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Ecosia : Le Moteur De Recherch

1 août 2007 3 01 /08 /août /2007 18:33
Heidegger en procès: Ouvrir toutes ses archives

Sélection RELATIO. Dans un  « Point de vue » du Monde du 05/01/06, le philosophe Emmanuel Faye regrette que Heidegger soit au programme de l’agrégation de philosophie et demande l’ouverture des archives personnelles de l’auteur d’ « Etre et Temps », archives interdites en grande partie  d’accès jusqu’en 1926. Cela relance évidemment les controverses autour de Heidegger. Des controverses qui avaient été bien développées en 2004 au Parlement européen des philosophes de Strasbourg.

Le fait que Heidegger demeure ainsi à la mode, soit  considéré souvent comme « le plus grand philosophe du XX ième siècle »  et reste en partie très mystérieux  dans sa vie comme dans sa pensée pose problème en effet. Au cœur des controverses : la nature exacte des engagements du philosophe au nazisme. Nous en saurions beaucoup plus si la correspondance privée du philosophe  était accessible aux chercheurs.

Comme le pressentaient nombre d’auteurs (Victor Farias, Philippe Lacoue-Labarthe) le « maître à penser » n’a pas attendu Hitler au pouvoir pour adhérer à l’idéologie nationale-socialiste. Emmanuel  Faye avait déjà établi qu’il avait voté pour le Parti nazi dès 1932.Et une anthologie de lettres à son épouse Elfride viennent de noircir encore le  « dossier Heidegger ». Emmanuel Faye met notamment en relief :

* « la radicalité de l'antisémitisme et du racisme qui habite Heidegger dès les années 1910. Voilà ce qu'il dit le 18 octobre 1916, en pleine guerre, à sa fiancée : "L'enjuivement (Verjudung) de notre culture et des universités est en effet effrayant et je pense que la race allemande (die deutsche Rasse) devrait trouver suffisamment de force intérieure pour parvenir au sommet" (p. 51). Pour que la race allemande accède au sommet, elle a besoin d'un guide (Führer) ».

Ces formules , revèle Emmanuel Faye, constituent «  l'amorce d'un programme de domination raciale qu'il exposera une quinzaine d'années plus tard dans ses cours de philosophie, alors qu'Hitler sera au pouvoir ». Il parlera alors d'"exploiter à fond les possibilités fondamentales de l'essence de la souche originellement germanique et de les conduire jusqu'à la domination " [Gesamtausgabe (œuvres complètes), t. 36-37, p. 89].

*  «  Dans sa lettre du 17 octobre 1918, il déplore "la perte complète de but et le vide" dans "la vie et la constitution de l'Etat" et il conclut : "Je reconnais de manière toujours plus pressante la nécessité du Führer."

* « Son adhésion intellectuelle au nazisme est manifeste dès 1930. Dans une lettre du 2 octobre 1930, à propos du procès de Leipzig où trois officiers de la Reichswehr sont accusés de haute trahison pour avoir formé une cellule nazie, il indique à Elfride qu'il possède déjà un exemplaire du Völkischer Beobachter et il se réjouit que "le procès de Leipzig semble déjà retomber sur les fameux accusateurs". C'est donc à un quotidien nazi qu'il se fie pour s'informer de l'actualité politique et la commenter. Si Heidegger critique avec Alfred Bäumler, nazi inconditionnel qu'il évoque constamment dans les lettres de cette période, le niveau culturel des nationaux-socialistes et de leur presse, il n'en souligne pas moins que "le mouvement a sa mission" (lettre du 18 juin 1932).

*  « L'antisémitisme foncier d'Heidegger se voit aussi à ses réflexions sur Jaspers et sur l'affection profonde de ce dernier pour sa femme, qui est juive.(…)  Heidegger voudrait que le Dasein allemand renonce à toute pensée de l'humanité comme telle et coupe tout lien avec les juifs, pour se rattacher exclusivement à une Grèce mythifiée.

.

Il nous semble essentiel de soutenir  la démarche d’ Emmanuel FAYE, qui est maître de conférence en philosophie à l’université Paris X-Nanterre : « Nous lançons un appel solennel aux responsables allemands et européens pour que le droit à la vérité historique et philosophique soit enfin assuré et que, soixante ans après la fin du régime nazi, ces archives soient ouvertes à tous les chercheurs ».

DR

  

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