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Ecosia : Le Moteur De Recherch

7 août 2007 2 07 /08 /août /2007 10:34
Clément Rosset
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
 
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Clément Rosset, né le 12 octobre 1939 à Carteret (Manche), est un philosophe français.

Entré à l'École normale supérieure en 1961, il devient agrégé de philosophie en 1965. Il enseigne la philosophie à Montréal de 1965 à 1967, puis à Nice jusqu'en 1998. Depuis il se consacre à son œuvre. Il vit à Paris.

Son style se caractérise par un refus du jargon, et sa pensée est centrée sur une vision tragique de l'existence humaine, où il met en évidence l'utopie vécue par les hommes comme « double » de la réalité : « pour échapper au sentiment de mourir, les hommes regardent ailleurs, et préfèrent fuir ce qui est pour adorer ce qui n'est pas » (interview dans Le Point).

Ses premiers essais, consacrés à Schopenhauer, donnent le ton d'un philosophe qui tente de concilier désespoir et savoir-vivre. Ses premiers essais personnels (La logique du pire, l'anti-nature), tentent de déduire une philosophie joyeuse et approbatrice d'un monde où le pire est la seule chose certaine. Le pire, est ce qui existe, la réalité antérieure aux idées de sens, d'ordre ou de nature. Dans la trilogie qui suit (Le réel et son double ; le réel, traité de l'idiotie ; l'objet singulier), C.Rosset tente de préciser les attributs de cette réalité indéterminable et « in-signifiante ». La thèse essentielle de C. Rosset est celle-ci : la difficulté de penser le réel tient a ce qu'il ne manque de rien, qu'il se suffit à lui-même, qu'il se passe de tout fondement (car au fond, il n'y a rien à expliquer, rien à comprendre). D'où la thèse majeure du Réel et son double : le réel est ce qui est sans double et le fantasme du double trahit toujours le refus du réel. L'ontologie du réel sur laquelle débouche cette réflexion a la particularité de ne pas reposer sur la pensée de son être ou de son unité, mais de s'en tenir à sa seule singularité, ce qui n'est possible que par la grâce d'une joie sans raison. Le réel auquel j'ai accès, aussi infime soit-il, en rapport de l'immensité qui m'échappe, doit être tenu pour le bon. Tout le reste est chimères et balivernes.

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7 août 2007 2 07 /08 /août /2007 09:45

ROSSET (Clément) — Le monde et ses remèdes. Paris, Presses Universitaires de France, 2000. In-8° broché, 159 p., (collection « Perspectives Critiques »).
En quatrième de couverture :
« La pensée a été donnée à l'homme pour lui permettre de se dissimuler la vérité : telle est la thèse centrale de cet essai de jeunesse de Clément Rosset qui considère l'activité intellectuelle, sous ses formes les plus fréquentes, comme une production de « philtres d'oubli » grâce auxquels la plupart des hommes, et notamment des philosophes, parvient à s'épargner une représentation lucide, c'est-à-dire pessimiste et tragique, de la réalité. »

8 euros (code de commande : 11423).

 


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7 août 2007 2 07 /08 /août /2007 08:58
« Notre route n'est pas celle des puissants, des rois et des évèques; aucun d'entre eux ne connaîtra la saveur partagée d'un oignon au bord du chemin. »
BÉLIBASTE
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6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 16:09
François Mitterrand et Jean Guitton: L'absurde et le mystère

«Dans son livre « L'absurde et le mystère », Guitton raconte la conversation qu'il a eue avec François Mittérand, dans la Creuse, en plein coeur de la France. Descendant de son hélicoptère qui venait de se poser, le Président de la république, dans un style franc et direct, interpella ainsi le philosophe français: «Guitton, vous qui êtes philosophe et avez la foi, vous avez dix minutes pour me dire le sens de la vie...Apparemment, tout est absurde, sinon tout est mystère». Le philosophe lui avait répondu:« Mais, monsieur le Président, il y faudrait plusieurs heures d'horloge ! » - «Cela ne fait rien, limitez-vous à l'essentiel. Je voudrais surtout vous interroger sur la mort. Non pas la mort elle-même que tout le monde connaît, mais sur ce qu'il y a après la mort.» Le livre répond à l'interrogation présidentielle.»

Source: Nestor Turcotte, Chroniques, L'absurce et le mystère.
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6 août 2007 1 06 /08 /août /2007 12:02
France: Publication: "Histoire des philosophies matérialistes" de Pascal
Charbonnat
21/07/2007: "Nous insistons sur ce cas afin de rappeler la diversité, la
pluralité des philosophies matérialistes; panorama d'une rare densité, bien mis
en valeur par le contenu du livre de Charbonnat." (Respublica)

Histoire des philosophies matérialistes, de Pascal Charbonnat

Au moment où la négociation du nouveau traité européen confirme toutes les
dispositions qui percutaient de plein fouet le principe de laïcité, la lecture
du livre de Charbonnat constitue un viatique précieux pour celles et ceux qui
souhaitent prendre connaissance de la très riche généalogie
politico-intellectuelle que représente l'histoire des philosophies
matérialistes.

En effet, si dans un premier temps, l'on recourt à la laïcité comme fil
d'Ariane, afin de présenter le livre de Charbonnat, il est aisé de procéder au
constat suivant: les philosophies matérialistes concourent d'une manière
déterminante à l'ouverture d'un espace politico-intellectuel qui facilitera le
moment venu, l'émergence de ce principe, pierre angulaire de tout système
politique réellement démocratique.

Lorsque les philosophies matérialistes s'expriment et s'ancrent dans les
esprits, le mouvement d'ensemble visant à émanciper le genre humain des scories
du sacré et des mythes s'affermit, avec le plus souvent pour corollaire
l'invalidation intellectuelle d'un discours sur Dieu.

En cela, la fresque impressionnante relatant l'histoire des philosophies
matérialistes que nous propose Charbonnat, atteint son objectif et oeuvre à la
bonne compréhension d'un profond mouvement d'émancipation qui prend très tôt
naissance.

De l'apparition du matérialisme dans l'Antiquité (Thalès, Héraclite, Démocrite,
Epicure), à l'extinction du matérialisme (Ier - XVIIème siècle); de la naissance
d'une nouvelle physique jusqu'à l'apogée du naturalisme ( XVIIème siècle ) et à
la renaissance du matérialisme ( XVIIIème-XXème siècle ), telle est la teneur de
la rigoureuse cartographie des oeuvres ayant au cours des siècles forgé les
cadres majeurs des philosophies matérialistes.

Notons que les matérialismes qui s'épanouissent tout au long du XVIIIème siècle
constituent les prémices d'un large et complexe mouvement politico-intellectuel
annonçant cet apparent coup de tonnerre dans un ciel serein que sera la Grande
Révolution française.

Les écrits de Jean Meslier (1664-1729), l'oeuvre de La Mettrie (1709-1751),
l'athéisme d'Holbach (1723-1789), concourent parmi d'autres, à la
déstabilisation de l'édifice vacillant qu'est la vieille société hiérarchique de
Droit divin.

N'oublions pas que le mouvement ouvrier et démocratique s'est organisé à partir
de plusieurs politiques d'émancipation. Au XVIIIème siècle, naît la première
d'entre elles, la politique d'émancipation républicaine, avec les notions
d'égalité politique, de citoyenneté, de droits de l'homme et de souveraineté.
Incontestablement, ce creuset politico-philosophique a pour les philosophies
matérialistes un attrait de prédilection.

