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Ecosia : Le Moteur De Recherch

12 février 2008 2 12 /02 /février /2008 19:35



Qui sont les Bonobos ?
Odyssée - chronique du 29 Mai 2003
Article mis en ligne le 10 mai 2006

Les bonobos sont des singes, qui vivent essentiellement dans la partie nord du Zaïre, et on estime qu’il n’en reste plus qu’une dizaine de milliers en liberté. Ils n’ont été identifiés qu’en 1929, car on les prenait auparavant pour des chimpanzés ; cependant, les deux espèces sont différentes : chez le chimpanzé, la peau du visage est claire ; chez les bonobos, elle est sombre.

 

Comme le chimpanzé, le gorille et l’orang-outan, le bonobo est ce qu’on appelle un “ grand singe ” (un singe anthropoïde, sans queue). Et, comme le chimpanzé, 98% des gènes contenus dans ses chromosomes sont identique à ceux de l’homme. Ce qui suggère un lointain ancêtre commun. Mais ce qui a vraiment de quoi nous faire dilater... la pupille et dresser... l’oreille, c’est que le comportement social des bonobos est entièrement ordonné par la sexualité.

La société des bonobos est égalitaire et paisible, et plutôt matriarcale. Le lien le plus fort est celui qui unit les mères à leurs petits, et cela toute leur vie. On a d’ailleurs également observé que l’infanticide, qui est très fréquent chez le chimpanzé, semble inexistant chez les bonobos, ce qui ferait de cet animal le seul sur la planète à ne jamais tuer ses petits.

Les bonobos ne se reproduisent pas plus souvent que les chimpanzés : chaque femelle donne naissance à un seul petit, tous les cinq ou six ans. Mais, tandis que les chimpanzés ont une sexualité parcimonieuse, les bonobos ont, en moyenne, des contacts sexuels toutes les 90 minutes !

Ils sont les seuls animaux, à part l’homme, qui font l’amour face à face. Ils expérimentent toutes les positions possibles et imaginables, s’adonnent couramment à la masturbation, se roulent des patins invraisemblables et, bien qu’ils ne pratiquent pas l’inceste, tous les bonobos mâles et femelles s’intéressent indifféremment aux individus des deux sexes.

Les femelles se mettent face à face pour se frotter mutuellement les organes sexuels et les mâles en érection se balancent dans les arbres et font de l’escrime avec leur pénis. On ne peut pas dire que certains bonobos sont homosexuels (ce qui signifierait qu’ils ont une préférence) mais plutôt, comme le formule Frans de Waal, un savant néerlandais spécialiste des bonobos, qu’ils sont pansexuels.

Ce que précise Frans de Waal, c’est que l’activité sexuelle des bonobos, loin d’être frénétique, est calme et détendue. Elle a d’autres fonctions que la reproduction : elle sert au plaisir, mais aussi à apaiser les tensions, et à éviter les conflits.

Quand des chimpanzés se trouvent devant de la nourriture, ou devant un objet qui les attire, ils se le disputent et se battent, puis ils font la paix en se posant un baiser sur la bouche. Mais les bonobos, eux, se disputent exceptionnellement. Lorsqu’ils sont devant de la nourriture, ils s’invitent mutuellement à une activité sexuelle puis, une fois les tensions apaisées, ils partagent la nourriture. Bref, ils préfèrent toujours l’amour à la guerre.

Si j’étais Dieu, j’envisagerais sérieusement de nous transformer tous en bonobos.

Mais comme c’est pas demain la veille, je vous recommande de lire :

Frans de Waal et Frans Lanting, Bonobos, le bonheur d’être singe, Fayard.
Frans de Waal, Desmond Morris et al., La politique du chimpanzé, éd. Odile Jacob, 1995 (coll. Opus)
Frans de Waal, Le bon singe : les bases naturelles de la morale, Bayard éditions, 1997.

Quelques sites consacrés aux bonobos :
http://www.4apes.com/fr/bonobo/
http://www.protection-des-animaux.org/bonobo.htm

en anglais :
http://songweaver.com/info/bonobos.html

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6 février 2008 3 06 /02 /février /2008 14:11
 
Accueil >> Matière à réflexion >> Portraits de penseurs >> Alan Watts, docteur en théologie (1915-1973)
     


Alan Watts, docteur en théologie (1915-1973)
28 août 2005 par Jean-Claude St-Louis


Auteur et conférencier fécond, Alan Watts est connu pour ses nombreux ouvrages sur le christianisme, le zen, l’hindouisme et le taoïsme, dont "Le Bouddhisme zen", devenu un classique. Originaire de Grande-Bretagne, Watts fut chapelain de la Northwestern University durant la seconde guerre mondiale. À la suite de la publication, en 1947, de son livre "Face à Dieu", il quitta l’Angleterre pour se rendre en Californie, où il enseigna à l’Académie d’études asiatiques de San Francisco, aux côtés du dr. Frederick Spiegelberg.

Trois ans plus tard, à Berkeley, débutait sur les ondes de la KPFA, la série d’émissions "Au-delà de l’Occident". Ces chroniques radiophoniques d’Alan Watts connurent un tel succès dans le quartier de Bay Area, à San Francisco, que la KPFA en poursuivit la diffusion durant trente ans. D’autres stations de Pacifica accueillirent régulièrement ce programme dominical, soit à Los Angeles, New York et Boston. Vers la fin des années soixante et à l’orée des années soixante-dix, ce programme reçut le surnom d’"Antidote à la gueule de bois". Pendant cette période, les ouvrages de Watts attirèrent maintes fois l’attention du Los Angeles Times qui, dans ses pages littéraires, qualifia l’auteur en ces termes : "Alan Watts est sans doute l’interprète le plus éminent de la pensée orientale que nous ayons en Occident".

Dans le pays tout entier, universités, centres de séminaire et mouvements religieux d’avant-garde, accueillirent régulièrement le conférencier. A cette époque, les émissions dominicales, précédemment enregistrées aux studios de la KPFA, étaient désormais diffusées en direct et le présentateur de radio se transforma en un orateur plein d’entrain, ce qui valut à Watts, une réputation de philosophe amuseur. Lorsqu’il s’éteignit dans son sommeil en 1973, Alan Watts était attelé à l’écriture d’un ouvrage sur le taoïsme. Selon Watts, le monde n’est pas l’oeuvre d’une entité suprême à visage humain, mais une réalité "qui va de soi". Telle était la conception de l’univers qu’il privilégiait. La sagesse qui consiste à ne pas contrarier le "cours des choses", afin de remédier au désordre écologique, avait trouvé chez lui, un écho profond. Watts se référait d’ailleurs à un "organisme-environnement", plus proche du "nous" que du "je".

