"Le jour où nous comprendrons que, chez les animaux, a pu se développer une pensée sans langage, alors nous mourrons de honte de les avoir enfermés dans des zoos et de les avoir humiliés."
Boris Cyrulnik, Ethologue
22.05.2012 | The Times of India
Action contre les corridas et les cirques avec animaux
Action contre les corridas et les cirques avec animaux
"Ces animaux qu'on assassine" de Louis Bériot © Le Cherche Midi
Une enquête exceptionnelle et un cri d’alarme face aux trafics, aux mafias et aux massacres d’animaux.
En enquêtant au cours des deux dernières années sur la disparition du tigre, Louis Bériot nous apprend que le braconnage et le trafic de ce félin mythique sont l'arbre qui cache la forêt des prédations humaines contre la faune sauvage. Derrière "ces animaux qu'on assassine", c'est la planète tout entière qui est mise à mal, ses forêts, ses océans, ses barrières de corail, ses fleuves, ses lacs...
L'auteur révèle que l'épicentre du trafic se situe en Asie et que les grandes mafias du monde ont désormais supplanté les petits braconniers qui tuaient pour survivre. Leurs pièges rudimentaires
ont été remplacés par des guerriers équipés d'hélicoptères, de kalachnikovs et de GPS. Un exemple : il y a dix ans, une demi-douzaine d'éléphants étaient massacrés chaque jour en Afrique pour
leur ivoire ; en 2011, ce chiffre dépassait la centaine. Peu surveillé, diffus, très rémunérateur et rarement sanctionné, le trafic des animaux est maintenant démultiplié par les ventes sur
Internet. Il est considéré aujourd'hui par les instances internationales comme la principale activité criminelle devant celle des drogues, des armes et des humains. L'auteur dénonce aussi la
responsabilité des nations sur tous les continents. Il décrit aussi les combats courageux, et souvent dangereux, de centaines d'ONG pour enrayer ce fléau.
Une enquête détaillée et inquiétante. Un véritable réquisitoire contre le comportement des humains.
LIEN : link
Le hasard d'une émission radio - des extraits de cours de Michel Onfray à l'Université populaire de Caen - m'a fait retrouver un personnage hors du commun, le curé Jean Meslier, que
j'avais découvert pour ma part en 1970 - dans l'après mai 68 - à l'occasion d'une nouvelle édition du texte volumineux que ce curé de la campagne ardennaise avait écrit en cachette durant son
ministère entre 1719 et 1729, intitulé : "Mémoire des pensées et sentimens de Jean Meslier" [Le titre Mémoire employé au singulier : il ne s'agit pas d'une
oeuvre autobiographique mais d'un virulent plaidoyer. Meslier entend se faire le défenseur des dupés et des opprimés devant le tribunal de la Raison].
Un véritable brûlot - qui sera repris, tronqué, et diffusé sous le manteau par Voltaire pour servir à la défense de ses propres idées - mais que l'édition de 1970 va heureusement rétablir
dans la version complète originale. Ce texte n'est pas très connu pour autant - mais voilà que Michel Onfray s'en empare pour en faire un de ses sujets de cours !
Il n'est pas difficile de comprendre l'engouement de notre nouveau philosophe qui se veut tout à la fois athée, révolutionnaire, hédoniste. Il n'est que d'écouter ces cris d'Onfray
:
"Habituellement, dit-il, je n'aime pas beaucoup les curés [...] Avec Jean Meslier, la chose se complique, car ce curé athée, révolutionnaire, communaliste [sic],
anarchiste avant l'heure, proudhonien presque si l'on me passe l'anachronisme, anticlérical, internationaliste, matérialiste, hédoniste, partageux comme on disait dans le peuple de gauche du
grand siècle socialiste, le XIXe, a fourni un matériel conceptuel impressionnant à tous ceux qui tiennent pour sublime la devise 'Ni Dieu, ni Maître' ".
Et Onfray d'appuyer le trait : "Seul dans son presbytère d'Étrépigny dans les Ardennes, Jean Meslier, curé athée, a inventé une radicalité athéologique, proposé une éthique hédoniste,
formulé une ontologie immanente, construit une politique libertaire, donné à cette politique une formule communaliste [re-sic] et internationaliste, pensé un féminisme de combat,
pressenti le combat antispéciste [?], échafaudé le matérialisme moderne, démasqué la fourberie cartésienne, esquissé la formule révolutionnaire de 1789, appelé de ses voeux la
nécessité d'intellectuels critiques... Excusez du peu." En effet.