Le contenu de ces philosophies de type matérialiste - dont Charbonnat nous
présente les lignes-forces à l'aide d'une érudition impressionnante - contribue
à mettre en exergue les principes qui deviendront les soubassements essentiels
des régimes démocratiques et républicains. Il paraissait tout à fait fondé de
croire que la nature apparemment intangible de ces principes, les placerait
au-dessus de toute volonté visant à en réduire la portée et la légitimité.

La réalité des faits infirme malheureusement cette illusion. En effet, en
récupérant l'article 2 de la Constitution, le nouveau traité confirme le
glissement des principes* terme rationnel qui prévaut aujourd'hui dans les
accords et autres engagements officiels* vers des valeurs de l'Union, notion
plus subjective.

Parmi ces valeurs seront reconnus distinctement les droits des personnes
appartenant à des minorités, en rupture complète avec les principes
émancipateurs républicains et notamment ceux qui affirment l'égalité des
citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion.

La nature de la remise en cause profonde des bases mêmes de l'universalisme à
laquelle nous assistons, ne peut être parfaitement comprise que si l'on remplit
cette condition: procéder à une étude exhaustive et acérée des nappes d'histoire
lente pour reprendre l'expression braudelienne, qui voient à l'oeuvre les
mouvements de pensée orientant les ensembles humains, se structurer peu à peu,
devenir hégémoniques et s'effacer au profit d'une (ou plusieurs) autre(s)
vision(s) du monde. Le développement graduel de l'égalité des conditions, tout
comme le refus du providentialisme (du providentialisme à l' homme providentiel,
il n'y a qu'un pas, et dans les deux cas, c'est l'asservissement et l'aliénation
qui prévalent) sont le fruit de constructions intellectuelles souvent
marginalisées qui ont contre vents et marées, tenu haut le flambeau de
l'émancipation de l'homme. De cet homme en butte aux diverses et variées
conceptions déistes du monde, aux quantités insoupçonnables de théogonies. De
cet homme tenu à la stricte observance de supposées vertus théologales et au
respect de toutes les variantes théologiques possibles et imaginables. Les
philosophies matérialistes ont apporté la démonstration que ces postures ne sont
pas les seuls horizons pour penser la place de l'Homme dans l'Univers. Loin s'en
faut.

Tenter de comprendre le lent cheminement de ce processus de libération qui
façonne petit à petit les contours d'un espace politique et intellectuel
permettant de traduire dans la réalité des faits et contre une adversité aux
multiples visages (les Eglises, les forces politiques et financières
conservatrices ou réactionnaires) la volonté des peuples de coupler les versants
économique et culturel d'un combat politique qui prônera la résolution de la
question sociale . Voilà en quoi peut être utile une très bonne connaissance de
l'histoire des philosophies matérialistes. En somme, pas d'émancipation possible
et durable sans égalité et sans laïcité.

Et comme le démontre magistralement Charbonnat, au seuil des XIXème et XXème
siècles les principes porteurs des philosophies matérialistes se heurteront
durement à la révolution de la production et aux autoritarismes politiques d'un
type inédit.

Le XIXème siècle verra émerger deux genres de matérialismes. Le matérialisme
évolutionniste (Carl Vogt 1817-1898), Jakob Moleschott (1822-1893), Ludwig
Büchner (1824-1899), Basile Conta (1846-1882).

De plus, dans le sillage critique de la première politique d'émancipation - dont
l'acmé comme nous l'avons vu, se situe à la fin du XVIIIème siècle - apparaît la
politique d'émancipation socialiste au XIXème siècle, en incorporant la question
sociale. Bien évidemment, le matérialisme dialectique de Karl Marx (1818-1883)
et Friedrich Engels (1820-1895) s'imposera comme la pierre angulaire de cette
nouvelle weltanschauung, très largement irriguée par les principes émanant des
philosophies matérialistes.

L'inventaire dressé par Charbonnat est d'une richesse étonnante. Citons un
exemple: Joseph Dietzgen (1828-1888) figure intellectuelle méconnue, favorisera
une certaine évolution de la définition du matérialisme en insistant sur la
légitimité du recours au monisme. Dietzgen pense qu'une pensée de l'origine peut
être retenue à condition de se donner un cadre moniste. Pour le tanneur
philosophe, le monisme est la conception de l'unité de la matière et de
l'esprit, ou de l'enchevêtrement de tous les phénomènes entre eux. L'origine n'a
alors de sens que si elle n'excède pas les termes de cette union. Autrement dit,
la cause de toutes choses ne dépasse ni l'entendement humain, ni le monde
matériel. Aller au-delà est l'erreur des métaphysiques et des philosophies de la
transcendance.

Nous insistons sur ce cas afin de rappeler la diversité, la pluralité des
philosophies matérialistes; panorama d'une rare densité, bien mis en valeur par
le contenu du livre de Charbonnat. Cet exemple démontre au passage que les
accusations récurrentes de monolithisme, de dogmatisme dont les matérialismes
font l'objet, ne résistent pas à une investigation sérieuse. Dietzgen est le
premier interprète fidèle du matérialisme dialectique. Il n'en modifie cependant
pas la teneur conceptuelle mais en donne une approche originale.

Les pensées des derniers disciples du XIXème siècle, Labriola (1843-1904) et
Plekhanov (1856-1918), accompagnent une période qui se terminera par le suicide
des nations européennes sur les champs de bataille de Verdun, du Chemin des
Dames, d'Ypres, de Charleroi, de Tannenberg et d'ailleurs. (En la matière,
l'énumération qui précède, est loin d'être exhaustive.)

Bien évidemment, le matérialisme de Lénine (1870-1924) s'emploiera à trouver une
issue à ce moment terrible de l'Histoire européenne.

A titre d'exemple, rappelons que durant la même période, Bergson, qui a connu la
cruelle expérience de la Première Guerre mondiale, oriente sa philosophie
idéaliste et spiritualiste vers la mise en valeur de la figure des grands chefs
et des grands saints, seuls à même d'exercer selon lui, une action contagieuse
sur la sensibilité des hommes. Ainsi peut-on considérer les individualités
supérieures comme des succès de l'élan vital triomphant de tous les obstacles...
(Bergson, Les Deux Sources de la morale et de la religion (1932).

Cependant, la pensée matérialiste d'émancipation portée par l'oeuvre léninienne,
se disloquera au contact du Thermidor stalinien.

Sur un plan strictement épistémologique, les philosophies matérialistes du XXème
devront composer avec les avancées des sciences de la nature. Le matérialisme
évolutionniste contemporain en est le parangon.

En définitive, l'ouvrage de Charbonnat représente un instrument plus que
précieux pour qui souhaite se situer dans une perspective de défense des
principes de laïcité et d'égalité. Comme le démontre magistralement le livre
écrit par Charbonnat, la philosophie matérialiste a forgé au cours des siècles
les armes idéologiques qui ont servi, à partir de la Renaissance, à la
constitution des sciences modernes.

Au moment où certaines forces politiques n'hésitent pas à ouvrir la boîte de
Pandaure des doctrines anti-égalitaires en insistant sur une hypothétique et
spécieuse suprématie de l'inné sur l'acquis, au moment où la pensée
(matérialiste) gramscienne - qui revendique la nécessité stratégique de vaincre
sur le front des idées afin de s'emparer du pouvoir politique - fait l'objet
d'un détournement au profit de courants de pensée hostiles aux fondements
intellectuels et politiques que véhiculent les philosophies matérialistes, il
est plus que temps de (ré)investir le champ des idées, d'insister sur la
validité d'une réponse de type universaliste aux enjeux politiques et
intellectuels colossaux qui surgissent en cette période d'incertitude que nous
traversons. Dans cette optique, le livre de Charbonnat est un bréviaire (laïque
) indispensable aux défenseurs des principes constitutifs d'une République
sociale digne de ce nom.

