Phytospiritualité: Alan Watts, un esprit
éclectique
Dans le dernier numéro (n°57) de "Nouvelles Clés", Gilles Farcet nous présente un article sur Alan Watts (6 janvier 1915 – 16 novembre 1973), "un des papes
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Phytospiritualité: Alan Watts, un esprit
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Dans le dernier numéro (n°57) de "Nouvelles Clés", Gilles Farcet nous présente un article sur Alan Watts (6 janvier 1915 – 16 novembre 1973), "un des papes
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Ce qu’on cherchait vous attend, puis vous surprend. Rencontrer Peter Handke, c’est d’abord s’installer dans une absence, puis oublier d’être utile dans un monde qui vous reproche de ne pas l’être assez. «L’utile lui est étranger, dit Georges-Arthur Goldschmidt (1), qui fut trente ans son traducteur. Son écriture est celle de quelqu’un qui ne se sert pas du monde, mais y vit et le regarde, au sens fort.» On sonne et il apparaît en chemise blanche sur le perron de sa maison, un ancien pavillon de chasse ou de plaisir, sur deux étages, datant du XIXe siècle. Il a plu, tout est vert, quelques odeurs montent. La silhouette est élégante, presque fragile, très légèrement voûtée, saluant à peine ce qui l’entoure. Il a 65 ans et son mouvement évoque cette phrase dite à Peter Hamm dans un nouveau recueil d’entretiens, dont fut tiré un portrait pour Arte : «Laisser apparaître le temps dans ces catégories sensuelles m’a toujours fasciné.» Ce qui est sensuel, c’est ce qui est lent. Peter Handke séduit par manque de rapidité.
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«Sans frontières». Il dit dans ces entretiens : «C’est quand même, je crois, une condition aujourd’hui universelle de l’écrivain, s’il veut continuer à être auteur : être dans la distance et rester solitaire.» Dans cette distance et cette solitude affirmées, il y a l’innocence d’un œil, la puissance d’un auteur, la coquetterie et les meurtrissures d’un homme : celui qui a soutenu la Serbie et Slobodan Milosevic contre l’Europe. On le lui a beaucoup reproché. Certains l’ont jugé comme si son œuvre n’existait pas, puisqu’ils ne l’avaient pas lue. D’autres, comme Georges-Arhur Goldschmidt, semblent simplement peinés (1) : «Handke s’est trouvé pris dans une spirale dont il ne peut plus, et ne veut plus sortir. Le poétique se perd ainsi dans le politique.» La France est un pays plein de morale et l’un des grands écrivains de langue allemande y est soudain tombé dans un trou.
Peter Handke s’est perdu sur pas mal de routes. S’est-il perdu en Serbie ? Il sourit d’un sourire étrange, séducteur et raidi, puis répond : «Pour une fois, j’aimerais bien être politicien et proposer : nous, l’Europe, on ne va plus poser de conditions à personne. Plus de chantage. On ouvre les frontières sans conditions et ensuite, on verra. Dans cette Europe sans frontières, les Serbes, et en particulier ceux du Kosovo, et surtout les jeunes, pourraient sortir et voyager. Dans l’espace yougoslave, c’était possible.»
Son dernier livre publié en Allemagne, la Nuit moravienne, «projette dans dix ans ce fleuve yougoslave, la Morava». Belgrade est pour lui «la seule ville cosmopolite des Balkans : si on fortifie le sentiment d’être traité de manière injuste, on n’obtiendra rien de bon. Il n’y aura plus la guerre - ils sont complètement épuisés -, mais ce n’est pas une paix lumineuse». Il ne renonce à aucune de ses idées, et cela tombe bien, on n’est pas venu pour le lui demander. Songeant à une phrase des entretiens («A quoi ressemble le pays où mon genre de récit peut se situer et s’amplifier ?»), on demande plutôt :
«- Comment fait-on pour écrire sur des lieux qui n’existent pas ?
Peter Handke aime marcher, comme Rousseau : «Il avait besoin de marcher pour se purifier. Il était un peu voyou - prétendument voyou. Ma fille est en train de le lire, elle est révoltée par sa manière de frimer avec ses péchés. Mais marcher, avec lire, est la meilleure manière de se purifier. Avec la miséricorde. J’aime bien marcher là où on ne peut pas marcher, au bord des routes. Entrer dans les villes de très loin. Passer, comme en Espagne, du désert à la grande ville, c’est une expérience spirituelle d’aujourd’hui. Ou traverser une autoroute à pied. Ou se déplacer, comme en Serbie, là où personne ne marche jamais, sinon ceux qui ne peuvent plus faire autrement. Mais je marche moins, car j’ai l’impression de connaître : ce n’est pas une belle impression. Penser arrive par hasard, et il faut beaucoup marcher pour qu’une pensée s’installe.» Ceux qui connaissent marchent peu et ne pensent plus.
Quand il parle, Peter Handke a un ton discret, un sourire courtois et une délicatesse princière. Sa violence ne perce la toile qu’à certains moments, comme une tête d’épingle, un ou deux mots très crus, lorsqu’il évoque un écrivain qu’il n’aime pas ou un sujet comme la Yougoslavie. Il a soudain l’air d’un enfant fané dans sa propre rage. Puis la douceur revient et rabat ses plis sur la conversation.
