samedi 6 août 2011 par Rédaction , Bureau du Tibet, Paris
Né le 6 juillet 1935 dans le petit village de Taktser [1] près de Koumboum [2] au nord-est du Tibet [3], Tenzin Gyatso est reconnu comme étant la réincarnation du précédent Dalaï Lama alors qu’il n’a
pas trois ans.
Il est considéré comme la manifestation terrestre de Tchenrézig, le bodhisattva de la compassion, comme l’ont été les incarnations de ses treize prédécesseurs (le premier, Gyalwa Guendune
Droup, est né en 1351).
A quatre ans, Tenzin Gyatso est intronisé à Lhassa, capitale du Tibet. A six ans, il est ordonné moine et reçoit une éducation de haut niveau qui le prépare à ses fonctions religieuses et à la
direction du pays.
"Dalaï" est un mot mongol signifiant océan et "Lama" l’équivalent tibétain du terme indien "Guru", qui désigne un maître spirituel. Accolés l’un à l’autre, les deux termes
sont souvent traduits librement par "Océan de sagesse". Mais "Dalaï Lama" est avant tout un titre. Celui de chef spirituel, en sa qualité de figure religieuse la plus éminente du monde
bouddhiste tibétain, et, jusqu’à l’entrée en vigueur d’une nouvelle Charte constitutionnelle survenue le 30 mai 2011 [4], de chef
temporel du Tibet, c’est à dire de chef de l’Etat.
En 1950, lors de l’invasion du Tibet par la Chine, le peuple tibétain réclame la remise exceptionnelle des pleins pouvoirs à Tenzin Gyatso, alors adolescent.
Très vite et malgré ses efforts, il comprend qu’une entente sera difficile mais refuse toute lutte armée. Les attaques des combattants de la liberté se multiplient pourtant, suivies d’une
répression sans pitié. Durant neuf années le jeune Dalaï Lama cherche une solution pacifique à la crise. Il séjournera même à Pékin, où il rencontrera Mao Zédong [5]. Mais la situation empire
progressivement.
En 1959, c’est dans un climat très tendu qu’il passe avec succès son doctorat d’études bouddhistes, recevant le titre le plus élevé qui soit, celui de guéshé lharampa. Les Chinois lui
tendent alors un piège en l’invitant à venir, sans escorte, à une représentation théâtrale. Craignant pour la vie de son chef, le peuple tibétain se regroupe autour de son palais d’été, le
Norbulingka.
Les Chinois préparant une attaque contre la foule et un bombardement de la ville, le Dalaï Lama doit se résigner à fuir, espérant éviter ainsi un massacre... qui eut lieu malgré
tout [6]. Le 17
mars 1959, à minuit, le Dalaï Lama quitte le Tibet. Le Pandit Nehru l’accueille chaleureusement en Inde et lui offre, ainsi qu’aux 80 000 Tibétains fuyant les persécutions, l’asile politique.
Aujourd’hui, lorsqu’il n’est pas en voyage pour dispenser des enseignements ou attirer l’attention du monde sur la question du Tibet, le Dalaï Lama réside à Dharamsala [7], petit village de l’Himalaya indien, où siège également l’administration centrale tibétaine en exil.
En décembre 1989, il reçoit le prix Nobel de la paix en hommage à son combat pacifique, reconnu et salué par la communauté internationale [8]. Loin d’être un utopiste, Sa Sainteté, qui connaît parfaitement les enjeux politiques et économiques internationaux, comme en témoigne son attitude réaliste et pragmatique, croit à l’édification d’un monde meilleur, plus paisible et plus humain.