17 juillet 2007

Par: Jean-Marc Del Percio Vergnaud - membre du comité de rédaction de Matière
première, Revue d'épistémologie et d'études matérialistes. Co-responsable de la
collection Matériologiques chez Syllepse.
http://www.wluml.org/french/newsfulltxt.shtml?cmd%5B157%5D=x-157-554595
__._,_.___
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4 août 2007 6 04 /08 /août /2007 14:21
"Dans ces temps de tromperie universelle dire la vérité devient révolutionnaire". Georges Orwell

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4 août 2007 6 04 /08 /août /2007 13:50
Fontenelle, Bernard le Bovier de (1657-1757), philosophe et poète français qui annonça l'esprit des Lumières en vulgarisant des théories scientifiques nouvelles. Né à Rouen, neveu de Pierre et Thomas Corneille, fils d'avocat, il fréquenta le collège des jésuites, étudia le droit et se consacra très tôt à la littérature. Il avait vingt ans lorsque son oncle Thomas l'engagea comme collaborateur dans sa revue, le Mercure galant. En 1680, il fit jouer Aspar, dont la représentation fut un échec. Il retourna alors à Rouen, et publia, entre 1682 et 1687, des textes qui le firent connaître en tant que philosophe et scientifique soucieux de vulgarisation intelligente, plus encore que comme poète (il composa des poésies précieuses, des opéras et des tragédies). Parmi ses nombreux ouvrages, on peut citer: la République des philosophes, roman utopique vantant une démocratie radicale, matérialiste et athée ; les Dialogues des morts, imités de Lucien, qui rapportent des conversations fictives entre Sénèque et Scarron, Socrate et Montaigne ; un article ironique sur la rivalité entre les religions juive, catholique et calviniste ; des Entretiens sur la pluralité des mondes, vulgarisation des théories de Copernic ; un traité sur l'Origine des fables, texte fondateur de la méthode comparative en matière de religion ; les Doutes sur les causes occasionnelles, qui réfute la philosophie de Malebranche ; ou encore l'Histoire des oracles, dénonciation des impostures en matière de religion. En 1688, sa Digression sur les Anciens et les Modernes, référence à la fameuse querelle, lui valut d'être élu à l'Académie française (1691), avec l'appui des Modernes. Secrétaire de l'Académie des sciences à partir de 1697, il se consacra à la diffusion des progrès scientifiques de son temps et à l'histoire de cette institution. Il publia encore une Géométrie de l'infini, une Vie de Corneille, une Histoire du théâtre, des Réflexions sur la poétique (1742) et en 1752 une Théorie des tourbillons cartésiens. Curieux, cultivé, d'une grande intelligence, il eut la réputation d'un bel esprit ; passionné de sciences et animé d'une grande foi dans le progrès, ennemi de l'obscurantisme, tenant d'un rationalisme critique, il apparaît surtout aujourd'hui comme le premier des philosophes du siècle des Lumières.

Assurons-nous bien du fait avant de nous inquiéter de la cause.

 

Ce n'est pas l'intention de l'amour que les attachements durent si longtemps.

 

Celui qui veut être heureux ... change peu de place et en tient peu.

 

Chacun est envié pendant qu'il est lui-même envieux.

 

Il est vrai qu'on ne peut trouver la pierre philosophale, mais il est bon qu'on la cherche.

 

Il faut ne donner que la moitié de son esprit aux choses ... que l'on croit, et en réserver une autre moitié libre où le contraire puisse être admis s'il en est besoin.

 

L'art des conversations amoureuses est qu'elles ne soient pas toujours amoureuses.

 

La langueur a ses usages; mais quand elle est perpétuelle, c'est un assoupissement.

 

Le coeur est la source de toutes les erreurs dont nous avons besoin.

 

Le plaisir est comme un lit de roses, mais le pli d'une seule suffit pour incommoder beaucoup.

 

Le plus grand secret pour le bonheur, c’est d’être bien avec soi.

 

Les vrais philosophes passent leur vie à ne point croire ce qu'ils voient, et à tâcher de deviner ce qu'ils ne voient point.

 

Mettez-vous dans l'esprit que les femmes veulent qu'on les aime, mais en même temps qu'on les divertisse.

 

Ne prenez pas la vie trop au sérieux, de toute façon, vous n'en sortirez pas vivant.

 

Non seulement nous n'avons pas les principes qui mènent au vrai, mais nous en avons d'autres qui s'accommodent bien avec le faux.

 

On est rarement maître de se faire aimer, on l'est toujours de se faire estimer.

 

Quand je n'aime plus, j'ai autant envie de ne plus être aimé, que j'en ai d'être aimé quand j'aime.

 

Si je tenais toutes les vérités dans ma main, je me donnerais bien garde de l'ouvrir pour les découvrir aux hommes.

 

Tous les hommes se ressemblent si fort qu'il n'y a point de peuple dont les sottises ne doivent nous faire trembler

 

Un bon esprit cultivé est pour ainsi dire composé de tous les esprits précédents.

 

Un grand obstacle au bonheur, c'est de s'attendre à un trop bonheur.

 

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4 août 2007 6 04 /08 /août /2007 11:17
Marc de Smedt - Patrice Van Eersel

Vers l’émergence d’une "noosphère" ?



Gordes, le 01/08/07

Mon cher cousin des villes,

Explorant différentes destinations possibles pour les vacances, je viens d’apprendre un drôle de truc. Savais tu que la cité fantôme de Varosha, à Chypre, un ancien petit Monaco enclavé au bord de la mer, avait été complètement abandonnée, lors du conflit entre les communautés grecques et turques de cette île, en 1974 ? Ses hôtels de luxe, ses immeubles et ses rues ont été littéralement envahis, en une trentaine d’années à peine, par une végétation luxuriante ! Et sais-tu que le no man’s land entre les deux Corée, zone démilitarisée de 243 Km de long est devenue, en un demi-siècle, un riche long et étroit parc naturel où nichent les dernières grues cendrées du continent chinois et bien d’autres espèces rares, peu découragées par les invectives que s’échangent les haut-parleurs militaires des deux côtés de la frontière ?

J’ai retrouvé tout cela dans Homo disparitus (éd. Flammarion), un livre passionnant où Alain Weisman, tout en nous racontant ses voyages et rencontres multiples à travers le monde, fait une grande méditation sur l’avenir d’une terre avec et sans humains, dans d’innombrables lieux - de la vallée du Rift, au Kenya, berceau de notre évolution, jusqu’à l’immense tourbillon du Pacifique Nord, plus étendu que la France, où s’engloutissent lentement des millions de tonnes de plastique rejetés par les bateaux en mer et par les fleuves des continents limitrophes. La planète compte d’ailleurs six autres grands tourbillons océaniques tropicaux, tous engorgés de détritus, affreux témoignage de là où nous conduit un système industriel et de consommation au fonctionnement dévoyé.