Dans son livre "La Philosophie du Tao", paru en juillet 1953, Alan Watts démontre dans son introduction "De la synthèse philosophique", que le ton n’est plus le même et ce changement est révélateur de son évolution. En effet, Watts s’éloigna du cadre académique dans lequel il avait abordé ces questions, pour aboutir à l’expérience vécue, ce qui lui permit d’y répondre. Ainsi que l’écrivait la poétesse Elisa Gidlow, pour rendre compte du cheminement d’Alan Watts dans l’esprit du Tao : "il s’en imprégna jusqu’à la métamorphose ; à l’âge mûr, le jeune anglais réservé, un peu collet monté et confiné dans son univers intellectuel, était devenu un sage joyeux, un penseur universel, qui se distinguait par son ouverture d’esprit et sa spontanéité-espiègle". Alan Watts espérait que le Tao, administré à doses massives, parviendrait peut-être, dans sa profonde sagesse, à faire évoluer l’Occident, comme lui-même avait évolué.

Alan Watts reste, dans le monde anglo-saxon, un des penseurs et interprètes les plus respectés de la pensée orientale. À travers une vingtaine de livres, deux séries d’émissions de télévision, ainsi que de nombreuses conférences, il aura contribué à lever le voile sur les philosophies liées à l’hindouisme, au bouddhisme, au taoïsme et au zen. Pour Alan Watts, le zen est une fusion de l’être humain avec l’univers. La vie est la Voie et la Voie est la vie ! Le secret du zen est une transmission spéciale en dehors des Écritures, ne dépendant ni des mots, ni des lettres, destinée directement à l’esprit de l’homme.

Alan Watts a écrit :

"Essayer de tout comprendre en fonction de la mémoire, du passé et des écrits, c’est comme avoir vécu l’essentiel de sa vie, le nez dans un guide touristique, sans jamais regarder le paysage."

"Ce que nous savons par la mémoire, nous ne le savons que de seconde main."

"Si l’univers n’a pas de signification, l’énoncé qui dit cela n’en a pas non plus."

"Qui n’a pas la capacité de vivre dans le présent, ne peut faire de plans valables pour l’avenir."

"L’engagement religieux irrévocable, quelle que soit la confession choisie, n’est pas seulement un suicide intellectuel, c’est aussi la négation même de la foi, puisqu’il s’agit d’un acte qui ferme l’esprit à toute nouvelle vision du monde."

"La vision de Dieu ne s’obtient qu’en abandonnant toute croyance en une quelconque idée de Dieu."

"Tout éveil doit nécessairement se produire spontanément, n’en déplaise à ceux qui veulent obliger les gens à devenir leurs disciples pour l’atteindre."

"Chercher l’éveil, c’est comme utiliser ses lunettes pour les chercher."

À lire d’Alan Watts :

Matière à réflexion - Amour et Connaissance - Le Livre de la Sagesse - Être Dieu - Bienheureuse Insécurité - L’Envers du Néant - La signification du bonheur - Face à Dieu - Monde ouvert - Le monde du Zen - L’Expérience psychique - L’Esprit du Zen - Le Bouddhisme Zen - Devenez ce que vous êtes - La Suprême identité - Les deux mains de Dieu - Taoïsme d’Occident - La Philosophie du Tao.

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4 février 2008 1 04 /02 /février /2008 12:53
IN LIVRE : LOGIQUE DU PIRE : PAGE 28-29 .
" Dans un ouvrage qui , de certaine manière , annonçait en France le véritable début des études nietzschéennes ,Georges Bataille développe le thème suivant : Nietzsche aurait été le premier philosophe à fonder une philosophie sur le "non-sens" , ou le hasard ,en affranchissant sa représentation du monde de toute pensée rationalisante ,finaliste ou théologique . A cette première erreur historique ( de telles vues n'ayant nullement été "inaugurées" par Nietzsche ) succède un contresens à la fois plus grossier et plus révélateur de l' habituelle incapacité de ceux qui parlent - les " intellectuels" - à donner la parole au tragique : l' affirmation du non-sens constitue aux yeux de Bataille ,une "expérience si désarmante " qu'elle ne saurait ètre tentée " que par un brillant isolé en nos temps" . En d'autres termes : le savoir tragique est l'apanage de quelques intellectuels particulièrement brillants . Vue superficielle ,et populaire elle-mème , de ce que"sait" et de ce que "ne sait pas " le populaire . Sur ce point ,l' état des choses est précisément le contraire : le savoir tragique est l' apanage de l'humanité entière , à l'exception de quelques intellectuels particulièrement brillants , tel Bataille . Les vues populaires sur le monde sont de manière générale axées sur des idées de désordre ,de hasard , d'une absurdité ,inhérente à toute existence ,que l' expression "c'est la vie" résume dans toute les langues et à toutes les époques ; en revanche , l'idée que le monde est soumis à une quelconque "raison " ou ordre n'est l' apanage que d'un trés petit nombre d' hommes ,philosophes ,savants ,théologiens , dont l' aveuglement n'est pas de se croire  autorisés à affirmer un ordre ,mais plutot de penser que cette affirmation a une influence profonde sur les vues du "populaire" . On objectera qu'un tel savoir tragique ,s'il est bien le lot universel de l'humanité ( à l'exception de "brillants isolés" ),ne se manifeste guère ; et on aura raison . Mais qui a jamais prétendu que le savoir des hommes devait se mesurer à ce qu'ils disent ou écrivent ? Fantasme d'intellectuel , contre lequel il serait aisé d'invoquer le témoignage de Freud, tout comme celui de Nietzsche et de Marx . "
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3 février 2008 7 03 /02 /février /2008 18:45

Les citations de Vladimir Jankélévitch

«Le mourant est dans la situation d'un homme qui sort de chez soi sans la clef et ne peut plus rentrer parce que la porte fermée ne s'ouvre que du dedans.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - La mort

«La mort est la maladie des bien portants et des malades. Quand on n'est pas malade, on est encore quelqu'un qui doit mourir.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - Extrait d'une interview Le Monde - 10 Décembre 1971

«On peut déclamer sa maladie ou réciter la mort des autres, mais sa mort propre, on la meurt toujours avec naturel.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien

«Philosopher, c'est se comporter vis-à-vis de l'univers comme si rien n'allait de soi.»
[ Vladimir Jankélévitch ]

«L'amour, c'est un problème résolu à l'infini.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - Extrait d’une Conférence à Bourges - Décembre 1981

«La passion est la distraction du coeur.»
[ Vladimir Jankélévitch ]

«C'est en plein tintamarre qu'il faut prêter l'oreille au chuchotement imperceptible de Dieu.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - Quelque part dans l'inachevé

«Le présent, c'est-à-dire la quotidienneté ambiante, nous assiège de toutes parts et ne cesse de nous convier à l'oubli des choses révolues.»
[ Vladimir Jankélévitch ]

«La conscience en réalité se trouve prise entre deux contradictions : ou le bien, sommé d'être bon à tout prix, se niera lui-même, ou le bien, plus soucieux de survivre sera provisoirement infidèle à soi.»
[ Vladimir Jankélévitch ]

«Dieu n'est-il pas le poète suprême en tant qu'il improvise les mondes ?»
[ Vladimir Jankélévitch ] - La mort

«La vie affective, à condition d’être sincère et pure de tout apocryphe, est donc une lenteur et un attardement.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien

«Le jour même où le sentiment se déclare, nous prenons nos dispositions pour n'être pas surpris par son déclin.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - L'ironie

«La morale a toujours le dernier mot.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - Le paradoxe de la morale

«On ne peut pas dire pourquoi. La raison de l'amour, c'est l'amour. La raison de l'amour, c'est qu'on aime.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - Qui suis-je ?

