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Ecosia : Le Moteur De Recherch

14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 00:21

Enfin une information sympathique et constructive .

 

Article du journal " Le Monde " , lien : link

 

 

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12 juin 2010 6 12 /06 /juin /2010 10:44

Un blog sympathique sur ce philosophe hors normes , avec une petite video agréable .

 

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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 13:46

La violence comme spécificité du sport

 

Pour la plupart des responsables politiques et sportifs le sport serait en effet l’antidote idéal au mal-être des jeunes en leur offrant des activités encadrées, valorisées, « éducatives », mais aussi un modèle efficace de « contre-société » reposant sur « l’éthique sportive ». Or, par l’une de ces ruses de la raison dont le capitalisme mondialisé a le secret, ces beaux discours sont en permanence démentis par la réalité quotidienne de la corruption, de la truanderie, de l’affairisme et de l’appât visqueux du gain, et plus encore par la violence sportive, qu’elle soit ordinaire, routinière, banale et banalisée, ou meurtrière, criminelle et préméditée.

 

[…] Le sport professionnel, le sport amateur, le sport scolaire, le sport corporatif, le sport de masse, le sport ouvrier connaissent sans doute des niveaux de violence différenciés, mais tous sont touchés par la gangrène de la violence, dans les stades et hors de stades.

 

 

 

Jean-Marie Brohm, La violence de la compétition sportive, in Quel sport ? n° 12/13, mai 2010, p.27

 

 

 

 

 

 

 

De la Théorie critique du sport

 

On connaît la célèbre proposition de Marx : « Être radical, c’est prendre les choses à la racine. Or, la racine pour l’homme, c’est l’homme lui-même (1)». Pour aller à la « chose même », je dirai que la critique du sport est très exactement l’illustration concrète de cette thèse du jeune Marx. Contrairement à ce que soutiennent la plupart des idéologues et amis du sport, surtout à gauche et à l’extrême gauche, qui nous reprochent notre « extrémisme », notre « dogmatisme », notre « jusqu’auboutisme », notre « fondamentalisme », le radicalisme de la Théorie critique du sport n’est ni destructeur, ni réducteur, mais doublement fondateur. Fondateur d’abord d’une position théorique qui entend radiographier et disséquer l’institution sportive - sa logique capitaliste de fonctionnement, sa vision réactionnaire du monde, ses effets idéologiques aliénants, ses compromissions politiques avec les régimes totalitaires et les multinationales maffieuses - et l’analyser en tant que vitrine du capitalisme mondialisé non pas avec le « scalpel anatomique » évoqué par Marx, mais avec toutes les armes conceptuelles de la pensée critique. La Théorie critique du sport est donc ue critique de l’économie politique sportive et de l’accumulation du captal sportif, mais aussi une sociologie politique des rapports sociaux d’exploitation, d’oppression, d’asservissement et d’abrutissement que développe la compétition sportive et sa médiatisation spectaculaire. Fondateur ensuite d’une éthique de la résistance organisée à l’opium sportif qui sature l’espace public contemporain. En ce sens, peut-on ajouter avec Marx, « la passion essentiel qui l’anime est l’indignation, sa tâche essentielle le dénonciation », ce qui implique aujourd’hui la lutte pour la prise de conscience de la réalité effective du sport de compétition : « Il faut rendre l’oppression réelle encore plus pesante, en y ajoutant la conscience de l’oppression, rendre la honte encore plus infamante en la publiant (2)». C’est ce que fait depuis sa fondation la revue Quel sport ?, elle et elle seule.

 

 

 

 

 

 

 

1 Les références à Marx proviennent de « Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel » in Critique du droit politique hégélien, Paris, éditions sociales, 1975. C’est Jean-Marie Brohm qui souligne dans le texte.

2 Jean-Paul Sartre, Critique de la raison dialectique, Tome II : L’intelligibilité de l’histoire, Paris, Gallimard, 1985.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Marie Brohm, La critique radicale du sport - Expliquée au pseudo critiques ou à ceux qui n’ont jamais été critiques, in Quel sport ? n°12/13 - Football, une aliénation planétaire, mai 2010.

