Soixante-dix ans après sa mort, va-t-on enterrer Sigmund Freud ? Nom-breux sont les contempteurs de l'inventeur de la psychanalyse qui s'y sont
essayés. Des philosophes de Sartre à Deleuze -, des médecins, des scientifiques... Et plus récemment des psys partisans des thérapies comportementales cognitives dans un « Livre noir de la
psychanalyse » qui fit grand bruit en 2005... Mais voici que s'avance un cavalier de l'Apocalypse. Dans trois semaines, le philosophe Michel Onfray lancera son pavé dans l'inconscient. Son
brûlot « le Crépuscule d'une idole. L'affabulation freudienne » (Grasset), que « le Nouvel Observateur » s'est procuré, prétend venir à bout du mythe. L'ouvrage est touffu, mais la thèse
tient en peu de mots : selon Onfray, Freud a tout simplement «pris son cas pour une généralité ».? «Le problème d'un homme, d'un seul, qui parvient à névroser l'humanité tout
entière dans le fol espoir que sa névrose lui paraîtra plus facile à supporter. » Toute l'oeuvre du médecin viennois, qui n'aurait pas eu l'humilité et la patience du travail
scientifique, en découlerait : depuis son «auto-analyse» jusqu'à ses écrits antireligieux, anthropologiques et philosophiques, en passant par ces cinq cas de psychanalyse aux résultats
grossièrement falsifiés.
Car Freud, martèle Onfray, n'a qu'un désir : coucher avec sa mère et tuer son père. Et de cette pathologie incestueuse il
fait une théorie globale qui, tenez-vous bien, a mystifié le monde entier. Le complexe d'OEdipe
« Une illusion collective »
Freud n'aurait pas sublimé son complexe, il se serait caché derrière une fiction littéraire et se serait employé à bâtir une nouvelle religion avec dogme impératif et servile cléricature.
«D'où l'intérêt pour les hagiographes de dissimuler tout ce qui contredit ce récit légendaire, de contrôler les archives afin d'éviter tout ce qui montre : Freud hésitant sur sa
carrière ; Freud motivé par l'argent, l'ambition, la réussite, la gloire ; Freud tâtonnant, cherchant, se trompant; Freud quêtant un peu partout ce qui pourrait faire rapidement sa fortune
viennoise à tous les sens du terme ; Freud effectuant une auto-analyse pour la forme; Freud trompant sa vie durant son épouse avec sa belle-soeur; Freud pillant nombre de découvertes
effectuées de son temps dans le domaine des maladies mentales pour présenter une mosaïque nommé psycho-analyse; Freud mentant sur les guérisons qu'il n'obtient pas ; Freud transmettant les
clefs de sa découverte à sa fille cadette transformée en vierge pour l'occasion. » Pour briser la statue, le nietzschéen normand a sorti son marteau. Mais son marteau est freudien !
Onfray reproche à Freud et ses thuriféraires de forcer sur l'interprétation au mépris du réel. Le problème, c'est qu'il s'abandonne avec délectation au même vice. Si bien qu'on finit par
s'amuser de voir Michel Onfreud, le fils préféré de son père, « analyser » Sigmund Fray qui, lui, aimait beaucoup trop sa maman.
Y aurait-il du neuf ? Pas vraiment. Onfray reprend à son compte les critiques du « Livre noir de la psychanalyse », inspiré lui-même des « Freud scholars » américains qui, dans les
années 1990, ont passé la geste freudienne au Kärcher. « Tout cela est connu, archiconnu et digéré par les psychanalystes qui, depuis bien longtemps, ne sont plus des hagio- graphes de
Freud », précise le psychanalyste Jean-Pierre Winter. Côté philosophie, Onfray reproche vertement à Freud d'avoir sciemment ignoré son maître Nietzsche... pour mieux le piller !
Tout à son entreprise de démolition, le maître de l'Université populaire de Caen ne peut concevoir que l'oeuvre du médecin viennois ait pu se révéler plus grande que l'homme qui l'a
conçue... Sinon, pourquoi aurait-elle reçu un tel accueil ? « Pour la première fois Freud fait entrer le sexe dans la pensée occidentale », concède Onfray en conclusion. Et puis
ceci encore : «Le X Xe siècle aura été celui de Freud en même temps que celui de la pulsion de mort : de la boucherie de 14-18 au génocide rwandais, en passant par le
totalitarisme nazi. » Mais Onfray voit dans le « pessimisme ontologique » du freudisme une impasse. « Si le fou équivaut à l'homme en bonne santé psychique, [...] rien ne
permet de penser ce qui distingue le bourreau de sa victime. » Souvent frappé d'illusion rétrospective, il en vient à considérer Sigmund comme « complice » du génocide qui fera
disparaître sa propre famille ! Adepte de Wilhelm Reich, disciple puis dissident du freudisme qui théorisa la « révolution sexuelle », Onfray aurait préféré que les continuateurs de Freud
libèrent pour de bon les énergies libidinales. Au lieu de ça, le « freudo-marxisme post-soixante-huitard» a médiatisé une «illusion collective » et fait naître « une
aura libertaire dans un monde fatigué de lui-même ». La charge se veut définitive. Elle ne laisse place à aucun doute. Ce doute qui taraudait Freud lui-même lorsque, à la fin de sa
vie, il s'interrogeait sur les limites de sa pensée et de sa méthode. Mais tout est bon, sans doute, pour tuer le père.
- Famille : Psychologie, psychanalyse, psychiatrie
- Sous famille : Autres thérapies
- Sous sous famille : Autres thérapies : généralité
- Page : 830 p
- Format : EBOOK "PDF"
- ISBN : 2-912485-88-6
- EAN13 : 9782912485885
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