L'oeuvre de Rebeyrolle : entre effroi et fascination

Le musée des Beaux-Arts propose jusqu'au 12 juillet une exposition de vingt tableaux consacrée à l'oeuvre du peintre contemporain Paul Rebeyrolle. Visite guidée.
L'univers de Paul Rebeyrolle est déroutant, difficile à cerner. Sans cesse partagé entre la douleur du monde, crûment exposée dans les tableaux installés au musée des Beaux-Arts, et le plaisir de peindre. L'espace peint est oppressif, volontiers provoquant, quitte parfois à donner la nausée. Jean-Paul Sartre, auteur d'une oeuvre éponyme, en appréciait du reste l'augure. Paul Rebeyrolle est un artiste engagé (il fut membre du parti communiste à partir de 1953) qui n'hésite pas à dénoncer violemment sur la toile les dérives du monde contemporain (les excès du consumérisme dans Le flux monétaire, les méfaits des manipulations génétiques dans La carpe et le lapin...). Il refuse l'illusion pour s'appuyer sur le réel, donnant aux figures humaines une forte présence charnelle grâce à une matière picturale dévorante, faite de peinture à l'huile, de pigments encollés, de tissus, d'objets. Tous là pour dire la douleur du monde. Rebeyrolle n'en reste pas moins attaché au plaisir de peindre. Où peut-il donc le trouver en peignant des bêtes décapitées, un suicidé, des corps sans visage ou asexués ?
« L'énergie du peintre est évidente, explique la directrice du musée, Emmanuelle Delapierre. Son oeuvre est violente m ais on ne tombe jamais dans le répulsif. Pour Rebeyrolle, ancien champion de France de javelot, l'expérience de la vie est liée à un combat physique. » On aime ou on déteste mais on ne reste pas insensible. On en prend plein les yeux. Mais la nausée passe et on y prend goût. • SAMUEL PETIT
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« La peinture hors normes », au musée des Beaux-Arts. Ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 10 h à 18 h.

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