C'est vrai qu'on peut trouver dans les écrits secrets du curé Meslier les prémices de bien des théories ou mouvements qui viendront au jour à la fin du XVIIIe ou au XIXe. Mais ce qui pour ma
part me fascine c'est l'aventure personnelle, l'aventure prodiguée de l'homme Meslier.
Qui est Jean Meslier ? D'origine modeste, il est né le 14 juin 1664 dans le village de Mazerny, près de Mézières. Toute sa vie va se passer dans les Ardennes. Entré au séminaire de Reims, on
le décrit assez solitaire, fréquentant peu ses collègues séminaristes. A la sortie du séminaire en janvier 1689, il est nommé curé d'Étrépigny. Il y demeurera jusqu'à sa mort, le 28
juin 1729.
Il est bien noté par ses supérieurs. On le dit cultivé - il a des livres - et Monseigneur l'apprécie assez pour tolérer qu'il ait engagé à son service une jeune personne qui n'a pas l'âge
"canonique" [quarante ans], normalement requis pour les servantes des ecclésiastiques.
Le curé accomplit les actes de son ministère sans éclat particulier. On le dit généreux, attentif à ses paroissiens. L'hiver 1709, particulièrement rude, les plongent dans la misère. Jean
Meslier est inquiet, la famine menace. Mais il les voit toujours aussi soumis, acceptant la fatalité. Une sourde colère commence à monter en lui. Il voudrait voir les puissants leur apporter
de l'aide. Mais dans ces dernières années du long règne du Roi-Soleil c'est tout le contraire qui se passe. Les gens du peuple sont toujours plus accablés d'impôts.
En 1716, un incident va opposer le curé au seigneur du lieu, Antoine de Touilly. Meslier se refuse à le recommander, lui et sa famille, dans les prières dominicales. Tancé par sa hiérarchie
après que le seigneur eut porté plainte, il s'exécute le dimanche suivant : "[...] Recommandons donc le seigneur de ce lieu. Nous prierons Dieu pour Antoine de Touilly, qu'il le
convertisse, et lui fasse grâce de ne point maltraiter le pauvre et dépouiller l'orphelin". Les choses, évidemment, ne pouvaient en rester là. Le curé est convoqué à l'archevêché. La
sanction tombe : il devra se retirer un mois au séminaire de Reims, pour se remettre les idées en place.
Cette retraite imposée n'aura pas l'effet escompté - elle aura même tout l'effet contraire. Elle va marquer un tournant dans la vie de Jean Meslier. On peut penser que c'est de ce moment
qu'il mûri son projet, secrètement porté : coucher par écrit sa colère - colère contre les puissants qui vivent la belle vie, indifférents à la misère des pauvres ; colère contre les
institutions, qui organisent la sujétion du peuple ; colère contre le peuple lui-même qui consent à cette sujétion... L'incident lui apprend une chose : ne pas faire de vague en
surface, ne pas s'opposer de front, faire profil bas. Le jour, il fera son métier de curé, sans excès de zèle. La nuit, dans le secret de son cabinet, il couchera par écrit ce qu'il a sur le
coeur.
Voilà une grande aventure commencée, qui durera de 1716 jusqu'à sa mort, en 1729 : plus de vingt années d'un étrange sacerdoce qui le conduira à l'extrême limite du possible.
Meslier va se faire la main en annotant de façon très personnelle le Traité de l'existence de Dieu, de Fénelon, qui vient d'être réédité. Première phrase du Traité : "Je ne puis
ouvrir les yeux sans admirer l'art qui éclate dans toute la nature : le moindre coup d'oeil suffit pour apercevoir la main qui fait tout". Note de Jean Meslier : "La main qu'il a cru
voir n'est qu'une main imaginaire". Le reste à l'avenant.
Armé de son bon sens, inspiré parfois par Montaigne [Il dispose des Essais dans sa bibliothèque], Meslier va faire oeuvre de philosophe en explorant différents chemins.
