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Ecosia : Le Moteur De Recherch

13 juillet 2009 1 13 /07 /juillet /2009 11:23
"Notre vie a des significations plus profondes que les simples événements extérieurs qui nous réunissent puis nous séparent, et une profonde magie de l'existence gouverne nos destinées, même lorsque nous croyons en rester les maîtres - une magie que seuls les sentiments perçoivent, et non les sens"


Stefan Zweig

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13 juillet 2009 1 13 /07 /juillet /2009 10:55
 
Un songe éphémère - *Le baiser de l'hôtel de ville (1950), *Robert Doisneau. * "Vous qui écoutez, aux rimes que j'ai répandues, le son de ces soupirs dont je nourrissais mon c...
Il y a 2 semaines
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13 juillet 2009 1 13 /07 /juillet /2009 00:08
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12 juillet 2009 7 12 /07 /juillet /2009 18:04
Philocité Heidegger ou la destruction de la métaphysique
Le § 6 de Etre et temps sintitule « La tâche dune destruction de lhistoire de lontologie » Il sagit pour Martin Heidegger de présenter ce que doit impliquer ...

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12 juillet 2009 7 12 /07 /juillet /2009 17:36
Les onfrayades et la mort de la philosophie
dimanche 12 juillet 2009
par Camille Loty Malebranche
popularité : 89%

 Le sens ontologique, par essence lié à la question des origines et des fins dernières, vu l’au-delà de la raison objective où il s’inscrit, donne autant raison à la foi qu’à l’athéisme. De sorte que toute référence à la raison pour justifier l’athéisme et critiquer la foi, est ratiocination patraque, communication volontairement paradoxale et spécieuse pour berner autrui. (C.L.M.)

Michel Onfray, sur la chaîne Artv, aura « réinventé » pour cette télévision québécoise, le temps de l’émission Contacts diffusé le mercredi 08 juillet 2009, les concepts de raison, de foi et de liberté devenus ce qu’il convient d’appeler les trois (3) onfrayades par leur développement contre-nature, leur déformation sémantique et logique, logique tronquée voire bâtée dans l’opinion athéiste de l’invité. Opinion au sens strict de ce mot qui évacue l’analyse monstrative ou la critique démonstrative de ce qu’elle évoque et voudrait faire croire à une athéologie discursive. Opinion qui, au regard de la complexité du sens des concepts évoqués, a plutôt l’air d’idiolecte que d’arguments. En vérité, jamais le simplisme athéiste, la galéjade maquillée de discours n’aura été aussi loin dans les confins de la bêtise. Sans doute que par mépris du journaliste intervieweur visiblement sans culture philosophique, l’intervenant du jour a voulu abuser le téléspectateur. Voyons un peu les prétentions meurtrières de la raison (les « onfrayades » comme je les appelle) chez notre philosophe invité.

Onfrayades 1 et 2 (Raison et foi)

Chez Onfray, ces concepts sont antithétiques et non réconciliables. Basculant dans la vulgarité d’une doxa primaire et choquante par son irrespect de notre intelligence, l’interviewé qui se veut penseur et guide d’opinion, n’a pas manqué de se fourvoyer tout en dénaturant le sens des choses. Le fait est que, c’est la raison comme élément de l’entendement permettant à l’homme de comprendre logiquement les choses et d’aboutir à une certaine sagesse, qui arrête en quelque sorte son flux devant l’infini et le mystère. De fait, soit par la foi, soit par la proclamation de l’absurde, c’est la raison qui arrête la raison pour ne pas basculer dans l’imposture du rationalisme et du scientisme. De sorte que, il n’y a nul divorce et donc pas de réconciliation ultérieure à postuler puisqu’il s’agit dans ces déraisons apparentes, de raison non raisonneuse où, évitant les déchets du rationalisme et de ses irrationalités, l’esprit se laisse imprégner des intuitions du mystère de l’être par une sorte de prolongement du raisonnement sans la « raison », c’est-à-dire au-delà de la logique et de la discursivité. À moins d’être pitoyablement et désespérément rationaliste, nul ne peut oser dire que la foi, l’affirmation d’un au-delà du tangible et d’un destin humain associé à cette affirmation, « est pathologique » comme le soutient si arrogamment et, disons-le, stupidement Onfray.

