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Puissant, immense, tout de verre et d’acier, le Grand Train de 7h45 vient de s’ébranler à destination de Hambourg, quand, à son bord, le modeste employé Daniel Kean distingue une flaque rouge sang aux pieds d’un passager. Pour déjouer l’attentat imminent, le jeune homme amorce le dialogue avec le kamikaze agonisant qui lui susurre quelques mots à l’oreille. Le voilà dépositaire malgré lui d’un effroyable secret : l’emplacement de la "Clé" qui pourrait détuire Dieu, détruire surtout la crainte qu’il inspire aux hommes.
Flatté, menacé ou manipulé par deux bandes rivales qui se disputent cette boîte de Pandore, Daniel s’immerge dans un univers peuplé d’ombres, traverse des ténèbres et affronte des mythes et des divinités archaïques. Tels Verne, Stevenson ou Lovecraft, José Carlos Somoza conduit ce thriller futuriste vers des terres inexplorées, des continents entourés de marais, des océans contenus dans des cercueils de verre, orchestrant l’éternelle bataille, ici magistralement renouvelée, entre les méandres de la foi, on revient riche d’une seule certitude : ce "pour ou contre" Dieu qui a forgé notre conscience d’être au monde, cette croyance ou ce déni qui règlent nos vies, il faudra admettre qu’ils ne reposent sur la seule puissance fabulatrice des hommes. Un postulat bâti sur une légende !
José Carlos Somoza est né à La Havane en 1959 et vit à Madrid. Ses ouvrages, parus chez Actes Sud, La Caverne des idées (2002 et Babel n°604), Clara et la pénombre (2003, et Babel n°669) La Dame n°13 (2009 et Babel n°793), La Théorie des cordes (2007, et Babel n°911), et Daphné disparue (2008), sont traduits dans le monde entier.
La dépression est un trouble qui est au
carrefour du biologique et du psychique, du social du culturel et du spirituel."
"Lorsqu'on est en "--petite panne--" dépressive et avant de recourir à des traitements élaborés, on peut essayer de se réparer soi-même. D'abord respecter son "horloge biologique", c'est à dire dormir suffisamment et à des heures régulières, tenir compte des temps d'activités et de repos, veiller à une hygiène alimentaire en se méfiant de l'alcool, des excitants... Favoriser l'intégration de l'esprit et du corps pour éviter le clivage somato-psychique en pratiquant un sport, la danse, la relaxation... Apprendre à habiter sa solitude, en se ménageant des plages de temps libres disponibles en présence d'objets, de personnes ou de paroles qui, pour soi sont porteurs de sens et de signification : des amis, des livres que l'on aime, une musique, des chansons... Ne pas se laisser envahir par les mille "choses", c'est à dire tout ce qui échappe au langage et donc entretient des dépendances : idéal bâti d'images toutes faîtes ne prenant pas corps et langage en soi ; Drogues de toutes sortes qui court-circuitent les mots : alcool et excitants, mais aussi slogans idéologiques et certaines formes de religion ou de croyances magiques qui font bon marché de la parole...
Ainsi donc, donner inlassablement la prime des mots... User de sa parole intérieure.
User de la parole reçue, gardée, mêlée à la sienne propre : paroles des poètes, des prophètes ou des saints...
Tous ces hommes et toutes ces femmes qui parlent vrai, à la fois du dedans d'eux-mêmes mais aussi au dehors et même au devant, nous donnent l'envie d'ouvrir notre propre espace intérieur. Tout autour de nous, une civilisation et une culture dites de consommation ou de techno-sciences, donnent au contraire la prime aux "choses".
Quand on vit avec un déprimé, il faut attendre sans se laisser atteindre, en "habitant bien sa propre maison" et en ayant dans son grenier des nourritures simples, légères et nourrissantes en attendant le printemps : une musique ou une chanson, un poème, une parabole, un geste d'amour... Ces nourritures qui ont manqué à celui ou à celle qui vient de s'endormir, mais qui en aura besoin à son réveil, comme la marmotte quand l'hiver prend fin.
Il y a des convergences entre notre société technico-scientifique et la personnalité prédépressive.