«Quand on pense à quel point la mort est familière, et combien totale est notre ignorance, et qu'il n'y a jamais eu aucune fuite, on doit avouer que le secret est bien gardé !»
[ Vladimir Jankélévitch ] - La mort

«Il faut bien donner un nom à ce qui n’a pas de nom, à ce qui est impalpable... Tout compte fait, c’est là le métier des philosophes et de la philosophie.»
[ Vladimir Jankélévitch ]

«Dieu est une sorte de rien abyssal, et pourtant la vérité ne s'abîme pas dans cet abîme, ni ne s'écroule dans ce précipice.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - La mort

«Il faut passionner les masses pour les organiser.»
[ Vladimir Jankélévitch ]

«L’homme est infiniment grand par rapport à l’infiniment petit et infiniment petit par rapport à l’infiniment grand ; ce qui le réduit presque à zéro.»
[ Vladimir Jankélévitch ]

«Comment des années si courtes se fabriquent-elles avec des journées si longues ?»
[ Vladimir Jankélévitch ]

«Si tout est permis, rien n’est permis.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - L’ironie

«L'urgent, c'est le pressant avenir immédiat, le futur en train de se faire au présent.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - Extrait d'une interview dans Le Monde - 10 Décembre 1971

«La mort révèle l'amour, c'est l'inconsolable qui pleure l'irremplacable.»
[ Vladimir Jankélévitch ]

«Chaque repas que l'on fait est un repas de moins à faire.»
[ Vladimir Jankélévitch ]

«La ride est une allusion à la mort.»
[ Vladimir Jankélévitch ]

«La violence : une force faible.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - Le pur et l’impur

«La tolérance est un moment provisoire. Elle permet à ceux qui ne s'aiment pas de se supporter mutuellement, en attendant de pouvoir s'aimer.»
[ Vladimir Jankélévitch ]

«Il faut penser tout ce qu’il y a de pensable dans l’impensable.»
[ Vladimir Jankélévitch ]

«La philosophie est toute entière préliminaire. A moins que ce ne soient les préliminaires qui soient déjà philosophie.»
[ Vladimir Jankélévitch ]

«Si la mort n'est pensable ni avant, ni pendant, ni après, quand pourrons-nous la penser ?»
[ Vladimir Jankélévitch ] - La Mort

«Un secret qu'on est vraiment seul à détenir, un tel secret rendrait malades les plus robustes, et on peut même se demander s'il existe une conscience assez intrépide pour supporter ce tête-à-tête, sans en mourir.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - L'Ironie

«Comment le mensonge ne serait-il pas une tentation quand l'homme faible et puéril est si vite ébloui ?»
[ Vladimir Jankélévitch ] - Le je-ne-sais-quoi et le presque rien

«L’homme détaché écrit le testament du bonheur le jour même de sa naissance.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - L’ironie

«Dieu n'entre pas dans les détails ! Les détails, il les abandonne à la créature, pour que la demi-liberté de l'homme trouve à s'employer.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - La Mort

«Toute la ruse des bonnes consciences revient à donner au pauvre comme une gracieuseté ce qui lui est dû comme un droit.»
[ Vladimir Jankélévitch ]

«Le meilleur des mondes n’est que le moins mauvais.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - Le Pardon

«La gaffe est l'administration massive, intempestive, et inopportune de ces vérités qu'une posologie civilisée dose en général goutte par goutte.»
[ Vladimir Jankélévitch ] - Le je-ne-sais-quoi et le Presque rien 

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2 février 2008 6 02 /02 /février /2008 14:26

undefined27 janvier 2008

Entre l’Ontologie et l’Histoire : Heidegger Ni Papa Noël de la Philosophie Ni Hitler

 

Par Simon F. O’Liai

 « La philosophie est la lutte autonome, libre, fondamentale de l’existence humaine avec l’obscurité qui ne cesse à tout moment d’éclater en elle. Et tout éclairement ne fait qu’ouvrir des abîmes nouveaux » (Martin Heidegger) [1]

Dans son étude de l’histoire de la réception de la pensée de Heidegger en France depuis la célèbre traduction de Corbin aux années trente jusqu’au scandale médiatique qui suivit la publication du livre de Victor Farias en 1987, Dominique Janicaud [2] mettait en relief, non sans ironie et humour, le fait que la France peut probablement se targuer d’avoir transformé, pour un certain lectorat international, le penseur le plus « allemand »  de l’histoire de la philosophie européenne du XXème siècle en véritable « French Thinker » de l’ère de la mondialisation. Janicaud ne croyait peut-être pas si bien résumer la consécration et la diabolisation simplificatrices d’une pensée de « l’histoire », à la fois incontournable et contestable, dont « l’histoire » de la réception depuis 1945 en Europe est étroitement liée à la création de cette « figure » intellectuelle singulière que représente « Heidegger en France ».

En témoigne, une fois de plus, la publication récente, outre un cours fascinant de Heidegger lui-même sur la poésie, des plusieurs études favorables et critiques [3] de son œuvre qui ne manquent pas de mettre en relief l’exactitude du célèbre constat sartrien sur l’incapacité de la philosophie française (Foucault et Deleuze étant les notables exceptions dont la profonde méconnaissance actuelle tend à confirmer la règle) à penser la signification philosophique de « l’histoire ». Autrement dit, comme le précise Sartre, à la rendre intelligible dans l’irreproductible « particularité » des ses moments « décisifs ». On ne s’étonne donc pas si, en France, ni les risibles « dévots » du « Papa Noël » fribourgeois de la philosophie contemporaine ni les détracteurs arrogants de l’effroyable « idéologue » de la pérennité millénaire du Reich hitlérien ne semblent pas pouvoir reconnaître (et encore moins l’analyser en la théorisant) la véritable signification historique de l’attrait que l’idéologie national-socialiste put exercer sur des intellectuels conservateurs et nationalistes allemands comme Heidegger entre les deux guerres mondiales.

Car, ni les apologistes fervents du mage séducteur de Todnautberg qui croient pouvoir innocenter sa pensée de toute compromission « essentielle » avec l’idéologie « nazie » en présentant celle-ci, de façon comique, comme une sorte de succédané de la « métaphysique schopenhauerienne » (!) ni les détracteurs acharnés du philosophe du « racisme » nazi et l’inspirateur intellectuel du « négationnisme et révisionnisme » contemporains qui, d’un revers agacé de la main, croient pouvoir écarter les analyses philosophiques de Heidegger et se dérober à l’exigence de l’analyse patiente des notions heideggériennes aussi novatrices que « Umweltlichkeit » (sous prétexte que celle-ci fut utilisée et appréciée par d’autres amis « nazis » du Heidegger à l’époque de la rédaction de L’Être et le Temps ) ne semblent pas comprendre l’évolution de la pensée de Heidegger dans la complexité de ses rapports avec son contexte historique et culturel. .