De même, sauf les fidéistes peuvent bêtement ignorer que la voie première de la religion - je veux dire du rapport de l’homme à l’infini et avec un Être ou un Principe suprême - n’est pas la raison qui, dans sa quête de sens, a abouti à l’ailleurs de la logique et du démontrable objectif. Et c’est précisément l’absence d’objet qui interdit l’arrogance au nom de la raison. Là où le croyant accepte au départ qu’il va au-delà de la raison, des simplistes gloseurs comme Onfray se croient dans la raison lors même où ils parlent selon leur tendance, leur instinct. Et la pauvreté, le misérabilisme du plat onfrayadien devant quoi l’on refuse même de pignocher et qui donne envie de s’esbigner parce que de carne, de rogatons et d’abats pseudo discursifs, n’aura trouvé d’autres condiments et ingrédients essentiels que le nietzschéisme qui aurait récusé l’arrière-monde que constitue la religion avec sa gestalt d’une dimension supérieure transcendante au monde… Preuve sans équivoque de la mauvaise foi de notre interviewé qui oublie que nul mieux ou pire que Nietzsche n’a intronisé l’arrière-monde sous forme de foi en l’Éternel Retour. Quand la vacuité de pensée est avérée, on allègue n’importe quoi, infère du "néant cosmique" de son propre abîme psychologique intérieur, son pathologique complexe d’abandon, pour impressionner les simples d’esprits et les incultes par des jérémiades de déréliction accoutrés d’arrogance et de blasphèmes puérils ! N’importe quoi aussi au sujet de la dualité spirituelle et corporelle de l’homme dans le christianisme qui viendrait de Platon selon Onfray. Ce dernier confond le christianisme avec la chrétienté où les pères de l’église catholique romaine ont effectivement intégré Platon puis Aristote dans la doctrine monacale, la patristique du catholicisme. Mais onques, le christianisme en soi n’a rien à voir avec le paganisme platonicien. Et, pour la dualité esprit-corps où l’esprit doit dominer le corps et atteindre sa fin dernière au-delà de la mort, par delà l’inéluctable, toutes les grandes religions s’en font porteuses. Que dire alors de l’hindouisme ? Du bouddhisme ? Du jaïnisme ? Du judaïsme ? Car tous ont précédé Platon et tous de leur panthéisme ou théisme, prônent la transcendance de l’illusion de cette vie vu son éphémérité, de l’impermanence du monde matériel et de sa loi du désir et du fini, pour faire primer l’esprit, hypostase intangible et distincte du corps, capable d’atteindre l’infini.

Onfrayade 3 (Liberté)

Hélas, l’intervieweur débordé, désemparé a abondé dans le sens de l’interviewé que la foi, notamment la foi chrétienne, est contre la liberté… Ah ! Prétexte facile que la libération de l’homme des servitudes métaphysiques ! Mais alors, la question demeure entière : qu’est-ce que la liberté, cet espace du choix volontaire et sans contrainte, au stade métaphysique ? Moi, je réponds qu’elle est le droit de choisir son maître. En vérité, l’homme ne choisit que ce qui le soumet et le détermine par sa lecture du sens premier et ultime du monde et de lui-même. Sens dont les conséquences ontologiques impliquent le mode existentiel téléologique de l’homme dans son rapport à soi et au fait d’être, sa relation intime avec le destin.

Malheureusement la flaccidité facile du simplisme est plutôt le recours des radoteurs sans substance et sans approfondissement de leur position. Je sourirais alors narquoisement en entendant la pesanteur fallacieuses des onfrayades et leurs énormités maladroites dans l’espace public qu’est la télévision, si cela ne risquait pas d’induire les plus impressionnables en erreur. Pourtant, même l’esprit simplement cultivé, celui qui ne se cache pas derrière un statut fortement recherché par un excès de zèle discursif comme le fait Onfray, sait intuitivement que les grandes questions des origines premières et des fins dernières, bref de généalogie et d’eschatologie fondamentales, baignent dans la raison et dans l’au-delà de la raison. D’ailleurs, c’est à cette intuition de l’au-delà de la raison que nous devons les mythologies et ces vérités codifiées que sont les grands mythes. Et c’est précisément cet au-delà nécessaire et incontournable parce que inhérent à la raison, qui nous transforme en non-sachant et qui ouvre le pas à tout le reste, je veux dire à la métaphysique avec sa métarationnalité, ses métaraisons relevant autant des configurations psychologiques du déterminisme ou du nihilisme que des réactions idiosyncrasiques, c’est-à-dire individuelles personnelles. La foi comme l’absurde relèvent d’une posture de la raison arrivant à ses limites rationnelles et prêtant le pas au non rationnel si l’on péjore, ou au surrationnel si l’on veut garder un langage mélioratif de la condition humaine face à l’infini.