On se demande jusqu’à quand notre écosystème pourra supporter les poids de nos déchets et des substances empoisonnées dont nous l’inondons. Mais, l’étonnante leçon de cet ouvrage remarquable, c’est que, dès que nous disparaissons d’un endroit, même après l’avoir pollué gravement, voire irradié comme à Tchernobyl, la nature reprend, plus ou moins vite, ses droits. Je ne fais pas partie de ceux qui disent, comme Yves Paccalet : “l’humanité disparaîtra, bon débarras“ (Titre d’un livre qu’il a publié aux éditions Arthaud), mais je continue à penser que seules les initiatives locales de plus en plus nombreuses et une gouvernance mondiale infléchiront le cours des choses, s’il est encore possible de le faire. Mais ce qui me frappe, c’est que tout avance si lentement, et ce malgré la prise de conscience grandissante du réchauffement global, de ses effets pervers et du rôle de la pollution générale dans tout cela. Crois-tu que nous gagnerons en sagesse ou la menace doit-elle se faire plus précise, plus insistante ?

Je te souhaite néanmoins de bien te ressourcer au contact de la nature pendant tes vacances, et sans téléphone ni mail : retrouver le silence en soi, c’est si bon !

Mon cher cousin des champs,

C’est drôle que tu me parles de tout ça, parce que j’y pensais justement hier, en regardant les très belles photos que tu m’avais envoyées d’Angkor, au Cambodge, où l’on voit les racines géantes des arbres, qui ont envahi la cité royale abandonnée, enserrer les blocs de pierre dans leurs tentacules fantastiques, avec une force telle qu’elles les broient. Contrairement à ce que nous aurions tendance à nous imaginer, la vie naturelle, le programme vie, actuellement connu sous le nom de code ADN, est une force colossale. Il y a là-dedans quelque chose d’effrayant... mais aussi, paradoxalement, de rassurant. Que le végétal soit en quelque sorte plus fort que le minéral place la vie biologique à un niveau cosmique élevé ! Et ne sommes-nous pas parents plus proches du végétal que du minéral ? L’idée que nous sommes habités par une force pareille devrait nous donner du cœur au ventre pour la suite du Grand Jeu ! Quant au fait que nos villes (très minérales) seraient rapidement recouvertes d’arbres si nous disparaissions, cela me va plutôt... Plus je vieillis, plus je me sens locataire d’où je vis. L’idée qu’en achetant une terre, un nid, une maison nous en soyons "propriétaire" (plus ou moins pour l’éternité, dans notre subconscient) n’est-elle pas dérisoire ? (je te dis ceci au moment même où, enfin, mon cher cousin, je me suis acheté une barraque !)

Mais venons-en plutôt à ta grave interrogation. Je t’ai déjà parlé, je crois, que l’impression très forte que m’avait fait la lecture du géologue russe Vladimir Vernadsky. Né en 1863 et mort en 1945, ce visionnaire, qui échappa (je me demande comment) aux griffes staliniennes, mériterait d’être mieux connu. Mesurant inlassablement les masses vivantes (par exemple le poids d’un troupeau d’antilopes, ou d’un nuage de criquets rouges au-dessus du Sahel, ou de toutes les fourmis de la terre, ou de toutes les bactéries) et calculant les effets considérables de la vie sur la surface terrestre, qu’elle malaxe continuellement, il était parvenu à la vision de ce qu’il a baptisé « Noosphère ».

C’est une formidable saga cosmique, que je ne peux me priver du plaisir de te camper une nouvelle fois (ça se clarifie chaque fois un peu plus dans ma caboche..).

Imagine donc ça ! Sur une acide et brûlante lithosphère (une boule de pierre) appelée Terre, est venue se greffer, il y a 3,8 milliards d’années, une biosphère, alias la “vie”, alias l’ADN, force colossale et somme toute mystérieuse, capable de littéralement modeler l’écorce terrestre et l’atmosphère à sa guise. De cette sphère de vie a fini par émerger, il y a quelques millions d’années à peine, une couche particulière, la ratitude humaine, elle-même productrice d’une technosphère (ensemble de toutes les techniques, depuis la hache de pierre jusqu’aux réacteurs nucléaires). Or, à partir de l’invention de l’élevage, puis de l’agriculture, cette technosphère s’est mise à agresser la biosphère, qui était pourtant sa matrice, son nid, son placenta. D’abord à l’agresser si peu que ça ne s’est pas senti pendant plusieurs milliers d’années. Puis plus nettement, quand l’agriculture s’est intensifiée - le Croissant Fertile et l’Afrique du Nord forestière sont, par exemple, devenus des déserts -, avant de s’affirmer franchement biophobe, il y a deux-cent-cinquante ans, avec la Révolution industrielle. Enfin, l’aggression de la technosphère contre la biosphère est devenue si rapide que, depuis cinquante ans, les graphiques sont devenus affolants, avec leurs courbes en asymptote vers l’infini à partir d’une date de plus en plus rapprochée.

Une seule solution, explique le matérialiste Vernadsky (qui rejoint d’une certaine façon la vision mystique d’un Pierre Teilhard de Chardin) : l’émergence d’une “ noosphère”, ou “sphère de conscience”, qui sache enfin rendre la technosphère (l’ensemble de nos techniques et de nos comportements) biophile et non plus biophobe. Voilà désormais la question n°1 : comment œuvrer à l’émergence d’une logique si radicalement neuve qu’aucun rat humain ne l’a jamais imaginée jusqu’ici, ni a fortiori mise en application ?

Concilier la formidable démesure d’une pareille ambition et la nécessaire humilité d’une redécouverte de la nature originelle, voilà typiquement une question spirituelle, mais aussi matérielle, technologique, économique, financière, politique.... globale !

La logique du vivant, qu’il faut urgemment intégrer à nos activités, est fondée sur un ensemble très dense de symbioses et d’échanges, d’interactivité coopérante et mutualiste, et cela entre en contradiction avec les principes supposés “pragmatiques” du monde des rats humains, notamment sur la scène économique et dans les entreprises, où la “dure logique des choses” nous est trop souvent présentée comme celle de la guerre. Il n’en est rien - du moins devons-nous le comprendre si nous avons envie que le Grand Jeu se poursuive. La vie ne fonctionne pas avec des forts qui écrasent des faibles et monopolisent toutes les richesses. Ou plutôt : quand la nature fonctionne ainsi, c’est qu’elle est très malade - congestion et anémie, dérégulation immunitaire et cancer. Les réalistes ne sont pas ceux qu’on croit. Il s’agit de créer un modèle qui n’a jamais existé dans l’univers connu et ce modèle, que nul individu ne peut inventer seul, émanera forcément de l’intelligence collective d’humains fonctionnant de façon nouvelle.

Ici, de deux choses l’une :

- soit l’actuel boom du business écolo signale le début d’une Renaissance, et nous allons voir la planète peu à peu changer d’allure grâce à de nouvelles technologies biophiles ;

- soit tout ceci est une illusion de plus et les problèmes majeurs (biodiversité en chute libre, pollution de l’eau et de l’air, effet de serre...) continueront de se dégrader. On aboutit alors à ton amère constatation : nous, individus, évoluons bien trop lentement pour être au rendez-vous des échéances écologiques planétaires. C’est vrai, comment le nier ? Nous faisons réparer la fuite du robinet, mais nous roulons en voiture. Nous achetons des légumes bio, mais nous partons en vacances en avion, faisant exploser notre empreinte écologique. Nous recyclons sagement nos déchets, mais nous mangeons de la viande. Nous changeons. Nous ne changeons pas. À quoi bon ? Nos efforts paraissent si dérisoires... Je comprends, je change, je ne change pas, je culpabilise... Et pendant ce temps la situation biosphérique continue de se détériorer à toute vitesse.

So what ?