Désert. Il vit à Chaville, dans les Hauts-de-Seine, depuis le printemps 1990. A la gauche d’une route montant vers la forêt, la maison apparaît au fond d’une arche d’arbres, derrière un vieux portail. Elle lui apparut comme une surprise. Peut-être a-t-il éprouvé quelque chose comme ce qu’il décrit dans Essai sur le juke-box : «Sur le paysage régnait en ce moment cette lumière sombre, claire, comme rayonnant d’en bas de la terre qui depuis toujours lui avait donné le cœur de se mettre sur-le-champ à l’écart pour écrire, écrire, écrire - sans objet ou pourquoi pas sur quelque chose comme un juke-box.» Mais, en ce moment, «je n’écris pas».
Dans la grande salle à vivre, il y a partout des lieux où écrire, où regarder : canapés, fauteuils, table, chacun à des hauteurs différentes, face à des fenêtres, des livres, des tableaux, comme différents nids d’inspiration. Dans l’un d’eux, il y a un tableau de Jacques d’Arthois, paysagiste bruxellois du XVIIe siècle : une famille de bergers au bord d’une rivière, en lisière d’une forêt. Tout annonce les feuillages flottant de Corot. «Le tableau m’a été offert par mon seul ami riche», dit l’écrivain. A gauche de l’entrée, un grand panneau de bois bleu venu d’un restaurant chinois représente des voyageurs en barque sur un lac, allant peut-être vers l’au-delà. Sur la table du repas, une carte géographique sert d’écritoire : elle représente le désert des Bardenas Reales, au sud de la Navarre. Non loin, il y a les Essais de Montaigne, qu’il relit, et le livre d’un soufi. Emploi du temps : «Le matin, je lis de l’arabe, mot à mot, et l’après-midi, des contemporains.» En ce moment, il lit A la recherche de John Ford, la biographie de Joseph McBride. La Courte Lettre pour un long adieu y est cité : le livre finissait par une visite imaginaire au cinéaste. Ford selon Handke dit : «Nous ne rêvons presque plus. Et, si oui, alors nous oublions. Nous parlons de tout, aussi ne reste-t-il rien pour les rêves.» Apparaître dans une biographie de John Ford est, dit-il, l’une de ses grandes fiertés. La seconde est d’avoir écrit les paroles d’une chanson de Van Morrison, Song of Being a Child. La dernière est d’être président de l’association allemande des mycologues.
(1) Un enfant aux cheveux gris, conversations avec François Dufay (CNRS éditions, 121 pp., 15 euros).
- Ecrire sur ce qui est, ce n’est pas mon métier. Je l’ai fait une fois, dans le Malheur indifférent, sur ma mère et son suicide. C’était une nécessité, mais, après, je me suis senti comme un faussaire.»
PATOCKA
Jan Patočka (1907-1977), était un philosophe tchèque.
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Il étudie la philologie slave, la romanistique et la philosophie à la Faculté des Lettres de l'Université Charles, puis, effectue plusieurs séjours d'études à Paris, à Berlin et à Fribourg, où il fait la connaissance d'Edmund Husserl, d'Eugen Fink et de Martin Heidegger.
La phénoménologie devient alors l'une des bases de sa philosophie. Il enseigne à la Faculté des Lettres jusqu'à la fermeture des universités tchèques (1939) et de nouveau en 1945-1949, avant d'être expulsé lors des purges de l'université. Il travaillera alors dans diverses institutions philosophiques plus ou moins marginales, avant de retourner à la Faculté, en 1968. Il en sera à nouveau expulsé en 1971. En 1977, il signe la Charte 77 et devient, avec Jiri Hájek et Vaclav Havel, l'un de ses premiers porte-paroles. S'en suit une persécution policière constante. Après un interrogatoire particulièrement difficile, Patocka doit être hospitalisé et meurt d'une hémorragie cérébrale le 13 mars 1977.
Selon les mots de Paul Ricoeur, Jan Patočka fut « littéralement mis à mort par le pouvoir ».
Enfin, il aboutit à une philosophie phénoménologique, concevant l'existence dans l'esprit de trois mouvements existentiels de base : le mouvement d'auto-ancrage (l'homme accepte la situation dans laquelle il se trouve, et est accepté en tant qu'homme par les autres), le mouvement du débarassement de soi par le prolongement - mouvement du travail, du gagne-pain (l'homme ne prête son attention qu'aux choses qui peuvent lui être utiles, qui « prolongent » ses possibilités, il considère les autres ainsi que soi-même comme un objet de bénéfice qu'il est possible de manipuler) et le mouvement de la découverte de soi (l'homme dépasse le monde de l'immédiatement donné et réussit à rapporter au monde en tant que tout, il refuse de vivre une vie de consommation anonyme, il est conscient de sa nature mortelle et de la responsabilité de sa propre vie qui le porte au « soin de l'âme » platonicien comme à la chose la plus importante qu'il doit s'efforcer de remplir.)
Découvrir Vaclav Havel (par Bernard Ginisty) [11/01/2005] |
Après la lecture des “Essais politiques” de Vaclav Havel, je voulais partager avec vous ces écrits majeurs, d’une lucidité incroyable non seulement sur ce qu’a vécu en son temps le
bloc soviétique, mais sur ce qui se joue au sein même de nos démocraties.
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