« Mémoïd 2008 »
Paris – France – 27, 28 et 29 juin 2008
Lieu :
EUROGROUP
Tour Vista - Le Bistrot 22e étage
52-54 quai de Dion Bouton
92806 PUTEAUX
Soirée d’ouverture - Vendredi 27 juin
Conférence publique à 17h45
Quelle sorte d’humanité après l'individu ?
Une discussion proposée par la Société Francophone de Mémétique
Avec les voix de Jean-Michel Besnier, Alain Cardon, Hervé Juvin et Luc Legay
Animé par Pascal Jouxtel
Nous sommes à peine entrés dans l’ère de l’individu, qu’il conviendrait peut-être déjà d’en sortir...
Nous vivons aujourd'hui une apparence de libre accès et de libre choix qui nous donne l'illusion de pouvoir être et faire toujours davantage, à notre guise. Nous prolongeons
notre intellect par des agents technologiques d'information. Nous accordons nos émotions et nos idées en partageant des clips comme du pollen. Alors entre la personne et le
réseau, la frontière disparaît. Le socio-net bloggeur fait de nous des clones égocentrés mais fonctionnant de plus en plus ensemble. L’individu ne nous suffit plus à représenter
l’humain.
Pendant ce temps, tout ce que nous croyons faire nous fait. Les outils nous utilisent. Les modèles franchisés se mondialisent à l'emporte-pièce, tandis que le marché pilote nos
sensibilités comme un synthétiseur d'émotions. L’action violente se déplace à la vitesse de l’argent et des idées, tandis que l’ambition citoyenne se ramène à la moralisation
des flux économiques et écologiques. Le monde devient trop complexe pour être appréhendé par un cerveau isolé. Il nous faudrait des « coachs » pour tout. Le sujet
dépossédé se rebelle pour ne pas devenir trop vite objet. En Asie les vies s’effacent par dizaines de milliers. Chez nous l’euthanasie progresse. Notre intuition à beau sonner
l'alerte, nos ego se rebiffer, à quoi bon tourner le dos à l'avenir ? L’individu ne nous suffit plus à être au monde.
Pour un méméticien, la société des hommes n'est guère plus qu'un terrain où poussent les créatures culturelles et les technologies. Du point de vue de ces phénomènes, afin de
bien cultiver le terrain, il faut le mailler étroitement, tout en préservant sa souplesse de reconfiguration permanente. Au minimum, chacun doit rester suffisamment conscient
pour assurer sa propre survie et maintenir sa connexion au réseau.
Par ailleurs, la mémétique questionne le libre-arbitre et décrypte l'origine même de notre notion d'individu responsable comme une nécessité co-adaptée avec la pratique des
contrats, ciment des sociétés dominantes. Elle n'existe pas partout et n'a pas toujours existé. Combien de temps s'imposera-t-elle ?
Pour l’instant, on n’a pas encore mis en évidence de « conscient collectif ». La singularité autonome n’allume les foules que dans la barbarie, rarement dans l’éveil.
On appelle aujourd’hui intelligence collective ce qui n’est encore qu’une capacité de résolution de problèmes inspirée des fourmis. Mais nous n’en sommes qu’au début d’un début…
La question que nous poserons à nos invités est la suivante :
« l'humain comme individu conscient sera-t-il prochainement dépassé et, si oui, comment l'humanité poursuivra-t-elle son aventure ? Evoluera-t-elle vers de multiples
existences parallèles, vers le soi collectif des hyperêtres, vers un homme artificiellement augmenté, concubin de la machine pensante ou vers un simple repli du sujet, laissant
les choses exister pour leur propre compte ? »
Messieurs, je vous donne la parole...
Ateliers du Samedi
10h00 à 12h30 : Concepts de Base de la Mémétique
Pour les novices et les moins novices, rien ne vaut un bon décrassage autour des définitions de base de quelques mots comme : mème, solution, instance, coperception,
terrain humain, etc. Le but de cet atelier est de préciser le cycle de vie des créatures culturelles, tordre le cou à certaines idées reçues, et mettre à niveau les esprits
curieux qui voudront ensuite participer plus à leur aise aux ateliers de l’après-midi.
Au passage, nous constatons qu’il est temps de refonder quelque peu la mémétique, dans la mesure où, malgré sa survie médiatique, elle n’est pas à ce jour portée par des travaux
de recherches en nombre suffisant. Au point ou nous en sommes, il n’y aurait rien à perdre à tailler un peu violemment dans le flou conceptuel transdisciplinaire où le mème des
mèmes se complait pour augmenter ses chances de survie.