Bien malin qui affirmerait savoir ce que va devenir l’aventure terrestre. Je voudrais juste te souffler une hypothèse que j’ai plusieurs fois entendue, dans la bouche d’explorateurs de la ratitude humaine...

Quand un rat humain n’écoute pas ce que lui disent ses symptômes et son corps, il tombe malade. Si la maladie est grave, souvent, c’est pour lui l’occasion d’un réveil. Tu vois alors des rats te dire qu’ils remercient leur maladie, parce qu’elle leur a ouvert les yeux ! Quand c’est une maladie très très grave et que les gens se trouvent à deux doigts de mourir, il se peut bien sûr qu’ils y restent et disparaissent sans avoir rien compris - dommage ! Mais il arrive aussi qu’ils connaissent une véritable métamorphose - avant de disparaître... ou de poursuivre autrement. Il y a un “avant” et un “après” leur maladie. Jamais ils ne seront plus les mêmes. Ça rejoint les fameuses Expériences de Mort Imminente, ou NDE, dont les rescapés racontent qu’ils ont contemplé leur vie en entier, en un flash, et qu’ils se sont enfin rendu compte combien ils avaient jusque-là stupidement perdu leur temps. Depuis qu’ils en sont revenus, leur échelle de valeurs a changé. Ils prêtent beaucoup moins attention aux apparences, aux objets, aux statuts sociaux, au fric, à la "réussite"... Ils deviennent plus sages, attentifs aux autres dans les détails de chaque instant. Etc.

Eh ben mon vieux, voilà ce que pensent les explorateurs dont je te parlais : il se pourrait que l’humaine ratitude toute entière, qui est si malade globalement, en soit arrivée au point où une énorme "Expérience de Mort Imminente collective" est devenue notre dernière chance d’éveil. Tu me diras que le fait de voir des humains mourir ou “presque mourir” (near death) en masse n’est pas un fait nouveau, surtout depuis que nous avons inventé les "civilisations", il y a six ou sept mille ans, pourvoyeuses de stocks, donc de surpopulation, donc de famines. Aujourd’hui même, nous le savons bien, des centaines de millions de nos frères et sœurs survivent de misère, à deux doigts de la disparition. D’une certaine façon, une troisième Guerre Mondiale rampante n’a pas cessé depuis des décennies, et nos parents et grands-parents, qui ont connu les deux premières,ont bien cru eux-mêmes que c’en était fini. Jamais pourtant, me semble-t-il, les conditions mêmes de la survie biologique sur terre n’ont été touchées - du moins pas depuis la dernière grande extinction, il y a plusieurs dizaines de millions d’années.

Dans ces conditions-là, aucune annale historique, ni préhistorique, ne peut nous fournir de mémoire : quelque chose de jamais vu, de jamais entendu, de jamais reniflé, de jamais senti ni touché va peut-être nous arriver.

Quoi ?

Tu sais bien : le mot Apocalypse signifie à la fois catastrophe et révélation, n’est-ce pas ?

Bon, c’est pas tout, ça ! Ma rate va rentrer du boulot et c’est moi qui préparer à dîner. Alors je t’embrasse et je te souhaite, à toi aussi, de te reposer bien tranquillement cet été !



© Patrice van Eersel / Marc de Smedt



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3 août 2007 5 03 /08 /août /2007 10:57
L’URGENCE DE LA METAMORPHOSE

30  juillet 2007 | par Jacques Robin, Laurence Baranski

Présentation de l’ouvrage (Editions des Idées et Des Hommes, 2007)

« Tu te rends compte, mille milliards de galaxies. Il y a au moins mille milliards de galaxies dans l’univers !!!... Et nous, nous allons faire sauter la planète. C’est tout ce que nous aurons su faire. Les politiques sont irresponsables. La Droite comme la Gauche. Et même les mouvements alter-mondialistes. Personne ne parvient à comprendre et à se saisir de l’ère de l’information. Pourtant c’est vers l’économie de la gratuité qu’elle peut nous conduire. Et vers la coopération, la co-évolution entre nous et avec la Biosphère... et aussi vers le métissage. Le métissage, c’est essentiel, c’est notre avenir. »

 

« Est-ce que tu penses qu’on peut y parvenir ? »

« Je crois que c’est foutu. Mais il faut essayer. Mais bon sang, tant qu’ils s’entêteront avec leur croissance quantitative absurde, leur PIB mortifère et leur économie de marché d’un autre siècle... C’est stupide, irresponsable. Et certains osent encore dire que la situation écologique n’est pas si grave que cela. Mais ils sont aveugles. C’est la catastrophe généralisée qui nous attend ! »

« N’y a-t-il pas d’espoir ? »

« Si. La conscience humaine, c’est notre espoir. Prendre conscience qu’elle a sa propre aventure, qui s’inscrit dans celle beaucoup plus vaste de l’univers. 13,5 milliards d’années ! L’univers, la conscience humaine, et l’humanité. Leurs trois aventures sont liées. C’est cela qu’il faut intégrer. Et c’est sur ce socle qu’il faut fonder un véritable projet politique à la fois national et planétaire. Une écologie humaine et politique à l’échelle planétaire. »

« Est-ce cela que tu as envie d’écrire ?... »

« Oui. »

Ce dialogue marque la naissance de l’ouvrage L’urgence de la Métamorphose, dernière publication de Jacques Robin, co-écrit avec Laurence Baranski.

A travers ce livre, Jacques Robin souhaitait proposer aux lecteurs une synthèse actualisée de la pensée qu’il avait développée et enrichie tout au long de sa vie, à travers ses rencontres, ses échanges, ses lectures, ses actions et expériences. Il souhaitait que cet ultime témoignage soit un ouvrage de vulgarisation s’adressant au plus grand nombre puisque les décideurs et autres dirigeants restaient sourds à ses appels lucides et pragmatiques. Il espérait qu’en resituant l’ensemble des idées - qu’ils avaient agitées et nourries tout au long de ces années -, dans l’aventure de l’univers et de l’humanité, leur véritable ancrage et leur raison d’être, elles nous toucheraient avec plus de force. Et que nous prendrions véritablement conscience de l’urgente nécessité de transformer nos manières d’être et de faire ; que nous serions enfin prêts à revoir radicalement la manière dont nous concevons les activités humaines sur la Terre.

Voilà comment Jacques Robin présentait cet ouvrage lors de ses interventions publiques, au printemps 2007.

***

Expliquer l’urgence de la métamorphose

Les difficultés de notre intervention sont liées à deux facteurs :

-  d’une part le discours, inévitablement linéaire, s’oppose à notre pensée qui est complexe, transversale et transdisciplinaire, tout comme il s’oppose à la réalité, tissée d’interdépendances et de connexions multiples.

-  d’autre part, ma conviction se renforce qu’il nous faut inscrire la conscience humaine dans ce que nous pouvons nommer « l’aventure de l’univers ». Mais cette dernière représentation est extrêmement difficile à intégrer. Il nous est individuellement et collectivement difficile d’imaginer et de garder présent à l’esprit que nous évoluons en ce moment même dans un univers qui compte plus de mille milliards de galaxies, un univers constitué d’une énergie noire encore difficile à comprendre, avec des neutrinos, particules élémentaires, qui parviennent en permanence jusqu’à nous et nous traversent de manière incessante ; que dans cet infiniment grand et cet infiniment petit dont nous ignorons tout ou presque, nous ne sommes que les maillons d’une chaîne, celle de l’humanité, qui a débuté il y a des centaines de millions d’années.... ; et qu’il est de notre responsabilité de continuer à tisser cette chaîne pour offrir un futur à nos enfants et leurs descendants... Tentons pourtant cette explication.

