Parcours
L'on ne sait que peu de choses de sa vie. Probablement a-t-elle vécu à Valenciennes où elle aurait été béguine. La date de rédaction de son œuvre majeure est incertaine, mais l'on sait que dès 1306 un exemplaire de son "Miroir" sera publiquement brûlé sur la Grand-Place de Valenciennes sur ordre de l'évêque de Cambrai. Refusant d'abjurer ses théories, souvent confondues avec celles du Libre-Esprit, Marguerite sera condamnée pour hérésie le 31 mai 1310 et brûlée le 1er juin en place de Grève à Paris.
Thématique
Marguerite Porete introduit dans la mystique rhéno-flamande le concept du "loin-près", ce va-et-vient entre l'âme et l'amant divin, lequel rejoint la "touche divine" des auteurs flamands (Hadewijch et Ruusbroec).
Par cette expression qu'elle invente, Marguerite Porete entend que Dieu, dans son absence, est cependant proche, dans une espèce de "présence absente", oxymore qui, depuis Grégoire de Nysse, est fort prisée des mystiques rhénans.
Pour elle, l'âme, en se libérant de son moi, devient libre, morte au monde, mais cette mort est source de plénitude. Composé de 139 chapitres, le "Miroir" consiste en un itinéraire mystique conduisant l'âme à la gloire éternelle. Incontestablement, et sans dénier son propre apport à la mystique rhénane, les thèmes qu'elle développe trouvent leur origine dans l'œuvre d'Hadewijch d'Anvers.
Bibliographie
Marguerite PORETE, "Le Miroir des âmes simples et anéanties", trad. Max Huot de Longchamp, Paris, Albin Michel, 1984 (rééd. 1997).
Marguerite PORETE, "Le Miroir des âmes simples et anéanties", trad. Claude Louis-Combet, Grenoble, Jérôme Millon, 1991 (rééd. 2001).
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Un grand classique et des photos du monde à vous emportez dans des fabuleux rêves.
zappateam musique video 2007.
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Etre platonicien et mourir
La philosophie propose deux destinations, complémentaires du reste. La première, c’est d’ouvrir un monde, de le concevoir, le penser, se le représenter, tel qu’il est et devient, traçant quelques lignes directrices portant essentiellement sur la société car à l’époque contemporaine, la question de la nature est laissée au scientifiques tandis que Dieu est mort, laissant les fidèles entre les mains des religieux. Comment est le monde mais aussi comment voir le monde. La philosophie est composée de plusieurs doctrines décrivant comment un sujet peut aborder l’existence, trouver un sens à sa vie, connaître le réel, choisir ce qui a de la valeur et ce qui est bon de faire. Tous ces éléments sont bien distincts mais ils sont entrelacés selon des liens dont une partie peut être dévoilée. Comment prendre l’existence et lui conférer un sens ? A cette question, d’éminents philosophes ont tenté de répondre, fournissant le fruit de leur expérience vécue dans leur milieu et à une époque donnée. Platon et Aristote ont proposé des attitudes (qualifiables de spirituelles) face à l’existence, suivis par les philosophes stoïciens de Rome et pour finir, un penseur chrétien très influent, saint Augustin. Ensuite, le Moyen Age a précédé trois phases de la Modernité, Nietzsche parachevant une série de suggestions existentielles. Au 20ème siècle, Heidegger, Sartre et Camus ont proposé des pistes tranchant avec les options précédentes. Néanmoins, le platonisme n’a pas été destitué ni dévalué. Mais qu’est-ce être platonicien de nos jours ?
Le platonisme devrait être pensé comme le christianisme. Il existe deux manières d’être chrétien, ou bien l’expérience intime de la conscience dans laquelle émerge la foi, ou bien l’adhésion à une doctrine élaborée et propagée par l’institution religieuse. L’interrogation sur le platonisme devient alors assez claire. On sera platonicien par le livre, en adhérant à tout ce qu’a écrit Platon, notamment sur les réalités des deux mondes, sensible et intelligible, ou bien platonicien en esprit, en vivant des expériences de conscience susceptibles de confirmer la doctrine ontologique et existentielle extraite des dialogues de Platon. Maintenant, reste à établir les grandes lignes essentielles de cette hypothétique doctrine platonicienne qu’on trouvera, exposée diversement, chez nombre d’auteurs anciens, philosophes païens, chrétiens, islamiques, juifs, mais aussi d’exégètes modernes venus des universités. On trouvera aussi un platonisme en politique mais on devra s’en méfier, tout comme il faut être distant et critique avec le mélange du politique avec les religions. On laissera donc de côté les intentions livrées par Platon dans ses écrits sur le roi parfait ou la république idéale.