Ce qui est dépressif dans la société moderne, c'est l'envahissement par la "chose" et la dépendance à la "chose". Dans une société comme la nôtre, on songe d'avantage à gérer des "choses" qu'à user du langage en interrogeant son désir... Le règne de la pensée opératoire, adaptée aux "choses" et à la gestion des "choses", au détriment de la pensée vive. Jusque dans notre vie la plus quotidienne, nous sommes contraints d'utiliser à plein la pensée opératoire, ne serait-ce que pour remplir sa feuille d'impôt, ou pour circuler en voiture dans une ville avec ses feux verts, ses feux rouges, ses sens interdits... Toujours, il faut penser... Penser aux "choses". Et, du coup, peu de temps pour rêver, pour écouter son désir, sa musique intérieure... D'autant que, dans le même temps, l'émiettement de la culture et de la religion nous prive de plus en plus de ce propos vif "qui met des mots sur les choses" et qu'on appelle une civilisation. C'est Aragon qui a écrit dans un poème : "--Avec les mots, j'ai barre sur les choses--". La société présente est peut-être déprimante par ce que, avec des choses, elle a barre sur la parole."
(Dr Yves Prigent,
spécialiste de la dépression et du suicide.)
"La mythologie de l'adaptation, de la
communication, de la réussite visible surcharge tout ce qu'on investit à l'extérieur, et pénalise l'enrichissement intérieur. Lequel n'est pas forcément fait de grandes choses, mais du goût de
parler, de fantasmer, de rêver, d'être en colère ou emballé... J'aimerais que les gens ne disent pas oui à tout, qu'ils affirment leur désadaptation. Certains craquent après n'avoir jamais dit
non à personne.
La prévention du suicide, je la vois en rapport avec l'école, avec la culture, au sens profond et noble du terme, dans l'étude des humanités. Plutôt que d'alerter l'assistante sociale, il s'agit plus généralement de fournir des outils culturels nutritifs, qui donnent aux gens des matériaux pour être capable d'élaborer. Quand un être est dans le trouble, il devrait se référer à sa petite musique intérieure... Je suis admiratif devant le travail que fait un écrivain professeur comme Daniel Pennac pour infuser de la matière littéraire, pour faire des injections intra-spirituelles de textes."
(Dr Yves Prigent, psychiatre)
Eloge de l'amour
Alain Badiou , Nicolas Truong
Paru le : 04/11/2009
Editeur : Flammarion
Collection : Café Voltaire
ISBN : 978-2-08-123301-0
EAN : 9782081233010
Nb. de pages : 90 pages
Prix éditeur : 12,00€
" La conviction est aujourd'hui largement répandue que chacun ne suit que son intérêt.
Alors l'amour est une contre-épreuve. L'amour est cette confiance faite au hasard. "
Dans le cadre du cycle de débats philosophiques " Le théâtre des idées " au Festival d'Avignon, Nicolas Truong s'entretient avec Alain Badiou.Qu'est-ce que l'amour? Badiou répond de façon lumineuse et actuelle à cette question philosophique déjà posée par Platon dans le Banquet, mais à laquelle finalement peu de philosophes se sont sérieusement intéressés.
* * *
On peut lire sur le site BibliObs.com un billet sur cet ouvrage: "Badiou amoureux", par A. Lancelin.
Reproduction de dessins inédits de Vladimir Vélickovic.
Rêve que Fanny Deleuze, épouse du philosophe décédé, a été nommée par le gouvernement français non pas «maire» mais «mère» de Paris ; fonction nouvelle qui l’accapare au point qu’elle a
dû cesser toute autre activité et a même dû renoncer à ses leçons de natation à la piscine ; lesquelles, assure-t-elle, lui faisaient tant de bien.
L’étrangeté de la nouvelle me réveille aussitôt.
«Au fond, je n’ai eu que deux idées dans ma vie, celle du tragique et celle du double. Ce sont d’ailleurs ces deux idées que je n’ai cessé de répéter dans tous mes livres». Écrits entre 2000
et 2008, sans ajouts, ni coupes ou suites possibles, les notes de rêves qui constituent Le monde perdu n’échappent pas à ce constat. Sa singularité est cependant brillante, davantage
récit descriptif que dissertation philosophique, son caractère fantastique et cocasse nous livre un pan discret de la pensée vertigineuse de Clément Rosset.
Montaigne est l'homme d'un seul livre, Les Essais. Mais un livre unique dans la littérature française et dont le succès a traversé les siècles. A la multiplicité des
interprétations auxquelles il a prêté correspond la diversité des images que se sont faites de sa personne des générations de lecteurs.
L'oeuvre a été généralement privilégiée par rapport à l'« ouvrier ». C'est seulement au XIXe siècle qu'on a songé à établir sérieusement une biographie de Montaigne. On l'a longtemps
jugée inutile puisque son ouvrage fournissait nombre d'informations sur lui-même. Mais Montaigne n'a écrit ni ses mémoires ni son autobiographie. Ce n'est pas sa vie ou son personnage que
l'auteur donne à connaître quand il parle de lui, cherchant seulement à apporter au public ses témoignages personnels sur les problèmes qu'il propose à sa conscience ou à son jugement
dans ce livre « consubstantiel à son auteur ».