Il va, par exemple, s'opposer à Descartes et à sa théorie de l'animal machine, à travers Malebranche qui écrit : "Dans les animaux il n'y a ni intelligence ni âme, comme on l'entend
ordinairement, ils mangent sans plaisir, ils crient sans douleur, ils croissent sans le savoir ; ils ne désirent rien, ils ne craignent rien, ils ne connaissent rien...". Meslier réagit
avec force : "Quoi ! Mrs. les Cartésiens, parce que les bêtes ne sauraient parler comme vous, et qu'elles ne sauraient s'exprimer en votre langage pour vous dire leurs pensées et pour
vous faire connaître leur douleur, leur déplaisir et leurs maux, non plus que leurs plaisirs et leurs joies, vous les regardez comme de pures machines inanimées, privées de connaissances et
de sentiments ? [...] Ne voyez-vous pas assez clairement que les bêtes ont un langage naturel... Ne voyez-vous pas assez clairement qu'elles sont bien aise quand on les caresse ?... Ne
voyez-vous pas aussi qu'elles crient quand on les menace et qu'on les frappe trop rudement ?"
Je ne peux résumer ici les 800 pages de son manuscrit qui aborde successivement, mais pas vraiment dans un ordre complètement rationnel - il y aussi des reprises, des répétitions
- une série de preuves de l'inexistence de Dieu, de la fausseté des religions, du principe d'erreurs, d'illusions et d'impostures de la foi etc., une critique radicale du dualisme
cartésien, le développement d'une conception matérialiste de l'univers etc., le tout aboutissant à une virulente critique de la société, laquelle critique était à l'origine de sa
colère...
La cause de tous les malheurs, Meslier la voit dans la violence des puissants qui s'appuient grandement sur les saintes et inviolables lois que l'on veut, sous prétexte de piété et de
religion, vous faire si étroitement observer, comme des lois qui viennent de Dieu lui-même. Meslier dénonce avec force la collusion des institutions Eglise et Etat au préjudice du peuple :
"On pourrait dire qu'elles s'entendent pour lors, comme deux coupeurs de bourses ; car pour lors elles se défendent et se soutiennent mutuellement l'une l'autre".
La critique acerbe de Meslier vise au sommet Louis XIV lui-même, "surnommé le Grand, non véritablement pour les grandes et louables actions qu'il a fait, puisqu'il n'en a point fait qui
soient dignes de ce nom, mais bien véritablement pour les grandes injustices, pour les voleries, pour les grandes usurpations, pour les grandes désolations et pour les grands ravages et
carnages d'hommes, qu'il a fait faire de tous côtés, tant sur mer que sur terre".
Le Grand Règne, c'est aux yeux de Meslier le règne de l'argent - cet argent dont le Roi, les princes, les grands ont toujours plus besoin pour entretenir
leurs armées et soutenir leur train de vie - qu'ils vont chercher dans la poche des pauvres, toujours plus pressurisés. "Ils s'en font payer pour les amortissements,
pour les aisances, et pour le cours des eaux, peu s'en faut qu'ils n'en fassent payer pour le cours des vents et des nuées". "Et pour toute raison de leur conduite, de leurs lois et
de leurs ordonnances, ils n'en allèguent point d'autre, que celle de leur volonté et de leur plaisir, parce que, disent-ils, tel est notre plaisir".
Une société juste est-elle possible ? Meslier imagine une société idéale où les privilèges seraient abolis, ce qui ne signifie pas toute absence de subordination entre les citoyens. Il
écrit : "Une société, ou communauté d'hommes, ne peut être bien réglée, ni même en étant bien réglée, se maintenir en bon ordre, sans qu'il y ait quelque dépendance et quelque
subordination entr'eux". Dépendance qui devra être proportionnée pour assurer le but de justice sociale.
Mais pour instaurer cette nouvelle société, encore faudra-t-il avoir fait tomber l'ancienne. Jean Meslier appelle à l'action. D'abord une prise de conscience : "Vous étonnez-vous, pauvre
peuple ! que vous ayez tant de mal et tant de peines dans la vie ? C'est que vous portez seul tout le poids du jour et de la chaleur... que vous êtes chargés, vous et vos semblables, de tout
le fardeau de l'État... ils ne seraient rien que des hommes faibles et petits comme vous, si vous ne souteniez leur Grandeur, ils n'auraient pas plus de richesses que vous, si vous ne leur
donniez pas les vôtres, et enfin ils n'auraient pas plus de puissance ni d'autorité que vous, si vous ne vouliez pas vous soumettre à leurs lois". "Vos tyrans, si puissants et si formidables
qu'ils puissent être, n'auraient aucune puissance sur vous sans vous-mêmes.. Ils se servent de vos propres forces contre vous-mêmes".