Il est donc impératif de comprendre d’un point de vue strictement descriptif que peu chaut la forme de l’attitude humaine face aux limites de la raison, par essence et non par accident, la raison cède le pas à ses au-delà nécessaires comme conséquence naturelle de la faculté de raisonner avec sa quête du sens, contingents seulement dans les formes diverses, croyantes ou non-croyantes qu’ils prendront. Seuls des niais, des prétentieux, des simplistes peuvent prétendre que tel au-delà de la raison est rationnel et doit servir d’argument de l’intelligence contre la foi.

Les onfrayades sont comme autant de ruades primitivement hédonistes contre la foi et la transcendance spirituelle où la raison, la simple, celle que Kant appelle « pure » est astreinte à la noyade dans une mer de platitudes, d’impostures et d’incohérences… Et dans le décor de la télévision people d’un autre genre, Onfray qui, en passant, s’est dit politiquement porteur d’une « romance de gauche » un peu pour rassurer le genre de « classe médiatico-télévisuelle » qui le regarde en l’assurant que toujours sa « gauche » (on peut imaginer la vraie) restera une pure romance et ne quittera jamais les limbes pour parvenir au pouvoir et déranger la belle société telle qu’elle est. C’est donc ainsi, que la philosophie est pitoyablement mise à contribution par un farceur, pour flatter la classe niaise de petit-bourgeois québécois et d’ailleurs, flagorner le téléspectateur douillet et ne pas gêner le journaliste complaisant qui l’a reçu. Il est désormais maître de scène du petit écran sous le fard de philosophèmes classiques tels la raison, la foi, la liberté, tous concepts traditionnels de la philosophie que le baragouin perfide tristement vide d’idées de l’homme, emplit d’un tantinet de culture et de répétitions des célébrités du passé où tout est présent fors une réflexion propre et une vision venant de soi de la part de ce tribun des sécheresses, cette montagne d’écholalies qui rappelle les perroquets mais insulte l’esprit philosophique…

Pour rester heureux malgré ces imposteurs contre la vraie méditation ontologique, je me dis que l’imposture comme tout mal démasqué est dialectiquement édifiant par la conscience qu’elle nous fait prendre et la mise en garde qu’elle nous donne contre les ravages de ses mensonges et manipulations. Ainsi donc, dans cette perception des choses, les onfrayades ont ceci d’enrichissant, c’est qu’elles sont négativement instructives ; elles nous révèlent cette évidence désormais établie pour tous, que la pitrerie et l’histrionisme discoureurs peuvent être tout sauf philosophiques, sauf porteurs de pensée saine et profonde sur l’être et l’humanité…

Quand la platitude d’un rhéteur simpliste jette ses arguties dans la platitude petite-bourgeoise d’une certaine caste, elle ne peut prétendre instruire le peuple ni améliorer la société, ni élever la culture. En vérité, dans sa projection vide, vile et livide, vainement verbeuse et vaniteuse, la platitude du dénigreur du christianisme, de l’athéologien sans nuance ni dosage discursif, ne saura que désorienter le questionnement serein et la digne méditation des esprits de l’auditoire public, qui voudraient être dotés pour leur propre intellection de la réalité humaine et cosmique.