Cette incapacité française s’explique par la profonde méconnaissance et, voire même peu de connaissance, qu'ont la majorité des philosophes français de la culture dynamique et hautement politisée de cette période trouble de l’histoire allemande qui est celle de la République de Weimar. Et la réception de la pensée de Heidegger en France en a souffert dans la mesure où ses interprètes français ont rarement affiché l’indispensable sensibilité à la « complexité » des rapports entre sa pensée et le contexte politique et culturel de l’époque de sa formation, autrement dit, celui de la première moitié d’un XXème européen très agité. Pourtant, pareille sensibilité est indispensable à la compréhension du cheminement d’un penseur aussi complexe que Heidegger.Elle pourrait, dans le cadre d’une analyse à la fois historique et philosophique des transformations successives de la pensée de Heidegger, faciliter « l’appropriation critique » des éléments de son « questionnement » dont la pertinence à l’avenir de la philosophie dépasse, sans jamais l’occulter, la biographie politique du philosophe allemand. Lequel est devenu, grâce à la mondialisation sans précédent de l’héritage philosophique européen, un phénomène philosophique aux dimensions carrément internationales.

Ainsi, dans les débats actuels autour de l‘impact intellectuel de « Heidegger en France », le contexte culturel de Weimar (dont la pensée de Heidegger s’est fort imprégnée) et le vocabulaire conceptuel singulier du philosophe qui, à son tour, l’a profondément marqué [4] sont souvent traités comme des simples reflets caricaturés d’une «Vérité » que les deux camps adverses semblent tenir pour absolue.

Peu importe que cette « Vérité » soit celle de « l’Oubli  de l’Être » pour la chapelle de la dévotion heideggérienne de France ou celle du  «Nazisme » pour les contrôleurs autoproclamés et anti-heideggériens de l’appellation de« philosophe » dans l’Hexagone.

Les « dévots » français du maître du Fribourg ne comprennent pas que si l’on veut sérieusement interpréter le devenir de son œuvre protéiforme, on ne peut pas se contenter de ce que l’on appelle en France « l’explication », souvent littérale et peu éclairante, du texte heideggérien. On ne peut pas se passer de la tâche « critique »- pour emprunter une célèbre formule de Heidegger lui-même-de « penser » le contexte historico-culturel dans lequel le philosophe allemand, après s’être enthousiasmé pour la « révolution » national-socialiste même avant 1933 et obstiné à croire à la « Grandeur » de la « Vérité » de son « Mouvement » (« Bewegung ») jusqu’à la fin de sa vie, en arrive à élaborer la notion de « l’Oubli de l’Être »Seinvergessenheit »).

Une notion dont la barbarie « arraisonnante » et auto-destructrice du régime nazi, après la débâcle de Stalingrad en 1943, représenterait l’ultime incarnation pour un Heidegger déçu par le régime nazi et toujours incapable de la moindre auto-critique de sa pensée de l’historicité » (« Geschichtlichkeit »).  Et qui n’en reste pas moins, comme bon nombre d’autres déçus du régime, un « patriote allemand », c’est-à-dire, ni un partisan inconditionnel de Hitler ni un “résistant” à la manière des putschistes de juillet 1944 ou celle des véritables héros de la résistance allemande au « nazisme », Hans et Sophie Scholl de l’organisation estudiantine « La Rose Blanche ». Mais l’arrogante et intolérante « orthodoxie » heideggérienne de France s’obstine à ne faire que de la glose révérencieuse des écrits de Heidegger sans tenir compte de leurs implications politiques souvent catastrophiques. Des écrits dont l’appropriation « classicisante » ne pourrait nullement expliquer, à titre d’exemple significatif, le changement radical de la conception heideggérienne du rôle international de l’Allemagne nazie après la défaite décisive de Stalingrad. Rejettant, comme Nietzsche l’aurait formulé, toute « perspective » d’une « critique historique » de l’évolution de la « pensée » de leur maître, la cohorte d’admirateurs « dévots » de Heidegger en France refuse, tout simplement, de reconnaître la pertinence de l’histoire culturelle et politique de l’Europe (entre 1914 et 1945) à la compréhension des métamorphoses de « l’ontologie » de leur maître.

En revanche, les détracteurs moralisants et souvent prétentieux de Heidegger en France, à l’inverse des ses inflexibles « dévots », refusent de reconnaître la pertinence des transformations successives de « l’ontologie » de Heidegger à la compréhension de « l’histoire » de l’évolution de sa pensée et de son époque. Et ils n’ont que faire des analyses philosophiques de Heidegger. Ainsi, ils refusent, assez obstinément, de reconnaître la divergence entre l’interprétation heideggérienne (certes contestable et empreinte de l’idéologie nationaliste de son époque) de « l’auto-affirmation » (« selbstbehauptung ») de la « race-nation » allemande et les idées comparables des idéologues « nazis » comme Rosenberg sous le prétexte que les idées de Heidegger manquent d’« originalité » (!) en tant que composantes d’une version « ontologisée » d’un « fond raciste et nazi » commun à tous les partisans du « nazisme ». On peut légitimement se demander si leur manière « soviétique » d'accuser l’incorrigible « monstre nazi » (qui ils voient en) Martin Heidegger du « racisme foncier » nous permettra jamais de penser le « fonds nazi et raciste » de sa « pensée » à fond, c’est-à-dire, dans son épaisseur historique et l’influence actuelle et mal déguisée. Tandis qu’ils se complaisent dans la condamnation moralisante de «l’introduction » du « nazisme » dans la philosophie par Heidegger et s’inquiètent de sa « diffusion » planétaire à travers la circulation des ses textes, leurs dénonciations narquoises de toute « ontologisation » à la Heidegger, autrement dit, de toute explication avec Heidegger qui prendrait ses idées philosophiques au sérieux (au lieu de les écarter, de manière expéditive, comme simples illustrations du « discours idéologique du nazisme ») nous empêchent de reconnaître l’alarmante proximité conceptuelle entre certains thèmes politiques répandus en Europe contemporaine comme, par exemple,  « les valeurs européennes » ou « l’identité démocratique de l’Europe » et des thèmes clés de la propagande, viscéralement « eurocentrique », des « nazis ».

 On sait que ce dernier thème est aujourd’hui particulièrement et abondamment exploité par une droite réactionnaire aux prétentions « libérales » afin de justifier l’exclusion de la Turquie  « asiatique » et « musulmane » de l’espace européen. Le « nazisme », n’en déplaise aux défenseurs du modèle « européen », n’eut nul besoin d’être « introduit » dans la philosophie européenne parce qu’il a toujours été omniprésent au sein de la société et la culture européennes. Et, à vrai dire, Heidegger ne fut ni le seul ni même le premier philosophe allemand à s’engager en faveur de ce que l’on désignait à l’époque « la révolution nationale » en Allemagne économiquement dévastée de Weimar.

D’autres philosophes allemands comme Bruno Bauch ou Max Wundt [5], dont les orientations philosophiques furent radicalement différentes de celle du Heidegger (qu’ils critiquaient sévèrement), furent tout aussi persuadés que seul leur genre particulier de « l’idéalisme fichtéen » ou « l’objectivisme scientiste darwinien » pourraient fournir une fondation philosophique adéquate à la doctrine « nazie » de la supériorité raciale de la nation allemande.

