchant pour l’athéisme affirmé risque bien de lui fermer les portes de l’Université de l’Oklahoma où il était invité pour participer à une conférence.

En effet, l’un des élus de cet état a déposé, le 4 mars, une résolution à la Chambre des Représentants visant à interdire la conférence sous prétexte que Dawkins proférerait des propos sur l’évolution « qui sont contraires et offensantes à la vision et aux opinions de la plupart des citoyens de l’Oklahoma ».

Si elle vote cette résolution, cela signifie que la Chambre des représentants, « encourage l’Université de l’Oklahoma à s’engager dans un débat ouvert, respectueux et équitable entre la théorie darwinienne de l’évolution et toutes les autres théories scientifiques ». Quelques-uns à l’Université ont dû l’avaler de travers...

Un débat « ouvert » pour « d’autres théories scientifiques » ?

Depuis sa création, le mouvement créationniste a toujours essayé d’intervenir dans toutes les sphère de la vie quotidienne aux USA, aussi bien les sphères politiques, médiatiques, privées et publique. Mais cela ne s’apparente pas à des sermons de prêcheur dans les églises, écoutés par un groupe de gospel et par quelques bigots. Cela ressemble en vérité à la plus terrible machine de propagande mise au service d’une conviction religieuse. Et l’affaire Dawkins illustre bien l’efficacité de cette organisation.

Dans la sphère scientifique d’abord, même si son impact dans le microcosme de la recherche internationale est moindre, il ne faut pas sous-estimer l’impact sur l’individu lambda (c’est ce qui est visé).

En 1963, 10 scientifiques créationnistes (ça existe malheureusement) fondent la Création Research Society (CRS) dont le but est de démontrer comment les récits de la Genèse non seulement sont compatibles avec la science mais le sont même davantage que la biologie actuelle. Depuis 1964, elle publie la revue Creation Research Society Quarterly.

En 1972, la CRS s’offre un centre de recherche permanent à San Diego.

Depuis 1974, elle possède sa propre maison d’édition : Creation-life Publisher.

Plus récemment, le Musée de la Création au Kentucky, ouvert le 28 mai 2007 et dirigé par l’organisation « Answer in Genesis », a reçu 21 millions de dollars de donations privées.

L’Atlas de la création par Arun Yayha, créationniste musulman, a été distribué gratuitement à toutes les facultés et grandes écoles du monde. Pour l’avoir tenu dans mes mains, c’est un ouvrage tout en couleur, en papier glacé, épais comme un pavé, qui a dû coûter une fortune.

Dans l’éducation :

Les groupes fondamentalistes chrétiens contrôlent aujourd’hui les conseils d’administrations de plus de 2000 écoles américaines.

Le balanced treatment consiste à autoriser l’apprentissage dans les écoles des deux théories. Cette mesure est soutenue par les politiques.

Dans la vie quotidienne :

La CRS diffuse un programme radio hebdomadaire, « Science, Ecriture et Salut » par l’intermédiaire de 90 stations dans 35 Etats et publie une lettre mensuelle Acts and Facts tirée à 75000 exemplaires.

La CRS : 450 membres et 1600 sympathisants.

Je pourrais vous parler du lobbying dans la sphère politique, ou encore la conquête de notre vieux continent par les créationnistes, mais je pense qu’avec ces exemples, qui ont, je le rappelle, le seul but de faire accepter une conviction sans fondement scientifique, vous avez compris le sens de mon message.

La dernière cartouche en date du mouvement créationniste est d’enrober sa diatribe d’une fine pellicule de « Science » pour faire passer le gout. Cela s’appelle l’Intelligence design.Cela consiste en le fait que dieu ne créa peut être pas la terre comme le stipule la Bible, mais que l’émergence de l’homme fait partie d’un dessein intelligent d’une puissance supérieure. C’est de l’évolution choisie en quelque sorte...

Si la Chambre des représentants de l’Oklahoma accepte la résolution de l’élue, alors cette machine de propagande aura encore gagné en puissance. Interdire à un grand scientifique mondialement reconnue d’exposer ses recherches et ses idées au sein d’une université, sous le seul prétexte de sauvegarder les bonnes moeurs et une certaine tradition, est un recul important pour la liberté d’expression et de conviction.

Un pays comme les USA, à l’heure d’Obama, devrait faire mieux que ça niveau ouverture d’esprit.

Il faut savoir que le terme « fondamentalisme » a été inventé en 1920 pour nommer les membres de la World Christian Fundamentals Association, association qui visait (et vise toujours) à faire respecter les traditions et bonne moeurs oecuménique.

http://www.youtube.com/watch ?v=nSNQoPJ9B2Q

www.harunyahya.fr/livres/evolution/atlas/atlas_01.php

www.youtube.com/watch



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