Dans son message du 10 mars 2011, le Dalaï Lama a confirmé ce qu’il avait annoncé à maintes reprises dans
le passé, c’est-à-dire son souhait de transférer aux représentants élus tous les pouvoirs formels inscrits dans la Charte constitutionnelle promulguée le 14 juin 1991 qui régit le
fonctionnement de l’administration en exil. Lors de la séance bisannuelle de mars dernier, le Dalaï Lama a invité le Parlement à élaborer les amendements nécessaires afin de modifier la Charte
en ce sens. Malgré l’extrême réticence du Parlement [9], le Dalaï Lama a, pour le bien à long terme du peuple tibétain, persisté dans son
intention. Le Cabinet et le Parlement ont finalement accepté de constituer une commission spéciale chargée de proposer des amendements. En mai 2011, la 2ème Assemblée Générale représentant les
Tibétains en exil est convoquée à Dharamsala afin de débattre de ces réformes de portée historique [4]. Entre temps, la Commission a consulté des juristes et des constitutionnalistes et a présenté au Dalaï Lama
tous les amendements nécessaires. Suite à la séance extraordinaire du Parlement en exil du 29 mai 2011, une nouvelle Charte constitutionnelle a été adoptée et ratifiée, confirmant le transfert
des pouvoirs administratifs et politiques au Chef du gouvernement, au Parlement ainsi qu’à la Cour suprême de Justice.
En accord avec sa conviction profonde, Sa Sainteté le Dalaï Lama a rejeté la proposition de demeurer Chef d’État du Tibet, même à titre symbolique. Pour Sa Sainteté, la souveraineté réside dans
le peuple, lequel doit pouvoir choisir librement, par la voie démocratique, ses dirigeants. Ceux-ci assumeront leurs fonctions conformément au mandat confié par le peuple et aux règles
démocratiquement établies, et notamment la Charte constitutionnelle et les lois votées par le Parlement.
Dans son préambule, la nouvelle Charte rappelle l’histoire politique du Tibet et met notamment en exergue tous les efforts de démocratisation initiés par Sa Sainteté le 14ème Dalaï Lama.
L’article 1 de la nouvelle Charte précise que Sa Sainteté reste le protecteur et le symbole du Tibet ainsi que le garant de l’identité de son peuple. Ceci découle de l’histoire de la lignée des
Dalaï Lamas, qui cristallise au plus haut degré l’aspiration du peuple tibétain. De ce fait, Sa Sainteté continuera à être le porte-parole libre du peuple tibétain et assumera les
responsabilités de :
conseiller le Cabinet
(Kashag) et le Parlement sur les enjeux majeurs touchant le peuple tibétain : son bien-être général, la protection du patrimoine religieux et culturel et la résolution du problème du
Tibet ; Sa Sainteté le Dalaï Lama peut prodiguer des conseils de sa propre initiative chaque fois qu’il le juge nécessaire, ou à l’inverse lorsque le Cabinet et le Parlement le
sollicitent ;
poursuivre les rencontres
avec des dirigeants et des personnalités internationales. De même, tous les représentants et émissaires nommés par le Cabinet agiront en son nom.
Les 3 principaux engagements de Sa Sainteté le Dalaï Lama sont, par ordre de priorité :
Le premier engagement de Sa Sainteté est de promouvoir les valeurs humaines telles que la compassion, le pardon, la bienveillance, la tolérance ou bien encore la maîtrise de soi. Croyants ou athées, tous les êtres peuvent expérimenter la capacité de ces qualités à rendre leur vie plus heureuse. Sa Sainteté considère ces valeurs humaines comme une véritable éthique laïque.
Le second engagement de Sa Sainteté est de promouvoir une compréhension et une plus forte harmonie entre les traditions religieuses majeures du monde. Malgré des différences d’ordre philosophique, toutes disposent du même potentiel à élever les êtres humains. Il est donc important qu’elles se respectent les unes les autres en reconnaissant chacune leur valeur respective. Si, pour l’individu, il peut n’y avoir qu’une seule vérité et une seule religion, au sein d’une communauté libre, plusieurs vérités et religions doivent pouvoir coexister.
Enfin, Sa Sainteté est Tibétain et porte le titre de "Dalaï Lama". Le peuple tibétain s’en remet à lui. Son troisième engagement est donc d’œuvrer pour sa cause, au travers d’une politique mesurée et réaliste. A l’instar de chaque Tibétain, Sa Sainteté a la responsabilité d’agir en tant que porte-parole libre des Tibétains dans leur lutte pour la justice. Ce troisième engagement n’aura plus lieu d’être une fois qu’une solution bénéfique mutuelle aura été trouvée entre les Tibétains et les Chinois. Certes, avec l’entrée en vigueur de la nouvelle Charte constitutionnelle, l’ensemble de ses prérogatives ont été transférées aux représentants élus ; néanmoins eu égard à la légitimité historique et la portée symbolique de sa personne, il ne fait pas de doute que le Dalaï Lama actuel continuera à jouer un rôle jusqu’à la fin de sa vie.