La discrétion des Essais laisse subsister bien des zones obscures dans la vie de celui qui fut à la fois un homme d'action, un magistrat, un soldat, un diplomate et le conseiller
des plus grands personnages du temps. Connaître l'existence si riche d'expériences diverses d'un des écrivains les plus fascinants, les plus attachants de notre littérature devrait
permettre de dissiper les légendes tenaces qui déforment encore la personnalité de l'auteur des Essais. Et aider à découvrir ou redécouvrir ce livre que l'on a dit « le plus
original du monde ».
Cette biographie de Montaigne publiée en 1992 a fait l'unanimité et a été couronnée du prix d'Aumale de l'Institut de France décerné par l'Académie française et du Prix du Nouveau Cercle
de l'Interallié.
Madeleine Lazard, professeur émérite à la Sorbonne nouvelle, présidente honoraire de la Société d'étude du XVIe siècle et présidente honoraire de la Société internationale des amis de
Montaigne est l'auteur chez Fayard des biographies de Brantôme, Agrippa d'Aubigné (prix Bodin de l'Académie des inscriptions et belles-lettres) et des Avenues de Fémynie (prix
Marianne, prix Monseigneur Marcel de l'Académie française 2002).
António Lobo Antunes est un écrivain portugais né en 1942 à Benfica dans la banlieue de Lisbonne. Il a obtenu le Prix Camões en 2007.
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Issu de la grande bourgeoisie portugaise, il suivra les traces de son père, grand neurologue d'origine brésilienne. Il fait des études de médecine et se spécialise en psychiatrie. À l'âge de treize ans, il commence à écrire pour des "raisons matérielles" comme il le prétend: il s'agit en fait de se procurer de l'argent de poche en attendrissant une très pieuse grand-mère d'origine allemande, avec de petits poèmes (les sonnets à Jésus). Il se passionne pour la littérature française (notamment Louis Ferdinand Céline que son père lui propose de lire à 14 ans et avec qui il aurait entretenu une correspondance), bien qu'il se reconnaisse pour maître William Faulkner.
Son expérience pendant la guerre d'Angola de 1971 à 1973 en tant que médecin, inspire directement ses trois premiers romans : Mémoire d'éléphant, Le Cul de Judas et Connaissance de l'Enfer qui le rendent immédiatement célèbre dans son pays. Depuis 1985, il se consacre exclusivement à l'écriture. Il exercera un temps en psychiatrie à l'hôpital Miguel Bombarda.
La guerre, le mensonge, l'hypocrisie, l'absurdité du monde, la folie, d'un côté, la quête de l'apaisemement que procure la présence de la femme aimée de l'autre, sont quelques uns des thèmes récurrents de son oeuvre. Ses histoires font souvent revivre une bourgeoisie complice du régime salazariste sans épargner pour autant la démocratie actuelle. Sans concession, il montre la trivialité, la mesquinerie et l'hypocrisie de la société portugaise à travers les époques. Il y a chez lui une volonté de désacraliser toutes ces valeurs qui tiennent le pays et opressent les société portugaise (le catholicisme, le patriotisme, l'armée, la famille...). Ses narrateurs sont souvent des hommes qui s'avouent lâches, osent pleurer et cherchent le réconfort près d'une femme.
Il démontre à travers son œuvre la nécessité de « rompre avec la ligne droite du récit classique et l'ordre naturel des choses », le roman constituant selon son propre aveu un exercice nécessaire de « délire contrôlé ». Ainsi ses romans ne sont jamais linéaires, il n'y a pas un mais plusieurs narrateurs qui parfois décrivent les mêmes situations. Le récit est mêlé aux dialogues présents et passés, aux pensées du narrateur qui est parfois distrait, une phrase entendue au présent renvoyant au passé.
NB. On peut trouver la majorité des livres ci-dessous en format poche dans la collection Points ou 10|18. Il est également publié par les éditions Métailié.
Délectations moroses, 2009.
Lettre sur l’élégance, Distance, 1988 ;
rééd. sous le titre Métaphysique du frimeur, Milan, 2004.
Lettre sur le dandy, Distance, 1994.
Guy Debord, l’atrabilaire, Distance, 1997.
rééd. sous le titre Contre Debord, PUF, 2004.
Sur le blabla et le chichi des philosophes, PUF, 2001.
Pensées d’un philosophe sous prozac, Milan, 2002.
Le Plafond de Montaigne, Milan, 2004.
Petite philosophie du surf, Milan, 2005.
Le Philosophe sans qualités, Flammarion, 2006.
Traité du cafard, Finitude, 2007.
Le Bluff éthique, Flammarion, 2008.