Camille Loty Malebranche

 

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11 juillet 2009 6 11 /07 /juillet /2009 18:03
" Pourquoi y a-t-il quelque chose et non pas plutôt rien ? " Telle est sans doute la question la plus célèbre à laquelle l'ontologie, qui se veut précisément la science de l'être en tant qu'être, est censée répondre. Néanmoins cette question est-elle légitime ? Nous faisons tous une expérience de l'être, à la fois externe et interne, sous la forme du monde et sous la forme du sujet. En lieu et place du rien nous trouvons toujours quelque chose. Aussi Lavelle, après Bergson, conteste-t-il la présence contradictoire du néant au sein de l'être : ce dernier est partout présent, et c'est pourquoi l'ontologie lavellienne est résolument optimiste. Dans cet exposé dense et clair, le philosophe dessine le cercle qui lie d'une manière indestructible le renouvellement et la manifestation de chaque chose au moyen de trois concepts : l'être, l'existence et la réalité. Bien qu'univoque, l'être se décline en effet selon un mouvement de donation qui a pour fil conducteur la catégorie charnière de l'existence. Mais la démarche de Lavelle ne s'arrête pas là, elle tend à nous montrer que l'articulation des trois notions précédentes doit être elle-même comprise en relation avec les catégories axiologiques que sont le bien, la valeur et l'idéal. L'être est pour Lavelle la source de toute positivité, et c'est pourquoi son ontologie, qui comble en même temps notre intellect et notre volonté, renoue par-delà le christianisme avec la grande tradition grecque, en nous proposant les principes d'une sagesse possible ici et maintenant.

Détails
Auteur :
Editeur :
Felin
Collection :
Date de parution :
11/09/2008
EAN13 :
9782866456801
Genre :
Langue :
français
Format :
175x115
Poids :
155g
 
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11 juillet 2009 6 11 /07 /juillet /2009 16:40

La philosophie de Louis Lavelle : Liberté et participation
Par Sébastien Robert


Disponibilité: Habituellement expédié sous 24 h
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2 Disponible neuf ou d'occasion EUR 11,88


Détails sur le produit

  • Rang parmi les ventes Amazon: #392472 dans Livres
  • Publié le: 2007-04-18
  • Reliure: Broché
  • 126 pages

Révisions éditoriales

Présentation de l'éditeur
Philosophe et moraliste. Louis Lavelle (1883-1951) relança en France, au début du siècle dernier, la question de l'Être. Professeur à la Sorbonne puis au Collège de France de 1941 jusqu'à sa mort, il concentra ses recherches sur le problème de notre rapport au Tout. Pour Lavelle. l'homme participe à un Absolu qui le dépasse. II faut alors retrouver le point de jonction entre le moi et l'Être, qui est l'acte réflexif. Prendre conscience de soi, c'est non seulement se reconnaître à part entière mais c'est aussi découvrir la présence fondamentale de l'Absolu.
À partir de son ontologie, Lavelle a pu considérer l'existence humaine : exister c'est participer librement de l'Être. Vivre. c'est découvrir sa propre vocation et se réaliser comme tel. Bien qu'opposé à Sartre, Lavelle développa une philosophie de l'existence où, selon d'autres modalités. l'homme est aussi une invention de lui-même

Biographie de l'auteur
Né à Châteauroux (Indre) en 1983, Sébastien ROBERT poursuit des études de philosophie à l'Université François Rabelais de Tous. Membre de l'Association Louis Lavelle. il a notamment contribué à l'ouvrage dirigé par Vincent Von Wroblewsky, Pourquoi Sartre ? (Éditions du Bord de l'eau, Latresnc, 2005)


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10 juillet 2009 5 10 /07 /juillet /2009 22:12
EDITIONS ARFUYEN - Louis LAVELLE
Peu connu du grand public, Louis Lavelle est pourtant l'un des grands philosophes français du XXe siècle, et sans doute un de ceux qui, aujourd'hui, ...
www.arfuyen.fr/html/ficheauteur.asp?id... - En cache - Pages similaires

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10 juillet 2009 5 10 /07 /juillet /2009 21:44

Les citations de Louis Lavelle

«La parole des hommes est à mi-chemin entre le mutisme des animaux et le silence des dieux.»
[ Louis Lavelle ]

«Le passé est l’intervalle qui sépare la perception du souvenir.»
[ Louis Lavelle ] - Du temps et de l’éternité

«Le plaisir crée entre le monde et nous un état d’harmonie où la conscience tend à se dissoudre.»
[ Louis Lavelle ] - Le mal et la souffrance

«Il y a tout l'homme dans chaque homme, avec le meilleur et le pire.»
[ Louis Lavelle ] - L'erreur de Narcisse

«Chaque homme s'invente lui-même. Mais c'est une invention dont il ne connaît pas le terme.»
[ Louis Lavelle ] - L'erreur de Narcisse

