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Ecosia : Le Moteur De Recherch

28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 16:18
Le Tibet en exil  - Lien : link

Comme un mandala dans un jeu de domino

 Dharamsala, cité plantée à l'ouest des premiers frémissements de l'arc himalayen couronnant le nord de l'Inde, rassemble à elle seule toute la diversité de population et de culture qui composent ce vaste pays. Dans cette partie irisée du sous-continent asiatique les Indiens aux 3000 dieux et déesses, les Pundjabis sikhs, les Kashmiris musulmans au nord, les Radjastanis du sud vivent là depuis des siècles. 

 Vinrent un jour les Tibétains fuyant le pays aux 6000 gompas. 

  Le Tibet cette forteresse minérale si proche des cieux destinée tout naturellement à la spiritualité la plus profonde, s'écroula pourtant face à une armée et une idéologie sans états d'âme. Il y a plus de 50 ans, le Dalaï Lama quittait le Tibet après avoir tenté de résister à l'étreinte militaire et politique de la Chine qui en 1950 envahit cette nation réservée trop indépendante. Cela dans un silence ennuyé des U.S.A., de l'Angleterre, de la France, seules puissances ayant droit à la parole mais alors en pleine guerre froide. En accueillant le Dalaï Lama puis des milliers de réfugiés, l'Inde fut le seul pays à tendre la main au chef spirituel du Tibet et à son peuple cela sans verser dans les rodomontades du G3 de l‘époque. 

 Des premiers camps de cabanes et de tentes puis par la construction d'écoles, de dispensaires, de fermes collectives, de manufactures, les Tibétains se relevèrent de ce cataclysme, sans oublier les familles restées au pays et restant à l'écoute des terribles faits que leur transmettaient des derniers arrivants. 

 Depuis l'agression du Tibet par l'Armée Populaire de Libération à nos jours plus d’un million de Tibétains* furent massacrés ou périrent dans des camps de travaux forcés, en prison par mauvais traitements ou torture. L'armée chinoise puis les Gardes Rouges durant la Révolution Culturelle sont responsables de la destruction quasi-totale de temples, monastères, couvents, bibliothèques et de tout ce qu'ils contenaient. Or, pierres précieuses et trésors de guerre filèrent droit dans certains coffres ou musées de Pékin. 

  La Chine d'aujourd'hui, en instaurant la Fête de la Libération du Serf, aime à rappeler la société moyenâgeuse du Tibet avant son intervention armée, en s'efforçant d'oublier qu'elle-même vécut jusqu'au 20ème siècle sous le joug cruel d'empereurs, impératrices, seigneurs de guerre corrompus que seuls complots ou assassinats permettaient leur renouvellement. Avant la chute de la dernière dynastie Qing, l’Allemagne, la France entre autres pays, la Grande-Bretagne par l'introduction de l'opium puis le Japon par la force la colonisèrent. Mao remplaça ce lourd passé par une dictature à visages et usages multiples qui n'a pas fini d'impressionner le monde. 

  La société tibétaine ou théocratie pour certains, certes peu évoluée ne vivait pourtant pas au Moyen-âge quand les nations civilisées voire démocratiques qui, pour des histoires d'archiduc, de dictateurs fous se massacrèrent allègrement en l'espace d'une génération. Qui décida de l'utilité de ces deux guerres ? Sachant que la première conditionna la seconde et que des millions de ''serfs'' disparurent de la surface de la terre, sans même songer un instant à donner leur humble opinion.

 Ceci pour l'Histoire, ses répétitions, ses jugements et son utilisation.

*Ce chiffre selon les historiens et autorités du Tibet en exil.

 

UN TIBET LOINTAIN, TRES LOINTAIN

 Très haut et loin de ces horreurs, sous le seul pouvoir des divinités de la terre, de l'eau et du ciel, de leur création à leur destinée, de la montagne devenue sable ou poussière sillonnant ruisseaux et lacs sacrés, au moindre souffle de vent transportant toutes les interprétations de voix, prières, esprits, sortilèges, oiseaux rapaces, neige ou fumée, le Tibet nourrit de cet animisme originel teinté de shamanisme puis de bouddhisme venu d'Inde, vivait depuis des siècles dans une harmonie connue des seuls Tibétains. 