Et après la prise de conscience, l'appel à l'union : "Votre salut est entre vos mains, votre délivrance ne dépendrait que de vous, si vous saviez vous entendre tous". Et d'ajouter
cette harangue : "Unissez-vous donc, peuples !" qui a un écho très moderne.
Dans toutes ces pages Meslier se livre intimement. Il mêle analyses et ressentis personnels. Il emploie souvent la première personne, à l'exemple de Montaigne. Sa plume est trempée dans
une encre noire. Les caractères sont rageusement tracés. La colère sourde des débuts explose à pleines pages. Ecrire le libère. Il lâche de la pression. Mais comment peut-il, le jour venu,
donner l'apparence d'exercer son ministère, comme si de rien n'était ? Comment peut-il, la nuit démonter le système qui engendre toutes les injustices dont souffre le peuple, et le jour
faire des prêches appelant ses paroissiens à la résignation ? La nuit : "Je voudrais pouvoir faire entendre ma voix d'un bout du Royaume à l'autre, ou plutôt d'une extrémité de la terre à
l'autre ; je crierais de toutes mes forces : Vous êtes fols, ô hommes ! Vous êtes fols de vous laisser conduire de la sorte, et de croire tant de sottises"... que je vous enseigne le
jour !
L'entreprise est pathétique. Comment cet homme, isolé, seul avec sa colère, ses doutes, n'ayant personne avec qui échanger, a-t-il pu résister si longtemps, survivre à cette fêlure intime qui
le partage en deux, sans devenir fou ?
Il a gardé assez de sagesse en tout cas pour préparer avec soin sa succession. Se doutant bien que son écrit ne serait pas du goût de tout le monde, il a pris ses précautions. Une fois écrit
son épais manuscrit, il s'est astreint à en réaliser trois copies, qu'il a déposées au greffe de justice. L'avenir du texte était ainsi assuré contre toute tentative de destruction.
Les dernières lignes du Mémoire méritent d'être relevées. Meslier arrive au bout de l'aventure, à la fois serein, épuisé, détaché, lucide : "Que les hommes s'accommodent et qu'ils se
gouvernent comme ils veulent, qu'ils soient sages ou qu'ils soient fous, qu'ils soient bons ou qu'ils soient méchants, qu'ils disent ou qu'ils fassent de moi tout ce qu'ils voudront après ma
mort, je m'en soucie fort peu. Je ne prends déjà presque plus de part à ce qui se fait dans le monde. Les morts avec lesquels je suis sur le point d'aller ne s'embarrassent plus de rien et ne
se soucient plus de rien. Je finirai donc ceci par le rien, aussi ne suis-je guère plus que rien et bientôt je ne serai rien, etc."
C'était le Curé Meslier.
Son livre, s'il brûle, ne peut brûler qu'à la manière de la glace.
A notre époque ou la violence sous le masque du mensonge ,menace plus que jamais l'humanité , je n'en reste pas moins convaincu que la vérité , l'amour , l'esprit pacifique , la douceur , la bonté sont des forces supérieures à toute force . C'est à elles que le monde appartiendra pourvu qu'un nombre suffisant d'hommes gardent dans leur âme et pratiquent dans leur vie avec pureté et constance , l'esprit de charité , de vérité , de paix , et de douceur .
Albert Schweitzer .
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En secourant par exemple un insecte
qui se trouve menacé,
je ne fais rien d'autre que d'essayer de restituer
aux animaux dans leur ensemble
un peu de la dette coupable, toujours renouvelée,
que les hommes ont contractée envers eux.
Albert Schweitzer, La civilisation et l'éthique
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Nous devrions rendre grâce aux animaux pour leur innocence fabuleuse
et leur savoir gré de poser sur nous la douceur de leurs yeux inquiets
sans jamais nous condamner.