C’est la raison pour laquelle on n’a jamais pu simplement « introduire » le « nazisme » (ou une quelconque idéologie politique) en « philosophie ». Pas plus que l’on n’a jamais réussi à garder « l’essentiel » d’une « pensée » intacte à son contact volontaire et permanent. En l’occurrence, la culture philosophique allemande de l’époque de Weimar s’est radicalement contaminée en raison de son exposition à la vague idéologique triomphante du national-socialisme tandis que ses acteurs majeurs comme Heidegger (en 1933) ont, tout simplement, cédé à la vieille et néfaste tentation du remodelage « idéel » du « monde réel ». Un monde dont ils ont impardonnable ment négligé la tragique fragilité métaphysique et humaine. Pas plus que celle d’un Maxime Gorky en Russie stalinienne, l’œuvre de Heidegger en Allemagne nazie n’a donc pu échapper aux contraintes de son conditionnement culturel, celui de toute pensée philosophique dans son inévitable finitude historique. Mais le but des détracteurs acharnés de Heidegger en France ne semble pas être de comprendre, sans « a priori », le conditionnement culturel et historique de sa pensée.

Au nom de leurs « idoles » métaphysiques et « idéo-logiques », ils vont jusqu’à préconiser l’interdiction pure et simple de toute référence à Heidegger en tant que philosophe digne d’être étudié et commenté. Et il leur importe peu que des appropriations « idéo-logiques », certes abusives mais nullement accidentelles, de leurs « idoles » conceptuelles comme, par exemple, « l’homme » et son « humanité » pussent sanctionner l’extermination des victimes des tous les régimes totalitaires du XXème siècle et, plus particulièrement, celles des régimes nazi et « soviétique ». 

Ils s’obstinent aussi farouchement que les « dévots » de Heidegger (dans leur refus de la pertinence de « l’histoire » politique de l’Europe) à ne pas reconnaître le fait que ce furent les intolérantes identités, « métaphysiques » et « occidentales », de leurs « idoles » (et particulièrement celle de la plus adulée d’entre elles, « l’homme » ) qui ont servit de justifications « métaphysiques » des crimes commis par différents régimes totalitaires « contre l’humanité ». Face à la recrudescence en Europe (et ailleurs) d’une volonté de l’extermination de « l’autre » dont le massacre de ebrenica en 1995  représente l’expression la plus macacbre, n’est on  pas en droit de se demander si la simple « humanité » de « l’homme » peut-elle constituer, « vraiment », l’horizon d’un « idéal » éthique assez élevé pour encourager son « perfectionnement » ? Un « perfectionnement » qui puisse conjurer le retour des monstres engendrés par le sanglant passé colonial de « l’homme » européen ?

L’Europe contemporaine doit-t-elle « vraiment » se contenter d’une simple revalorisation de « l’humanité » de « l’ homme » ? « L’homme » dont il faut souligner que la définition présuppose, depuis toujours et malgré la « mondialisation » progressive du concept , « l’exclusion » de ce qui lui est hétérogène et « étranger » ? Que « l’étranger » en question soit « l’animal », le « tzigane » ou « le juif » ne change rien à la logique de son « exclusion ». Comme Adorno l’a bien mis en relief, le « nazisme » fut avant tout le « principe » de « l’exclusion » névrotique et meurtrière de ce qu’une certaine « identité » considéra comme « non-identique » au sens métaphysique et, par conséquent, culturel, ethnique et « racial » du terme. Et c’est pourquoi nulle analyse « responsable » de la « tragédie » de l’histoire européenne du XXème siècle ne peut se contenter de « penser »  la variante « nazie » de cette « exclusion » comme un simple récit historique d’événements politiques occasionnés par l’abandon des « valeurs humanistes et démocratiques de l’Europe ».

Il faut qu‘elle reconnaisse, au-delà de « l’explication » positiviste d’une propagande « nazie »- laquelle s’est même servi des imprécations d’un penseur aussi « humaniste » que Victor Hugo dans sa dénonciation de «l’ influence anglaise » en « Europe »- que le « nazisme » fut, avant tout, une conception maladive de « l’identité » de l’Europe.

Une conception dont les éléments constitutifs prédatent son émergence en tant que phénomène historique en Allemagne et ont bien survécu à sa disparition politique. Aujourd’hui, qui veut sérieusement « penser » la «vérité » du « nazisme » devra aussi pouvoir traiter la question de « l’identité » de l’Europe, autrement dit, de ce qui distingue « l’être européen » de ce que les « nazis » considéraient comme son inacceptable « autre judéo-asiatique ».

Une analyse lucide des crimes nazis devra tenir compte du fait que leurs auteurs avaient une conception de « l ‘être européen »  (et de « l’Être » tout court) qui radicalement exclut les minorités et les peuples qu’ils persécutèrent avec une systématicité « scientifique » inouïe. Adorno n’exagère en rien lorsqu’il affirme que la logique « identitaire » qui sous-tend la métaphysique « occidentale » est la même dont l’application rigoureuse résulta en la construction des « camps de mort ».

Et on n’est pas obligé d’être « heideggérien » ou « anti-heideggérien » afin de reconnaître cette « vérité » à la fois « historique » et « ontologique ». Après Auschwitz, Adorno l’a encore une fois très bien précisé, toute pensée et toute action n’a qu’un seul « devoir », celui de se « concevoir » de telle manière qu’elle puisse empêcher sa répétition [6]. Ceci est le destin historique même, Adorno le souligne avec ironie, de la célèbre « impérative catégorique » de Kant.

 Mais, contrairement à une critique philosophique de Heidegger comme celle d’Adorno, les imprécations des détracteurs français de Heidegger ne nous laissent pas « penser » le « fond nazi et raciste » qu’ils croient avoir découvert chez lui car elles révèlent un mépris philistin pour toute analyse « ontologique » des écrits de Heidegger. Lesquelles constituent les fruits intellectuels les plus célèbres de « l’histoire » d’une Europe déchirée et traumatisée par la boucherie de la Grande Guerre. Une Europe qui chercha, désespérément, le sens de son « destin historique » dans l’interrogation de ses «origines » culturelles et intellectuelles.

Une Europe dont l’esprit fut profondément contaminé par le « racisme »  et dont les nations les plus « civilisées » et « humanistes » furent toutes fascinées par la perspective de l’accroissement de la puissance « nationale » offerte par la conquête violente des « colonies ». Autrement dit, des véritables laboratoires d’expérimentations dans le domaine de l’utilisation massive de la force brute contre des populations entières dont le « nazisme » s’est incontestablement inspiré. C’est pourquoi, une fois analysée à la lumière de la tragédie européenne du XXème siècle, la stigmatisation des écrits de Heidegger en tant que les « principaux conduits » de la diffusion intellectuelle du « racisme » en Europe s’avère être une manière bien réductionniste de contourner l’examen patient de la particularité conceptuelle de l’usage, scandaleux, que fit le penseur allemand des notions aussi répandues en Europe de son époque que celle de la « race ». Un usage dont la récurrence (entre 1933 et 1945) dans les écrits de Heidegger ne peut pas ne pas être comprise dans le contexte de ce que l’on pourrait désigner, suivant la célèbre formule de Camus, « l’histoire corrompue » de « l’humanité » européenne.

