Philippe Plisson, député-maire, Bernard Bournazeau, Conseil régional et maire de Saint-Aubin et Allain Gandré maire de Reignac ont assisté, samedi après-midi à une conférence passionnante donnée par Anne-Marie Cocula, agrégée d'histoire et qui enseigne l'histoire des temps modernes à l'Université de Bordeaux 3 sur « Montaigne et ses fonctions municipales » dans le cadre de la Bourse des savoirs instituée par la Communauté des communes de l'estuaire.
Un sujet d'actualité puisque la légitimité du maire puise dans trois sources : l'histoire, le suffrage universel et l'apolitisme.
Deux textes clés
Pour bien comprendre le rôle de Montaigne, comme maire de Bordeaux, la conférencière s'est appuyée sur son oeuvre « Les Essais » pour expliquer le rôle de ce maire qui a été une référence et le plus célèbre des maires.
« Il faut lire deux textes : le chapitre premier du livre III des « Essais » écrit entre 1586 et 1588 où il relate son serment de maire qu'il a prononcé en 1581 : un engagement sacré vis-à-vis du peuple et de la religion, et le récit de son élection », expliquait le professeur.
Pour Montaigne, cette charge « n'a ni loyer, ni gain autre que l'honneur », et il sent être : « Sans mémoire, sans vigilance, sans expérience et sans vigueur, sans ambition... » Montaigne s'engagera à protéger les droits de la cité, à la fois parce qu'il admire les moeurs républicaines de l'Antiquité. Son attachement au catholicisme et sa compréhension de l'esprit calviniste l'éloignent du fanatisme, mais il a voulu aussi se rendre digne de l'exemple de son père qui a été aussi maire de Bordeaux.
Élu à son insu
Cette ville était à l'époque une ville rebelle et bannie, difficile à gouverner. Montaigne a été élu « à son insu » par Henry 3 parce qu'il est l'homme du rapprochement entre France et Navarre. La mairie a été pour Montaigne un poste d'observation idéal qui lui a permis de poursuivre son enquête sur la comédie sociale. Il inaugurera une ère de paix religieuse.
Il a fait clairement un choix politique conforme à ses enga- gements : pour la cité contre les clans et contre l'absolutisme royal, mais pour la légalité mo- narchique contre la Ligue (parti
catholique en Aquitaine), et c'est à lui que Bordeaux doit d'avoir échappé à la domination de celle-ci.
Auteur : Françoise Millot