Christian Bobin - Ressusciter
Ils ressentent la faim, la
soif, la peur, la douleur, mais n’ont ni la raison, ni la parole. Exploités, maltraités, gavés, broyés, harponnés, consommés, expérimentés, toréés, chassés, pêchés, piégés, électrocutés pour leur
fourrure, emprisonnés dans les cirques, enfermés dans les zoos, les delphinariums, abandonnés, méprisés… NIÉS. À poils, à plumes ou à écailles: les animaux.
Considérés comme la dernière des minorités, faisant partie de la vie (égoïste) des humains (égoïstes), qui les mangent, revêtent leur peau, s’en «amusent», etc., il est normal et logique qu’ils
fassent aussi partie de la scène politique. Si les animaux ne peuvent constituer un programme politique à eux seuls, en revanche, on ne peut en aucun cas prétendre élaborer un projet complet en
les en excluant. C’est la première fois qu’ils sont aussi présents dans une élection, ici une présidentielle, et comptez sur ceux qui prennent vraiment en compte leur existence sur notre Terre
pour que, au fil du temps, ce mouvement s’amplifie.
Dans le programme du FN, qui tente de plus en plus de récupérer la protection animale, figure la condamnation de l’inscription de la corrida au PCI, patrimoine culturel immatériel de la France.
Mais ce n’est pas un scoop, la présidente du FN l’avait déjà exprimée. Tout comme elle s’était également déclarée pour l’interdiction de l’abattage rituel, ici pour les raisons que l’on connaît.
Figure aussi, et là, c’est du nouveau, «la suppression définitive [mais sur plusieurs années] de l’alinéa 7 du code pénal écartant les coqs et les taurreaux [sic] des pénalités
encourues par la maltraitance». Comment celle que je nomme affectueusement «ma» gauche a-t-elle pu laisser, par indifférence et surtout par manque de courage politique — hormis Les Verts de
l’époque et feu leur remarquable « fiche D9 » de la présidentielle 2007 —, depuis si longtemps le FN s’engouffrer dans cette brèche qu’elle a elle-même ouverte ? Beau cadeau à
l’extrême droite, ça fait des années que je préviens du danger. Personne n’a le monopole de la défense animale en politique, et surtout pas le Front national. À gauche, qu’on le prouve… et
vite !
Marine Le Pen: mes amis… les flingueurs
Fi des apparences, grattons un peu pour laisser apparaître la vraie fille digne de son père. Car Marine Le Pen prouve par ailleurs qu’elle n’est pas l’amie des animaux qu’elle veut bien laisser
accroire. Là où elle se démasque, c’est par un soutien total aux chasseurs (le FN ayant même son propre conseiller à la chasse) — 32 millions d’animaux massacrés chaque année. À Valenciennes, le
22 mars 2009, elle manifestait avec des élus FN aux côtés des chasseurs. Slogan: «NON à la dictature écologique». Plus récemment, le FN a apporté sa caution aux états généraux de la chasse
à courre et de la chasse tout court (mi-février dernier). Au «Grand Journal» de Canal +, le 9 mars 2012, elle déclarait: «C’est pas parce qu’on aime le foie gras qu’on est obligé de
s’intéresser à la vie du canard.» Et peu lui importe la souffrance de près de 37 millions de canards et 700000 oies qui subissent chaque année le gavage… Elle n’a pas non plus voté la
directive européenne (juin 2010) sur le «bien-être» (guillemets indispensables…) du poulet de chair.
Autres candidats anticorrida: Nathalie Arthaud, Nicolas Dupont-Aignan et Eva Joly. Pour François Bayrou, Jacques Cheminade, François Hollande, Nicolas Sarkozy (Sarko aficionado), traditions et
blablabla (et rien pour les animaux, d’une façon générale: ils n’existent pas). Philippe Poutou: en débattre au sein du parti. Jean-Luc Mélenchon: un vote du Parlement. On peut en discuter? En
apéritif : Bayonne, saison 2010-2011, 400000 euros de déficit, payés par les contribuables — près de 1 million d’euros sur cinq ans. Félicitations au maire UMP, Jean Grenet.