 

 
 
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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 08:46

De la grandiloquence en démocratie 

Contrairement à une vulgate établie par Platon, les Sophistes ne furent en rien des illusionnistes du langage. Au contraire. S’ils enseignaient tous les «trucs» de la rhétorique, c’était pour aiguiser la méfiance du citoyen à l’égard des discours farcis de beaux principes ou de beaux sentiments, mais vides de sens, qu’il entendait en toute occasion sur l’agora. Déniaisé par leur pédagogie, il avait l’oreille fine pour repérer dans les paroles d’un orateur — candidat à une charge, à un commandement, à un magistère — un air de pipeau ou des vents de bouche.
Nous avons oublié la leçon des Sophistes. Car le problème de notre société de masse n’est pas tant que les démagogues fassent main basse sur l’État, mais que tout le monde exerce son droit à la parole dans un laisser-aller général à la grandiloquence, autorisant les mots à manquer à leur fonction de désignation précise et adéquate des choses. 
Dans son ouvrage intitulé Le Réel, Clément Rosset consacre de savoureuses pages à la grandiloquence qu’il définit comme le pouvoir du discours d’«amplifier le réel en faisant quelque chose de rien». Ainsi, pour prendre des exemples, qu’on laisse dire que tel pitre professionnel est un “humoriste” ; que tel artiste de variété, poussant la chansonnette, est un “musicien” ; que tel journaliste est un “intellectuel”, tel intellectuel un “philosophe”, et, même, que tel philosophe est un “écrivain”, etc. ; pareil laxisme verbal témoigne moins d’une perte du sens des mots que du désir collectif, stimulé par les media et la publicité, de promouvoir la nullité en la nommant par des termes destinés à l’excellence. Par là même, la grandiloquence remplit cet autre objectif relevé par Clément Rosset : «escamoter le réel en faisant rien de quelque chose ». En effet, s’il ne semble plus injustifié aux yeux de la multitude d’affirmer que la vulgarité de Bigard égale l'esprit de Groucho Marx, un jappement de rappeur une composition de Ravel, le bloc-notes de B.H.L. celui de Mauriac, le gnangnan philanthropique d’Albert Jacquard l’impeccable cynisme de Cioran, cela signifie l’extinction du goût, et, en même temps, la disparition de toute notion de l’humour, de l’art de la composition musicale, de l’intelligence, de la philosophie et de la littérature.
Grossir le petit pour rapetisser le grand, élever le bas pour abaisser le haut, faire exister le néant pour anéantir le réel, la grandiloquence, on le voit, s’avère la meilleure des techniques de manipulation du langage pour conforter l’opinion largement partagée selon laquelle cultiver le sens de la hiérarchie dans le domaine des arts et des lettres trahit une manie de réactionnaire. Si, en vertu de sa culture et de son jugement critique, un individu sélectionne, classe et distingue les œuvres ou les productions de l’esprit selon leurs qualités, cela lui vaut d’être traité d’ennemi de la démocratie et il doit plaider coupable. Le don des nuances ayant sombré avec le discernement, il est trop tard pour voir en lui un homme simplement élégant. Car l’élégance, si j’en crois le latin, avant de qualifier l’aptitude à choisir le meilleur pour soi-même — eligere —, souligne un souci de bien lire — ligere. Tant pis si elle oblige à un rien de cuistrerie, une canne-épée bien dérisoire pour piquer profondément les gros culs de la démagogie.

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 15:08

Trois pensées :

« Le monde n'est pas ce qu'il paraît. Il nous trompe.
Jamais nous ne connaîtrons la réalité, nous vivons enveloppés
d'un voile qui nous cache toutes choses dans le monde
qui n'est que notre représentation et non la réalité. »


Schopenhauer.

« L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien. »

Pascal.


« Nous ne sommes jamais aussi mal protégés contre la souffrance que lorsque nous aimons. »

Freud.

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5 juin 2010 6 05 /06 /juin /2010 14:04

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4 juin 2010 5 04 /06 /juin /2010 08:49

Pr Fady FADEL

Entre 1954 et 2010, plusieurs points en commun concernant la place du Liban dans la communauté internationale. En 1954, Charles Malek couronne sa carrière de philosophe et de diplomate en présidant le Conseil de sécurité au nom du Liban, membre non permanent, à l'époque, de cet organisme. En 2010, le Liban revient pour présider le Conseil en prêchant l'interculturel et le dialogue des civilisations comme moyen de maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Or l'objet de cette nouvelle valeur ajoutée en politique internationale est ancien. En effet, la contribution de Charles Malek dans la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH) s'articule essentiellement autour de l'interculturel et du dialogue des civilisations, ayant ainsi marqué son empreinte dans les textes et dans les esprits.