«Pour être capable de faire le don de soi, il faut avoir pris possession de soi dans cette solitude douloureuse hors de laquelle rien n’est à nous et nous n’avons rien à donner.»
[ Louis Lavelle ] - Tous les êtres séparés et unis

«Il ne peut y avoir de réelle amitié qu'entre ceux qui ont d'abord foi dans les mêmes valeurs.»
[ Louis Lavelle ]

«La vie spirituelle commence à partir du moment où nous découvrons que toute la réalité de nos actes réside dans les pensées qui les produisent.»
[ Louis Lavelle ] - La Conscience de soi

«Dans la solitude il faut agir comme si on était vu du monde entier et quand on est vu du monde entier agir comme si on était seul.»
[ Louis Lavelle ] - L’Erreur de Narcisse

«Le silence est un hommage que la parole rend à l’esprit.»
[ Louis Lavelle ] - La Parole et l’écriture

«Le plus grand bien que nous faisons aux autres hommes n’est pas de leur communiquer notre richesse, mais de leur révéler la leur.»
[ Louis Lavelle ] - L’Erreur de Narcisse

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7 juillet 2009 2 07 /07 /juillet /2009 16:29
LIEN :
Parutions.com
Interprétation de la Deuxième considération intempestive de Nietzsche
Parutions.com - France
Il s'agit d'un cours de 1938-1939 sur la seconde des Considérations inactuelles ou intempestives intitulée par Nietzsche «De l'utilité et des inconvénients ...
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Philosophie  

 

 

Grandeur et échec de Nietzsche
Martin Heidegger   Interprétation de la Deuxième considération intempestive de Nietzsche
Gallimard - Bibliothèque de philosophie 2009 /  35 € - 229.25 ffr. / 418 pages
ISBN : 978-2-07-012316-2
FORMAT : 14cm x 22,5cm

L'auteur du compte rendu : Ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, Agrégé d'histoire, Docteur ès lettres, sciences humaines et sociales, Nicolas Plagne est l'auteur d'une thèse sur les origines de l'Etat dans la mémoire collective russe. Il enseigne dans un lycée des environs de Rouen.
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Gallimard continue la publication des œuvres complètes de Heidegger : Alain Boutot, auteur également de la préface, a traduit ce volume, qui correspond à un volume de 2003 de l’édition allemande de la Gesamtausgabe placée sous la responsabilité de Hermann Heidegger, fils du philosophe, et publiée chez Vittorio Klostermann à Francfort-sur-le-Main. Il s’agit d’un cours de 1938-1939 sur la seconde des Considérations inactuelles ou intempestives intitulée par Nietzsche «De l’utilité et des inconvénients de l’histoire pour la vie». Comme l’expliquent fort bien la préface et la postface, il aurait dû s’agir d’un «séminaire» (genre dans lequel le texte est officiellement rangé), mais en raison du nombre trop élevé d’auditeurs, Heidegger le mena comme un véritable cours : outre les notes de cours de Martin Heidegger, le lecteur trouvera ici les protocoles de séances que les meilleurs étudiants se voyaient confier : cette démarche typique des séminaires du maître avait pour but de mettre au propre le bilan de la séance afin d’appuyer la pensée en cours sur les acquis et les problèmes des séances précédentes.

Les lecteurs de Heidegger le savent bien : la lecture méditative sur Nietzsche joua un rôle décisif dans la formation de sa pensée. Présente (§76) dans Être et temps (1927), la référence à Nietzsche n’a rien d’anecdotique ; elle traduit une admiration intellectuelle qui ne se démentira jamais d’autant que s’y mêle le sentiment d’une proximité dans la différence. Mais alors que Heidegger semble faire d’abord de Nietzsche un précurseur, il insiste davantage ensuite, dans ses cours de 1936 à 1940, sur ce qui le distingue par-delà les analogies et la part de filiation historique ; dans un Nietzsche (1961) qui reprend ces années d’études, il révèle, à l’étonnement de ceux qui n’ont pas assisté à ses séminaires, du philosophe intempestif rien moins que le dernier grand métaphysicien de l’occident et un platonicien méconnu ! Bien plus que le Nietzsche de Jaspers, celui de Heidegger donna à celui qui voulait philosopher à coups de marteau le statut d’un authentique penseur : celui qu’on prenait alors pour un poète hyper-subjectif ou dionysiaque, en proie à ses passions, que les artistes seuls avaient pris au sérieux, qu’on le reléguait généralement au rang de provocateur mégalomane et égocentrique, contradictoire et irrationnel, amusant ou délirant, pas très digne en tous cas d’attention de la part des philosophes et professeurs de philosophie, Heidegger osait en faire, à égale dignité avec Hegel et Husserl, un des penseurs cardinaux de la tradition occidentale, et, plus en un sens que Husserl, Bergson ou Scheler, le révélateur des problèmes de la métaphysique, du sens de l’Histoire européenne et des tâches historiales de la pensée.