L’hypocrisie en plus… et la mort en douce
«L’exemple portugais peut être médité. La tourada locale y garde une place tout à fait prépondérante; néanmoins la mise à mort y est interdite, le spectacle présentant un visage plus familial,
moins brutal.» Telle est la dernière réponse (26 mars) du candidat socialiste à la présidentielle au CRAC Europe pour la protection de l’enfance. François Hollande a certainement été très mal
informé sur le sujet. Sans nul doute, lorsqu’il aura pris connaissance de cette chronique, que je lui dédie, il prendra tout naturellement le chemin de l’abolition, aussi bien pour la corrida
de muerte que pour la tourada. La gauche avec nous, du côté des plus faibles, humains comme animaux! La corrida espagnole ne perdure que grâce aux touristes, français ou
étrangers, qui s’y rendent «pour voir». Nombreux sont ceux qui, écœurés par ce spectacle d’un autre âge, n’y retourneront jamais. Malheureusement, cette unique fois contribue à alimenter la manne
financière des organisateurs. Vous, lecteurs, n’êtes pas dupes, mais peut-être vous laisserez-vous convaincre d’assister à une corrida portugaise, puisque, vous assurera-t-on, la tourada
se déroule sans mise à mort… dans l’arène. Une belle façon, détournée et malhonnête, de déformer la réalité. La portugaise, c’est la corrida version light — c’est du moins ce que l’on
voudrait nous faire accroire. Le public y est supposé encore plus «familial»…
Ce que voient les enfants: un cavalier plante des farpas (banderilles à double harpon) sur le dos du taureau. À noter, important: le cheval n’est pas protégé par le caparaçon. Quand
l’animal, profondément blessé, est épuisé par le sang perdu, huit hommes, les forcados, entrent en piste et l’immobilisent. Ça, oui, le taureau sort vivant de l’arène… mais dans quel état!
Ce qu’ils ne voient pas: le bovin est ensuite amené dans les coulisses, où, dans le meilleur des cas, si je puis dire, il est achevé à coups de poignard. Le plus souvent, il agonise jusqu’au
lendemain en attendant l’ouverture de l’abattoir. C’est beau, le «sens de la famille», qui consiste à emmener ses enfants assister à la mise en scène codifiée de la torture d’un herbivore
magnifique torturé par des brutes machistes vêtues du ridicule habit de lumière et que ses tortionnaires prétendent aimer, au nom d’une tradition et sous un pseudo-alibi
culturel. La culture, ce n’est pas cela. ¡La tortura no es cultura! La corrida? Ni espagnole, ni portugaise. Abolie!
À gauche, hormis les Verts en 2007, le mépris fut longtemps la seule considération qui était accordée aux animaux. Aujourd’hui, dans la lignée des Verts, Eva Joly «souhaite que le droit des
animaux devienne un enjeu national afin que cessent les pratiques brutales, cruelles, indignes [qu’ils] subissent». La bonne autre position vient, ô agréable surprise, de la diffusion,
le 28 mars dernier, de la «Réponse du Front de Gauche aux organisations de protection animale», dans laquelle «les êtres vivants sensibles ne peuvent être considérés comme des machines
biologiques».
Place aux animaux aussi!
Je vais commencer par ce qui va le moins bien dans le programme de Jean-Luc Mélenchon. Grand silence sur l’abattage rituel, et là c’est catastrophique — ah, c’est si dur de se déclarer contre
sans crainte de paraître raciste? L’abolition de la corrida, ce n’est pas gagné — pourtant les taureaux ne sont pas «des machines biologiques»… Attention à ne pas interdire que la mise à
mort en public, on a vu que la corrida portugaise, prônée par François Hollande, est tout aussi cruelle, sinon plus. Mais la porte est grande ouverte, ne la refermons pas, puisque y est citée
Martine Billard, ex-Verte, vice-présidente du Front de gauche et cosignataire de la proposition de loi abolitionniste n°2735. Tous les autres points ci-dessous sont à saluer: une (très) bonne
volonté, sans doute aucun: sortir de l’élevage et de l’agriculture intensifs pour aller vers un mode d’élevage bio, fourrures ou peaux limitées au profit des cuirs végétaux, alternative
végétarienne dans la restauration collective (éduquer les enfants à des goûts différents), désintensification de la pêche, méthodes substitutives pour l’expérimentation animale («directive
REACH insatisfaisante»), CONTRE LA CHASSE À COURRE, le «déterrage empêché», pour la stérilisation (animaux errants et domestiques)… Interdite depuis longtemps en Allemagne, en Écosse,
en Belgique, au Luxembourg, en Suisse, en Angleterre, aux Pays-Bas. François Hollande, entouré d’aficionados et de chasseurs, est à gauche le seul candidat à vouloir la conserver. Prochasse,
procorrida, etc.: le PS obtient le premier prix d’insensibilité en matière de protection animale.