Une « humanité européenne et authentique » dont le penseur le plus « démocratique » et allergique à toute « mythologie », c’est-à-dire, Max Weber exclut les « nègres du Sénégal » en 1914 et bien avant l’adhésion du Heidegger au « nazisme ».

En effet, cette « histoire » reste encore à méditer et elle est indissociable de celle de la pensée de Heidegger dans la mesure où elle nous présente un tableau conceptuel bien complexe des « métamorphoses idéo-logiques » des certitudes culturelles d’une Europe coloniale déchirée par les grands conflits internationaux de la première moitié du XXème siècle. Des certitudes « eurocentriques » qui furent fondées sur une antique « tradition » (« Überlieferung ») de spéculation philosophique en Europe que Heidegger appelle « la métaphysique occidentale ». A cet égard, il faut aussi souligner que ce qui rend une « décision » philosophique- comme celle qui inspira le soutien que Heidegger accorda au régime nazi entre 1933 et 1945- « vraiment » impardonnable est justement sa perpétuation « ontologique » du vulgaire aveuglement du médiocre « petit européen »  colonialiste à la  « tragique contingence » de l’histoire de l’Europe.

Une histoire dont on ne pourrait jamais comprendre la « corruption métaphysique » par un colonialisme raciste et « eurocentrique » sans en reconnaître la dimension proprement « ontologique ». Une histoire dont les implications sont d’un ordre désormais planétaire et qui est toujours celle de l’irréversible déclin des fondations « ontologiques » classiques de ce que Edmund Husserl appelle (en 1938) « la science européenne ». Aujourd’hui, la « sauvegarde » universelle de son sens « tragique » ainsi que l’appropriation créative de ses ressources « métaphysiques » à travers une nouvelle « pensée-poésie » comme celle d’un Paul Celan constituent la tâche la plus urgente de la pensée contemporaine. Une tâche à laquelle l’analyse équilibrée (à la fois « ontologique » et « historique » ) du « nazisme » de Heidegger aura été indispensable en France et ailleurs dans la tourmente du monde à venir.

Notes

(1) « Cour sur la Critique de la Raison Pure de Kant », Hiver 1927-8

(2) Dominique Janicaud, “Heidegger en France”,  Albin Michel, 2001, Vol.1

(3) Martin Heidegger,  Achèvement de la Métaphysique et Poésie, Gallimard,

(4) Il est bien connu que le vocabulaire philosophique de Heidegger influença des acteurs aussi divers de la culture allemande de cette époque que les artistes des cabarets berlinois et les auteurs des chansons populaires. Voir aussi l’étude importante et instructive de Peter Gay, Weimar Culture: The Insider as Outsider , Greenwood Press, CIT, 1968.

(5) L'étude instructive de Hans Sluga, « Heidegger’s Crisis: Philosophy and Politics in Nazi Germany »,

(6) T.W. Adorno, Negativ Dialektik, Surkamp, Frankfurt, 2003.

Pour citer cet article

Référence électronique

Simon F. O’Liai, « Entre l’Ontologie et l’Histoire : », Le Portique, e-portique 5 - 2007, Recherches, [En ligne], mis en ligne le 8 décembre 2007. URL : http://leportique.revues.org/document1389.html. Consulté le 27 janvier 2008.

Auteur

Simon F. O’Liai

Simon Farid O’Liai (O’Li) est philosophe et chercheur indépen­dant en histoire comparée. Il a organisé de nombreuses manifes­tations philosophiques dont le colloque international Heideg­ger et l’Avenir de la philosophie en Occident et en Orient  en novembre 2005 à Téhéran et la table ronde internationale con­sacrée à « l’Impact du Dialogue Culturel entre l’Occident et l’Orient sur l’Enseignement de la Philosophie » en novembre 2004 à l’UNESCO à Paris. Il a notamment publié Dionysus and The Historical Destiny of Thought (2005), le dossier anniversaire Nietzsche Philosophe du xxie siècle avec la revue Cultures en mouvement (2001). Il a dirigé le numéro 18 du Portique (Heidegger. La pensée à l'heure de la mondialisation, 2006).

Source : Le Portique

 


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1 février 2008 5 01 /02 /février /2008 19:23

Le matérialisme est une ontologie qui n’a besoin ni d’un dieu créateur pour se définir, ni de se penser comme le centre ou la finalité de l’univers. En ce sens le matérialisme est une position qui demande à la fois un courage certain et une grande humilité.

Site : www.jean-paul-baquiast.fr

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30 janvier 2008 3 30 /01 /janvier /2008 20:23
Une des plus belles compensations de la vie
est qu'on ne peut pas essayer d'aider réellement
quelqu'un sans s'aider soi-même.

Ralph Waldo Emerson
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30 janvier 2008 3 30 /01 /janvier /2008 16:06
 Bonjour ,
 
 Je vous propose un texte intéressant qui est une critique intelligente du cinéma .
 C 'est un texte court en format PDF (cliquer sur l'image "La mort dans l'oeil ")
 
 L'autre image donne accès à 2 courtes videos d'entretiens avec Stephane Zagdanski :une réflexion sur la notion de transgression  trés stimulante pour la réflexion , et un développement   sur le rapport entre les films pornographiques et les banques de spermes vaut qui son pesant d' or !
 
Bien à vous,
Dominique .
 
 
 à propos de La mort dans l'œil"
      André Breton                                                         

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26 janvier 2008 6 26 /01 /janvier /2008 00:43
Le Fantastique belge au féminin

Le fantastique, un univers masculin ? Certains pourraient le penser en remarquant les avancées timides de quelques auteurs féminins. Timides mais combien talentueuses. Dans le monde belge du fantastique rares ont été les œuvres émanant de la gent féminine. Pourtant, nous croyons que deux noms (parmi d'autres) ont le mérite de retenir notre attention : Monique Watteau et Anne Richter.

La première est née en 1929 à Liège. Après des études classiques, elle se lance dans le théâtre, le dessin, le cinéma... En 1954, elle publie son premier livre, La colère végétale qui sera suivi de trois autres romans empli du même mystère : La nuit aux yeux de bête (1956), L'Ange à fourrure (1962) et Je suis le ténébreux (1962).

La nuit aux yeux de bête, empreint d'un certain érotisme, rapporte l'histoire d'une métamorphose animale. Je suis le ténébreux, quant à lui, s'inscrit dans un univers plus scientifique, où se mêlent recherche de l'amour et beauté plastique.

Avant de s'attacher plus particulièrement en ses pages à la présentation des deux autres romans de Monique Watteau, il est intéressant de souligner d'où vraisemblablement son imaginaire bien circonscrit trouve sa source. Il est indéniable en effet que le fait d'avoir épousé l'anthropologue Bernard Heuvelmans, bien connu pour ses étranges travaux, a exercé une très forte influence sur les œuvres de Watteau. Ses voyages en compagnie de son mari en Malaisie, les connaissances de la faune et de la flore de pays aussi éloignés, les légendes relatives aux animaux mythiques... Une véritable corne d'abondance pour sujets fantastiques !