Très critiquée depuis lors, cette interprétation originale devait au moins stimuler la recherche sur Nietzsche bien sûr, mais aussi sur l’évolution de la pensée de Heidegger. L’audace heuristique de Heidegger consistait à postuler la cohérence de l’œuvre nietzschéenne, tant interne (conceptuelle et sémantique) qu’externe (la réalité de son inscription dans l’histoire de la culture mais aussi dans la tradition de la pensée) : mais la radicalité de cette mise en perspective correspond elle-même à un approfondissement de son questionnement pour Heidegger et fait de son travail des années trente sur Nietzsche un des lieux où penser le sens de ce qu’on a appelé «le tournant» («Kehre») de sa pensée. Ce séminaire est donc l’atelier d’un grand livre, où se déploie de façon exemplaire le sens herméneutique du dialogue historique des penseurs en recherche commune de dépassement et de cohérence en vérité.

Le séminaire rassemble les fils de l’essentiel qui lie ces auteurs : la volonté de penser la temporalité et l’histoire, sans se laisser piéger par une ontologie dualiste qui dégrade le monde en illusion, sans sacrifier l’être à une métaphysique dogmatique et réductionniste par rapport aux phénomènes. Si Heidegger montre les limites et les impasses de l’approche nietzschéenne du problème central de la philosophie, il continue de rendre hommage à l’intuition géniale de Nietzsche devant l’héritage qu’il reçut, il fait ressortir l’effort réalisé pour formuler les questions et dépasser les apories léguées par l’idéalisme allemand. Même si Nietzsche ne comprit pas toujours correctement Kant ou Hegel, du fait, selon Heidegger, du filtre schopenhauerien qui en distordait la lecture, c’est l’arbre qui cache la forêt. Car si les naïvetés et malentendus de l’œuvre de Nietzsche doivent être pointés, les traiter en simples preuves d’ignorance philosophique est une condescendance elle-même naïve et manque l’essentiel : d’abord que les erreurs de Nietzsche ne sont pas des phénomènes purement subjectifs et individuels, mais traduisent quelque chose de hautement significatif de la pensée au XIXe siècle, de ses ambiguïtés et de ses apories, et que même en cela, Nietzsche est un héritier créatif et, pour le meilleur et pour le pire, une origine des idées du début du XXe siècle ; ensuite que l’œuvre de Nietzsche n’est pas condamnée sur le terrain de la pensée par ce qui la distingue des canons académiques de la philosophie épigonale des universitaires, mais que sa manière de reprendre les questions de l’être et du devenir, de «la vie», de l’histoire, avec peut-être le demi-aveuglement d’une assurance excessive, a été l’occasion presque providentielle de percées ou d’intuitions remarquables qui touchent des points sensibles de la philosophie.

Encore faut-il le voir : et justement les premières décennies du XXe siècle sont pour Heidegger le temps d’une lente maturation du sens de ce qui se dit dans cette œuvre. Mais le comprendre n’implique nullement d’être un disciple pieux, encore moins un spécialiste étroit : «pour» ou «contre» Nietzsche. Évidemment Heidegger assume d’interpréter Nietzsche dans le cadre de son chemin propre de pensée, d’avance indifférent aux critiques des «nietzschéens» auto-proclamés et patentés (fort nombreux à cette époque en Allemagne), qui souvent ne voient même pas les abîmes de sens, tensions ou contradictions que Nietzsche ressentait lui-même douloureusement : aux nietzschéens nazis, en particulier, Heidegger n’accorde aucun intérêt, suggérant seulement la malhonnêteté de leurs simplifications (en revanche le grand soldat-écrivain Ernst Jünger, auteur du Travailleur, disciple original et créatif, retient son attention et nourrit à cette époque un séminaire où se nouent une amitié et un respect d’égaux). Pour Heidegger, il s’agit de travailler avec les textes de Nietzsche pour en dégager la pensée mais aussi «l’impensé» (p.241) – tout ce qui forme l’esprit de Nietzsche aux prises avec son moment historique – et, les articulant, dépasser Nietzsche (en ses contradictions comme en ses tendances erronées) grâce à Nietzsche. C’est en cela que consiste, rappelle Heidegger, le respect authentique pour un auteur. Cela implique donc une critique loyale et informée, étayée par sa propre recherche de philosophe méditant sur l’Histoire. Il n’y a de lecture profonde et constructive d’un auteur qu’engagée, nourrie par une problématique assumée et explicite. Comme Nietzsche tenta de le faire.