Dans son communiqué de presse du 4 avril, le Collectif pour l’abolition de la chasse à courre interpelle François Hollande: «Le PS sera-t-il le dernier parti “de gauche” à tolérer la chasse à
courre?» Se sont effectivement prononcés contre: Nathalie Arthaud, Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou. «F. Hollande reste donc le dernier candidat à se réclamer de la gauche
sans s’être engagé pour l’abolition, bien qu’il ait admis “la brutalité” de ce mode de chasse qui “fait débat chez nombre de nos concitoyens”, comme il nous l’a écrit. Une poignée
d’aristocrates et de capitaines d'industrie (0,001% de la population) reste accrochée à cette tradition archaïque alors que l’immense majorité des Français (79%) souhaite son abolition. François
Mitterrand l’avait promise. Elle doit maintenant disparaître à jamais, comme dans la plupart des pays d’Europe.»
Certains candidats peuvent se déclarer contre certaines cruautés, comme la corrida, mais n’en avoir pas débattu dans leur parti — que ne l’ont-ils fait? —, donc ce sujet n’est pas traité dans
leur programme. Exemple : Philippe Poutou. On est content de le savoir contre, mais quel intérêt… pour les taureaux? À propos de ce que nous, «anti», nommons «la barbarie tauromachique»,
j’en profite pour énoncer ce qui me paraît une évidence: son abolition n’est pas une priorité, mais une nécessité. Le fait que la corrida puisse encore exister verrouille toute évolution en
termes de protection animale. Le jour où la torture et la mort données par arme blanche ne seront plus un «spectacle» pour lequel de sadiques pervers paient sera une immense avancée. Faisons
sauter les verrous!
Après, c’est jamais
Il ne s’est évidemment pas agi, de ma part, de vous donner quelques «consignes» de vote que ce soit, mais juste quelques pistes — à gauche, bien sûr, à gauche toute. Dernière ligne droite !
Et non, on ne prendra pas en compte les animaux après qu’on se sera soucié des humains, ça, c’est des blagues qu’on nous raconte, car ceux qui se préoccupent des êtres sensibles ne peuvent pas
les ignorer lorsqu’ils sont en souffrance. Nous partageons la même planète, ses richesses et ses manques. Ce ne sont «que» des bêtes, et alors? Elles aussi ont droit à notre empathie et à notre
compassion. On attendait depuis longtemps qu’un(e) politique prenne, sans faux-fuyant, une position sur l’abattage rituel qui rende enfin possible d’en espérer la suppression. Déclaration d’Eva
Joly à Néoplanète (26 mars): «Des solutions existent et sont déjà pratiquées par certaines institutions religieuses, et c’est par le dialogue qu’elles se généraliseront, pour aboutir en
pratique à la fin de l’abattage sans étourdissement.»
Si vous, lecteurs de gauche, souhaitez naturellement prendre en compte humains ET animaux, vous avez la possibilité de l’exprimer. C’est cela, le vote utile, et c’est maintenant. Aux urnes,
citoyens humanistes!
• www.abolitionchasseacourre.org
• www.politique-animaux.fr
• www.les-taureaux-voteront.com
• www.patrimoine-corrida.fr
• http://www.placeaupeuple2012.fr/reponse-du-front-de-gauche-de-la-planification-ecologique-aux-organisations-de-protection-animale/
Luce Lapin
21 avril 2012
lucelapin@charliehebdo.fr
• À LIRE dans «Les Puces» du journal (Charlie Hebdo du 25 avril 2012). «Les religions pataugent dans le sang des hommes et des animaux. […] quand les autorités
administratives», de droite ou de gauche, «auront-elles le courage d’interdire ces pratiques répugnantes?» Extraits de quelques écrits du regretté journaliste écologiste de Charlie, Xavier
Pasquini, mort d'une crise cardiaque le 25 mars 2000. Douze ans et trois présidentielles plus tard, il nous manque toujours autant.