Historiquement, le concept de droits de l'homme est assez récent ; il a surgi à la fin du XVIIIe siècle, il est vrai en Occident, en Europe et en Amérique du Nord. Cependant, les idées fondamentales sous-jacentes aux droits de l'homme ont été présentes longtemps avant dans différentes cultures et civilisations, notamment les idées de raison, de justice et de dignité. Ce sont ces valeurs élaborées dans la pensée philosophique de Charles Malek qui vont permettre de rapprocher les réflexions occidentales de l'approche orientale, arabe et musulmane au sein du comité de rédaction de la DUDH.
Voilà le voyage auquel j'invite le lecteur, un voyage à des sources de notre commune humanité. Ce sera un voyage en trois étapes : la Chine ancienne que Charles Malek connaissait et rappelait au délégué chinois certaines de ses valeurs, l'islam du Moyen Âge qui a marqué la pensée de Dr Malek et l'Espagne du XVIe siècle qui a constitué une étape fondatrice de sa défense des droits humains.

1re étape : la Chine ancienne
Dans l'histoire de l'humanité, peu d'individus ont exercé une influence aussi profonde et durable que Confucius, qui a vécu d'environ 552 à 479 avant J-C. Le confucianisme des origines est peut-être l'une des plus humanistes des grandes traditions du monde.
Confucius place l'être humain au cœur de la société - l'être humain naturellement bon, mais toujours perfectible, qui apprend et qui pense. Les enseignants seront ravis de noter que la toute première phrase des Entretiens de Confucius concerne l'apprentissage, lequel occupe une place centrale dans la philosophie de ce penseur. Pour lui, apprendre c'est avant tout apprendre à être humain. On apprend par l'écoute et par l'échange avec l'autre. Apprendre encourage la tolérance. Apprendre et penser doivent aller la main dans la main : « Apprendre sans penser est futile ;  penser sans apprendre est dangereux. »
Pour Confucius, l'être humain n'est pas un individu isolé, mais situé au cœur d'un réseau de relations humaines. Le rapport à l'autre est essentiel ; l'homme ne devient humain que dans sa relation à autrui. Confucius a été le premier à proposer une conception éthique de l'homme dans son intégralité et son universalité - une conception éthique fondée sur la raison humaine et non sur des commandements divins. C'est pour cela qu'il a tellement fasciné les philosophes des Lumières, et Charles Malek  a écrit de lui : « De la seule raison salutaire interprète,
 Sans éblouir le monde éclairant les esprits,
 Il ne parla qu'en sage et jamais en prophète,
Cependant on le crut et même en son pays. »
Confucius consacre beaucoup de réflexions à l'exercice du pouvoir. Ici le concept fondamental est celui de « minben », qui veut dire le peuple à la base. II faut gouverner par le « té », par la force morale et la vertu. C'est le bien-être du peuple qui doit être le but suprême du gouvernement. La richesse doit être distribuée équitablement afin qu'il n'y ait pas de pauvreté. Il y a une obligation de réciprocité entre gouvernants et gouvernés. Si celui qui gouverne ne respecte pas la dignité de ses sujets, il peut être destitué, voire tué selon Mencius, qui a vécu de 380 à 289 avant J-C et qui est probablement le plus grand des héritiers spirituels de Confucius.
Je viens de parler de dignité. Le respect de la dignité humaine est une préoccupation profonde pour Confucius et Mencius. Nul ne saurait priver l'homme de cette dignité. Tout en reconnaissant cette dignité innée et inaliénable, ils ne parlent pas de droits de l'homme. Ils mettent l'accent sur les responsabilités et les devoirs réciproques des hommes. Cependant, l'accomplissement du devoir, par exemple du devoir de ne pas tuer, ne peut-il pas produire le même résultat que le respect du droit, en l'occurrence du droit à la vie ?
Il ressort des procès-verbaux que l'idée maîtresse défendue jusqu'au bout par Charles Malek, donnant la primauté absolue à l'homme face à l'État, à la religion et à toute collectivité, s'est longuement heurtée aux doctrines communistes et socialistes. Il n'hésita pas à leur rappeler les valeurs du confucianisme et de la dignité humaine. Les positions initiales des puissances alliées, victorieuses de la toute récente guerre mondiale, étaient bien plus nuancées certes, mais elles paraissaient par moments plus rapprochées des idées du bloc communiste que de celles du Liban. Ainsi, plusieurs pays, en tête desquels l'Union soviétique, insistaient à faire prévaloir, au nom de la classe laborieuse, la société sur l'homme. Le délégué de la Grande-Bretagne affirmait, de son côté, qu'il n'existait pas de liberté personnelle totale et que pour bénéficier des avantages de l'affiliation à la société, l'homme devait en payer le prix. René Cassin, délégué de la France, et Éléonore Roosevelt, présidente de la sous-commission, ont également commencé par adopter une position proche des positions britanniques. Charles Malek ne s'est pas laissé décourager. « Je me soucie peu d'être parmi la minorité, aurait-il affirmé à Éléonore Roosevelt après les délibérations. Ce à quoi j'aspire, c'est d'être avec la vérité. » Il a défendu jusqu'au bout sa vision libérale et universelle des droits de l'homme ainsi que la transcendance de l'esprit humain. Posant la question « l'État existe-t-il pour servir l'homme ou bien l'homme existe-t-il pour servir l'État ? », il y a répondu en toute clarté : « L'existence de l'État dépend de l'homme, lequel est la base de toute chose, y compris l'État. »
(À suivre)
AJOUT D ' UNE NOTE A LA DEMANDE DE L 'AUTEUR MR FADY FADEL :