Évidemment, il s’agit en dernière instance du sens de l’être : on passe de l’analyse existentiale pratiquée dans Être et temps à l’histoire de l’être. S’il faut réagir aux nietzschéismes qui pullulent sans tomber dans d’impuissants anti-nietzschéismes idéologiques ni dans l’ignorance du sens d’une œuvre aussi active dans le siècle, c’est que conceptions du monde dogmatiques, philosophie de la vie, vitalisme et autres formes du nihilisme sont à l’œuvre et menacent la survie de l’humanité comme lieu d’une pensée et d’une vie animées par la quête de la vérité. En un sens, Nietzsche en est responsable : il a cautionné d’ailleurs la mode du pathos de «la vie» en philosophie. Le problème, comme insiste Heidegger, c’est que, par une ambiguïté indépassable, il hésite sans cesse entre deux significations : le flux vital d’énergie (l’idéal animal à la limite) et l’idée normative de la noblesse d’esprit et de volonté incarnée dans les artistes et les héros. Or la première tendance aboutit à l’éloge inutile et dangereux de «l’animal de proie» - absurde négation de la culture et de l’histoire ; la seconde est radicalement insuffisante en ce qu’elle occulte le besoin d’une norme de vérité pour mesurer la grandeur (comme le voit également Jaspers). Cette équivoque de la vie est le fond d’une métaphysique nietzschéenne, contradictoire en ce que Nietzsche rejette la métaphysique ; celle-ci est à l’œuvre dans la Considération, puisqu’elle rejaillit sur les thèmes inauguraux de la mémoire et de l’histoire. Plus schopenhauerien qu’il ne le croit et fasciné par le développement de la biologie (l’archétype de la science vraie au XIXe siècle), Nietzsche est d’ailleurs moins «inactuel» qu’il ne le croit : il radicalise les tendances métaphysiques du siècle. Il participe de la radicalisation nihiliste des ambiguïtés de la subjectivité cartésienne : l’ego cogitans universel devient subjectivisme, illusion de la conscience et culte du «génie» ; le rationalisme métaphysique et scientifique devient – contradictoirement - subjectivisme et dogmatisme d’un biologisme absurde : une métaphysique cachée et fondée en fait sur les sciences. Contradictions pleines de sens et qui manifestent les ambiguïtés portées par une tradition, dont justement les corrélations problématiques font l’unité et la continuité. Nietzsche est au terme du processus et, comme il l’a senti, a plus approfondi le nihilisme qu’il ne l’a réellement dépassé.

Reconnaître cela est la condition d’une issue à la crise qu’exprime Nietzsche et rien de plus profond que de l’étudier en ces tragiques années trente (et suivantes …). Et qu’on ne s’illusionne pas sur notre capacité à nous en sortir par «les valeurs» (thème nietzschéen d’ailleurs) : jusqu’au bout et d’abord dans Lettre sur l’humanisme (1945), Heidegger dénoncera une fuite verbale rassurante devant la responsabilité de décisions plus radicales. «Ce n’est pas dans un séminaire comme celui-ci, lequel n’a d’autre but que de préparer à la méditation, que de telles décisions peuvent être prises», qui concernent «l’être, la vérité et l’homme» (p.242). En 1966, dans Seul un dieu peut encore nous sauver, Heidegger devait résumer l’enjeu : «Une confrontation avec le national-socialisme», forme radicale du nihilisme.


Nicolas Plagne
( Mis en ligne le 07/07/2009 )
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