Le constat dramatique

Dès qu’on observe les niveaux écologiques et sociaux de notre planète le constat est alors dramatique :
-  
au niveau écologique, le vivant présent sur la Terre, la planète elle-même et sa Biosphère se trouvent en danger mortel. Les équilibres climatiques sont rompus. De nombreux penseurs comme Ale Gore dans son film Une vérité qui dérange ou encore Nicolas Hulot dans son texte de la Fondation pour la nature et l’homme font part de façon irréfutable d’une dégradation rapide de la Planète Terre.

-  au niveau social les dégâts sont tout aussi importants. Les sociétés occidentales sont malades : la consommation des richesses est devenue l’objectif principal de la vie ; l’argent-roi domine ; la qualité de vie est rompue ; la marchandisation de toute chose et le profit immédiat prédominent dans nos actions.

-  au niveau sanitaire, l’aggravation des pandémies (en premier lieu le sida) ne cesse de s’étendre.

Bien plus, les structures économiques, sociales et culturelles actuelles des sociétés humaines les plus riches fabriquent la précarité et la pauvreté. Les déséquilibres se cessent alors de se creuser entre les possesseurs de revenus et les démunis.

Mais le plus grave est que la marche accélérée de nos sociétés vers toujours plus de Croissance quantitative (mesurée par le seul PIB) referme sur nous le piège le plus redoutable de notre époque : plus cette croissance est recherchée par les différents pays du monde, plus les transformations climatiques et les pollutions globales se développent avec l’aggravation de l’envoi de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. « L’économique », tel que nous le concevons aujourd’hui, détruit « l’écologique ». Il s’oppose au vivant. Il est mortifère. (et son coût, s’il est encore temps d’agir, est prééminent : si l’on voulait simplement stabiliser la situation en employant le même mode de production et de consommation d’aujourd’hui, l’économiste Nicholas Stern fixe à 5 500 milliards d’euros le prix à payer pour compenser la perte de richesse au réchauffement climatique.)

Face à ce constat, trois propositions

Avant de présenter ces propositions, il me paraît indispensable de revisiter l’aventure de l’humanité à partir d’une grille de lecture de l’évolution d’Homo Sapiens. Cette « grille » décrit succinctement les 3 ères au cours desquelles s’est successivement forgée sa situation d’aujourd’hui. Elle s’appuie sur le fait que les homo sapiens ont construit leur imaginaire symbolique et leurs organisations sociales en fonction de l’environnement matériel et naturel dans lequel ils vivaient, et de la manière dont ils pouvaient agir sur cet environnement. Elle met en évidence que notre univers symbolique d’aujourd’hui (sous-entendu la manière dont nous pouvons imaginer l’organisation de la société et notre rapport à la vie) est « en retard d’une ère » sur la manière dont il est possible de concevoir aujourd’hui les rapports entre les humains, et entre les humains et leur environnement. A l’heure de notre entrée dans l’ère de l’information, notre imaginaire est sous-développé.

Un préalable : intégrer la grille de lecture des 3 ères

L’émergence de l’homo sapiens a eu lieu il y a 300.000 à 400.000 ans. Trois ères se sont donc succédées :

-  d’abord l’ère de la survie et de l’adaptation ; pendant quelques 200.000 à 300.000 ans, Homo Sapiens acquiert un langage articulé, il développe son imagination et une pensée symbolique, il enterre ses morts et s’adapte progressivement à l’environnement ;

-  puis il y a 12.000 ans, après la dernière glaciation, grâce à sa maîtrise de sources de plus en plus puissantes d’énergie (de l’énergie musculaire à l’énergie nucléaire), Homo Sapiens développe un ère que l’on peut nommer l’ère de l’énergie. Il développe des moyens de se déplacer dans l’espace (les transports), et améliore de façon exceptionnelle son environnement au service de son confort. Cependant ces percées s’opèrent avec violence (les guerres pour gagner ou préserver les territoires) et créent d’immenses inégalités entre les possesseurs et les démunis de ces énergies. Les échanges et leur régulation prennent une place de plus en plus importante dans la vie quotidienne. C’est au cours de cette ère qu’émerge la société de marché

-  enfin il y a 50 ans seulement nous sommes entrés dans l’ère de l’information, ce dernier mot étant entendu comme « une grandeur physique maîtrisable » et non pas comme une simple communication entre les humains. En stockant et computant des données informationnelles, Homo Sapiens crée l’informatique, la robotique, les biotechnologies. Et nous voilà aujourd’hui inventeurs de produits comme l’internet, la téléphonie mobile, les nanotechnologies, la biologie de synthèse et la biométrie. Ces « produits » et les possibilités qu’ils offrent, tant d’un point de vue des relations entre les humains, que dans le champ médical ou scientifique, nous placent dans une situation inédite.

Mais il y a bien plus important : cette ère de l’information tourne le dos au processus de création et de répartition des richesses comme cela se produisait dans l’ère de l’énergie. Plaquer les mécanismes de l’économie de marché et son credo du « toujours plus », issue de l’ère énergétique, à l’ère de l’information, est une aberration et un non sens qui nous conduit à la catastrophe.

Trois propositions pour « un nouvel art de vivre » ensemble sur la planète

Première proposition : nous voici contraints de tourner radicalement dos à l’économie de marché.

René passet, qui signe avec générosité la préface de L’urgence de la métamorphose, le souligne depuis longtemps : notre système économique actuel est en contradiction totale avec « les lois » de la nature, ses régulations, et les conditions de ses équilibres. Il nous conduit à notre perte par épuisement des ressources naturelles, production de déchets envahissants, et du fait des effets pervers que l’ont voit apparaître sous forme de pollution en tous genres.

Nous devons réguler l’orientation que nous donnons à l’économie. Il s’agit d’instaurer une économie plurielle, afin de permettre des développements locaux ou par secteurs d’activité adaptés aux besoins réels des humains. Et il s’agit, dans le même temps, de fixer un revenu inconditionnel suffisant associé à la fixation d’un revenu maximum.

L’idée d’une telle économie plurielle, évidemment assortie de monnaies plurielles, nous place au cœur du problème :

-  d’une part cela nous conduit à créer de la monnaie, à la battre à des niveaux décentralisés selon des zones d’échanges locaux. Or les esprits des gouvernants, même ceux des plus favorables à la décentralisation, ne sont malheureusement pas encore prêts à envisager un tel niveau de décentralisation pourtant indispensable ;

-  d’autre part, un tel renversement suppose parallèlement une nouvelle appréciation des richesses (comme le propose depuis longtemps Patrick Viveret) avec des indicateurs qualitatifs (alphabétisme, santé, mesure du stress...) et non plus avec le seul PIB quantitatif qui mesure le « combien » et en aucune façon le « comment », « l’état » (sous-entendu des humains, des sociétés humaines, et de leur environnement)

Ces propositions économiques relèvent d’un « réformisme radical », tel que le formulent René Passet et André Gorz. Appliquées dans l’ère de l’information (qui est aussi celle de la possibilité de reproduction des biens à des coûts très faibles, de création de richesse en utilisant des modes de créativité immatérielle qui n’utilise qu’une quantité minime de labeur et optimise l’intelligence collective...) elles nous orientent vers une économie de la gratuité. Mais cette idée heurte toujours de nombreux esprits pour qui la gratuité est synonyme de « sans valeur »...