Précisions

 

vendredi, janvier 14, 2011

 

 

 

Dans les articles publiés en page 5 les 4, 9 et 10 juin 2010 sur « Charles Malek, fondateur libanais de l'interculturel et du dialogue des civilisations à l'ONU », il a manqué, par mégarde bureautique, les notes en bas de page qui devaient spécifier que la communication s'inspire fortement de l'approche et du plan de travail développés par le Professeur Peter Leuprecht dans sa conférence prononcée le 19 octobre 2009 à Strasbourg et publiée dans le numéro 188 de la revue AMOP.

 

 

 

 

Pr Fady FADEL
I - Charles Malek, fondateur libanais de l'interculturel et du ...
L'Orient-Le Jour
Dans l'histoire de l'humanité, peu d'individus ont exercé une influence aussi profonde et durable que Confucius, qui a vécu d'environ 552 à 479 avant JC. ...

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4 juin 2010 5 04 /06 /juin /2010 08:21
Marie Rivière : Topographie de soi
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9782756102245.jpgOn m’a remis récemment entre les mains, le premier roman d’une jeune femme de vingt-cinq ans, encore étudiante, et à peine sortie d’une adolescence qu’elle semble avoir bien comprise, jusque dans ses méandres les plus tortueux. Marie Rivière a écrit un livre qui a beaucoup à voir avec les problèmes existentiels que peuvent rencontrer de tout jeunes gens à l’entrée de l’âge adulte ; mais elle nous offre par la même occasion une topographie de l’être, de soi, de l’adolescence qui prend conscience de la fragilité de l’existence, de sa mort prochaine, et, sans se rendre à l’évidence, accepte son sort en cherchant à s’y extraire, se mettant en quête de son originalité, donc de sa légitimité en ce monde.

 

C’est l’histoire du narrateur, Rafael Camence, un jeune homme livré à lui-même dans un Bordeaux qu’il déteste. Ce garçon a deux obsessions : la cartographie et quitter la ville. Ce qui peut paraître, je le concède bien volontiers, déconcertant d’entrée de jeu. Deuxième point capital : ce personnage, sorte de dernier romantique, jouit d’une lucidité sans pareille sur les êtres et les choses. Perdu dans sa vie, perdu dans sa ville, il lui faut partir à tous prix, car Bordeaux ne lui va pas, Bordeaux ne lui va plus. «  Je sens qu’elle me grignote de l’intérieur, dit le narrateur dès le commencement du récit, se mêle de tout ce que je fais, surtout quand je ne fais rien. » Partir. Quitter une ville « qui n’a pas d’odeur », où « tout est bas […] même les gens », afin de « ne plus reconnaître aucun visage à tous les coins de rue », « redevenir touriste » : ainsi échapper à la « vie de tous les jours », n’avoir plus ni de « maman ni de statut social ». Voilà un projet somme toute ordinaire pour de très jeunes gens, et qui devrait remplir une seule page, jusqu’aboutir au départ du jeune homme par le premier train. Bien sûr, rien ne se passera ainsi, et cette ambition vaine de quitter la ville remplira un roman de deux cents pages où tous les problèmes liés à une adolescence en proie au mal de vivre nous serons contés : manque de confiance en soi, désarroi, mal être, recherche de soi, mélancolies romantiques. Obsédé par les cartes, plans de villes, topographies, cartographies, Rafael Camence a trouvé là un passe-temps bien singulier qui l’isole à la fois du groupe, donc établit l’évidence de son originalité et ainsi de sa légitimité, mais tout autant l’exclut du groupe et lui ôte dans le même temps la possibilité de ne plus « culpabiliser d’être né ». Le serpent se mordant la queue, plus on avance dans le texte, et plus l’on comprend que le narrateur n’est pas prêt de quitter la ville, car ce qu’il cherche, au fond, c’est ce que l’on cherche tous : se débarrasser de soi. Quitter la ville ou se quitter soi, c’est du pareil au même. Vivre sans efforts, surtout. Etre un non-soi. De fait, l’errance du narrateur devient une fuite, fuite en avant sans issue, dont il ne cache déjà pas la fin : « Partir, à quoi ça sert ? On n’est bien nulle part. On peut être bien partout. Il paraît que les Danois sont très heureux ; je l’ai lu dans Courrier international. Ils sont danois, ils vivent au Danemark, ils sont contents, il n’y a rien à dire. J’aurais dû tomber amoureuse d’une Danoise, c’est peut-être contagieux. Sûr que quand je sortais avec une Cubaine-Suisse, une Haïtienne et une Palestinienne québécoises, ou Suisse-Allemande parisienne, je n’étais pas dépaysé. Et après ? »