• IMPORTANT. Faites connaître le site de Charlie, diffusez autour de vous! S’il existe, c’est grâce au journal. «Les Puces», c’est dans le journal, «La Puce», c’est sur le
site. Achetez le journal (tous les mercredis, en kiosques, 2,50 euros), allez sur le site!
LIEN : link
Pour répondre aux nombreuses demandes de nos quelque 4 000 adhérents, donateurs et sympathisants, nous avons interrogé les candidats à la présidence de la République afin de connaître et faire connaître leur position sur l’abolition de la corrida. Leurs réponses ont été réunies sur notre site politique, construit à cet effet et consacré aux présidentielle et législatives. Le CRAC Europe étant par essence apolitique, nous ne prétendons évidemment pas donner quelque « consigne » de vote que ce soit, simplement quelques pistes. Nous avons en revanche trouvé honnête de publier les réponses des candidats, dans la mesure où nous les avions sollicités. À chacun de choisir dans les urnes selon sa conscience politique et ses opinions.
Parce que la lutte pour l’abolition de la corrida est avant tout un combat politique, voici un nouveau lieu d’information où chaque militant ou citoyen curieux de se renseigner pourra connaître le positionnement des élus actuels et des candidats aux élections présidentielle et législatives de 2012.
Nous avons pensé qu’il fallait partager avec vous les différents positionnements — accumulés grâce à vos visites aux députés, courriers, courriels — que nous avons rassemblés afin que vous
puissiez décider en conséquence pour qui vous allez voter.
Tous les citoyens doivent avoir connaissance du courage de certains élus affirmant se positionner pour l’abolition de cette exception indigne, exception qui consiste à permettre sur une
petite partie du territoire ce qui est pénalement répréhensible sur la plus grande partie.
Tous les citoyens doivent avoir connaissance de la complicité de certains autres élus avec la torture tauromachique. Pour beaucoup d’entre vous, c’est le positionnement sur ce sujet qui sera déterminant dans le choix d’un candidat tellement le degré d’exaspération des citoyens est grand. Nous avons la croissante et terrible impression que nous ne sommes vraiment pas compris, entendus, même si plusieurs propositions de loi ont été déposées à l’Assemblée nationale depuis 2004. Même si elles ont eu le mérite d’exister et d’être défendues avec ardeur par leurs auteurs, elles se sont heurtées à un mur du côté des partis politiques, aucun n’a eu l’intention de mettre ces propositions à l’ordre du jour des travaux de l’Assemblée nationale.
Nous voulons donc à travers cette page créer un moyen de pression citoyen afin que les secrétariats des grands partis soient à l’écoute de la demande de plus de 75 % des Français.
Chacun d’entre vous pourra glaner des informations utiles s’il le souhaite ou s’il a l’occasion de rencontrer les candidats.
Nous serons binaires dans l’exposition des positionnements, il n’y aura pas de moyen terme, c’est comme la torture tauromachique, elle existe ou elle n’existe pas. On ne peut plus laisser la loi sur les sévices cruels exercés sur les animaux en l’état.
Si nos listes font apparaître artificiellement un nombre important de soutiens à la tauromachie, c’est parce que ceux qui se taisent, qui refusent de répondre sur le sujet après de nombreuses sollicitations ont été classés dans la liste noire. Sur le site du CRAC Europe, vous pouvez retrouver la liste complète des 1500 personnalités qui ont signé pour l’abolition, dont près de 400 élus.
Les deux précédentes législatures ont vu l’émergence de propositions de loi abolitionnistes, la future législature verra la discussion sur l’abrogation de l’alinéa 7 de l’article 521-1 du Code pénal, son vote, et l’on en finira enfin en France avec la torture des taureaux !
Il faut, par les urnes, éliminer de la vie politique les élus qui soutiennent la barbarie des arènes. Le collectif Non à la honte française ! représente déjà, à travers quelque 190 associations (www.patrimoine-corrida.fr), plus de 500 000 électeurs potentiels. Nous avons le pouvoir de faire comprendre aux élus qu’ils risquent de perdre leur mandat en ne luttant pas contre cette ignominie. Utilisons ce pouvoir dans les urnes : en 2012, les taureaux voteront !
Pour l’équipe du CRAC Europe
Comité Radicalement Anti Corrida pour la protection de l’enfance,
Hélène Vaquier, présidente