Ainsi, pour prendre l'exemple de L'Ange à fourrure, c'est la récurrence de la présence d'un animal mythique dans les légendes des indigènes de Sumatra que remarque Bernard Heuvelmans. C'est ce même animal qui s'inscrira en héros dans le roman de Monique Watteau. "Le Singe-Soleil, c'était du feu. Un grand feu rouge, et qui marchait. En même temps c'était un singe, et en même temps un dieu" révèlent les indiens Motilone au groupe de scientifiques venus à la rencontre de cette légende vivante. Mais une relation toute particulière va vite s'établir entre l'animal et Amanda après que ce dernier l'ait guérie de sa gangrène. Que se soit l'animal qui par sa science guérisse l'homme nous montre combien l'auteur défend l'idée que l'homme n'est peut-être pas l'aboutissement de la création. Il n'en est qu'un des développements. La gentillesse, la douceur, la paix de dieu-singe mis face à la brutalité et à l'imbécillité humaines nous arrêtent dans notre supériorité face à l'animal. La première apparition du singe confirme cette idée de supériorité divine : "C'était, dans l'or pâle des torches électriques, une éblouissante apparition d'un roux incroyable, allant du cuivre jaune au rouge, en passant à l'acajou presque violacé pour atteindre de grandes mains et de grands pieds sombres. Dressé sur de hautes jambes, aussi grand qu'un homme, le singe tournait vers eux un masque d'ébène saisissant. Ses traits purs, à la fois vigoureux et délicats se dessinaient avec précision sur son visage admirablement modèle. Il avait la noblesse d'un masque de pharaon".

L'Ange à fourrure, c'est finalement un imaginaire où s'enlacent l'amour et la mort. Les deux entités symboliques finissent par se rejoindre pour définir une vision du Paradis, de cet endroit originel et final, éternel : "La mort qui est parfait équilibre, bonheur enfin immobile, nirvâna. La mort sans qui la douleur serait à jamais irréparable, la mort qui est la pitié et la tendresse, et l'enveloppante caresse de la terre".


C'est encore le même genre d'approche de l'amour et de la mort qui semble au centre de La Colère végétale, véritable chef-d'œuvre de la littérature fantastique. Une œuvre grandiose de par cette atmosphère étrange presque dérangeante qui se dégage du livre. L'histoire peut se résumer à celle d'une jeune fille qui découvre l'amour humain et qui s'arrache à celui que lui donnait la végétation qui l'avait "recueillie". De Malaisie, la voilà emporte par son amant vers la France où elle subira la haine d'une toute autre végétation. Entre Amour et révolte de la Terre, ce roman passe bien au-dessus d'une simple histoire d'objets inanimés s'animant (les plantes) pour nous entraîner vers des secrets bien plus effrayants. Ainsi, le passage de la découverte d'un spectacle époustouflant dans la cave de la demeure où l'héroïne et son amant se sont installés : "Car il n'y avait rien de solide dans cet espace coloré. Rien que des lumières en forme de branches, des taches lumineuses comme les poissons des mers chaudes, en forme de feuilles frissonnantes, des soleils en matière de fleur. Des idées de plantes. Tout cela était animé d'une vie extrêmement précipitée, papillonnait, bougeait, s'éteignait ici, se rallumait plus loin...Et au milieu de cet univers en gestation, trois jeunes hommes se tenaient immobiles, et me regardaient". Vision superbement décrite d'une forme de genèse du monde. Trois dieux plantés au milieu de leurs idées, entre création et chaos. Les personnages du roman sont énigmatiques, l'histoire intrigante et le dénouement, fatal.

Le fantastique de Watteau n'est comparable à aucun autre, de par ses sources d'inspiration, mais également de par son positionnement qu'on pourrait presque qualifier de politique. Les messages qu'elle nous fait passer au travers de ses oeuvres posent les questions du rapport de l'homme avec la nature, de ce que l'homme prétend lui être supérieur, de l'élément destructeur qui semble être propre au prédateur humain. Le style de l'auteur est clair alors que les idées qui transcendent les récits nous apparaissent brumeuses, s'insinuant en nous et emportant nos réflexions. Notre regard sur l'animal ou le végétal s'en ressort changé, méfiant de même qu'attiré. Les livres de Monique Watteau, parfumés d'érotisme et d'exotisme, nous apportent ce que nous recherchons dans le genre fantastique : une exploration de notre être, de notre moi profond et de nos rapports avec l'univers qui nous entoure.

Anne Richter est surtout connue pour sa magnifique étude du fantastique féminin (Elle y décrit d'ailleurs fort bien l'œuvre de Monique Watteau). Passant en revue les principaux auteurs féminins, l'étude s'attache également à la vision, que les auteurs masculins ont, des héroïnes fantastiques.

Mais ce qui nous intéresse ici, ce sont bien plutôt les deux recueils de nouvelles écrits par Anne Richter. La Fourmi a fait le coup (1955), fut écrit alors qu'elle n'avait que quinze ans (elle est née en 1939, à Bruxelles). Elle écrit évidemment sous son nom de jeune fille, Anne Bodart. Les histoires qui sont rassemblées dans ce premier recueil ne sont pas à proprement parler fantastiques. Elles s'apparentes plutôt à des contes. Histoires où les animaux doué de parole s'opposent en leurs propres lois, vivent des aventures qui sont autant de satyres du monde des hommes... Le deuxième recueil, écrit en 1967 s'inscrit lui totalement dans l'univers fantastique. Les Locataires, rassemble une quantité de textes de bonne qualité contant des histoires de fantômes, de malédiction familiale, de dédoublement et autres aventures étranges. L'un des récits rejoint quelque part Monique Watteau dans son thème. Il s'agit de "Un sommeil de plante", l'histoire d'une femme qui par son propre désir (ou destin ?), se transformera en plante. "Voici comment elle procéda : elle prit un vaste pot de grès, un grand sac d'humus. Elle entra dans la vasque, recouvrit ses jambes d'un manteau de terre. Elle disparut jusqu'aux hanches. Comme elle était bien maintenant ! Jamais elle n'avait éprouvé une telle jouissance. Elle avait retrouvé son élément". Si le thème du végétal se retrouve, la profondeur du récit est toute autre. Anne Richter ne cherche pas à nous démontrer une quelconque supériorité végétale ou une adversité homme/nature comme chez Monique Watteau. Non, c'est bien plutôt une histoire étonnante non dénuée d'un certain charme et d'une certaine dose d'humour que nous confie l'auteur. Et c'est à peu près le même ton qui traverse les autres nouvelles présentées dans ce recueil. Une lecture agréable, qui fait sourire plus que réfléchir et où l'étrange s'inscrit dans l'anodin et le particulier. Alors que Watteau cherche une universalité au phénomène étrange révélé, du moins dans les questions que ces textes entraînent.

Monique Watteau et Anne Richter : deux femmes belges, deux genres distincts de fantastique, deux auteurs à découvrir ou redécouvrir avec délice.

Christophe Van De Ponseele - 04/2000

 
 
 
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24 janvier 2008 4 24 /01 /janvier /2008 11:38
Ce que penser veut dire

par François Busnel
Lire, mai 2004

 Lucien Jerphagnon, historien et philosophe, renouvelle notre vision de la pensée médiévale. Rencontre avec un érudit joyeux et libre.