C’est le travail auquel se livreront Pascal Jouxtel et Jean-Paul Baquiast, autour d’une nouvelle notion à explorer, celle d’organisme zootechnique.
Pour vous chauffer l’esprit, lisez ceci :
http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2008/88/zootechnocene.htm
14h00 à 15h45 : Mémétique et Enseignement
Préparé et animé par Christophe Jouxtel.
On entend là enseignement au sens très concret de l'école, prof, élève, tableau noir, etc. L’expression « tableau noir » en elle-même invite au décodage méméticien des
processus habituels de transmission du savoir.
Nous ouvrons donc ici un double questionnement, sur ce que la mémétique peut apporter aux enseignants et, réciproquement, sur le regard que pourraient porter les "sciences de la
pédagogie et de l'apprentissage" sur la pensée méméticienne. Le propos initial s’appuiera sur le domaine particulier de la pédagogie de l’art.
Le principe de l'atelier sera de poser une ou plusieurs questions (commande) à laquelle les participants devront formuler ensemble la meilleure réponse possible. Les résultats
seront ensuite publiés sur le site de la SFM.
16h00 à 18h00 : Mémétique et Transformation de la Société
Préparé et animé par Eric de Rochefort.
La "société" a toujours changé, la seule différence est aujourd'hui une question de vitesse, de volume et de rythme. L’essence du militantisme est de vouloir soit accélérer,
soit freiner ces changements. Pour un méméticien la question de l'engagement devient rapidement centrale.
Un méméticien étudie volontiers les mécanismes de l’adhésion massive; il sait pourquoi et comment le marketing de l‘éthique (par exemple, « Ethicable » est une marque déposée…) permet de faire réellement changer les habitudes de consommation, entraînant des
modifications progressives de l’appareil économique et des rapports de forces que celui-ci implique.
Du coup, cela le rend-il capable de conseiller, voire de créer des mutations plus rapides des comportements sur une échelle massive ? L’ingénierie culturelle est-elle
science émergente potentiellement utile malgré ses dangers ?
A contrario, la mémétique offre une capacité de décoder les manipulations de l’adhésion individuelle et collective dont nous sommes continuellement témoins. Cette capacité lui
vaut de trouver des adeptes dans les deux camps, celui des « libérateurs » et celui des « asservisseurs ». Sommes-nous devant une nouvelle et décisive étape
dans la course aux armements que se livrent les systèmes qui tentent de régir la vie des hommes ?
L'essence de la posture du méméticien lui impose-t-elle la plus stricte neutralité, le conduisant à exercer sa discipline de manière quasi-clandestine, ou au contraire lui
procure-t-elle les moyens d’un prosélytisme le plus actif et efficace possible, au service de ses propres engagements ? Pour finir, doit-il mettre en question ses propres
engagements ?
Ici encore, le principe de l'atelier sera de poser une ou plusieurs questions (commande) à laquelle les participants devront formuler ensemble la meilleure réponse possible. Les
résultats seront ensuite publiés sur le site de la SFM.
18h00 à 19h00 : Echanges et prolongations diverses
On ne saurait dire à quelles réflexions, communes et diverses, cette succession d’ateliers va nous conduire. Probablement à une meilleure approche partagée des concepts de base
de la mémétique, et aussi probablement à une interrogation d’ordre éthique sur la posture à laquelle sa pratique nous invite.
Il n’est pas dans notre coutume de réellement conclure, mais plutôt de laisser les liens se construire et les échos résonner…
à partir de 20h00 : Dîner de la SFM
Atelier du Dimanche 29
10h00 à 12h30 : Etat de l'art des simulateurs mémétiques
On reproche parfois aux méméticiens d’être avant tout des modélisateurs qui croient pouvoir plier le monde aux caprices de leurs modèles et de leurs concepts. On reproche
également à ces mêmes concepts d’être trop vagues.
C’est précisément le but des simulateurs mémétiques - des programmes qui modélisent la vie des solutions culturelles sur un terrain composé d’individus en relation mutuelles -
que d’être des « enclumes à battre les concepts ». C’est ainsi que depuis 4 ans, Memsim par exemple permet à quelques
méméticiens d’avancer régulièrement vers une approche stable du cycle de vie des créatures culturelles dans une espace de coperception.
Ce dimanche matin, comme chaque année, les experts se donnent rendez-vous pour montrer leurs résultats en cours, leurs maquettes en l’état et leurs idées en équilibre
précaire.
