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Ecosia : Le Moteur De Recherch

13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 09:47
Bonjour ,

Voici un bon article écrit par Nicolas Rouillot sur le pensée de Martin Heidegger . C'est un article qui me parait trés clair
à comprendre, ce qui est suffisamment rare sur les textes traitant de la pensée de Mr Heidegger pour que je me donne la peine de le signaler .

Bien amicalement,

Dominique Giraudet

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Heidegger ou la destruction de la métaphysiquelink

Le § 6 de Etre et temps s'intitule « La tâche d'une destruction de l'histoire de l'ontologie ». Il s'agit pour Martin Heidegger de présenter ce que doit impliquer une destruction (Destruktion) de l'histoire du discours sur l'être (c'est-à-dire de l'ontologie). En effet, dans la pensée grecque qui inaugure la naissance de la philosophie occidentale, la question de l'être des choses est la question fondamentale qui conditionne toute élaboration philosophique. Platon et Aristote cherchent à savoir « ce que sont les choses », c'est-à-dire à déterminer ce qu'est la vérité du monde et de nous-mêmes. Savoir ce que l'on est ainsi que se connaître soi-même font partie intégrante de ce questionnement l'être.

 

Cependant, Heidegger remarque que cette question a été trop souvent oubliée dans l'histoire de la philosophie. Les grandes philosophies modernes se déploient en effet sur un fond de concepts (Dieu, l'âme, le monde) où la question de l'être ne fait plus problème. La philosophie devient un simple discours sur l'étant des choses, c'est-à-dire un discours où l'être va de soi et ne pose plus problème. Pour cette raison, il dénonce la philosophie moderne comme une onto-théologie, un discours qui ne se pose plus la question de l'être, mais qui se referme dans une conception théologique de l'être, où l'être est posé de façon dogmatique comme objet.

 

La destruction est une tâche que doit se donner la pensée pour se défaire de la tradition des concepts de la philosophie (Dieu, l'âme, le monde), et ainsi revenir aux expériences originaires qui ont présidé à la constitution des concepts philosophiques, et notamment ceux de la philosophie grecque. Il s'agit donc de revenir à l'une des plus fondamentales questions de la philosophie, voire peut-être à la question qui donne son sens à toute recherche philosophique : « qu'est ce que l'être ? ».

 

La destruction entraîne une répétition sempiternelle de la question de l'être dans l'objectif d'approfondir l'être à partir du temps. Ce que fondamentalement Heidegger a compris, c'est que toute philosophie de l'être était solidaire d'une histoire et d'une temporalité. Dans la philosophie moderne, on a toujours cru possible de dire l'être indépendamment du moment historique dans lequel se déployaient les concepts. L'être était pensé sans le temps. Or Heidegger montre qu'il y a une histoire de la philosophie, et une détermination des concepts qui est non seulement propre à une époque mais aussi à une existence humaine, celle du philosophe. On ne peut donc plus faire comme si le philosophe révélait la vérité telle qu'elle est indépendamment du temps propre à l'existence humaine.

 

Ainsi de la même façon que Deleuze a montré qu'il y avait une géographie de la philosophie, on peut dire qu'Heidegger a montré qu'il existe une histoire de la philosophie. Ce constat incite à prendre en compte l'idée que nous informons l'être en fonction du temps et du lieu où l'on se trouve. D'où l'importance de continuer à se reposer la question de l'être à chaque époque.

 

Heidegger propose de repartir de ce constat pour élaborer une philosophie qui puisse prendre en compte cette dimension historique. Il nous invite ainsi à détruire la métaphysique telle qu'elle s'est bâtie, c'est-à-dire sur une conception de l'être qui nie la dimension temporelle de l'existence.

 

Cette destruction n'est cependant pas entièrement négative. La destruction heideggérienne ne laisse pas place à un champ de ruines. Heidegger détruit la philosophie pour répéter une question qui est importante en vue de reconstruire une philosophie prenant en compte l'existence historique de l'homme et son rapport problématique à l'être. C'est en ce sens que Derrida a proposé comme traduction du terme allemand Destruktion la déconstruction. La déconstruction heideggérienne a stimulé et stimule encore toute une réflexion philosophique qui se donne pour tâche de lire les textes d'une manière originale, en essayant d'opérer une actualisation des concepts en les insérant dans leur trajectoire historique.

Publié par Nicolas Rouillot à l'adresse 17:46

Libellés : histoire, temps, être

 

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