Il a lu cinquante-deux fois Le Nom de la rose et souligne à plaisir l'actualité du Moyen Age en citant la page 482 du grand roman médiéval d'Umberto Eco, «lorsque Guillaume de Baskerville lance au vénérable Jorge: "Vous êtes le diable, c'est-à-dire la vérité qui n'est jamais effleurée par le doute"». Lucien Jerphagnon, 82 ans, dont vingt-cinq passés à l'Université, est l'un des derniers représentants d'une catégorie de philosophes en voie de disparition: ces authentiques penseurs qui sacrifièrent une œuvre personnelle au profit d'un dessein collectif, l'enseignement.

«Un philosophe qui ne s'implique pas dans l'histoire ne respire
que des concepts»

 

L'aventure débute en août 1939. Le jeune Lucien se porte alors volontaire pour se battre contre l'Allemagne. «On m'a répondu que l'armée française n'avait pas besoin de moi car elle était bien supérieure à l'armée allemande... neuf mois plus tard, il n'en restait rien.» Il n'aura guère le temps d'étudier ses «chers Grecs»: en 1943, il est dénoncé comme réfractaire au STO et déporté vers un camp de représailles, du côté de Hanovre. Il y passera deux ans. Tente-t-il de s'évader? «Mon cousin, lui, s'est évadé... on a fusillé son père. Dans ce camp, il n'y eut aucune tentative réussie: tous ceux qui essayèrent furent retrouvés et ramenés, amaigris de dix ou quinze kilos, les visages tuméfiés.» Parce qu'il parle allemand («Merci Hegel», lâche-t-il aujourd'hui), il devient chauffeur de camion et transporte dans tout le pays des produits toxiques destinés à la fabrication d'armes. Lorsqu'il est libéré, par la Deuxième Armée de Montgomery, il n'est plus qu'un spectre. «J'ai connu l'esclavage, l'homme à l'état sauvage, commente-t-il en serrant la mâchoire. Pour moi, ce n'est pas une gloire mais une honte. Je ne le cache pas.» Il ne le cache pas, certes, mais il n'en parle pas, préférant évoquer ceux qui, à son retour en France, lui donnèrent le goût de penser. Deux maîtres: Jean Orcibal, pour l'histoire, et Vladimir Jankélévitch, en philosophie. Puis une chaire, à l'université de Besançon, et à Caen. Là, il formera plusieurs générations d'étudiants. Michel Onfray, qui fut son élève, témoigne: «La salle 509 de l'université de Caen était un endroit où l'on pouvait venir en toge et s'asseoir pour écouter le maître: ses cours étaient un happening permanent et génial où les improvisations les plus fulgurantes précédaient les commentaires d'actualité les plus subtils. Lucrèce et Plotin devenaient nos contemporains.»

Lucien Jerphagnon est un érudit joyeux. Et libre. A l'époque où l'Université suit les modes (l'existentialisme, la phénoménologie, le structuralisme), il ne s'inféode à aucun dogme, à aucune vérité. «J'ai très vite senti, avant de le comprendre, que la vérité est plurielle: je fais donc mon marché parmi les philosophes, piochant chez les sceptiques, les stoïciens, les épicuriens, Plotin ou saint Augustin, ce qui m'intéresse et peut m'aider à comprendre le monde ancien comme le monde actuel.» Tout est dit: Jerphagnon est l'un des plus brillants historiens de la philosophie. On lui doit, entre autres, l'édition complète des œuvres de saint Augustin en Pléiade (douze années de traduction et de commentaires) mais aussi une Histoire de la pensée, introuvable, et que les éditions Tallandier ont l'excellente idée de rééditer après que son auteur l'a entièrement revue. «Et il y avait du travail!» tient-il à préciser.

«Un livre n'est pas une pierre tombale», explique Lucien Jerphagnon. Voilà pourquoi, quinze ans plus tard, il a remanié son texte, modernisant les expressions, intégrant les récents travaux de Robert Turcan sur le monde romain et de Jacques Le Goff sur le Moyen Age, mais aussi les dernières trouvailles archéologiques: «Tout cela modifie considérablement le regard que nous pouvons porter sur la pensée, de la fin de l'Antiquité à l'époque médiévale. Il faut être à l'heure aujourd'hui pour mieux comprendre ce qui s'est passé hier.» Un subtil alliage qui permet de rendre vivantes des philosophies vieilles de plusieurs centaines d'années. Mais il y a autre chose: Jerphagnon insiste sur la dimension religieuse de l'histoire de la philosophie. Une dimension qui ne cesse de croître dans son œuvre et culmine dans son dernier ouvrage (Les dieux ne sont jamais loin, superbe essai sur les mythes paru l'an dernier chez Desclée de Brouwer) et permet de montrer, avec un bonheur rarement égalé, ce que fut le contact progressif du monde gréco-romain avec les dieux, comment le rationnel coexista avec le mythico-religieux, ce que signifia le sentiment de mystère et de quelle manière les mots, peu à peu, congédièrent les dieux.

«Il n'y a de monde qu'avec des visions du monde»

 

«Je veux regarder penser les autres, lance jovialement Lucien Jerphagnon. Savoir pourquoi ils ont dit telle ou telle chose à un moment précis de l'histoire. C'est qu'il n'y a pas de monde avant les regards que l'on porte sur lui: il n'y a de monde qu'avec des visions du monde.» Ce sont ces visions du monde que Jerphagnon décrit, dans un style allègre, des mythographes préhelléniques aux philosophes de l'Académie, du Lycée, du Portique ou du Jardin - sans oublier les cyrénaïques, les cyniques. Et Jerphagnon d'ajouter, un sourire malicieux aux lèvres: «Un philosophe doit être historien et un historien doit être philosophe. Oui, je le dis et le redis, un philosophe qui ne s'implique pas dans l'histoire ne respire que des concepts, c'est-à-dire des signes de signes...».

Cette histoire de la pensée est la plus vivante, la plus jubilatoire, la plus essentielle que l'on puisse imaginer. La vitalité intellectuelle de la pensée médiévale, notamment, apparaît ici dans toute sa force. Jerphagnon insiste sur les ruptures: avec lui, on découvre à quel point les philosophes qui succédèrent à saint Augustin (le fondateur d'une philosophie médiévale marquée par la conversion - provisoire - de la pensée au christianisme) croyaient à la nouveauté. Le pseudo-Denys, Jean Scot Erigène, Abélard, Duns Scot... tous revivent ici et participent à cet incroyable bouillonnement de l'esprit qui agita cet âge que l'on dit moyen.

Avec ce livre, sans doute son maître ouvrage, Lucien Jerphagnon fait tomber le mur de mépris et de dérision qui fermait le Moyen Age. Il invite à penser par soi-même, en clarifiant plus qu'en conceptualisant. Cet amateur de bons mots et de plaisanteries érudites, qui pratique l'ironie socratique, le sarcasme et la joie, est le maître idéal. Celui que l'on rêve de donner à tous ceux qui découvrent, dès l'adolescence, ce que penser veut dire.

 

 
 
 
 
 

 
 
 

 
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