 

Plus on lit Rafael Camence conter ses errances, ses doutes, son désarroi, plus on a l’étrange sensation de lire Marie Rivière elle-même, se raconter par le détour du récit, se transposer habilement dans le texte. C’est vrai que le premier roman est toujours le plus personnel prétend-on souvent. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle connait parfaitement son sujet. Pas de doutes : les angoisses adolescentes, elle en a fait le tour. La cartographie n’a plus de secret pour elle. La vie ? Plus on avance dans le texte, plus on a l’impression qu’elle la vécue et éprouvée jusque dans sa chair, au point d’en dire des choses à la fois très justes, et bien souvent très pénétrantes. Et néanmoins, si ce roman pourra paraître pour certains un peu long, voire parfois répétitif, une chose est à peu près sûre : nous sommes là en présence d’une jeune romancière qui est sûrement très prometteuse. Car, Marie Rivière a un style, une écriture simple, enlevée, nourrie de ruptures de ton, de jeux de la langue, d’humour et de sens du tragique.

C’est aussi une inspiration qui ne renie pas ses lectures de jeunesse qu’elle a assimilée et digérée. Comment par exemple ne pas penser, en lisant ce premier roman, à Jean-Baptiste Clamence dans La Chute qui erre dans un Amsterdam nocturne en quête d’une rédemption illusoire à travers la figure d’un interlocuteur improbable ? Comment ne pas non plus penser à Holden Caulfield, cet adolescent de la bourgeoisie new-yorkaise dans L’attrape-cœur, qui, chassé trois jours avant noël de son collège, erre en proie au mal de vivre, à la révolte juvénile, à la quête de soi et des autres, redoutant de rentrer à la maison et d’affronter ses parents ?

 

Fond de carte n’est pourtant pas seulement l’histoire d’une errance, le roman d’un voyageur sans bagages ; ça n’est non plus qu’un roman sur les villes et les vies : «La vie de Mick Jagger est la seule digne d’être vécue. On a beau savoir que le monde n’a pas de centre, on continue à se branler le nombril. ». C’est à mes yeux le roman d’une quête éperdue : celle qui représente la fin ultime de toute vie : le bonheur. Comment trouver sa place dans l’existence ? Comment vivre avec soi et les autres ? Où trouve-t-on repos et tranquillité de l’âme ? Est-ce que cela seulement existe ?

 

D’où les difficultés qu’éprouve Rafael quand il a le sentiment trop empressant de devenir son père, l’un de ses professeurs, ou seulement un autre, c’est-à-dire un homme comme vous et moi, sans originalité, simplement la copie d’une copie d’une copie. Rafael refuse de marcher dans les brisées de ses prédécesseurs, de devenir ceux qu’il a perdus, d’habiter le monde sans avoir appris à l’habiter autrement qu’en simple étranger. Rafael voudrait être là et ailleurs. Rafael refuse de tourner en « rond dans sa souricière ». Rafael sait qu’on a « chacun de nous trois villes : celle où l’(on) est né, celle où l’(on) marche, celle que l’(on) cherche. » Mais cette recherche, cette errance qui tend à nous emmener dans la fuite même de son sort, à prétendre échapper à l’embarcadère dans laquelle nous sommes touts embarqués, n’est-ce pas une illusion, un rêve qui nous permet de mieux assumer l’étroitesse de nos vies ? Et si un peu de stoïcisme ne manquait pas à notre jeune héros ? Fuir : n’est-ce pas déjà trop tard ? Rafael ne semble pas dupe pour autant : « On fuit pour mieux revenir à sa place. On ne devrait jamais sortir de son canapé. »