 Ainsi bergers, paysans, artisans, nonnes, moines, guérisseurs, responsables administratifs ou religieux jusqu'au Dalaï Lama, mêlant en symbiose travaux et prières, menaient une vie traditionnelle envoûtée par une nature rude et inhospitalière. 

 Ces images paraissent idylliques et lointaines, car le Tibet subit toujours l'écrasement de la Chine à la face des Agrégés es Démocratie qui ne désirent pas froisser l'extrême et réactive sensibilité du Grand Ami. 

 L'exploitation maximale de ses ressources naturelles (bois, pétrole, minerais rares) sans grandes considérations écologiques, (déforestation, pollution de la terre, de l'eau, montagnes éventrées), sa militarisation à outrance par casernes, terrains d'aviation, centres de recherche et d'essais implantés dans les parties désertiques, missiles balistiques intercontinentaux enterrés dans l'Himalaya, sans oublier la construction forcenée de camps, prisons ainsi que leur remplissage par des milliers de prisonniers politiques ou religieux, ne forment ici qu'une liste non exhaustive des maux les plus criants dont souffre actuellement cette nation jadis si pacifique dans son isolement. 

 Cela pour son présent. 

 Mais pire sera son avenir. 

 Déjà muet, déstructuré et désocialisé par une immigration organisée avec soin par les autorités de Beijing, le peuple tibétain inexorablement deviendra minoritaire et isolé en son propre sein. S'il ne l'est pas déjà... 

 Survivra-t-il à cette lente asphyxie puis à sa dilution programmée ?

 

 Ici à Dharamsala ou plus précisément à Mac Leod Ganj, ancienne villégiature des troupes coloniales anglaises où est installé le Dalaï Lama, son gouvernement et la plus grande communauté tibétaine en exil, ces questions vitales semblent issues d'un espace-temps kafkaïen quand on perçoit l'activité qui déborde de ses rues. 

 De ses autres habitants à l'exemple de sa circulation automobile on peut citer dans le désordre le plus complet, touristes, hippies, bouddhistes, routards, bikers, volontaires pour la cause tibétaine, adeptes de sectes hindouistes plus ou moins folkloriques, élèves de cours de massage ayervédiques, de yoga, de cuisine, d'arts divers, venus des quatre coins de la planète soit, en synthétisant les raisons, pour y trouver des réponses et/ou plus simplement se payer du bon temps. Cette multitude de nationalités en quittant Mac Leog Ganj rarement indemne, non sans s'être délestée de quelques devises, aura ainsi enrichit la mosaïque indo-tibétaine, du petit cireur de chaussures, porteur, chauffeur de taxi au boutiquier de souvenirs en passant par l'hôtelier ou le gargotier pour finir par le gourou de service.

 

 C'est la jeunesse tibétaine décomplexée avidement tournée vers les modes et nouvelles technologies, s'investissant fortement dans la vie sociale et culturelle qui semble supporter le mieux cet exil. 

 Une autre composante importante est formée par les religieux et c'est à travers elle que l'on perçoit les mutations les plus visibles. Au Tibet où les gompas (couvents, monastères) sont isolés, ici ces communautés sont concentrées et l'on peut voir ainsi moines et nonnes se promener MP3 à l'oreille, parler librement avec parents, amis ou par téléphone portable, fréquenter salons de thé et restaurants, semblant s'éloigner des rigueurs de la vie monacale ; les résidents de monastères ou nonneries isolés dans l’Himalaya n'ont pas cette insouciance. Cette nonchalance disparaît lorsque ceux-ci bravant la police et les arrestations manifestent de toute leur force-foi contre les violences et emprisonnements au Tibet ou pour commémorer les morts de la place Tien an Men à Pékin en 1989.