Responsabilité
universelle : pour relever le défi aujourd’hui, nous devons développer un plus grand sentiment de responsabilité universelle. Chacun de nous doit travailler, non pas seulement
pour soi-même ou sa famille, ou sa nation, mais pour le bien-être de toute l’humanité. La responsabilité universelle est la clé de notre survie ; elle est le meilleur socle pour construire
la paix dans le monde.
Religion : ma religion est simple. Elle est celle de la générosité et de l’amour. Si vous pouvez aider les autres, faites-le. Mais si vous ne le pouvez pas, au
moins ne leur nuisez pas. C’est l’essence de toutes les traditions religieuses.
Tolérance : je crois qu’il vaut mieux qu’il y ait plusieurs religions et philosophies plutôt qu’une seule religion et une seule philosophie. C’est une nécessité
car nos dispositions mentales sont différentes. Chaque religion propose des idées et des techniques spécifiques. Les apprendre et les intégrer ne pourra qu’enrichir notre propre foi.
Environnement : prendre soin de notre planète, c’est comme prendre soin de notre propre maison. Puisque nous sommes issus de la nature, ne pas la respecter n’a
aucun sens. C’est pourquoi je dis que la question de l’environnement ne peut être comparée à la religion, l’éthique ou la morale. Ces dernières sont du "luxe" car nous pouvons survivre sans
elles. Par contre, nous ne survivrons pas si nous détruisons la nature.
Inde : nous, les réfugiés tibétains, sommes reconnaissants envers le peuple de l’Inde, non pas uniquement parce qu’il nous aide et nous a accueilli, mais surtout
parce que plusieurs générations de Tibétains ont reçu la lumière et la sagesse de ce pays. Sur le plan culturel, nous sommes fidèles aux traditions de l’Inde et conscients de notre appartenance
à ce pays.
Chine : Nous ne sommes pas anti-Chinois, et nous ne sommes même pas contre ses dirigeants car ils sont aussi nos frères et nos sœurs. S’ils avaient la liberté de
choisir, ils ne se seraient pas engagés dans une action destructrice car celle-ci porte atteinte à leur image. J’ai de la compassion pour eux aussi.
Références :
Films grand écran :
"Kundun", de Martin Scorcese (1997) basé sur l’autobiographie de Sa Sainteté le 14e Dalaï Lama
"7 ans au
Tibet", de Jean-Jacques Annaud (1997), retrace la vie de l’alpiniste autrichien Heinrich Harrer, qui a vécu de 1946 à 1951 au Tibet [10]. Le film
basé sur le livre de Heinrich Harrer "7 ans au Tibet", paru quelques années après son séjour au Tibet, est devenu best-seller à l’époque.
Titres :
"Mon pays et mon
peuple", Editions Olizane. Livre autobiographique du 14e Dalaï-Lama paru en 1964.
"Au Loin la
liberté", Editions Fayard. Livre autobiographique du 14e Dalaï Lama publié en 1990.
Site officiel du Dalaï
Lama : www.dalailama.com (English)
Site utile :
www.tibet.net (anglais, allemand, arabe, espagnol, russe, chinois et tibétain)
Site en français :
www.tibet-info.net
Adresse pour écrire
(il est recommandé d’écrire uniquement en anglais) :
Secretary
Office of H.H.the Dalai Lama
Mc Leod Ganj 176219
DHARAMSALA
District Kangra, H.P.
INDIA
Source : Bureau du Tibet, Paris, édition juillet 2011.
NB Les notes de bas de page et les liens, internes ou externes, ont été ajoutés par Tibet-info à des fins d’explication, d’illustration ou de compléments d’information et ne font pas partie du document d’origine du Bureau du Tibet.
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