Etre platonicien à mon sens, c’est entretenir un lien particulier avec la vérité. C’est savoir entendre ce qui résonne juste ou faux, traduisant par ce biais l’authenticité, la sincérité de ce qui s’exprime chez un sujet, avec ses intentions. Platon allait chercher le vrai dans le monde intelligible, déconnecté du sensible. Mais à notre époque moderne, il n’y a pas deux mondes mais deux pôles subjectaux, l’expérience consciente et la pensée. C’est cette situation existentielle que Heidegger désignait comme Dasein. Si on doit retrouver une connivence étroite entre le platonisme et Heidegger, on la cherchera dans les conceptions de la technique comme dévoilement et surtout dans la question de l’authenticité. Saisir l’authentique, c’est converger vers la vérité autant que le permettent les limites de l’entendement. Sentir ce qui est vrai et ce qui relève d’un contrat existentiel de dupes, pratiqué par d’habiles manipulateurs prétendant agir pour une cause en soignant secrètement des intérêts spécieux. N’étant pas tombés de la dernière pluie, nous savons pertinemment que cette description s’applique à la publicité. Par contre, nous pressentons sans en avoir une certitude absolue que dans beaucoup de champs qu’on croyait exempt de tels calculs, la manipulation et le faux règnent. L’impérialisme de la manipulation rend complices des tas de professions qu’on croyait pénétrées de vertu et d’éthiques intentions. La médecine, la politique, les associations caritatives ou autres, l’enseignement, la culture, l’art, le cinéma, presque tout est contaminé par le faux (semblant), le discours lénifiant pétrifié de bonnes intentions afin de jouer la posture et derrière le spectacle, œuvrer au service de sa vénalité, de sa cupidité. Les populistes diraient tous pourris, les populaires diraient tous vendus, le philosophe authentique dira, tous vendeurs. Le marché universel a jeté le doute sur les valeurs humaines. Dans les sociétés occidentales, chacun se vend, cherche de l’argent. C’est là le but du travail mais ce souci n’aurait pas dû contaminer d’autres secteurs de la société. Lentement, les rapports entre gens se sont transformés en épousant le principe universel de l’intérêt. Ainsi de Platon à Heidegger peut-on entendre la vérité qui devient silencieuse dans le vacarme du faux.
Les dépourvus d’esprit de vérité se demandent pourquoi Heidegger adhéra au nazisme. La réponse est évidente. La vérité n’est pas absolue, ni relativiste mais contrastée, avec des appréciations et des niveaux. Sans doute Heidegger voyait dans le monde matérialiste un égarement et finit par croire en un salut hitlérien. Platon n’était d’aucun secours, pas plus en 1933 qu’en 2011. Les corps huilés se déhanchant sur une musique de David Guetta ne sont pas plus « cérébrés » que les jeunesses hitlériennes. Des âmes qui s’abandonnent et son abandonnées par la vérité. Dans un autre son de cloche, on mettra dans le même sac des impostures les faux artistes qui se pavanent et déhanchent au profit des restos du cœur. Rien que de l’hypocrisie, de la mise en scène publicitaire pour donner une image vertueuse à ces parasites du show bizz bien incapables de jouer juste pour ceux qui savent entendre la vérité mais très doués pour satisfaire le goût moyen de l’individu promis aux chiottes de l’Histoire. Les enfoirés, c’est un peu l’anus du monde aurait dit Arendt.
Le vieux cinéma des années 1950 et 1960 avait quelque authenticité. Les artistes n’étaient pas obsédés par l’argent, leur porte était ouverte, leur générosité toujours présente malgré l’adversité, et parfois, des fausses notes résonnant comme authenticité car ces gens ne se cachaient pas, enfin, pas trop, et si oui, c’était pour se préserver. Des braves gens, volubiles comme des plantes bien trop généreuses pour un monde d’humain déjà en voie de pourrissement. Des artistes à l’écoute de l’étrangeté et accueillants à souhait. Rien de commun avec la fausse transparence affichée comme une image au service de la vénalité. Rien de comparable avec les Ventura, Bourvil, je passe la longue liste, comme celle des chanteurs à texte, Mouloudji, Reggiani et j’en passe et tant d’esthètes et de créateurs et d’interprètes et d’acteurs pénétrés d’une simplicité authentique, avec quelques connivences avec un sacré dévoilé dans le profane d’un cinéma réaliste mais bientôt en lutte perdu contre le kitsch, l’extravagance et le culte de la célébrité. Monde en perdition. L’œil de Platon est triste ou bien en colère. Mais non, Platon est d’un autre univers. C’est nous qui platonisons, enfin, peu nombreux sont les chercheurs d’authenticité en ce monde qui au bout du compte, ne mérite pas qu’on s’y intéresse. Chacun trouve son compte. La foule et les masses iront écouter Johnny, les esthètes entendent une autre musique. Le règne du faux s’étend. Il n’arrive pas par hasard. Le faux est le signe des désirs exacerbés. Le dilemme entre les fausses satisfaction et les authentiques aspirations qui restent dans l’impensé. Platon ne peut rien. Nous sommes condamnés parce que l’homme s’est noyé dans l’insignifiance et le profane. Le système industriel n’est que le camp de la mort de l’esprit. Il est temps de mourir. En bon platonicien, comme d’autres sont morts en résistant. On ne peut pas résister à l’empire du faux. Hegel n’était pas si loin de la vérité, en faisant du faux le mal de l’ère moderne. Il avait surestimé l’aspiration du vrai en l’homme. L’individu contemporain ne cherche pas tant le vrai que l’affirmation et la puissance. Ou l’impuissance quand elle sert de ticket pour se vautrer dans la bauge du consumérisme le plus misérabiliste. L’homme est le seul être qui peut se satisfaire en contemplant dans un miroir son reflet du porc qu’il est. C’est même un porc qui en se rasant face à un miroir, rêvait d’être le président des porcs.
En fait, il ne faut pas mourir, le monde vrai et idéal n’existe pas. Il faut juste vivre et si nécessaire, fermer son entendement pour ne pas être submergé par le tsunami du faux.