 Sans oublier les nonnes et moines qui s’immolent par le feu dans l’est tibétain. 

 

MANDALA ET THEORIE DES DOMINOS

 A presque 110 000 âmes, accrochée aux contreforts himalayens qui conviennent si bien à son développement tant spirituel que physique, la communauté tibétaine s'est unie avec l'Inde dans une symbiose pouvant servir d'universel exemple de respect et de tolérance ; ces deux mots ne formant pas ici une fin de déclaration lissée afin d’obtenir le vernis qu'il sied lors de sommets entre grands humanistes. 

 En 2009 l'Inde et le Tibet en exil ont fêté avec faste et enthousiasme le cinquantenaire de leur amitié mais celui-ci aurait pu se célébrer dans la plus parfaite quiétude si de sombres influences ne venaient ternir cet anniversaire.

 

 A l'ouest, provenant du Pakistan dont la frontière se trouve à moins de 100 km de Dharamsala, des incursions terroristes instillées par de nébuleux services secrets via des groupes islamistes encore plus vaporeux, influent sur le Penjab ainsi que le Jammu et Kashmir région la plus militarisée du monde, des tensions qui comme les attentats de Bombay en novembre 2008, semblent préfigurer de futurs plans de déstabilisation. 

 Outre sa paranoïa envers ses voisins accentuée par des relations versatiles avec les USA, en harcelant ses ex-amis talibans tout en les appuyant, le Pakistan subit d'inutiles attaques de missiles/drones américains, (un groupe, un chef taliban ou d'Al-Qaida éliminé est aussitôt remplacé), avec dommages collatéraux sur sa population poussée à l'exode et ressentant un profond anti-américanisme. 

 Au nord du Kashmir, la corne indienne de l'Himalaya offre toute son immensité et sa porosité àl'Afghanistan, qui malgré le désir de démocratie d'une partie de sa population avec l'aide inadaptée de l’Alliance (insuffisance/morcellement des forces engagées, stratégie parcellaire voire illusoire), tente de résister aux radicaux.

 Face au pessimisme des armées US et de l'OTAN, aux futurs retraits de celles-ci, aux négociations avec les talibans modérés en plus de douteuses élections présidentielles, les forces talibanes et claniques sont passées à l'offensive en 2003 et peu après au Pakistan, par des attaques-retraits et attentats-suicide. Ceci avant que le fruit pachtoune déjà mûr ne tombe entre leurs mains et ne retrouve son état originel.

 

 En arrière-plan de la scène afghane, l’Iran et son pouvoir théocratique, son rôle dans le terrorisme régional et international ainsi que le comportement névrotique d’un de ses dirigeants. 

 

 A l'est, dominateurs sur ce haut-plateau tibétain qu'ils ne quitteront jamais, les Chinois observent cet attirant triangle himalayen. Depuis son indépendance en 1947, la république indienne ne fut en guerre qu’une seule fois contre le régime de Pékin et à trois reprises contre ceux d'Islamabad, générant cette situation globale en suspend et des nations restées en dysharmonie qui désorientent plus d'un chef d'état, son aréopage de conseillers, analystes et chercheurs. 

 Cependant à trop regarder sous eux l’erreur dans laquelle les dirigeants chinois risquent de se fourvoyer, ne serait-ce que par orgueil nationaliste et de considérer les émeutes au Xinjiang et ses Ouïgours musulmans avec le même dédain que le peuple tibétain. 

 Autre interprète de cette mise en scène agitée, le Népal depuis peu démocratique mais instable (violences, grèves, expulsion de milliers de réfugiés bouthannais) et se rapprochant de la Chine sous l'influence du Parti Communiste au sein de son Assemblée constituante. Outre que cette enclave paradis du treckking, l'est aussi pour la totalité d'hommes, femmes et enfants qui continuent de s'évader du Tibet en bravant les unités de montagne chinoises et ses impitoyables tireurs d'élite.