 

Bien sûr, ce roman n’est pas parfait. Mais est-ce là l’essentiel ? Certes, il y a bien ces quelques erreurs de jeunesse inhérentes à toute première œuvre : ici le personnage principal tombe par exemple dans ce travers dénoncé par Dostoïevski dans Les carnets du sous-sol, que Marie Rivière n’a certainement pas manqué de lire, où le narrateur se fustigeant lui-même, se décrivant comme l’ennemi du genre humain, et plus précisément de lui-même, représente le romantique naïf exprimé dans toute sa dimension pathétique. Souvent, je le concède, on frôle dans ce premier roman, cette affirmation du malheur qui se veut héroïque, sans jamais complètement ressentir la distance du narrateur. Certes la souffrance malheureuse, le martyre, le sentiment d’être rejeté ou incompris est le lot de l’adolescence proprement dite. Certes, ce premier roman aurait sûrement gagné en force si le jeune homme avait parfois été subtilement amendé par l’auteur.

 

Néanmoins, au-delà des ces quelques faiblesses, on est porté, pour ne par dire emporté par une histoire improbable de cartographie de soi, de quête existentielle, de voyages autour du monde sans jamais sortir de la ville de Bordeaux : petite souricière imposante et habitée des autres villes, des démons du narrateur, de ses peurs et de ses espoirs ; voyage au long cours porté par l’envie de vivre, par le désir d’habiter le monde dans sa dimension la plus authentique. Bref, une échappée belle portée par l’espérance de se rencontrer un jour, et d’ainsi rencontrer les autres…

(Paru dans Le Magazine des Livres, n°24, mai-juin 2010.)
(Texte établi à partir de Marie rivière, Fond de carte, coll. Malville, Léo Sheer.)

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2 juin 2010 3 02 /06 /juin /2010 10:47
LE GROGNARD N°14 : CLEMENT ROSSET
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Le Grognard 14 est disponible. Il s'intitule Éthique à Quauhnahuac, et est entièrement consacré à Clément Rosset. Il a été réalisé sous la magistrale direction de Stéphane Prat.

 

TABLE DES MATIERES

 

- Avant-Propos  -  Stéphane Prat 

- L'homme qui en savait trop  -  Clément Rosset - Stéphane Prat

 

- 1. Hors-d'oeuvres

- Tout n'est pas entièrement ténèbres -  Clément Rosset

- Raconte moi un camembert - Clément Rosset

 

- 2. Raccourcis pour le sud de nulle part

- Notes d'un incapable - Stéphane Prat

- L'idiotie d'Alberto Caeiro - Éric Bonnargent

- Le naufrageur naufragé ou la joie nihiliste - Koffi Cadjehoun

- Quel drôle d'animal que le réel ! - Nicolas Delon

 

- 3. Epreuves de réel, présents

- Le cactus à tarentules - Stéphane Prat       

- Journal sans titre - Emmanuel Thomazo

- Coquecigrues Grimaces Caresses - Henri Droguet

- Mystères, charabias et bégaiements - Jean-François Mariotti

 

- Du cote des livres - Koffi Cadjehoun, Pascal Pratz, Jacques Lucchesi, Stéphane Beau link

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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 17:41

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La "Tolérance" dans le Confucianisme

Il y a de nombreuses descriptions de la tolérance dans “Lun Yu” de Confucius : « Sans être capable de tolérer des choses communes, un plan majeur sera ruiné. » Confucius a dit aussi : « N’est-ce pas trop de confusion que de s’oublier soi-même et ses proches à cause d’un instant de colère ? » et enfin : «Les hommes de bien n’entrent pas en compétition avec les autres. » et « Les hommes de bien se restreignent et n’entrent pas en compétition. »
Il est dit aussi dans « Lun Yu » que Confucius a enseigné à Zi Lu, un de ses élèves : « Les dents sont faciles à casser parce qu’elles sont rigides. La langue est facilement protégée parce qu’elle est flexible. La douceur vaincra sûrement la rigidité et la faiblesse peut aussi conquérir les forts. Si on est attaché à la lutte, on sera inévitablement blessé et en montrant aveuglément sa supériorité, on sera sûrement détruit. L’attitude fondamentale à suivre en toute chose est :la Tolérance est la meilleure ».

 

 

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