La deuxième proposition est culturelle

Cette proposition passe d’abord par la reconnaissance et le respect des diverses humanités. Elle propose un nouvel « art de vivre » dans lequel le partage et l’écoute des autres conduisent à une recherche permanente de la non-puissance et à la curiosité en action de toute connaissance.

Elle suppose l’abandon de la concurrence acharnée permanente qui secrète tous les comportements hiérarchiques agressifs et irrespectueux.

Elle suppose également d’apprendre à dissocier les notions de travail et d’activité au quotidien.

Cette proposition invite à l’utopie fraternelle, à la jubilation et même à la contemplation. Bien entendu, elle s’oppose par là à la violence qui grandit partout dans le monde attisée par des conduites religieuses et patriotiques inconsidérées.

La reconnaissance et l’expression de nos diversités ne pourront être qu’assorties, c’est heureux, d’un brassage et d’un métissage généralisés à la fois biologique et culturel. Cette voie constitue le seul véritable chemin pour sortir de la violence gratuite qui se déchaîne avec son lot dramatique de tortures et de meurtres qu’ils soient condamnées par la justice des hommes et quasiment légalisés au nom de l’intérêt des puissants déguisé en intérêt général.

La troisième proposition est de nature organisationnelle

Nous devons faire évoluer les institutions nationales et supra-nationales afin de permettre la participation de tous à la vie de et dans la cité. En ce sens, il est clair que nous devons avancer vers l’instauration d’une démocratie participative. Les processus participatifs sont à articuler au niveau local (les quartiers, les bassins d’emploi, départements, régions, pays...) ainsi qu’au niveau national, européen et mondial. Ces processus sont liés à la notion générale de citoyenneté mondiale. Sur ce thème, Edgar Morin et Anne Brigitte Kern, auteur de Terre Patrie, ont apporté un précieux éclairage...

Si jusqu’à présent les transformations économiques et sociales ont échouées, c’est en grande partie parce qu’une transformation sociale ne s’est pas accompagnée d’une transformation personnelle et réciproquement. Ainsi, les évolutions que nous préconisons et jugeons indispensables supposent que nous soyons en capacité de faire évoluer, individuellement et collectivement, nos comportements, attitudes, croyances, convictions. Cela suppose travail sur soi et des remises en question, notamment sur le sujet du pouvoir et de son exercice. Ce qui nous ramène à la proposition d’ordre culturel : ainsi, l’évolution organisationnelle est indissociable d’une évolution des mentalités.

Pour y parvenir à associer ces deux niveaux d’évolution, nous avons à mieux comprendre « le psychique humain » c’est-à-dire les domaines de la conscience, du conscient et de l’inconscient. Damasio et Derek Denton soulignent notamment que notre conscience est formatée en tout premier lieu par nos émotions et nos sentiments. Nous devons prendre en compte ces propositions, y compris dans le domaine politique, plus largement dans celui de la prise de décision. Ces propositions nous conduisent à relativiser ce que notre raison du moment considère comme une vérité intangible, et nous invitent inévitablement à accéder à un degré supérieur d’humilité et de sagesse ce dont nous avons urgemment besoin. Mais nous comprendre nous-mêmes, uniquement en nous observant fonctionner, sera insuffisant. C’est dans l’univers que nous devons nous projeter : comprendre l’univers pour mieux nous comprendre nous même est aujourd’hui un impératif. Depuis Epicure et Aristote, en passant par Newton et Einstein, puis la physique quantique, bien d’autres que nous ont abordé ces perspectives et ont tenté de comprendre l’aventure de l’univers. Aujourd’hui, nous sommes sommés d’agir au plus vite et de faire bouger à la fois nous-mêmes et notre Humanité dans la conscience de l’immense aventure de l’univers, peut-être même « des univers ».

Comment mettre en œuvre ces propositions ? La phase de transition

Ces propositions économiques, culturelles et organisationnelles ne sont pas que des « mots », ce ne sont pas des concepts vides de sens. Elles peuvent trouver leur vitalité que si nous le décidons. Cet avenir, « autre », est entre nos mains.

Il reste à inventer mais tous les prémisses sont là. Il existe de multiples expérimentations alternatives qui se déploient partout dans le monde et qui s’étendent en dépit de la culture dominante qui tente de les étouffer : ainsi le commerce équitable, les banques écologiques et le micro-crédit qui vient de valoir le prix Nobel à Muhammad Yunus... Des expériences monétaires ont par ailleurs déjà été effectuées avec ce que l’on appelle les monnaies affectées et les monnaies fondantes. Le projet « Sol » en est une illustration concrète.

Cette phase de transition nous conduira à aller de « l’ancien » vers du « nouveau » radicalement différent. Il s’agit bien, non pas d’une révolution ou d’une rupture, mais d’une métamorphose. Ou, comme la définit Edgar Morin dans la post-face qu’il nous a fait l’amitié de nous offrir, « d’une révolution qui se révolutionnerait elle-même ».

Cette période de transition est délicate. Elle devra se nourrir de l’énergie et des intelligences des acteurs de la transformation, de ces citoyens déjà à l’œuvre partout sur les 5 continents. Elle ne pourra être conduite que par des animateurs ayant dépassés les jeux de pouvoir sclérosants d’aujourd’hui, des individus réellement conscients de l’importance de l’écoute et du dialogue dans les relations humaines à tous les niveaux. Des personnes responsables et conscientes que c’est bien l’avenir de l’humanité qui est en question.

En synthèse...

La nécessité d’un tel bouleversement multifactoriel commence à être deviné par les responsables et les opinions publiques mondiales. Aussi des interrogations se font jour comme nous l’avons souligné plus haut : Al Gore, Alderiahomane Sissako, Nick Stern.

D’autres penseurs bâtissent des paradigmes comme Michel Onfray ou Nicolas Hulot. D’autres enfin comme le talentueux Jacques Attali dans son dernier ouvrage « Une brève histoire de l’avenir » avance lui aussi des notions de gratuité, d’accès généralisé aux savoirs, de naissance de l’intelligence universelle ; mais pour lui ces ouvertures sont liées à la condition expresse de contrôler l’économie de marché, ce qui, nous le savons, est impossible.

Notre livre L’Urgence de la métamorphose se propose au final de nous débarrasser de l’économie de marché en introduisant une économie plurielle avec un revenu inconditionnel généralisé ; l’accélération du métissage entre les humains ; l’apprentissage d’un « art de vivre ensemble » avec une véritable attitude de non-puissance.

Pour se faire, il propose autant le partage des richesses redéfinies par des marqueurs qualitatifs dans le cadre d’une véritable démocratie participative, que le développement de l’écoute et du respect des autres. Il veut ainsi contribuer à l’émergence indispensable, et qui, nous l’espérons, se produira, d’une écologie politique et humaine à l’échelle planétaire. »

***

La mort et la sensation de l’infini...