 

STRATEGIE-CATASTROPHE 

 Pour clore ce charmant casting, est-il besoin de préciser que le Pakistan, l'Inde et la Chine ont dans leurs modestes stocks nucléaires tout le fourniment nécessaire à la destruction du voisin. Ces deux derniers étant en tête des pays importateurs d'armes, afin de fourbir leur armée respective de plus de deux millions d'hommes. 

 En rangs serrés. 

 Face à face. 

 Les attentats du 11 septembre 2001, suivis en octobre par la traque de l'entité terroriste en Afghanistan puis en 2003 avec de fausses « bonnes » raisons l'occupation de l'Irak, ont tétanisé l'Orient et l'Occident dans une défiance qui ne s'effacera qu'à très long terme. Propagée jusque dans le nord du continent indien, cette onde vengeresse s'est heurtée à ce que, face à son mur d'écrans animés via drones/satellites et par la quintessence des logiciels de modélisation, aucun stratège militaire ou du renseignement ne pouvait prévoir : une résistance. 

 Ces forces telluriques manquant à présent de puissance risquent d'être réactivées par l'un des multiples acteurs/figurants de ce sinistre film tarantinesque où le méchant c'est l'autre …ou le suivant. Egalement en fin de générique, dans un style emprunté les starlettes de la diplomatie dans les rôles de sparadrap sur du blindage composite uranium-verre-titane.    

 Confortablement installé devant un écran plasma planétaire, le Grand Jury flanqué d’escort-group en armement/aéronautique et d‘experts financiers, choisissant les scénarii prédictifs ou aléatoires mis à leur disposition en vue de leurs secrets intérêts.

 

DU SABLES ET DES PRIERES

 Minuscule, au centre de ce jeu politique et financier militaro-industriel en noir et blanc trône un mandala qui comme le peuple tibétain issu de l'Himalaya, semble représenter par ses couleurs labyrinthiques et sa sérénité, l'harmonie de notre humanité aussi riche que complexe dans ses différences, ses choix culturels et sociétaux. 

 Cette iconographie bouddhique élaboré de sables et de prières ainsi que par la voix d’un simple moine ne cessant de par le monde de professer la Paix et la résistance à toutes formes de violence, suffiront-elles à stopper ce jeu stérile menant droit au chaos obscurantiste ?

 

  Quand au Tibet...

    Aussi longtemps que persistera l'espace,   

   Aussi longtemps que persisteront les êtres vivants,   

   Que je puisse moi aussi demeurer   

   Pour dissiper la souffrance du monde

 

Prière concluant le discours du Dalaï Lama lors de la remise du Prix Nobel de la Paix à Oslo le 10 décembre 1989.

 

http://www.trekmag.com/modpub/modules/news/upload/dir_2/images/a7947e36c8dac2448816cb9c1d914dd0.jpg   Léopard du Tibet

 

 

Faune et flore au Tibet

La couverture végétale du plateau tibétain se limite à des mousses, des lichens et, dans les régions méridionales, des armoises et des carex. La région du Chamdo est recouverte par une savane buissonneuse ; en revanche, les versants et les massifs atteints par la mousson portent des forêts où dominent des essences comme le pin, le cèdre, le chêne. La végétation du Cangbo est plus riche, de même que celle des vallées orientales où coulent le Brahmapoutre, l’Indus et la Sutlej. Cyprès, peupliers, érables poussent dans ces vallées où l’on cultive également des arbres fruitiers comme les pommiers, les pêchers, les poiriers et les abricotiers. La faune du Tibet présente une grande diversité. On rencontre dans les zones montagneuses des chevrotains, des moutons, des chèvres et des ânes sauvages, des yacks et des antilopes. Il existe également d’autres grands mammifères comme des léopards, des tigres, différentes espèces d’ours, des loups, des renards et des singes.

"Tibet" © Ecrit par Emmanuel BUCHOT et Encarta
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