Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Ecosia : Le Moteur De Recherch

19 juillet 2007 4 19 /07 /juillet /2007 15:26
   

Alan Watts:
regard sur le matérialisme de notre époque

   

Alan Watts est un personnage très important du Nouvel-Âge. Et, plus que cela, il est un exemple des valeurs qui ont subsisté de l’époque des années 60.

watts.jpg (19019 octets)

 
Britannique émigré en Amérique, il est devenu ministre épiscopalien, l’une des églises du protestantisme; on le considère comme un précurseur, au même titre que Aldous Huxley. Son premier ouvrage a paru en 1940 : il a donc eu tout le temps nécessaire pour aller chercher un nombre de lecteurs assez impressionnant et contribuer à changer beaucoup les mentalités.

C’est aussi l’un des premiers animateurs d’Essalen. Aujourd’hui, on ne sait plus trop ce que c’est – tout passe tellement vite! Essalen était un centre de croissance en Californie, considéré, dans la petite histoire de cette époque, comme le centre-mère de tous les centres qui se sont répandus par la suite, un peu partout dans le monde.

Il existe de Alan Watts des centaines d’audio-cassettes d’ateliers qu’il a animés un peu partout, et de conférences qui sont toutes plus intéressantes les unes que les autres. C’est un communicateur étonnant. Ses ouvrages sont un peu denses, mais j’y ai trouvé beaucoup matière à réflexion. D’ailleurs, c’est le titre d’un de ses ouvrages : Matière à réflexion. Coïncidence… Quand il suggère une réconciliation avec la Matière, cela me fait penser à un poème de Teilhard de Chardin, qui, un peu comme une prière, commence par : " Je te salue Matière… "

D’après :

WATTS, Alan. Matière à réflexion, Éd. Denoël/Gonthier, Coll. " Médiations ",1968.

 
À un moment, Watts fait le point sur le matérialisme de notre époque : " Si métaphysiques que puissent paraître ces considérations, il me semble que leurs aboutissants sont terre à terre et pratiques. Car notre civilisation ‘ matérialiste ’, vraiment mal nommée, devrait avant tout cultiver l’amour de ce qui est matériel, de la terre, de l’air et de l’eau, des montagnes et des forêts, de la bonne nourriture, de l’habitat et des vêtements pleins de fantaisie et des contacts tendres et habilement érotiques entre les corps humains. " C’est plein de sens.

On se dit qu’on est matérialiste, mais, en même temps, voyez le tort qu’on cause à la matière, à l’environnement, en particulier. Et à nos corps, aussi. C’est pourquoi Watts préconise une réconciliation avec la Matière. Il faut préciser qu’après sa formation chrétienne, il a fait le tour des écoles de pensée et s’est plus particulièrement attaché au bouddhisme zen d’obédience japonaise. Il a également beaucoup contribué à répandre le courant des drogues psychédéliques et des expériences mystiques associées à ces drogues. À l’époque, c’était important tout cela, encore une fois dans le sillage de Huxley. L’illumination, le nirvana, et tout le reste ne doivent cependant pas faire oublier qu’il faut garder les pieds sur terre et surtout aimer la vie. Aimer la Matière. C’est à quoi nous invite sa réflexion.

D’après :

WATTS, Alan. L’envers du néant. Le testament d’un sage, Éd. Denoël/Gonthier, Coll. " Médiations ",1978.

 
" Le cours du temps ressemble beaucoup à la marche d’un bateau sur l’océan
, écrit Alan Watts dans L’envers du néant. Le testament d’un sage. Derrière lui, le bateau laisse un sillage qui se dissout peu à peu, mais qui indique le passage du bateau, tout comme le passé et notre mémoire du passé nous disent ce que nous avons fait. Mais aussi loin que nous allions dans le passé, jusqu’à la Préhistoire ou bien plus loin encore grâce à toutes sortes d’instruments scientifiques pouvant détecter les traces, il arrive finalement un moment où toutes ces traces ont complètement disparu, comme le sillage du bateau. Ce qu’il est important de retenir de cet exemple, est que le sillage n’entraîne pas plus le navire que la queue du chien n’agite le chien. "

Les textes de Watts sont remplis d’images cocasses...

" L’énergie, l’origine du sillage, est toujours dans le navire lui-même, qui représente le présent. Vous pouvez repérer l’itinéraire du navire sur une carte et anticiper sa direction à partir du chemin déjà parcouru. Vous obtiendrez ainsi une tendance générale : vous pourrez donc estimer que puisque vous avez déduit un itinéraire futur à partir d’un itinéraire passé, vous êtes en droit de penser que les endroits où le navire est passé détermine les endroits par où il va passer. Mais ce n’est pas vraiment le cas. Si vous persistez à dire que votre présent est le résultat de votre passé, vous vous trouvez dans la situation d’une personne qui conduit en regardant constamment dans le rétroviseur. Ce faisant vous n’êtes pas tourné vers le futur, mais vous êtes toujours en train de regarder par dessus votre épaule pour savoir comment il va vous falloir vous comporter.

" Cette attitude est tout à fait caractéristique et c’est pourquoi les êtres humains trouvent si difficile d’apprendre et si difficile de s’adapter à de nouvelles situations. Comme nous recherchons toujours des précédents, des exemples tirés du passé, faisant autorité pour savoir ce que nous devons faire actuellement, nous avons l’impression que le passé nous surdétermine et qu’il est essentiel pour comprendre notre comportement. Mais,

" En d’autres mots, n’allez pas chercher la création en remontant le sillage jusqu’à l’endroit où il s’évanouit. N’allez pas chercher la création de l’univers loin, très loin, dans le passé derrière vous. L’univers est en cours de création maintenant, dans le moment présent. C’est ici que tout commence. C’est à partir de ce point que la création se fraye son chemin pour finir par s’évanouir. "

ajoute-t-il, il n’y a rien de tel. Vie et création jaillissent de vous maintenant.

Et c’est lui, Alan Watts, qui avait eu ce mot merveilleux à la fin d’un atelier au cours duquel on avait soulevé de très grandes questions philosophiques : Métaphysique Zéro : " Ah, après toutes ces questions métaphysiques et philosophiques, il en reste une qu’il va falloir soulever et dont on n’a pas davantage la réponse : " Qui de nous va s’occuper de laver la vaisselle? "

[rires]

Accès aux versions enregistrées des émissions "Par 4 chemins" de Radio-Canada.

  Retour au début du texte
Partager cet article
Repost0

commentaires