Jacques Robin avait souhaité que la question de la mort soit abordée en conclusion de l’ouvrage. La mort que l’on cache et tente d’oublier, de nier, dans nos sociétés occidentales ; la mort qui fait pourtant partie intégrante de la vie et qui est indissociable du processus de métamorphose, cette mort/renaissance qui ouvre à de nouveaux possibles. Il avait également souhaité que cette conclusion s’ouvre sur une perception qui lui était chère plus il se rapprochait lui-même de la fin de sa vie : la sensation de l’infini. Voici cette conclusion :

« C’est bien l’intuition de la nécessité d’inscrire l’aventure humaine dans celle, stupéfiante et beaucoup plus vaste, de l’univers, qui nous a guidés dans cet ouvrage. Plus que jamais les êtres humains ont aujourd’hui à mobiliser leur intelligence et leur sensibilité pour inventer et définir de nouvelles formes d’organisations économiques et sociales, dans un processus de co-évolution avec l’environnement planétaire. Y parvenir implique de s’affranchir des modèles du passé et d’oser s’engager dans une métamorphose qui donnera aux termes humanité, démocratie, richesses, culture, valeurs.. une nouvelle réalité. L’urgence est réelle. Les futurs probables sont étonnants tout autant que prometteurs.

Evidemment, et en dépit de ces nouvelles perspectives inédites, la condition humaine restera marquée par les cycles de la vie. Tout particulièrement par celui qui va, pour chacun de nous, de la naissance à la mort. Nous avons à apprendre à intégrer ce cycle, tout comme nous acceptons l’alternance du jour et de la nuit, ou encore celle des saisons. C’est un fait, la mort peut apparaître réellement angoissante. Vieillir, ressentir son corps nous échapper, devenir de moins en moins contrôlable. On peut comprendre le refus de s’abandonner sereinement à cet ultime lâcher prise, cette plongée dans l’inconnu, qui plus est dans l’ignorance de la trace que nous laisserons réellement auprès de nos proches, de nos relations, de l’environnement qui fut le nôtre. Mais le fait d’être en vie n’est-il pas tout autant surprenant ? Et parfois même angoissant, tant nous sommes ignorants des processus que sont la vie, la pensée, la conscience ? Notre existence individuelle est éphémère, elle s’inscrit dans un espace-temps très réduit. Mais celle de l’humanité, à laquelle nous participons, s’exprime sur une plus grande échelle. Entre étoiles et molécules, il est urgent de nous sentir parties prenantes de cette aventure du vivant. Il est de notre responsabilité d’entrer véritablement dans le mouvement de la vie, apaisés, en acceptant la part d’énigmes. Il nous appartient d’apprendre à vivre ensemble, dans l’ici et maintenant, animés d’une tension à la fois curieuse et joyeuse.

En ce 21ième siècle, dans les sociétés occidentales, il est clair que nous faisons l’inverse. Nous capitalisons les biens et l’argent ce qui nous donne l’impression illusoire de maîtriser la vie. Nous nous assurons contre tout par peur du risque de la perte. Nous sommes à l’affût des recettes commerciales sensées nous assurer la beauté et la jeunesse permanentes. Nous nous acharnons à prolonger la vie par tous les moyens techniques à notre disposition. En reconnaissant à chaque être humain le droit de vivre et de mourir dans la dignité [1], l’Homo que nous sommes témoignera sans aucun doute d’une plus grande appropriation de sa dimension sapiens. Cette reconnaissance ira bien au-delà d’un apaisement des personnes en fin de vie et des mourants. Elle influera sur les sociétés dans leur ensemble et leur permettra de franchir un pas vers plus d’humanité, et certainement vers plus de joie et de bonheur sur Terre. N’est-ce pas là notre objectif commun ? Car pourquoi s’accrocher tant à la vie si ce n’est pour espérer plus de bien-être et de liberté ? Nous devons agir dès aujourd’hui en ce sens.

S’agissant du pire, s’il n’est pas certain, il n’est pas non plus à exclure. Au stade où nous en sommes, l’Homme peut devenir un loup pour l’Homme encore plus qu’il ne l’est aujourd’hui, il pourrait également devenir bionique ou cloné, ou encore laisser la responsabilité de la conduite de son existence à des nano-machines incroyablement intelligentes, mais déshumanisées. L’histoire nous montre que tout ce que l’humanité a pu faire, elle l’a fait, des Droits de l’Homme à la bombe atomique, de l’aide humanitaire aux génocides. Est-ce parce que nous savons aujourd’hui qu’il y a un certain nombre de choses à ne plus faire, en premier lieu l’agression de la biosphère, que nous ne les ferons plus ? Rien n’est moins sûr et l’avenir nous le dira. Il est entre nos mains.

Au regard de l’aventure humaine qui est la nôtre, à la croisée des chemins possibles, la pensée de l’aventure de l’univers peut nous rapprocher de la sérénité et de la sagesse. Elle rejoint le souhait d’Arthur Koestler exprimé dans ce message, et rédigé avant son suicide avec sa compagne qui l’avait suppliée de l’accompagner : "Je voudrais que mes amis sachent que je les quitte en pleine sérénité avec le fragile espoir qu’il existe un "au-delà sans visage", au-delà de l’espace, au-delà du temps, au-delà de la matière, échappant à toute prise de notre intelligence".

Inscrire notre conscience dans l’aventure de l’univers permet de vivre des instants de plénitude intemporelle au cours desquels il est possible d’accéder à la joie de la pensée cosmique et d’approcher la sensation de l’infini. Pierre Hadot, professeur au Collège de France, parle, dans son ouvrage Le voile d’Isis, « d’une extase océanique » [2]. Cette pensée peut donner aux humains, et particulièrement aux plus jeunes, la légèreté, l’envie et la force de continuer de s’émerveiller, de poursuivre toujours plus consciemment l’aventure humaine, et peut-être même de se laisser aller au plaisir de réenchanter le monde. »

 

 

[1] Cf. L’association Le droit de mourir dans la dignité. www.admd.net

[2] Pierre Hadot, Le voile d’Isis, Gallimard, 2004

 

Jacques Robin

  • DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE AU DEVELOPPEMENT HUMAIN
  • L’URGENCE DE LA METAMORPHOSE
  • Témoignages
  • A Jacques...
  • Toi seul
  • La vie avec Jacques
  • Une rencontre et une amité tardive...
  • Jacques Robin. De la Transversalité à la Métamorphose, un enseignant
  • Jacques : trois instantanés
  • Hommage à Jacques
  • Adieu Jacques, nous continuons
  • Jacques Robin, l’homme qui relie
  • Quelques liens sur Jacques Robin
  • Du groupe des 10 à Transversales...
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2 août 2007 4 02 /08 /août /2007 09:45

Lacoue-Labarte et Derrida ont tous les deux abondamment commenté le corpus heideggérien, et identifié un national-socialisme idiosyncrasique chez Heidegger, qui persista jusqu'à la fin. Mais il est peut-être plus important de considérer que Lacoue-Labarthe et Derrida, après Celan (à un degré moindre), ont également considéré Heidegger capable d'une critique profonde du nazisme et des horreurs qu'il a apportées. Ils ne considèrent pas que la plus grande erreur de Heidegger soit sa participation dans le mouvement national-socialiste, mais selon les mots de Lacoue-Labarthe son « silence sur l'extermination », et son refus d'engager une déconstruction complète du nazisme — au-delà de certaines de ses notables objections sur les orthodoxies du parti. Lacoue-Labarthe ajoute également aux erreurs d'Heidegger, ses passages sur Nietzsche, Hölderlin et Wagner, dont les oeuvres furent susceptibles d'une appropriation par le nazisme. Il est raisonnable de penser que Lacoue-Labarthe et Derrida considèrent Heidegger comme capable de se confronter au nazisme, considéré dans ses tendances les plus extrêmes, et eux-même ont entrepris un tel travail, sur la base de ceci. On peut ainsi mentionner le questionnement de Derrida sur un commentaire (entre parenthèses) de Lacoue-Labarthe : « de toute façon, Heidegger n'évite jamais n'importe quoi »[1]

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